Sa première prière

La cadette d’une famille où la piété était en honneur, la petite Abigaïl, eut dès la plus tendre enfance l’habitude d’entendre lire la Parole de Dieu, et elle apprit de bonne heure à connaître le chemin du salut.

Son père était un ami intime de George Muller, l’homme à la foi puissante, le fondateur des célèbres orphelinats d’Ashley Down, près de Bristol.

C’est sur les genoux de George Muller qu’elle prononça sa première prière enfantine vraiment croyante.

Elle n’avait que trois ans lorsqu’un jour, se trouvant chez lui, elle lui dit : " Z’aimerais que Dieu exauce ma prière comme il t’exauce, Monsieur Zorze Muller. "

- " Il veut bien le faire, " répondit-il aussitôt ; et prenant l’enfant sur ses genoux, il lui redit la promesse divine (Marc 11 : 24) : " Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. "

- " Eh bien, ma petite, qu’est-ce que c’est que tu aimerais demander à Dieu ? "

- " De la laine, " dit-elle.

Alors joignant les mains de la fillette : " A présent, lui dit-il, " répète après moi ; " s’il te plait, ô Dieu, envoie un peu de laine à Abi. "

- " S’il te plait, bon Dieu, envoie un peu de laine à Abi, " répéta l’enfant ; et sautant à terre, elle retourna en courant à ses jeux, parfaitement satisfaite.

Mais tout à coup elle revint s’agenouiller devant M. Muller, et reprit : " S’il te plaît, bon Dieu, envoie-la teinte. "

Grande fut sa joie le lendemain quand la poste lui apporta une boite pleine de petits pelotons de laines de diverses couleurs.

L’institutrice de ses sœurs, en visite chez des amis, avait trouvé ces échantillons et les lui avait envoyés, pensant lui faire plaisir.

Le cœur de la fillette bondit de joie et remercia Dieu de l’avoir exaucée ; et sa foi enfantine en fut fortifiée.

Elle raconta la chose à son grand ami, George Muller, qui mit à profit l’occasion pour lui apprendre encore un passage relatif à la prière : " Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "

Comme ses parents lisaient aussi chaque jour la Parole de Dieu et la pratiquaient, la petite Abi aimait réellement le Seigneur et le priait longtemps avant d’en avoir fait profession.

Un matin, de bonne heure, comme elle jouait au jardin de l’orphelinat, G. Muller la prit par la main en lui disant :

- " Viens voir ce que notre Père va faire " ; et il la mena dans une grande salle à manger. Il y avait bien sur la table des assiettes et des tasses, mais elles étaient vides, et les plats aussi ; il n’y avait rien dans le garde-manger, et point d’argent non plus dans la caisse.

Debout, les enfants attendaient leur déjeuner. G. Muller leur dit :

" Enfants, vous savez qu’il faut être à l’école à l’heure. "

Puis, levant la main : " Cher Père, " fit-il, nous te remercions de ce que tu vas nous donner à manger. "

On heurte à la porte. C’est le boulanger.

" Monsieur Muller," dit-il, je n’ai pu dormir cette nuit. J’ai senti, je ne sais comment, que vous manquiez de pain pour le déjeuner, et que le Seigneur voulait que je vous en procure. Alors je me suis levé à deux heures pour le cuire, et le voici. "

Muller le remercia, bénit Dieu de sa sollicitude, puis il dit :

- " Enfants, non seulement nous avons du pain, mais du pain tout frais, ce qui est un régal rare. "

Il avait à peine dit ces mots qu’on heurta de nouveau à la porte. C’était un laitier. Son char venait d’avoir quelque chose de cassé en passant devant l’orphelinat, et il aimerait, disait-il, faire cadeau aux orphelins de son lait frais, afin de décharger son char et de pouvoir ainsi le réparer.

Ces incidents firent une impression profonde sur la petite Abi, lui apprenant comment, en réponse à la prière de la foi accompagnée d’actions de grâces, Dieu pourvoit aux besoins de ses enfants.

Il conduisait ainsi pas à pas sa chère petite fillette, si jeune encore d’années et d’expérience.

Même la foi d’un enfant est mise à l’épreuve.

La mère d’Abi tomba malade.

La fillette avait cinq ans, lorsqu’une nuit sa mère eut une hémorragie si violente qu’elle parut arrivée à sa fin.

Une grande sœur courut chercher sa sœurette pour que sa mère pût lui donner un dernier baiser.

Comme elle lui disait que sa mère se mourait et qu’elles devaient se hâter, la fillette se mit à pleurer :

" Il ne faut pas que maman meure ; non, il ne faut pas. "

Elles passaient devant un réduit, au bas de l’escalier, et Abi demanda à sa sœur de l’y laisser entrer une minute ou deux.

Sa sœur la posa à terre en lui disant de se dépêcher.

Petite Abi entra, ferma la porte et la fenêtre, et s’agenouilla pour prier : " Cher Sauveur, je suis ici ; j’ai fait tout juste comme tu as dit ; je suis entrée dans ce cabinet, et j’ai fermé la porte. Il n’y a personne ici que toi et moi. S’il te plait, cher Sauveur, ne permets pas que maman meure avant que j’aie confessé ton nom. "

Le cœur plein d’une grande paix, elle courut en disant : " Maman ne mourra pas. "

Sa sœur la souleva, la déposa dans les bras de sa mère, et, à la surprise du médecin, la malade s’endormit d’un profond sommeil en tenant sa fillette dans ses bras.

A son réveil, tout danger était passé, et si elle ne se remit jamais complètement, Dieu lui accorda encore cinq années de vie.

Mais alors Satan commença à harceler la petite Abi.

Dans sa prière instante elle avait dit : " Ne permets pas que maman meure avant que j’aie confessé ton nom. "

Chaque fois donc qu’elle voulait dire à sa mère qu’elle était sauvée et qu’elle appartenait à Christ, Satan ne manquait pas de lui souffler à l’oreille : " A l’instant où tu confesseras Christ, ta mère mourra. "

Ce supplice dura deux ans.

Abi soupirait après le moment où elle pourrait dire à sa mère qu’elle était sauvée.

Elle savait que sa mère priait avec instance pour son salut ; mais la peur de causer la mort de sa mère lui fermait la bouche.

Elle croyait du cœur, mais n’osait pas confesser de la bouche que Jésus était son Sauveur.

Un dimanche matin, elle se rendait à l’Eglise avec ses parents. Sa mère était voiturée sur un fauteuil roulant.

Petite Abi trottinait en avant pour voir ceci ou cela, puis revenait en courant vers sa mère pour lui faire part de ce qu’elle avait vu.

Comme elles entendaient chanter sans voir qui chantait : " Va voir ce qu’il en est, chérie, " lui dit sa mère.

Abi courut en avant et trouva une fillette pauvrement vêtue, un peu plus âgée qu’elle, qui balayait le trottoir tout en chantant :

" Oui, je puis croire, oui je veux croire,

Que Jésus-Christ est mort pour moi.

Sa mort sanglante, et triomphante,

Me rend libre par la foi. "

Puis elle reprenait :

" Oui, je puis croire, oui j’ose croire,

Que Jésus-Christ est mort pour moi. "

- " Si tu le crois, alors tu es sauvée, n’est-ce pas ? " lui dit Abi.

-" Oui, " répondit la fillette. " Est-ce que tu le crois, toi ? "

- " Je ne sais pas, " reprit Abi, saisie à nouveau par la peur de causer la mort de sa mère.

- " C’est bien étrange ", fit la petite balayeuse. " C’est ton papa qui m’a dit comment il fallait accepter le Seigneur Jésus ; et toi, sa fille, tu ne crois pas au Sauveur ? "

C’en était plus que la fillette n’en pouvait endurer. " Oui, je crois, c’est dit, cette fois…. " s’écria-t-elle joyeusement.

Puis elle courut vers sa mère, se hissa à côté d’elle sur le fauteuil roulant, enlaça son cou de ses petits bras, et lui dit en pleurant : " Maman, je suis sauvée, que tu vives ou que tu meures ! "

De quel fardeau son petit cœur ne fut-il pas soulagé !

Plus tard dans la journée, elle raconta à sa mère comment elle avait accepté Christ deux ans auparavant, mais comment Satan lui avait fermé la bouche en l’effrayant.

Dieu lui laissa encore sa chère mère pendant trois ans, jusqu’à ce qu’elle eût dix ans ; et ce fut aux pieds de cette bonne mère qu’elle apprit maintes leçons de foi.

Lorsque sa mère vit qu’elle allait partir pour être à jamais avec le Seigneur, Abi s’était accoutumée à la pensée de ce départ.

Elle n’était encore qu’une enfant lorsqu’elle se sentit appelée d’En Haut à consoler les malades et les souffrants.

Ses parents avaient toujours désiré et demandé à Dieu que telle fut sa vocation.

Elle avait sept ans lorsqu’elle confessa Jésus-Christ comme son Sauveur.

Le jour même, après avoir prié avec elle, sa mère lui mit en mains une petite Bible et quelques traités en lui disant :

" A présent, ma fillette doit devenir une missionnaire. Va chez la vieille aveugle de la maison des pauvres, fais-lui la lecture, et dis-lui que tu aimes Jésus et que Jésus t’aime. Elle en aura tant de joie.

Ensuite traverse la rue pour aller chez cette chère jeune malade si souffrante ; tu lui chanteras : " Jésus est notre ami suprême " , et tu lui diras qu’Il l’aime aussi. "

C’est ainsi qu’elle a commencé à sept ans l’œuvre de sa vie parmi les pauvres, les aveugles et les malades.

Elle l’a poursuivie pendant trente-cinq ans ; d’abord avec son père, puis avec son mari.

Lorsque ces bien-aimés lui eurent été repris, Sœur Abigaïl partit pour l’Amérique.

L’invalide de soeur Abigaïl

Restée veuve à quarante-deux ans, Abigaïl Luff, où Sœur Abigaïl, comme on l’appelle d’ordinaire, se rendit dans une ville d’Amérique pour y faire visite à des parents.

Elle pensait n’y rester que peu de temps, avant de s’engager dans quelque bonne œuvre, sous la direction du Seigneur.

Mais chaque fois qu’elle y pensait, elle désirait ardemment dépendre directement de Dieu pour tous ses besoins, comme son père et George Muller.

Elle ne doutait nullement de la sollicitude de Dieu ; mais elle se demandait si une femme avait le droit de se lancer dans une œuvre pareille toute seule, sans père, ni mari, ni frère.

Elle était parfaitement sûre que Dieu l’avait appelée à cette œuvre ; néanmoins elle pensait bien faire d’attendre tranquillement que Dieu lui frayât bien clairement son chemin.

Au bout de quelques mois, elle employa pour quelqu’un d’autre l’argent dont elle disposait, et elle s’avança hardiment sur le sentier de la foi, ne comptant plus que sur Dieu pour être dirigée dans le choix de son travail et pour subvenir à ses besoins.

Elle fut ainsi conduite à visiter les malades et les indigents chez eux et dans les hôpitaux.

A un moment donné, on la pria de passer chez une dame chrétienne, en ajoutant qu’elle devrait y entrer tout droit, l’invalide ne pouvant se lever pour aller lui ouvrir.

Elle s’y rendit donc, et, en entrant dans la maison, elle entendit parler, ce qui lui donna à penser qu’il y avait déjà une visite.

S’étant arrêtée pour écouter, elle entendit cette prière : " Père, envoie-moi une amie de ton choix, une amie qui consente à rester toujours…. O Seigneur, envoie-la aujourd’hui…. "

Voici comment Sœur Abigaïl raconte l’incident, par écrit :

" Persuadée que Dieu m’avait envoyée là ce matin-là, je m’approchai du lit en disant : " Oui ma chère, Dieu a exaucé votre prière, et il m’a envoyée pour être votre amie. "

- " Je le crois, " répondit-elle, et elle remercia Dieu de cet exaucement.

Pendant sept ans, je me rendis chez elle deux ou trois fois par semaine pour lui faire la toilette, pour prier, écrire, préparer le repas, faire la chambre, rendre mille petits services.

Puis son mari tomba mort au milieu de son travail, et elle resta toute seule, sans personne pour prendre soin d’elle.

Je crus pouvoir lui trouver un asile, mais à mon grand chagrin, j’appris qu’il n’y avait dans cette grande ville aucun refuge assuré pour des personnes passant par de telles circonstances.

J’en avais fait un sujet de prières instantes, mais sans jamais penser à la prendre chez moi.

Un matin, en lui faisant la toilette, je lui dis que je ne voyais rien d’autre pour elle que l’asile des indigents du district. Mais tout en prononçant ces paroles, il me sembla sentir une main se poser sur moi, tandis qu’une voix me disait : " Prends-moi cette amie dans la maison que je t’ai donnée, et use envers elle de la bonté de Dieu. "

La maison que j’occupais était seulement louée, mais à bas prix, en raison de l’œuvre que je faisais.

" Je répondis aussitôt : " Je veux bien Seigneur, je puis l’entourer de Ton amour et de Ta bonté, qui ne font jamais défaut. J’ai seulement peur que mon amour et ma bonté ne viennent à manquer. "

Il était dix heures trois-quarts du matin, et à six heures du soir elle était chez moi.

" En parcourant du regard la chère petite maison que Dieu m’avait donnée, pour lui choisir une chambre, je sentis qu’il fallait lui donner la meilleure, puisque c’était Dieu qui m’invitait à la soigner ; il fallait donc la mettre dans le petit salon de devant.

Mais où prendre un lit pour elle ?

Je n’avais ni lit disponible, ni argent pour en acheter un ; mais j’avais confiance en Dieu, et je croyais que s’il m’avait mis à cœur de lui donner ma meilleure chambre, Il m’enverrait l’argent nécessaire pour tout ce qu’il faudrait.

Je commandai donc un lit par téléphone, en disant que je payerais à l’arrivée du lit.

" L’argent arriva-t-il ? Oui bien. Comme le lit arrivait par la porte de derrière, le facteur m’apporta une lettre d’Angleterre avec un chèque plus que suffisant.

Le lit coûtait trente-cinq dollars, le chèque en valait soixante.

" Quand vint l’heure de la mettre au lit, la question se posa : " Qui va m’aider à la soulever ?

Je ne pouvais le faire à moi seule.

Au dernier moment, je lui dis :

" Si Dieu veut que je vous soulève, Il me donnera la force nécessaire. "

Mettant donc mes mains dans la position voulue, je lui dis :

- " Croyez-vous que Dieu puisse le faire, oui ou non ?

- " Oui, " dit-elle.

- " Très bien, " repris-je. Dans ce cas, je crois que nous n’avons rien à craindre : Il nous donnera la force. Nous allons le faire en Son nom. Eh bien, donc, au nom du Père…. "

Mais avant que j’eusse tenté de la soulever, la sonnette retentit, et une garde-malade diplômée qui avait besoin de repos venait chez moi pour ses vacances.

Dieu avait pourvu, et dès lors, jusqu’à maintenant, soit pendant près de onze années, l’aide ne m’a jamais manqué.

" A partir de ce temps-là, j’eus à prendre chez moi plus d’une infirme. Mon logis n’est pas à moi ; il est au Seigneur, puisque c’est Lui qui m’a donné l’ordre d’agir ainsi et Lui qui a pourvu à tous les besoins. "

" J’avais à peine pris chez moi cette pauvre invalide que mon cœur s’ouvrit pour apercevoir les besoins d’autres enfants de Dieu dans des circonstances pareilles.

Mon cœur avait entendu ce que Dieu lui disait tout bas : " Prends chez toi mes bien-aimées, et entoure-les d’une divine bonté. Je pourvoirai à tout. Ma grâce te suffit. "

" On m’a demandé parfois : " est-ce que vous ne prenez que des personnes de votre Eglise ? "

" Pareille mesquinerie ne serait pas digne de Dieu. Mais je ne prends chez moi que des personnes qui croient que Jésus est le Fils de Dieu, que la Bible est la Parole de Dieu, et que nous ne sommes sauvés que grâce à l’œuvre expiatoire de Christ, celles qui attendent Son retour.

Cette petite œuvre n’est donc destinée qu’à des croyantes.

" Mais Dieu m’a conduite à venir en aide à beaucoup de personnes qui ne sont pas encore croyantes, beaucoup plus que je n’en pourrais prendre chez moi.

Une autre question m’a souvent été posée : " comment faites-vous face aux besoins journaliers ? "

Je tiens à dire que jamais je n’ai dit ou écrit à qui que ce fût un mot qu’on pût prendre pour un exposé de mes besoins.

Dieu pourvoit lui-même à tous nos besoins. Il met au cœur de Ses enfants de nous envoyer le nécessaire.

A voir notre modeste logis, personne ne se douterait jamais de tout ce que nous dépensons ; mais Dieu le sait ; cela suffit.

Et je voudrais vous renvoyer à tout enfant de Dieu qui se confie réellement en lui. A-t-il jamais manqué à Ses promesses ? "

George Muller, cet homme de Dieu qui avait une expérience de soixante-deux années, et qui n’avait jamais demandé un sou à personne, croyait fermement qu’il ne risquait pas d’outrepasser ce qu’il était en droit d’attendre du Tout-Puissant, comme il disait.

Tout enfant, je m’étais attachée à lui, et j’ai essayé de faire comme lui, et surtout je me suis efforcée de m’approcher de Dieu comme lui.

En voyant ces mots : " Qui aura la foi pour me suivre ? " Mon cœur a répondu : " Moi Seigneur ! "

Une foi, c’est le flux ; l’amour pour Dieu et pour les hommes, le reflux. "

Soeur Abigaïl et le conducteur de Tramway

Nous connaissons tous ces journées où tout semble aller de travers ; nous avions projeté de faire tant de choses, petites et grandes, pour le Maître, et voilà que nous sommes entravés à chaque pas !

Le soir arrive, et le cœur est oppressé en constatant le peu de bien qui a été fait.

C’est naturel, oui, mais rappelons-nous que Ses voies ne sont pas nos voies, et que, si nous avons vraiment placé notre journée à Son entière disposition, Il se chargera d’en contrôler les moindres détails, et de faire concourir toutes choses à notre bien.

" Ne compte-t-il pas tous mes pas ? " dit Job au chapitre 31, verset 4.

Ne peut-il pas tirer un merveilleux parti d’une très petite chose ? Oui, et cela souvent au-delà de toutes nos espérances !

Il se sert constamment des délais et des obstacles pour nous enseigner de précieuses leçons et, si nous voyons Sa main en toutes choses, nous arriverons à en apprécier la valeur.

Voulez-vous que je vous raconte une histoire qui illustre très bien cette grande vérité ?

Abigaïl visite souvent une chère chrétienne âgée et dans le besoin ; celle-ci a crocheté plusieurs dessous de lampe dans l’espoir de les vendre.

Mais malheureusement elle s’est servie pour cela d’un fil jaune grossier.

Ah ! Si seulement il était blanc !

- Que faire ? demande-t-elle anxieusement à Abigaïl.

- Il faut les blanchir, répond aussitôt celle-ci. Et, comme elle sait que ce service, tout petit qu’il est, peut être accompli pour le Maître, elle emporte les objets chez elle ; cela ne lui prendra qu’un instant, pense-t-elle, et elle aura encore le temps de faire certaines visites qu’elle a projetées, avant de partir pour la petite réunion de prière des sœurs.

Quoi de plus facile en apparence que de laver des dessous de lampe ; mais le malheur est qu’Abigaïl n’a aucune expérience de la chose !

C’est bien plus compliqué qu’elle ne le croyait tout d’abord, et une demi-heure se passe, puis une heure, et elle n’a pas fini.

Si quelqu’un ne vient à son aide, elle ne pourra faire aucune visite.

Ah ! Quel bonheur !

Voici son amie Iona, qui va lui prêter main forte.

A elles deux, elles expédient rapidement la besogne ; néanmoins, il faut encore toute une heure avant que les dessous de lampe soient complètement terminés, et, en attendant, midi sonne.

- Je ne peux pas attendre le dîner, se dit Abigaïl, car il faut que j’aille faire ces visites.

Mais elle est encore arrêtée, car des mains affectueuses ont préparé une tasse de thé, et elle ne peut faire autrement que de la prendre, car elle ne voudrait pour rien au monde avoir l’air de ne pas apprécier cette marque de sollicitude.

Mais c’est encore un obstacle, et le temps s’écoule !

Il faut qu’elle parte.

Après avoir rapidement pris le thé, elle court au tramway, mais hélas ! elle le manque.

Il n’y en aura pas d’autre avant un quart d’heure.

Qui de nous n’a éprouvé un ennui de ce genre ?

Décidément, c’est une journée de contretemps !

– Ah ! Si j’avais su ! se dit Abigaïl.

– Ah ! Si je m’étais arrangée autrement !

Que de si se présentent à son esprit !

Elle avait un si grand désir de faire beaucoup de choses pour le Seigneur aujourd’hui !

C’est vrai ; mais Il le sait, Il en est touché, et Il peut se servir de cette journée à moitié manquée pour accomplir de grandes choses.

" Rien n’est petit, où Dieu met sa main. "

Enfin, voici le tramway. Abigaïl y monte et se met à choisir les traités qu’elle veut donner à ses compagnons de route.

En voici un très court, elle le donnera au conducteur.

Il est intitulé : " Où se trouve l’enfer, " et c’est une réponse à la question posée d’un ton moqueur à un chrétien :

- Pouvez-vous me dire où se trouve l’enfer ?

- Oui, répondit celui-ci, après un instant de réflexion ; il se trouve au bout d’une vie passée sans Christ.

Le traité est offert, et, après un moment d’hésitation, le conducteur le prend en disant :

- Vous me donnez toujours ces petits livres ; vous me prenez sans doute pour un grand pécheur, mais je ne suis pas plus mauvais que ceux qui les écrivent.

- Ah ! Répond Abigaïl, la Bible dit que " le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable " (Jérémie 17 : 9). Ceci est vrai de votre cœur et du mien, et ce n’est pas flatteur, n’est-ce pas ?

- Oui, oui, mais j’ai bien le temps de penser à ces choses, je suis encore jeune, répond le conducteur.

- Cependant, si vous allez au cimetière, vous y verrez des tombes de personnes qui n’étaient pas plus âgées que vous.

Mais le jeune homme se mit à rire, en répétant que rien ne pressait, qu’il avait congé cet après-midi-là, et qu’il comptait en profiter pour bien s’amuser.

En quittant le tramway, Abigaïl, obéissant à une forte impulsion intérieure, ne peut s’empêcher de lui laisser encore cette dernière parole d’avertissement :

- Rappelez-vous que le temps est court, et que le seul moyen de ne pas aller en enfer, c’est de recevoir le pardon que Christ vous a acquis sur la croix.

Et le tramway continue sa marche, emmenant le jeune et vigoureux conducteur à ses plaisirs.

Pendant ce temps, la fidèle servante du Seigneur va faire ses visites, et se rend ensuite à la réunion de prière.

Là, elle raconte ses expériences de la matinée, sans oublier son entretien avec le conducteur.

Elles ne sont que sept, mais chacune prie avec ferveur pour le salut de cette âme.

Mais…, vaut-il la peine de prier ?

Le matin suivant, Abigaïl s’en va de nouveau distribuer ses traités et cette fois sur la place du marché de C.

Elle prend le même tramway que la veille, mais y trouve un autre conducteur, qui l’aborde en lui demandant :

- Etes-vous la dame qui a donné un traité au conducteur de ce tramway ?

- Oui, répond-elle.

- Eh bien, il lui est arrivé un accident, et il est mort.

- Est-ce possible ! Quelle en a été la cause ?

- J’étais présent quand vous lui avez donné la brochure, et j’ai entendu ce que vous lui avez dit.

C’est moi qui ai pris sa place quand il a quitté le tramway. En voulant sauter rapidement dans une autre voiture, il a été pris sous les roues, et il est mort.

Quelle terrible nouvelle pour Abigaïl !

Quoi !

Cet homme qui paraissait si robuste avait tout d’un coup été appelé à paraître en la présence de Dieu.

Qu’en était-il de son âme ?

Elle se posait cette question avec angoisse.

Plus tard dans la journée, elle se trouvait de nouveau dans un tramway, lorsque le conducteur s’approcha d’elle, et lui posa la même question que celui du matin.

- Oui, répondit-elle, c’est bien moi qui ai donné le traité à ce pauvre conducteur, mais je sais déjà tout ce qui concerne sa mort, et c’est si terrible que je voudrais ne plus en entendre parler.

- Vous ne savez pas encore tout, répond le conducteur. C’est moi qui suis allé avec lui à l’hôpital, et j’ai assisté à sa mort.

- Il n’a donc pas été tué sur le coup ?

- Non, il a vécu jusqu’à huit heures moins le quart ce matin, et il m’a parlé de vous, en m’indiquant les tramways que vous fréquentez souvent, et en me disant que je vous reconnaîtrais à la Bible que vous portez toujours avec vous.

Voilà le message qu’il m’a chargé de vous donner : " Dis-lui qu’avant de mourir, j’ai accepté le Sauveur dont elle m’a parlé. " Si vous voulez faire une bonne action, Madame, vous irez consoler sa pauvre mère.

Qu’en est-il du brigand sur la croix ?

Sa dernière heure sonne.

Il se reconnaît coupable et confesse publiquement Jésus comme Seigneur.

La Parole de Dieu dit que nul ne peut dire cela, si ce n’est par le Saint-Esprit. Nous savons que le Seigneur lui adressa cette parole : " Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis. "

Il accepta Christ au dernier moment, et son âme fut sauvée, mais il ne put montrer sa reconnaissance par des actes ; c’était trop tard.

Et cependant, que de fruits sa conversion n’a-t-elle pas portés, et quel encouragement son exemple n’a-t-il pas été pour ceux qui ont été appelés à parler du salut à des mourants !

Combien d’âmes, en entendant son histoire, ont pris courage au dernier moment et ont pu dire : " Seigneur je crois. "

Et n’avons-nous pas raison de croire qu’au grand jour, des multitudes de conversions auront été le résultat de sa foi enfantine.

Ce conducteur de tramway, fauché à la fleur de l’âge, eut tout juste le temps de regarder à Christ avant d’expirer.

Croyez-vous que cela restera sans fruits pour d’autres âmes ?

 Non, certes, car ce fut un grain qui tomba dans une bonne terre, et vous connaissez cette parole : " Leurs œuvres les suivent. "

Quelle joyeuse surprise ce sera pour lui que de rencontrer un jour, là-haut, tous ceux qui se sont confiés en Christ, parce que son exemple les a encouragés à le faire !

La mort si subite du conducteur de tramway, et suivant de si près son entretien avec la jeune chrétienne, sa conversion au dernier moment, donnèrent à Abigaïl et à son amie Iona l’idée d’écrire un traité racontant cet incident, surtout en vue de ceux qui croient qu’ils auront toujours le temps de se convertir.

Ce petit écrit, largement répandu, fut accompagné de ferventes prières. Il avait pour titre : " Je suis prêt à mourir, l’êtes-vous ? "

Et dans la petite réunion de prière, on continua à intercéder au trône de la grâce, demandant à Dieu de bénir cet effort.

Quel encouragement pour leur foi, quand elles apprirent quelle avait été la fin de ce conducteur pour lequel elles avaient prié, peut-être en doutant un peu….

Tandis qu’elles étaient à genoux, il se tournait vers le Sauveur, et envoyait à Abigaïl le message que nous savons !

Ah ! Oui, cela sert à quelque chose de prier !

Soeur Abigaïl et le Prêtre

Un jour, Abigaïl faisait une promenade avec son amie Iona, qui relevait d’une longue maladie et était encore très faible.

Elles montèrent dans un tramway, et prirent place vis-à-vis d’un prêtre.

- J’aimerais bien lui donner notre traité, dit tout bas Iona, mais je n’ose pas.

- Je m’en charge, dit Abigaïl, et, s’approchant de lui, elle lui offrit poliment la brochure.

Mais elle essuya un refus, accompagné de quelques paroles de blâme concernant le droit que, selon lui, elle s’arrogeait de parler de ces choses à tout venant, et de forcer les gens à accepter ses traités.

- Je pense, ajouta-t-il ironiquement que vous êtes de ceux qui s’imaginent pouvoir affirmer, avant leur mort, qu’ils sont sauvés ou qu’ils ne le sont pas.

- Oh ! non, monsieur, je n’oserais jamais m’imaginer pareille chose.

Cette réponse adoucit un peu le prêtre, qui se doutait peu qu’en cet instant même, des prières ferventes montaient vers Dieu pour le salut de son âme.

Quand elles arrivèrent à l’endroit où elles devaient changer de tramway, Abigaïl fit une nouvelle tentative pour offrir son traité, en disant :

- Ce récit est parfaitement authentique ; j’ai connu ce conducteur, et c’est moi qui ai écrit ce traité.

Le prêtre le prit avec un peu d’hésitation et le mit dans sa poche.

Puis Abigaïl ajouta encore :

- Permettez-moi une dernière remarque, monsieur. Je viens de vous dire que je n’oserais jamais m’imaginer que je suis sauvée, car je sais que je le suis. Et je m’appuie en cela sur cette parole de la Bible, contenue dans 2 Timothée 1 : 12 :

" Je sais en qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’Il a la puissance de garder ce que je Lui ai confié jusqu’à ce jour-là. "

Je sais qui j’ai cru, répéta-t-elle avec conviction.

Ils se séparèrent là-dessus.

Encore un témoignage rendu, une semence déposée dans un cœur, et n’a-t-il pas dit : " Ma parole ne reviendra pas à moi sans effet… elle accomplira ce pourquoi je l’ai envoyée " Esaïe 55 : 11.

Deux années se sont écoulées, et nous nous trouvons maintenant transportés dans un hôpital catholique.

Là, nous trouvons notre amie Abigaïl en visite chez une malade, et qui profite de cette bonne occasion pour distribuer, selon son habitude, journaux et traités.

Mais dans un établissement public comme celui-ci, elle doit user de prudence et ne pas les donner aussi ouvertement qu’elle le ferait autre part ; elle en glisse un sous un paillasson, un autre derrière un tableau, un troisième sous une porte, tout en redisant cette parole : " Tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela ! "

Mais la sœur supérieure, dont l’œil vigilant la surveille, s’approche et lui pose la main sur l’épaule en disant :

- Mon enfant, je vous engage à faire attention. Ces traités pourraient vous attirer des ennuis, et même être la cause d’une défense formelle d’entrer dans ce bâtiment.

Quelques instants plus tard, le traité contenant l’histoire du conducteur fut découvert sous un paillasson.

La sœur lui dit de nouveau :

- Mon enfant, je ne suis pas absolument contre ces écrits, et certainement pas contre vous.

Puis elle exprima le désir d’avoir un entretien avec Abigaïl, et comme cela lui était impossible au moment même, elle dit qu’elle lui téléphonerait pour fixer le jour et l’heure.

Les amies d’Abigaïl craignaient un peu que ces visites à l’hôpital ne lui attirassent des difficultés ; mais elles en firent, comme d’habitude, un sujet de prières, et, à la réunion suivante, la sœur supérieure eut sa place dans les intercessions qui montèrent à Dieu.

Néanmoins, on ne pouvait s’empêcher de se poser certaines questions : " Abigaïl court-elle un danger quelconque en faisant ces visites ?

Sera-t-elle peut-être secrètement enlevée ? "

Et ainsi de suite.

Nous savons tous avec quelle rapidité les doutes et les appréhensions sont aptes à se succéder dans notre esprit, mais qu’il fait bon se rappeler que " nos temps sont en sa main ! "

" Quelle paix, quel repos pour un cœur angoissé ! "

" L’ange de l’Eternel campe autour de ceux qui le craignent, et les délivre " Psaume 34 : 8.

Quelque temps après, l’entrevue projetée eut lieu.

La sœur supérieure commença l’entretien en ces termes :

- Est-ce vous qui avez écrit ceci ?

Et elle sortit de sa poche le traité sur le conducteur.

- Oui, répondit Abigaïl.

- En avez-vous donné un jour, un exemplaire à un prêtre dans un tramway ?

- Oui, dit-elle de nouveau.

- Eh bien ! Ce prêtre est mon frère, et je l’ai vu entre ses mains. Il est malade et désire vivement revoir la personne qui le lui a laissé.

Savez-vous que vous vous exposez à de grands dangers en distribuant ainsi ces traités à tout le monde !

Puis elle demanda à Abigaïl son nom, en ajoutant : Je vous appellerai dorénavant " Sœur Abigaïl ", et je serai pour vous " Sœur Prudence. " Mon frère est dangereusement malade, comme je viens de vous le dire, et se trouve actuellement chez un ami à L. Voulez-vous venir le voir avec moi, ou bien craignez-vous de le faire ?

- Oh ! Non, répondit Abigaïl. Je sais qui j’ai cru, et je suis persuadée qu’Il a la puissance de garder ce que je Lui ai confié, jusqu’à ce jour-là.

Le lendemain matin, elles étaient auprès du prêtre.

Celui-ci se mourait de la poitrine, et il était facile de voir que ses jours étaient comptés.

Quand il vit entrer Abigaïl, il lui tendit les deux mains en disant :

- Oui, je vous reconnais ! Vous êtes la personne qui m’a dit, un certain jour : " Je sais qui j’ai cru " et aussi " je n’oserai jamais m’imaginer que je suis sauvée. "

Et maintenant moi aussi, je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’Il a la puissance de garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour-là. Oh ! Je sais, je sais qui j’ai cru.

Ils étaient là seuls tous les trois, et Sœur Prudence, effrayée, essaya de raisonner avec lui, lui montrant qu’il ne devait pas quitter la seule vraie Eglise, ni déshonorer sa famille, en abjurant la foi catholique.

- Non, non, je ne quitterai pas la vraie Eglise, répondit-il.

Puis il demanda à Abigaïl de lui lire la Bible, et celle-ci, l’ouvrant à la première épître de Pierre, chapitre 2 verset 5 lut ces paroles : " Vous-mêmes aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés, une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ ", expliquant que l’Eglise de Christ, la seule authentique, se compose de pierres vivantes, de membres vivants, etc. etc.….

Ensuite le malade lui demanda de prier, ce qu’elle fit, puis il ajouta lui-même à cette requête : " Veuille exaucer ces demandes, au nom du Seigneur Jésus. "

Quand elle prit congé de lui, avec la promesse de revenir le voir, il lui dit encore tout bas :

- Demandez à Dieu que j’aie la force de confesser Christ devant ceux qui seront auprès de moi à mes derniers moments.

Il est facile de se figurer les sentiments qui remplissaient le cœur d’Abigaïl !

Avec quelle force ce verset lui revint : " Le matin sème ta semence, et le soir, ne laisse pas reposer ta main ; car tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, ou si tous les deux seront également bons. "

Oui !

L’acte le plus humble, même quand ce n’est que le don d’un traité, si Dieu y met sa main, peut avoir les plus merveilleuses conséquences.

Et Sœur Prudence ?

Ah ! Elle était émue jusqu’au fond de l’âme en pensant à la scène dont elle avait été témoin dans cette chambre de malade.

- Je voudrais en savoir davantage sur ces choses, dit-elle à Abigaïl. Mais dites-moi donc pourquoi vous persistez à distribuer ces brochures ?

- Parce qu’elles contiennent la Parole de Dieu, et que cette Parole est la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux croient.

- Est-ce que le salut s’obtient en croyant simplement à l’œuvre accomplie par Christ sur la croix du Calvaire ? N’y a t-il rien à faire pour le gagner ?

- Absolument rien, répondit Abigaïl avec conviction. Il ne s’agit que de vous reconnaître perdue, et de croire que Jésus est mort pour vous, et vous serez sauvée.

- Voilà justement ce que je ne puis pas arriver à croire, dit Sœur Prudence.

- Eh bien ! Je prierai pour vous, et je demanderai à Dieu que vous aussi, vous puissiez bientôt dire : " Je sais qui j’ai cru. "

Là-dessus elles se séparèrent. Sœur Prudence était visiblement émue, et très troublée intérieurement.

Deux jours après, elles se rencontrèrent de nouveau dans un parc public, et là, Sœur Abigaïl lui parla tout au long de ce merveilleux salut que Christ est venu apporter aux pécheurs, et qui est offert gratuitement à tous ceux qui veulent l’accepter.

Sœur Prudence l’écoutait, muette d’étonnement, et remplie d’une admiration mêlée d’une certaine crainte.

- Oui ! Je comprends maintenant, s’écria-t-elle, cette œuvre est si parfaite qu’il n’est pas nécessaire d’y ajouter la moindre des choses !

Cinq jours après, elles furent toutes les deux appelées auprès du prêtre, qui s’éteignait rapidement.

Elles entrèrent dans sa chambre, et presque au même instant arrivèrent plusieurs de ses collègues portant un crucifix, qu’ils le pressèrent de baiser.

Mais à leur grande consternation, il refusa.

- Il n’est pas responsable de ses actes, dirent-ils tout bas entre eux ; voyez, il a le délire.

Mais le moribond les entendit, et s’écria avec force :

- Non, non ! Je sais, je sais qui j’ai cru ! Puis se tournant vers sa sœur : Pourquoi, oh ! Pourquoi ne peux-tu pas croire, chère sœur ?

Tout l’argent du monde, toutes les pénitences que tu pourrais t’infliger, ne réussiront jamais à délivrer ton âme de l’enfer.

Epuisé, il retomba sur ses oreillers, et quelqu’un s’approcha pour lui donner un cordial.

Après avoir repris un peu de forces, il tendit la main à Sœur Abigaïl en lui disant :

- Priez pour ma sœur, afin qu’elle puisse arriver à dire comme vous et moi : Je sais qui j’ai cru. O Père, continua-t-il, " sauve mon frère et ma sœur, pour l’amour de Jésus et donne à Sœur Abigaïl l’occasion de parler encore à beaucoup d’âmes comme elle m’a parlé à moi. "

Puis se tournant de nouveau vers sa sœur : Ne peux-tu donc pas croire ? Ne peux-tu pas comprendre ?

Sa respiration devenait difficile, et il était évident que la fin approchait.

Les prêtres s’avancèrent de nouveau vers le lit, et demandèrent à Abigaïl de sortir de la chambre, mais le mourant intervint :

- Non, laissez-moi tenir sa main jusqu’à mon dernier souffle. C’est elle qui m’a mis sur la seule voie qui conduit au ciel.

- Voici le chemin du ciel, mon frère, fit l’un d’eux en élevant le crucifix, voici….

- Non, non, ceci n’est qu’un morceau de bois ; j’ai le Christ vivant ! Car je sais – d’une voix entrecoupée et de plus en plus faible – qui j’ai cru. Chère sœur, donne-lui un souvenir de moi, mais fais-le tout de suite, afin que je puisse en être témoin.

- Que veux-tu que je lui donne ? demanda Sœur Prudence.

- Mon foulard de soie neuf. Qu’il fait sombre ! Ajouta-t-il au bout d’un moment. Allumez les bougies, s’il vous plait.

Un prêtre alluma des cierges.

- Non, pas cela ! Dit-il. Oh ! Mon chemin est si lumineux maintenant, quoique je ne puisse plus voir avec les yeux de la chair, car je vois Celui que j’ai appris à connaître, et je sais… qu’Il a la puissance… la puissance (une longue pause) qu’Il a la puissance, répéta-t-il pour la troisième fois avec force de garder jusqu’à ce jour…. !

Là-haut, le prêtre aura rencontré le conducteur de tramway, et il aura pu lui dire ce que le traité écrit à son sujet a fait pour son âme.

Quel n’aura pas été l’étonnement de ce dernier en apprenant qu’il a été l’instrument du salut de cette âme ! "

Leurs œuvres les suivent. "

Soeur Abigaïl et l'infirmière de l'hôpital

Avec quelle émotion et quel recueillement les membres de la petite réunion de prière écoutèrent, de la bouche d’Abigaïl, le récit touchant de la mort triomphante du prêtre !

Oh ! Oui, cela sert à quelque chose, et même à beaucoup, de prier !

Les cœurs remplis de gratitude et d’adoration, mais aussi dans le sentiment de leur petitesse en face des grandes choses qu’Il a faites, nos sœurs se courbent une fois de plus devant Dieu et, s’appuyant sur la promesse de Jésus :

" Si vous demandez quelque chose au Père en Mon nom, je le ferai ", elles intercédèrent pour Sœur Prudence et pour son frère.

Oh ! S’ils pouvaient tous deux arriver à connaître et à posséder Christ ! " Père, " disent-elles,
" exauce la prière du prêtre mourant, pour l’amour de Ton Nom ! "

Un jour, Sœur Abigaïl se trouve de nouveau à l’hôpital, mais cette fois, ce n’était pas pour voir Sœur Prudence, mais pour visiter Madame S., un des membres de la réunion de prière.

Elle était gravement malade, et depuis quinze jours Abigaïl venait régulièrement la voir, sans jamais oublier de prendre avec elle des traités, qu’elle continuait à laisser un peu partout dans le bâtiment.

Une après-midi, Abigaïl faisait sa visite quotidienne à la malade, et comme celle-ci paraissait beaucoup mieux, elle resta plus longtemps que de coutume, pour lui raconter tout ce qui se passait à la réunion de prière en son absence.

Abigaïl, agenouillée près de Mme S. lui racontait toutes les délivrances que Dieu avait opérées depuis quelque temps ; elle lui parla en détail du conducteur de tramway et du traité qui avait été écrit à son sujet, et dont Dieu s’était servi pour éclairer d’autres âmes.

Avec quelle profonde émotion elle raconta les derniers instants du prêtre, et son entrée au ciel par les portes d’or, avec ces paroles triomphantes sur les lèvres : " Jusqu’à ce jour ! "

Les cœurs de ces deux sœurs en Christ brûlaient au-dedans d’elles, et elles avaient presque oublié le monde extérieur.

On avait baissé les lampes dans la salle d’hôpital, et tout était tranquille, car il se faisait tard, et on n’entendait plus que le pas régulier d’une infirmière allant d’un lit à l’autre, pour s’assurer que chaque malade avait ce qu’il lui fallait.

Plusieurs fois elle passa tout près des deux amies, lentement et comme si elle désirait s’arrêter, mais elles ne la remarquèrent pas, absorbées qu’elles étaient par leur conversation.

Cependant, elle finit par s’approcher du lit de Madame S., car l’heure était venue de lui donner une médecine.

Quand celle-ci l’eut prise, l’infirmière demanda à Abigaïl si elle désirait avoir plus de lumière, mais elle répondit :

- Oh ! non, merci. Mais peut-être désirez-vous que je parte, car je suis restée aujourd’hui plus longtemps que de coutume.

- Non, non, restez seulement, vous parlez si bas que vous ne dérangez personne.

Puis elle offrit une chaise à Abigaïl, et la pria de continuer son histoire, ayant entendu le commencement avec le plus vif intérêt.

Abigaïl reprit son récit, à genoux auprès de la malade, et bientôt, toutes deux avaient de nouveaux oublié les choses de cette terre, en s’entretenant du thème glorieux dont leurs cœurs étalent pleins.

Il y avait encore d’autres nouvelles à donner à la malade.

Tout récemment, une lettre venant d’une personne étrangère avait été lue à la réunion, et les souvenirs qu’elle avait évoqués chez nos sœurs leur avaient, tout à nouveau, fait réaliser la puissance du Dieu qui entend les prières et qui y répond.

Voici ce dont il s’agissait :

Une année auparavant, Sœur Abigaïl, au cours d’une de ses tournées missionnaires, se trouvait un jour à un coin de rue, attendant un tramway.

D’autres personnes étaient là dans la même intention, et parmi elles, on remarquait un singulier petit homme, tout difforme et bossu.

Qu’il était petit, et comme il toussait ! On ne pouvait s’empêcher d’avoir pitié de lui.

Avec une peine infinie, il voulut sauter dans le tramway, dont le marchepied était malheureusement trop haut pour lui, et comme la voiture s’ébranlait, il perdit l’équilibre et serait certainement tombé, si Abigaïl ne lui eut tendu la main secourable.

Il la remercia, et rencontra son regard plein de compassion ; cela le toucha, mais quelle amertume il y avait dans sa voix, lorsqu’il dit :

- C’est agréable d’être fait comme moi, n’est-ce pas ?

- Non, vraiment, répondit-elle, mais si vous croyez en Jésus-Christ, vous aurez un jour un corps glorieux, comme le Sien.

- Oh ! Moi, je n’y crois pas, dit-il. Je crois qu’il existe un Être suprême, mais Il ne peut être amour, s’Il l’était, Il ne m’aurait pas créé ainsi.

Alors Sœur Abigaïl sortit un Nouveau Testament de son sac en disant :

- Ce livre m’apprend que, si vous croyez en Jésus-Christ, Il changera un jour votre pauvre corps, et le rendra semblable au Sien.

Elle marqua différents passages, comme Philippiens 3 : 21, Jean 3 : 14 à 18, 1 Corinthiens 15 : 35 à 37 ; puis elle lui remit le volume, en lui faisant promettre de le lire.

Elle raconta cet incident à la réunion de prière suivante, et il va sans dire que le pauvre bossu fut ajouté aux intercessions de nos sœurs.

Et maintenant voici ce que disait la lettre : " Il y a environ une année, vous avez donné un Nouveau Testament à un homme difforme et bossu, dans un tramway. Vous lui avez témoigné de l’intérêt et de la sympathie, et vous l’avez pressé de croire en Jésus, l’assurant qu’un jour, si toutefois il le recevait comme son Sauveur, son corps misérable serait transformé à l’image de celui du Christ.

En ouvrant le Testament, il y trouva un traité qui racontait la conversion d’un conducteur de tramway.

Il le lut, sa conscience fut remuée et son cœur touché.

Non, se dit-il, je ne peux pas accepter de mourir avant d’avoir accepté Christ comme mon Sauveur !

Ma mère m’a supplié de lire ce livre, je veux le faire.

Puis il découvrit en Jean 3 : 16, que Dieu aimait, oui même un pauvre déshérité comme lui !

Il crut, se convertit, et lorsque, peu de temps après, l’heure du délogement sonna pour lui, il avait l’assurance qu’il allait au ciel, et que là, il recevrait un corps nouveau et glorieux.

Voulez-vous, s’il vous plait, remercier la dame qui m’a donné ce Nouveau Testament, avait-il dit, sur son lit de mort, et dites-lui de montrer à d’autres la même compassion dont elle a fait preuve envers moi.

Puis la lettre ajoutait encore : Ma mère et moi, nous sommes maintenant sauvés ; nous ne buvons plus ni bière, ni alcool, et nous engageons toutes nos connaissances à lire ce traité. "

- Maintenant, chère Madame S., dit Abigaïl après avoir terminé son récit, il faut vraiment que je parte. Mais n’est-ce pas étonnant et merveilleux que Dieu ait tellement béni notre traité ?

Ce serait du reste encore plus étonnant s’Il ne l’avait pas fait !

Comme il est bon de répondre ainsi à nos prières !

Une fois de plus, " la prière du juste a une grande efficace " et " avec Dieu rien n’est petit ".

Elle se leva pour partir, mais l’infirmière s’approcha d’elle et lui demanda :

- Est-ce que l’histoire de ce prêtre est vraie ?

- Oh ! Oui, sans doute ! Vous me l’avez donc entendu raconter à Madame S. ?

- Oui, je l’ai entendue tout entière, et j’ai aussi trouvé sous un paillasson le traité sur le conducteur ; en deux occasions, je l’ai donné à des malades.

Puis elle répéta lentement les dernières paroles du prêtre : " Je sais qui j’ai cru ".

- Qui avez-vous cru ? demanda Abigaïl. Est-ce le Seigneur Jésus ?

Un court entretien suivit, et l’Evangile de Jean fut mis entre les mains de l’infirmière.

Quelques jours plus tard, quand elles se rencontrèrent de nouveau, elle put joindre son témoignage à d’autres, et dire à son tour : " Moi aussi, je sais qui j’ai cru. "

Elle partit en vacances peu de temps après, et maintenant elle exerce sa profession dans les familles, au lieu de le faire à l’hôpital !

Trois heures après la dernière entrevue d’Abigaïl avec Madame S., la maladie de celle-ci empira tout à coup à tel point qu’on se rendit tout de suite compte autour d’elle de l’imminence de sa fin.

Elle mourut en parfaite paix et fut introduite en la présence du Roi, le soir même.

Quelle joie pour elle que de se rencontrer avec ceux dont, peu d’heures auparavant, elle avait écouté l’histoire avec tant d’émotion, le conducteur, le prêtre, le pauvre bossu !

Oh ! Merveille des merveilles ! J’y serai un jour, moi aussi !

Et vous, cher lecteur ?

Soeur Abigaïl et la soeur Directrice

Trois semaines se sont écoulées depuis les événements que nous venons de raconter.

Un matin, Sœur Abigaïl reçoit un message téléphonique de Sœur Prudence, sollicitant une nouvelle entrevue.

Elles se rencontrent dans un parc, et s’entretiennent des choses qui sont constamment présentes à leur esprit : La mort du prêtre, la première rencontre d’Abigaïl dans le tramway, et le traité qu’elle lui donna.

Combien Dieu s’en est servi, n’est-ce pas, pour illuminer d’autres âmes !

Elles aiment à répéter le verset sur lequel il s’est si fortement appuyé au dernier moment : " Je sais qui j’ai cru, et je suis persuadé qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour. "

Sœur Prudence ne voit pas encore bien clair, elle tâtonne, elle cherche.

- Est-ce possible, demande-t-elle à Abigaïl, que la Parole de Dieu ait une telle puissance, au point de devenir l’instrument de changements aussi remarquables ?

- Certainement répond celle-ci. Ecoutez encore cette histoire.

Une pauvre femme qu’on m’avait priée de visiter reçut de moi ce même traité.

Elle était bien pauvre, et j’eus l’occasion de lui rendre beaucoup de petits services matériels ; je le fis en y mettant autant d’amour que possible et en me souvenant que j’accomplissais cette tâche pour Christ.

Un jour, après avoir lu le traité, elle me demanda :

- Croyez-vous que cet homme pouvait vraiment être sûr d’aller au ciel ? Comment arrivera-t-il à savoir que ses péchés étaient pardonnés ? Et que signifient ces paroles : " Mourir sans Christ ? "

- Tout d’abord, répondis-je, il lui était possible de savoir qu’il allait au ciel, car la Parole de Dieu dit : " Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. "

En second lieu, il avait l’assurance du pardon de ses péchés, à cause d’une autre parole de la Bible : " Sachez donc, hommes frères, que par Lui vous est annoncée la rémission des péchés… quiconque croit est justifié par Lui " Actes 13 : 38 et 39.

Enfin, mourir sans Christ veut dire mourir sans avoir regardé à Lui seul pour être sauvé, car il n’y a de salut en aucun autre.

Mais, bien que le message du salut lui fût ainsi présenté dans toute sa simplicité, la pauvre femme ne pouvait arriver à croire qu’il fut possible d’être sauvé hors de l’Eglise catholique, et que nos œuvres ne pussent en aucune façon nous ouvrir le ciel.

Elle croyait encore fermement ne pouvoir sortir du purgatoire, à moins qu’un certain nombre de messes ne fussent dites pour le repos de son âme.

Le jour suivant, je retournai la voir, et elle me dit, en me voyant entrer :

- J’ai beaucoup pensé à ce conducteur ; il n’a point eu le temps de se préparer à la mort ; comment donc a-t-il pu savoir qu’il était sauvé ?

Prenant une Bible catholique, je lui lus Jean 3 : 16 : " Car Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. "

- Vous voyez qu’il est possible d’avoir l’assurance de son salut, ajoutai-je.

A la visite suivante, j’eus la joie de constater qu’elle avait trouvé le Sauveur.

- Vous étiez si sûre que ce conducteur était sauvé, me dit-elle, parce qu’il avait cru à la Parole de Dieu, que je résolus, moi aussi, de faire la même chose, et de me confier entièrement en Lui.

Et immédiatement j’ai eu l’assurance que je n’avais rien à faire moi-même, et que l’œuvre de la croix était suffisante pour expier tous mes péchés. Maintenant je suis heureuse, oh ! Si heureuse !

Peu de jours après, elle s’endormit en Jésus et ses dernières paroles furent : Il n’y a que Jésus qui puisse sauver, et Il m’a sauvée.

Ce n’est pas la croix, car elle n’est qu’un morceau de bois, mais c’est Celui qui a été cloué, Jésus !

" Il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ " 1 Timothée 2 : 5.

Quand le récit fut achevé, Sœur Prudence répéta lentement ces paroles, si souvent citées par son frère mourant : " Je sais… Je suis persuadé… qu’il a la puissance de garder…. " – " Je ne puis pas comprendre ce que cela veut dire. "

Alors son amie lui expliqua de nouveau que toute l’œuvre de la rédemption a été parfaitement accomplie par Christ sur la croix, et qu’il n’y a rien de notre part à y ajouter ; voilà ce qu’il importe avant tout de saisir.

Ah ! Quel riche sujet à méditer !

Puis, silencieusement, car elles étaient toutes deux absorbées par leurs pensées, elles prirent congé l’une de l’autre.

Sœur Prudence était encore dans les ténèbres, mais son cœur soupirait après la pleine lumière.

Elle retourna à l’hôpital et à ses nombreux devoirs et responsabilités, mais l’Esprit de Dieu était à l’œuvre en elle, et nous savons qu’il est écrit :

" J’agirai, et qui s’y opposera ? " Esaïe 43 : 13.

Une nouvelle rencontre eut lieu en plein air entre les deux amies, peu de temps après.

Sœur Prudence, troublée jusqu’au fond de l’âme, et possédée du désir intense de savoir, d’être sûre, en était encore à peu près au même point.

Mais elle ne pouvait plus supporter de rester ainsi dans le vague ; il fallait qu’elle arrivât à une certitude.

Mon frère pouvait dire : " Je sais, " Sœur Abigaïl aussi, il faut que je fasse la même expérience.

Mais elle a si longtemps traîné après elle un lourd bagage de superstitions, de pénitences, de bonnes œuvres, sans avoir pour cela la paix intérieure, qu’elle a d’autant plus de peine à croire à ce glorieux salut gratuit.

- Oh ! Comment entrer dans la pleine lumière ? Si Dieu voulait seulement prononcer une parole libératrice ! Jésus n’est-il pas appelé la " lumière du monde " ? Telles sont les questions qu’elle pose, avec angoisse, à Abigaïl.

Elles vont s’installer tout près des chutes du Niagara, et, malgré le bruit assourdissant de l’eau qui se précipite, elles lisent ensemble, le cœur étreint d’émotion, le récit de la crucifixion, cette terrible tragédie unique entre toutes.

Au milieu des malédictions et des moqueries des hommes, alors que des ténèbres épaisses couvraient la terre, on entendit ce cri, expression de l’agonie morale la plus complète :

" Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? " Puis plus tard, ces paroles : " Tout est accompli ! " Et courbant la tête il expira.

" Tout est accompli ! " Oh ! Quel triomphe dans ces trois mots !

Le Fils de Dieu mourant pour le péché de l’homme perdu ! Oh ! Merveille ineffable et insondable ! Il semble enfin qu’un voile se déchire et que les écailles tombent des yeux de Sœur Prudence.

- Oh ! Sœur Abigaïl, s’écrie-t-elle tout à coup, je vois maintenant, la lumière se fait ! Enfin, je crois !

- Que croyez-vous ? Que la vierge Marie peut intercéder pour vous ?

- Oh ! Non, non, ce n’est plus tant cela que le sacrifice parfait de Christ, qui s’est offert à la croix pour expier mes péchés.

- Comprenez-vous bien ce qu’il a fait pour vous ? demande Abigaïl.

- Oui, il est mort pour me sauver, moi, je le saisis maintenant, et il n’y a, du côté de l’homme, rien à ajouter à une œuvre aussi merveilleuse, s’écrie Sœur Prudence.

Et, remplie d’une joie toute nouvelle, elle tombe à genoux au bord de l’eau, et, sans s’inquiéter du bruit, elle joint les mains en s’écriant :

" Oh ! Jésus, mon adorable Sauveur ! Je vois enfin mon adorable Sauveur ! Je vois enfin que ton sang seul peut me laver de mes péchés. "

- Et vos œuvres, vos pénitences, toutes les souffrances que vous endurez depuis tant d’années, dans l’espoir que par elles vous obtiendrez le salut, qu’en faites-vous ? Demande encore Abigaïl.

- Oh ! Ne m’en parlez plus ! Elles ne servent à rien, en face de l’œuvre sublime de Christ. Ce que vous venez de me lire m’a ouvert les yeux, et je vois qu’Il a tout accompli pour moi !

- Que vouliez-vous dire tout à l’heure, en disant : " Ce n’est plus tant cela ", lorsque je vous ai parlé de la vierge Marie ?

- Eh bien ! je pensais combien rarement la Parole de Dieu la mentionne.

Je réalisais pour la première fois que, à part l’honneur insigne qui lui fut fait de devenir la mère de Jésus, elle ne différait en rien des autres femmes.

Mais j’ai été habituée toute ma vie à croire qu’elle intercédait pour moi auprès de son Fils. Est-ce bien vrai, chère Sœur Abigaïl, que Jésus le fait pour moi ?

- Oui, répondit celle-ci, c’est glorieusement vrai, et savez-vous que les prières offertes en Son Nom montent à Dieu comme un parfum de bonne odeur ?

- Que c’est étrange ! Tout ce que vous me dites me montre que les protestants pratiquent la confession, ont un Intercesseur, et croient aux bonnes œuvres, mais tout cela après qu’ils sont sauvés, et non pour être sauvés.

Et ils prient Dieu, mais au nom de Jésus-Christ, au lieu de le faire au nom de la vierge Marie.

Elles prièrent ensemble, sœur Prudence disant : " O Dieu et Père, enseigne-moi à te prier, et à le faire au nom de Jésus. "

Quelle heure solennelle !

Ah ! Il y eut ce jour-là de la joie au ciel devant les anges de Dieu, à cause de cette âme qui avait trouvé le Sauveur ! Luc 15 : 10.

Il y avait satisfaction pour Dieu et Son fils dans cette œuvre achevée à Golgotha, et la pauvre pécheresse aussi était satisfaite, car la paix qu’elle cherchait depuis si longtemps remplissait maintenant son âme.

Cher lecteur, avez-vous fait cette expérience bénie ?

Elles avaient apporté quelques provisions, mais, avant de commencer leur repas, elles se recueillirent un instant pour rendre grâces, et sœur Prudence ajouta : " Pour l’amour de Jésus. "

Ce jour-là, elles eurent de la peine à se séparer.

Une vie nouvelle s’ouvrait devant sœur Prudence, et elle avait beaucoup de questions à poser à Sœur Abigaïl :

- Sur quel pied vais-je reprendre mon ancienne vie ? Pourrai-je avec mes nouvelles convictions, rester dans l’Eglise romaine ? Etc. etc.

- Ne vous inquiétez de rien, répondit son amie, Dieu vous montrera clairement votre chemin, tout comme Il l’a fait dans la question de votre salut.

Savez-vous ce que la Bible nous dit de faire lorsque nous sommes dans la détresse, ou comme c’est le cas pour vous, dans la perplexité ?

Nous devons crier à Dieu, et Il promet de nous délivrer de toutes nos angoisses. Avez-vous jamais lu le verset qui en parle ?

- Non, voulez-vous me l’écrire. Et Abigaïl copia sur un morceau de papier le beau verset 28 du Psaume 107.

- Il faut que j’aie un livre exactement comme le vôtre, dit encore sœur Prudence.

- Ah ! Oui ! Ce livre vaut son pesant d’or, car il contient la Parole même de Dieu, et voici ce que nous y lisons :

" Vous avez été rachetés….   non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ. "

- Ces paroles se trouvent-elles vraiment dans la Bible ?

- Sans doute, dans la première épître de Pierre, chapitre 1er verset 18.

- Ah ! Qu’il me tarde de posséder un livre comme le vôtre !

- Vous l’appelez un livre, mais moi, je le nomme le Livre.

- Je vois bien que pour vous c’est le livre par excellence, dit sœur Prudence.

Une courte prière fut encore présentée à Dieu, et sœur Prudence Le remercia d’avoir placé Abigaïl sur son chemin.

Il se faisait tard, et bientôt elles reprirent ensemble le chemin de la ville.

Le lendemain, sœur Prudence reprit ses occupations ordinaires, mais comme tout était changé pour elle !

Dans l’âme de Sœur Prudence, étaient nées des espérances et des aspirations toutes nouvelles, et elle sentait que sa vie aussi devait prendre une direction différente.

Elle avait une sœur en Europe qu’elle voulait retrouver pour lui faire part de la grande joie qui remplissait son cœur.

Cela nécessitait une rupture avec tous les liens qui l’attachaient à sa vie présente, quoi qu’il pût lui en coûter.

Mais le chemin n’était pas encore tout à fait clair, et elle eut à soutenir beaucoup de luttes avec elle-même, car elle était profondément attachée à la tâche qu’elle accomplissait depuis si longtemps.

Elle répandit son cœur devant Dieu avec angoisse, Le suppliant de lui montrer Sa volonté et de lui donner la force de la faire, sous quelque forme qu’elle pût lui être révélée.

Ce n’était pas non plus petite affaire pour elle que de rompre les vœux qui la liaient à l’Eglise romaine, mais pouvait-il en être autrement, vu la nouvelle voie dans laquelle elle s’était engagée ?

Ce ne serait pas loyal envers ceux qui lui avaient confié des devoirs aussi importants, si elle restait extérieurement ce qu’elle avait cessé d’être intérieurement.

Non ! Les choses ne pouvaient continuer ainsi.

Il fallait quitter l’Amérique et retourner auprès de sa sœur, car elle entendait la voix de Dieu lui dire nettement : " Voici le chemin, marches-y ".

Mais Lui seul pouvait comprendre ce que c’était pour elle que de s’arracher subitement à toutes les associations du passé, et de se voir incomprise, calomniée, et même maudite !

Ses angoisses morales furent terribles, mais elle resta ferme dans sa résolution.

Le moment fixé pour son départ arriva, et, bien qu’elle n’eût que deux dollars et demi dans sa bourse, juste de quoi s’acheter une paire de souliers dont elle avait grand besoin, elle résolut de ne pas toucher à cet argent, mais de s’en remettre entièrement au Seigneur qui avait déjà tant fait pour elle, et d’aller de l’avant, comptant sur Lui pour les ressources nécessaires à son voyage.

Elle téléphona à sœur Abigaïl, lui faisant part de sa décision, et la priant de venir à la gare tel jour, à telle heure, afin qu’elles puissent se dire adieu.

Quelle épreuve de foi cette nouvelle fut pour Abigaïl !

Sœur Prudence allait entreprendre ce long voyage.

Elle n’avait aucune ressource à sa disposition, et elle, Abigaïl, n’en avait pas davantage pour l’aider !

Oui, mais sa longue expérience de la fidélité du Seigneur lui donnait l’assurance que, cette fois encore, Il serait le Dieu des délivrances.

Il savait quelles étaient les circonstances de sœur Prudence, et Sa sollicitude envers elle ne se démentirait pas en cette heure de pressant besoin.

Elle se mit à genoux et exposa ses difficultés à Son Père céleste en lui disant avec foi :

" Seigneur, je donnerai à sœur Prudence tout l’argent que tu m’enverras ce matin. "

Et Il récompensa la confiance de Son enfant, car, dans le courant de la matinée, le facteur lui apporta une lettre d’Angleterre, contenant deux cents francs.

Et, un peu plus tard, elle reçut encore cinquante francs.

Enfin, en se rendant à la gare, elle rencontra une amie chrétienne qui lui remit vingt-cinq francs.

Sœur Prudence avait une amie à R.

- Je pourrai rester avec elle jusqu’à ce que j’aie les moyens d’aller rejoindre ma sœur en Europe, dit-elle à Abigaïl.

Alors celle-ci, sans mot dire, alla prendre son billet, lui donna une enveloppe où se trouvait le reste de l’argent, et lui raconta comment Dieu était merveilleusement intervenu en sa faveur, et avait envoyé cette forte somme pour subvenir à ses besoins.

Le cœur rempli de reconnaissance, elles se retirèrent dans un coin peu fréquenté de la gare, et là, elles rendirent grâces à Dieu pour cette nouvelle preuve de son Amour et de Sa puissance.

Quel encouragement pour elles à rester fermes et décidées pour Lui, malgré tout ce qu’il pourrait leur en coûter !

Cependant Abigaïl ne put s’empêcher de dire à son amie :

- Il me semble, chère sœur Prudence, que vous auriez dû faire une confession ouverte de votre foi et expliquer à votre entourage la raison de votre départ.

- Oh ! Non, non, je ne pouvais pas faire cela ! Vous ne comprenez pas, mais il faut absolument que je parte.

L’heure du départ était là, et elles durent se séparer.

Ce ne fut pas sans beaucoup de regrets des deux côtés, car elles s’étaient profondément attachées l’une à l’autre, et elles savaient que, selon toute probabilité, elles ne se reverraient que là-haut, en la présence de Celui qui était mort pour elles.

Sœur Prudence monta en wagon, emportant avec elle cette parole réconfortante de Job 23 : 10 : " Il connaît la voie que je suis. "

Les derniers adieux furent échangés, et Abigaïl revint lentement chez elle, reprendre sa tâche pour le Seigneur.

En chemin, elle se remémora, avec des sentiments de joie mêlés d’une certaine tristesse, les événements des dernières années.

Il devait se passer quelques temps avant qu’elle pût recevoir des nouvelles de sœur Prudence.

Enfin elle apprit par le téléphone que celle-ci se préparait à quitter R. pour se rendre en Angleterre.

Avec quelle anxiété attendit-elle la lettre qui lui annoncerait son arrivée dans ce pays !

Mais elle ne venait pas, et Abigaïl se demandait ce qui lui était arrivé, en se posant une foule de questions, telles que :

L’avait-elle oubliée ?

Avait-elle rencontré des épreuves si grandes qu’elle ne pouvait se décider à lui en parler ?

Son amour pour le Seigneur s’était-il refroidi, et n’était-il plus pour elle une réalité ?

Ou bien encore, passait-elle par des alternatives de victoires et de défaites ?

Les sœurs à la réunion de prière n’oublièrent pas sœur Prudence, et, bien qu’elle fut maintenant si loin d’elles, et probablement pour longtemps, elle garda sa place dans leurs cœurs, et fut souvent portée devant le Seigneur, dans Lequel elle avait appris à mettre sa confiance.

Nous savons que ces prières furent entendues, et l’absence de nouvelles n’en diminua nullement la ferveur.

Elles avaient assez de foi pour ne pas se relâcher, malgré l’obscurité du chemin, et une longue expérience leur avait appris que Dieu fait bien tout ce qu’Il fait, et que rien de ce qu’Il a entrepris ne Lui devient indifférent.

Un laps de temps assez considérable s’était déjà écoulé depuis le départ de sœur Prudence, lorsqu’un matin, un étranger se présenta chez Abigaïl, demandant à lui parler.

Comme il ne voulait pas entrer, elle alla à la porte, et se trouva en présence d’un prêtre.

- Etes-vous sœur Abigaïl ? Lui demanda celui-ci.

- Oui, répondit-elle, mais comment savez-vous que je m’appelle ainsi ? Il n’y a qu’une seule personne au monde qui me connaisse sous ce nom.

Pour toute réponse, il lui tendit un volume de poésies par Melle Havergal, en lui demandant :

- Reconnaissez-vous ce livre ?

- Oui, répondit-elle, je l’ai laissé un jour dans un hôpital.

- A qui était-il destiné ? demanda encore le prêtre.

- Veuillez me dire d’abord comment il est venu entre vos mains.

- Volontiers. Avez-vous jamais connu une personne du nom de sœur Prudence ?

- Je le crois bien ! Pouvez-vous me donner de ses nouvelles ?

- C’est ma sœur, et elle vient de mourir. J’arrive justement d’Angleterre, et j’ai assisté à ses derniers moments.

Elle m’a remis ce livre pour vous, disant que vous le reconnaîtriez.

Et en voici un autre, ajouta-t-il en ôtant le papier qui l’enveloppait, et en le tendant à Abigaïl. Vous souvient-il de l’avoir jamais vu ?

- Oh ! Oui, c’est sa Bible !

- Et bien ! elle m’a chargé de vous la remettre, et je lui ai solennellement promis de le faire.

De plus, elle a désiré que je vous dise qu’elle était certaine de ne pas aller en purgatoire, parce qu’elle savait qui elle avait cru, et qu’elle en était persuadée, oui persuadée ! répéta-t-il avec conviction.

- Et vous monsieur, puis-je vous demander si vous aussi, vous croyez au salut gratuit apporté aux hommes par Jésus-Christ ?

- Oui, je puis dire qu’il est mort pour mes péchés, et que moi aussi, je sais qui j’ai cru.

Mes yeux ont été ouverts, et bien que je ne puisse quitter l’Eglise romaine, je vois maintenant que le seul moyen d’être sauvé est de regarder à Christ et de me confier en Lui, car Il a tout accompli pour moi, et je veux le dire à d’autres.

Cependant, je ne vous cache pas que cela a été un grand chagrin pour moi que de voir ma sœur quitter la seule Eglise authentique, et je ne peux vous pardonner d’en avoir été la cause.

Là-dessus, il prit congé d’Abigaïl.

Avec quelle émotion, celle-ci serra dans ses mains les deux précieux volumes qui venaient de lui être remis !

Et avec quelle joie, mêlée d’une profonde gratitude, elle pensait à sa chère amie, si longtemps perdue de vue, et maintenant dans la gloire avec son Sauveur !

Et le frère, pour lequel nos sœurs avaient prié si longtemps, était enfin aussi arrivé à la possession du salut !

Oh ! Son nom est le Fidèle, et Il entend et exauce les prières !

Comment ne pas continuer à l’implorer !

Puis, respectueusement, elle tourna les pages de la Bible.

Le chapitre vingt de l’Exode avait été marqué et divisé en dix sections.

Au bas de la page, sœur Prudence avait écrit ces paroles : " Tout ceci a été effacé par la mort de Jésus, car je sais qui j’ai cru. "

Un passage avait été souligné.

Lecteur, ai-je besoin de vous dire lequel ?

Non, n’est-ce pas ?

Ce ne pouvait être que 2 Timothée 1 : 12 !

Un feuillet était tourné dans le recueil de poésies, et les lignes suivantes étaient soulignées :

Il est avec toi dans le danger ;

A l’heure de la détresse

Il est ta forteresse

Et sera toujours ton berger.

Avec toi, avec toi,

Oui, qu’il soit toujours avec toi.

Oui, c’était là son dernier message pour son amie, et combien il était approprié à ses besoins !

Elle était partie pour être avec Lui ; mais, à travers l’océan, lui arrivaient ces paroles consolantes : " Il est avec toi ", et Abigaïl ajouta tout bas : " Mistpa ! " Jusqu’à ce jour !

Soeur Abigaïl et la bouteille vide

Il est cinq heures de l’après-midi.

Nous assistons au départ d’un bateau pour une station d’été, où Iona, l’amie d’Abigaïl, fait un séjour pour se remettre d’une longue maladie.

Un coup de sifflet annonce le départ, le pont d’embarquement est retiré, et le bateau s’ébranle et s’éloigne du rivage.

Une grande animation règne parmi la foule, qui occupe toutes les places, et qui se compose presque entièrement de gens à la poursuite des plaisirs de cette terre.

De nombreux couples se dirigent vers le pont, où l’on danse au son de la musique.

Des groupes d’hommes d’affaires discutent les évènements du jour ; d’autres lisent les journaux.

Les petits marchands de glaces et de bonbons circulent parmi les passagers, offrant leurs marchandises.

Notre amie Abigaïl est aussi sur ce bateau ; elle va voir Iona, et lui porter quelques douceurs.

Il va sans dire qu’elle n’a pas oublié des traités, car elle sent qu’elle doit saisir toutes les occasions qui lui sont offertes pour réveiller les âmes endormies.

Et certes ! Elle trouve ici de la besogne !

Sans se laisser rebuter, elle offre le message de la vie à tous.

Parmi les brochures se trouve naturellement le traité du conducteur.

Beaucoup de gens les acceptent poliment ; d’autres, tout en les prenant, se moquent d’elle, ou bien sourient dédaigneusement ; mais il y en a très peu qui les refusent.

La manière dont elle est reçue ne l’affecte pas beaucoup, car elle se répète, tout en cheminant : " Tu ne sais pas ce qui réussira, ceci ou cela, " et aussi " Rien n’est petit, si Dieu y met la main. "

A un moment donné, elle causa tout un émoi parmi les voyageurs.

Pendant qu’elle était debout à regarder la vaste nappe d’eau sur laquelle le bateau glissait rapidement, cette parole du livre de l’Ecclésiaste lui fut donnée par le Saint-Esprit :

" Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le retrouveras après bien des jours. "

Une inspiration subite la saisit : " Oui, j’accomplirai cette parole à la lettre ! Des messages ont souvent été envoyés dans des bouteilles par des navires en détresse, et ils ont toujours été recueillis d’une façon ou d’une autre.

J’ai une bouteille dans mon panier, et je vais y mettre le traité du conducteur. "

Aussitôt dit, aussitôt fait, et après s’être recueillie un instant et avoir demandé à son Père céleste de bénir cet acte de foi, elle lança la bouteille à l’eau, ayant eu soin, en mettant la brochure dedans, de faire en sorte que le titre fût bien en évidence.

Cet incident excita un vif étonnement chez tous ceux qui en furent témoins.

Quelle pouvait être la raison d’un acte aussi étrange ? se demandait-on, et Abigaïl fut taxée d’excentrique et même de folle !

Nombreux furent les sourires et les moqueries qu’elle rencontra sur son passage, mais elle ne s’en préoccupait guère, car la confiance, comme une douce musique, remplissait son cœur, et elle se redisait sans cesse :

" Jette ton pain sur la face des eaux, car tu le retrouveras après bien des jours. "

Cela lui suffisait, et elle savait qu’elle et son humble mission étaient entre les mains de Dieu en qui toutes les promesses sont oui et amen en Jésus-Christ.

L’été se passait, et aucun résultat visible n’était venu encourager nos sœurs de la réunion de prière.

Mais cela ne diminuait pas leur zèle, et, chaque fois qu’elles se réunissaient au nom du Seigneur, elles Lui remettaient les traités distribués, et elles s’attendaient à Lui, pour que, à l’heure désignée par Sa sagesse infinie, Il fit fructifier la semence déposée dans tous ces cœurs.

Une année s’écoula, et toujours le même calme plat.

Mais elles se rappelaient que le texte dit : " Après bien des jours. "

Cependant n’y avait-il pas, de leur part, une légère impatience pendant cette période d’attente ?

Et ne trouvaient-elles pas, sans peut-être oser se l’avouer tout à fait, que Dieu mettait bien du temps à accomplir Ses promesses ?

Mais cette phase de découragement ne fut que passagère, et bien que Dieu trouvât bon de prolonger encore l’épreuve de leur foi, elles ne doutèrent plus de Lui, et purent rester calmes et confiantes, certaines que le moment du Seigneur était le seul bon moment, et que Sa volonté était toujours " bonne, agréable et parfaite. "

Dix-huit mois se passèrent ainsi, lorsqu’un matin un monsieur vint sonner à la porte d’Abigaïl.

Ce devait être quelque chose d’important, car il était encore de bonne heure.

On le fit entrer, et dès qu’il eût jeté les yeux sur Abigaïl, il s’écria :

- Oui, c’est bien vous que j’ai vue chaque soir, l’été dernier, sur le bateau de cinq heures.

Je vous ai observée, distribuant vos traités, et j’ai aussi remarqué de quelle manière chacun les recevait.

Les uns prenaient aimablement ; pour d’autres, c’était tout le contraire, mais vous n’aviez pas l’air de vous en inquiéter, et vous poursuiviez tranquillement votre mission.

Un jour, je vous vis faire une chose très étrange. Vous avez pris une bouteille, et je remarquai que vous y avez introduit un petit rouleau de papier, une de vos brochures.

Puis vous l’avez lancée dans le lac, au grand divertissement des spectateurs.

Maintenant écoutez mon histoire :

" J’étais en ce moment-là dans une terrible impasse financière.

Je devais de l’argent partout, et, n’ayant pas le courage de supporter la honte et le déshonneur qui ne pouvaient manquer de fondre sur moi à bref délai, je résolus de m’ôter la vie.

Que de fois je descendis au bord de l’eau dans ce but, mais quelque chose me retenait toujours.

Les choses allaient de mal en pis pour moi, et j’étais désespéré.

Le jour arriva où j’étais un homme ruiné, et il fallait à tout prix en finir.

Je louai un petit bateau et me mis à errer sur le lac, attendant l’obscurité pour retirer mes rames, et m’en aller à la dérive au gré de l’eau.

Un incident de ce genre n’est pas chose rare, n’est-ce pas ?

Un homme de plus ou de moins sur la terre, cela ne fait pas de grande différence.

Ainsi pense le monde en général.

Le soleil se couchait, je rentrai les rames dans le bateau, et attendis mon sort, me disant que la mort elle-même serait préférable à la honte qui me couvrirait lorsque tout serait connu.

J’errais ainsi depuis un bon moment, me demandant pour combien de temps j’en avais encore à lutter avec la vie, lorsque, à la lueur de la lune qui se levait justement, j’aperçus quelque chose qui flottait sur l’eau, à portée de ma main.

Je le pris et vis avec étonnement que c’était une bouteille !

Je me rappelai alors l’incident qui m’avait frappé sur le bateau quelque temps auparavant.

Je la débouchai et en tirai un traité intitulé : " Je suis prêt à mourir, l’êtes-vous ? "

Jugez de ce que je ressentis en cet instant !

C’était comme la voix de Dieu à ma conscience, et je fus frappé de stupeur.

Oui ! Il y avait quelque chose de pire que la disgrâce qui me menaçait, c’était l’enfer !

J’hésitai un moment, une lutte intense se livrait en moi.

Non, je ne pouvais pas, je ne voulais pas aller en enfer !

Reprenant mes rames, je retournai précipitamment au rivage, je courus chez moi, m’enfermai dans ma chambre, et, après avoir allumé une bougie, je lus le traité qui contenait le récit de la mort tragique du conducteur de tramway, et qui racontait comment, à la dernière heure, il avait trouvé le salut de son âme.

L’incertitude et l’angoisse dans lesquelles je me trouvais étaient devenues intolérables, mais Dieu dans sa miséricorde m’envoyait la lumière, sous la forme de ce message.

A l’heure même, je me tournai vers le Sauveur, j’obtins le pardon de mes péchés, et une paix toute nouvelle inonda mon âme.

Rien ne peut exprimer ce qu’est le repos dont je jouis maintenant.

Le matin suivant, je me retrouvai en face des mêmes difficultés.

Mais comme tout était changé pour moi !

J’étais devenu une nouvelle créature en Christ, et j’avais, pour m’aider à aller de l’avant, sa précieuse promesse :

" Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point. "

Je convoquai sans retard tous mes créanciers, et leur exposai ma situation, promettant de m’acquitter envers eux jusqu’au dernier centime, si seulement ils voulaient bien me donner du temps.

Ils y consentirent, et je me mis de suite en quête d’un emploi qui me donnerait les moyens de liquider mes obligations aussi promptement que possible.

Dieu me le fit trouver, et maintenant je suis à même de payer graduellement tout ce que je dois.

Dès que mes affaires seront en règle, je ferai une confession publique de ma foi en Christ. "

Soeur Abigaïl et le voleur

Sœur Abigaïl avait été faire à sa sœur une visite attendue depuis longtemps.

Elle avait compté rentrer chez elle de bonne heure ; mais elle avait trouvé tant de petites choses à faire pour donner un peu de réconfort à sa sœur que la nuit était déjà là quand elle put se mettre en route.

Heureusement, elle avait appris depuis longtemps que les contretemps apportent souvent les meilleures bénédictions, de sorte que, tout en hâtant le pas, elle se tranquillisait par la pensée que le retard faisait partie du plan de Dieu pour sa journée : Ne la Lui avait-elle pas remise tout entière ?

Arrivée à l’angle d’une certaine rue, elle accéléra son allure, se rappelant que cette rue était mal éclairée, et qu’il s’y trouvait deux logements inhabités.

Soudain, quelqu’un lui saisit le bras par derrière, tandis qu’une voix rude lui disait :

- " Qu’avez-vous dans votre sac à main, Madame ? "

Tout en appelant Dieu à son secours, sœur Abigaïl répondit, montrant sa Bible :

- " Je veux bien vous donner ceci ; c’est que ce j’ai de plus précieux, puisqu’on y lit que " Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque…quiconque… quiconque…. "

La frayeur lui coupait la parole ; elle s’efforça pourtant de dire encore :

- " Quiconque croit… "

Mais le voleur, furieux, l’empoigna par le col de son manteau, la secoua, et finalement la poussa hors du trottoir contre un tas de neige et s’enfuit dans l’obscurité.

Toute tremblante, sœur Abigaïl rentra précipitamment chez elle, où elle demanda qu’on priât spécialement pour ce voleur inconnu.

Quatre ans s’écoulèrent.

Mais sœur Abigaïl priait encore pour son voleur.

Peu avant Pâques, elle allait faire quelques emplettes avec une de ses aides.

Elle avait l’intention de passer au retour chez une jeune fille qu’elle avait souvent invitée, mais qui avait prétexté ne pas connaître le chemin.

Prenant donc une petite carte sur laquelle se trouvaient deux passages bibliques, elle y écrivit dans la marge son nom, son adresse, le numéro du tramway qu’elle devait prendre et le nom de l’endroit où elle devait descendre.

Puis elle plia cette carte et la mit dans son porte-monnaie.

Mais c’était Dieu qui avait dirigé le choix de cette carte, puisque sœur Abigaïl ignorait alors qui la lirait.

N’est-il pas toujours le guide des siens ? Esaïe 58 : 11

Leurs emplettes finies, il était trop tard pour faire encore la visite projetée ; elles prirent donc le tramway pour rentrer chez elles.

Il y avait alors à l’entrée des tramways, une boite où chacun mettait sa pièce de monnaie pour payer sa place.

Au moment où sœur Abigaïl faisait le geste dû, deux hommes se bousculèrent rudement contre elle.

Mais elle n’y prêta que peu d’attention au moment même.

Ce ne fut qu’à son arrivée chez elle que, voulant acheter encore quelque chose, elle s’aperçut que son porte-monnaie avait disparu ; son sac à main était vide…

Persuadée que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, elle ne se laissa point troubler par cette contrariété.

Le lendemain matin, le culte de famille fut interrompu par un coup de sonnette.

On demandait sœur Abigaïl.

Supposant que c’était un marchand, comme elle avait beaucoup à faire, elle fit répondre qu’elle avait peu de loisir : Qu’on remit la commission à son aide.

Mais le personnage déclara qu’il devait voir la dame et la voir seule.

On le fit donc entrer au petit salon, où il la trouva seule.

Il demanda en entrant :

- " Avez-vous perdu hier votre porte-monnaie ? "

- " Oui, dit-elle, mais qu’en savez-vous ? "

Et s’étant levée, elle traversa la chambre, tandis que l’homme la regardait d’un air singulier, puis lui demandait : " Vous avez été saisie un soir, il y a environ quatre ans, à la rue Tracy ? "

Au comble de la surprise, sœur Abigaïl répondit encore :

- " Oui, mais qu’en savez-vous ? "

- " Et bien madame, c’est moi qui vous ai volé votre porte-monnaie, et c’est aussi moi qui vous ai arrêtée en pleine rue. Votre porte-monnaie, je vous l’ai pris au moment où vous avez payé le tram.

Je suis venu pour me faire arrêter, et je vous prie d’appeler la police. J’en ai assez de cette vie. "

Qu’on se représente la surprise de sœur Abigaïl !

Mais l’autre poursuivit, excité :

- " J’ai deux camarades. Quand nous volons un porte-monnaie, nous le vidons prestement dans nos poches, puis nous jetons le porte-monnaie.

Arrivé chez nous, le soir, nous entassons le tout, puis nous le partageons.

En vidant votre porte-monnaie, j’y ai trouvé ce bout de papier (la petite carte sur laquelle sœur Abigaïl avait inscrit son nom et son adresse) et voyez ce que j’y ai lu :

" Quiconque " – et à l’encre rouge : C'est-à-dire vous. – Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. "

C’était comme un coup de foudre m’atteignant en plein cœur.

Mais je retourne la carte et je lis ceci " :

Elle prend la carte, et lit : " Quiconque " – (à l’encre rouge :  c'est-à-dire vous) - " Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. "

- " Alors, reprit-il, j’ai été en agonie toute la nuit. Il me semblait que cette carte me transperçait la main comme du feu. Je ne peux plus me débarrasser de cette parole ; c’est Dieu qui me parle.

" Je suis venu me confesser devant vous, pour que vous appeliez la police et que vous me fassiez arrêter. "

- " Vous faire arrêter par la police ? "

- " Oui, je suis un voleur, un cambrioleur ; je vis de cela, et je vous ai volé votre argent. "

- " Non, répondit-elle. Je ne puis pas faire cela. Dieu vous a parlé. "

Elle prend sa Bible, l’ouvre au huitième chapitre de l’Evangile de Jean, et lit :

" Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère ; et, la plaçant au milieu du peuple, ils disent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.

" Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? "

Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser.

Mais Jésus s’étant abaissé, écrivait avec le doigt sur la terre.

Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et, s’étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre.

Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux derniers.

Et Jésus resta seul avec la femme, qui était là au milieu.

Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit :

" Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? "

Elle répondit : " Non Seigneur. "

Et Jésus lui dit : " Je ne te condamne pas non plus ; va et ne pèche plus. "

Sœur Abigaïl pose sa Bible et demande :

" Croyez-vous que je puisse vous condamner, ou vous faire arrêter ? Moi aussi, je suis une pécheresse et la seule différence qu’il y ait entre nous, c’est que je suis une pécheresse sauvée par le sang de Jésus-Christ, et que vous serez aussi un jour sauvé par Sa grâce, par Son sacrifice sur la croix du Calvaire. "

- " Est-ce aussi pour moi qu’Il a fait tout cela ? Pour moi qu’Il est mort ? "

- " Oui, c’est pour vous. " 

Et là, dans ce petit salon, ce voleur accepta Jésus-Christ pour son Sauveur.

Puis il raconta sa vie.

Fils unique de parents pieux, il avait perdu son père de bonne heure.

Alors qu’il n’était encore qu’un petit garçon, un ami en visite lui avait appris quelques tours de passe-passe.

Il était devenu fort adroit pour vider les poches des gens, à qui il demandait ensuite tel ou tel objet et s’amusait fort de leur surprise lorsqu’ils ne le trouvaient plus.

Il apprit ces mêmes tours à deux camarades, et entre les trois, ils s’éprirent si bien de ces tours d’adresse qu’à dix ans ils s’évadèrent de chez eux.

Pendant plusieurs années ils vécurent de leurs larcins.

A peine vit-il quelquefois sa mère au cours de ces années ; mais elle ne cessait de l’entourer de ses prières.

Il raconta à sœur Abigaïl que, lors de leur rencontre, quatre ans auparavant, quand elle avait répété " quiconque ", elle lui avait rappelé sa mère, parce qu’elle lui avait fait apprendre ce passage.

Et cela l’avait mis dans une telle colère qu’il aurait voulu la tuer en la jetant contre le tas de neige.

Son histoire finie, il ajouta qu’il lui fallait aller parler de Christ à ses camarades, et ensuite tâcher de trouver un moyen honnête de gagner sa vie.

De retour auprès de ses camarades, il leur raconta de son mieux l’histoire de la croix, et comment ses péchés avaient été effacés par le sang de Jésus-Christ.

" Et bien " conclurent-ils, " tu nous as appris à servir le diable et à mener la vie que nous menons. Si elle n’est plus assez bonne pour toi, elle ne l’est pas davantage pour nous. "

Il amena donc ses amis à sœur Abigaïl, qui leur parla de l’amour de Dieu pour les pécheurs, et leur dit que Christ était mort aussi pour eux. Et tout deux L’acceptèrent pour leur Sauveur.

" A tous ceux qui L’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, Il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu. "

Mais que faire de l’argent qu’ils avaient à la banque, environ quinze cent francs ?

Impossible d’en retrouver les propriétaires légitimes…

Elle les engagea à s’en servir pour venir en aide à d’autres jeunes gens qu’ils chercheraient à amener à Christ.

Quittant la ville et ses tentations, ils s’en allèrent dans la campagne.

Elle eut souvent l’occasion d’avoir de leurs nouvelles au cours des années suivantes.

Ils gagnaient honnêtement leur vie par leur travail, et ils gagnaient aussi des âmes.

En avril 1918, un coup de téléphone appela un jour sœur Abigaïl à la gare pour y prendre congé de quelques soldats qui partaient pour la France.

Quelle fut sa joie de reconnaître sous l’uniforme kaki ses amis les voleurs, enrôlés comme ambulanciers.

Ils avaient dépassé l’âge réglementaire, mais ils voulaient partir comme soldats de la croix et défenseurs de la patrie…

L’œuvre divine commencée n’est pas achevée encore. Dieu seul sait à quoi elle doit aboutir ; mais il a permis à sœur Abigaïl d’en voir quelque chose.

Soeur Abigaïl et un appel par sans-fil

Un dimanche matin, selon sa coutume, sœur Abigaïl s’était rendue au culte.

La présence du Seigneur s’y faisait particulièrement sentir.

Quand se fit la collecte, sœur Abigaïl crut entendre la voix du Seigneur lui disant : " Donne tout ".

- " Seigneur, " répondit-elle, " outre ces quelques sous, je n’ai plus rien que trois dollars (15 Frs), mais je ne les ai pas sur moi. " - " Eh bien, va les chercher " et cette injonction devint de plus en plus pressante.

Mais comment déranger l’assemblée recueillie, sans attirer l’attention sur elle ?  

On chanta :

Eussé-je en mains tous les trésors du monde,

Ils ne seraient que de peu de valeur

En regard de ta charité profonde.

Prends donc mon tout, et ma vie et mon cœur…

Et la voix reprit :

- " Va chercher tes trois dollars. "

- " J’y vais, Seigneur ", fit enfin sœur Abigaïl. " J’obéis sans comprendre. "

Elle se glissa doucement hors de la salle, se rendit chez elle, prit ses trois derniers dollars, et regagna en hâte l’endroit où s’arrête le tramway.

Tout près de là, debout sur un seuil, une pauvre vieille frissonnait.

Selon sa coutume encore, sœur Abigaïl s’approche d’elle :

- " Vous avez manqué le tram, comme moi. Pourquoi sortir par un froid pareil ? Vous n’avez pas l’air bien. "

- " J’ai été malade, en effet. Mais je vais mieux. "

" Connaissez-vous le Seigneur Jésus comme votre Sauveur ? "

- " Oh ! Oui, et je suis venue m’abriter ici pour prier en attendant le tram. "

- " Vraiment ? et oserais-je vous demander le sujet de votre prière ? "

- " Si je le disais, vous croiriez que je mendie. "

- " Certainement pas. Dites-moi pour quoi vous avez prié, et je vous dirai pourquoi j’attends aussi le tram. "

Elle raconta alors à sœur Abigaïl qu’elle avait perdu son mari, et que sa fille, qui demeurait loin de là, lui avait écrit de vendre tout son mobilier pour avoir de quoi aller la rejoindre.

Elle avait tout vendu, mais il lui manquait trois dollars pour payer son billet.

Elle ne savait que faire, n’ayant personne à qui demander de l’aide.

" Ainsi, " conclut-elle, " je priais Dieu de me donner l’argent nécessaire. "

Sur quoi sœur Abigaïl raconta comment Dieu l’avait appelée à sortir du culte pour aller chercher ses trois dollars, et comment elle avait obéi sans comprendre.

Quel Dieu admirable nous avons !

Quel Dieu fidèle !

" Avant qu’ils m’invoquent, je répondrai ; avant qu’ils aient cessé de parler, j’exaucerai…. "

" Il peut compatir à nos infirmités ; Il connait nos besoins ; Il entoure de Sa sollicitude les membres les plus humbles de Son corps. "

Quoi donc que vous fassiez.

Où donc que vous alliez.

Prêtez, prêtez l’oreille…

Prêts à rendre quelque service petit ou grand.

Un mois plus tard, sœur Abigaïl recevait une lettre de la fille de cette pauvre femme qui lui exprimait toute sa reconnaissance du service qu’elle lui avait rendu.

Dieu cherche qui il peut employer, de qui il peut se servir.

" Car l’Eternel étend ses regards sur toute la terre, pour soutenir ceux dont le cœur est tout entier à lui. "

Il n’a pas seulement besoin de ceux à qui il peut adresser un appel par un sans-fil et qui l’écouteront ; il lui faut aussi des intercesseurs capables de prier pour les autres.

Soeur Abigaïl et la brebis perdue

Une jeune égarée, assoiffée d’indépendance, s’enfuit de la maison paternelle, abandonna les sentiers de la vertu et de la pureté, pour mener une vie d’infamie dans une grande ville d’Amérique.

Mais elle ne tarda pas à s’apercevoir que l’on moissonne ce que l’on sème.

Elle tomba malade, et ses soi-disant amis ne se soucièrent plus d’elle.

Un traité que lui avait donné sœur Abigaïl dans un tramway de Buffalo, traité intitulé : " Je suis prêt à mourir ; l’êtes-vous ? " éveilla dans son cœur une certaine appréhension de la mort et commença à lui ouvrir les yeux sur sa culpabilité.

Elle abandonna sa vie déréglée et gagna son pain en faisant de la musique dans les cafés-concerts et les salles de bals.

Elle tâcha de retrouver sa famille ; mais elle apprit, hélas ! que sa mère était morte, et que le reste de la famille s’en était allé on ne savait où.

Deux ans plus tard, dans une de ses tournées de semailles, sœur Abigaïl lui donna une petite feuille intitulée : " L’homme qui est mort pour moi. "

Elle lui fit une impression profonde et lui inspira un désir intense de trouver le repos et la paix de l’âme.

Une année s’écoula encore ; puis un jour, sœur Abigaïl lui remit plusieurs traités, entre autres : " Sûreté, certitude, jouissance " et " le chemin du salut. "

Sur l’un d’eux elle avait écrit son nom et son adresse, en y ajoutant que ceux qui désiraient en savoir davantage sur le moyen d’obtenir la paix de l’âme n’avaient qu’à s’adresser à elle.

Un matin, il lui parvint une demande pressante d’aller voir une malade à l’hôpital.

Elle trouva une jeune personne qui était évidemment tout près du terme de sa vie, et qui lui raconta ce qui précède.

Elle se rendait bien compte qu’il ne lui restait que fort peu de temps à vivre, et elle demandait instamment comment elle pourrait être sauvée.

Sœur Abigaïl lui redit l’histoire toujours nouvelle de Jésus mourant sur la croix pour elle, afin qu’elle ne pérît pas, mais qu’elle eût la vie éternelle.

Elle insista sur ce qu’elle n’avait qu’à s’appuyer sur ce que Christ avait fait pour elle pour obtenir immédiatement et gratuitement le pardon complet de tous ses péchés.

Mais, comme beaucoup d’autres, cette mourante s’imaginait qu’elle devait faire quelque chose de méritoire pour acheter la faveur de Dieu.

Pécheresse comme elle l’était, pouvait-elle être sauvée à l’instant même, et pour l’éternité, simplement en croyant au Sauveur ?

Il est écrit (Actes 10 : 43) : " Quiconque croit en Lui reçoit par Son nom le pardon des péchés " et (Jean 3 : 36) : " Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. "

Il lui fut expliqué que c’était ce que le Christ avait fait qui nous obtenait le salut, et nullement ce que nous pourrions faire.

Mais cela lui paraissait trop beau pour être vrai.

Pendant des heures, sœur Abigaïl resta assise près de son lit, lui montrant l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, et la pressant de déposer son lourd fardeau sur l’œuvre parfaite de Christ.

" Je ne puis donc rien faire ? Il n’y a donc rien que je puisse faire ? répétait-elle…

Voyant défaillir ses forces, sœur Abigaïl entonna doucement le cantique qui commence ainsi :

Il n’en est qu’Un qui par son sacrifice

Ait acquis le pouvoir de me donner la paix.

Il est le seul qui dans cet instant puisse

Me pardonner, m’absoudre pour jamais.

J’entends Sa voix ; elle me dit : " Crois-moi,

J’ai porté tes péchés ; c’est fait, réjouis-toi. "

L’effet produit par ce cantique fut merveilleux.

Voici comment le décrit sœur Abigaïl :

" Quand j’arrivai au " J’ai porté tes péchés, c’est fait, réjouis-toi, " elle s’écria :

- " C’est bien ce mot-là : " porté, porté ! " Il a porté mes péchés ? "

Je répondis : " Jésus a porté vos péchés. "

- " Oui, cela, je puis le comprendre. "

- " Ne voulez-vous pas aussi vous en réjouir ? "

- " Oh ! Oui, certainement ; mais dites-moi ce que je puis faire pour Celui qui a porté mes péchés. "

- " Vous voulez encore faire ? "

- " Oui, il faut que je fasse quelque chose pour d’autres, pour qu’ils sachent qu’Il a porté leurs péchés. "

Je lui avais promis de m’occuper de son enterrement, mais vous pouvez vous figurer ma surprise quand elle me pria de pourvoir moi-même aux frais des funérailles.

Je lui répondis que je m’attendrais à Dieu, au Père de ce même Jésus qui a porté nos péchés, sûr qu’Il me donnerait l’argent nécessaire ; sur quoi elle reprit :

" Oh ! Il y a quelque chose que je puis faire. Laissez à l’Etat le soin d’enterrer mon pauvre corps ; il le fera sans apparat ; et vous pourrez employer cet argent en faveur d’autres pauvres filles.

" Dites-leur de se tourner vers Lui, avant qu’il soit trop tard : Dites-leur qu’il a porté leurs péchés. Donnez-leur aussi des traités, et soyez bonne pour elles comme vous l’avez été pour moi. "

Voyant la fin approcher, sœur Abigaïl passa son bras sous la tête de la mourante et l’attira à elle pour lui donner un baiser ; mais la pauvre coupable mit sa main entre elles en disant :

- " Non ! Non ! Je suis une pécheresse, pas vous ! …"

- " Dieu nous déclare tous pécheurs, " répondit sœur Abigaïl.

" Vous êtes une pécheresse sauvée par Jésus, et moi aussi. "

Je l’attirai de nouveau à moi et je lui donnai plusieurs baisers, en lui disant :

" Annie, ma chère, chère sœur, Jésus vous aime, réjouissez-vous ! "

Oh ! Le doux sourire qui éclaira son visage tandis qu’elle s’écriait :

- " Oui, je me réjouis ! Je me réjouis ! Je me réjouis ! Jésus a porté mes péchés. Je me réjouis ! "

Et c’est ainsi qu’elle passa de ce monde en la présence de Celui qui a porté ses péchés à elle et les nôtres " en Son corps sur le bois. "

Soeur Abigaïl et les soldats

Un jour qu’elle devait aller à la réunion de Fulton Street (New York), sœur Abigaïl se trouva à court d’argent pour prendre le train pour New York.

Il lui manquait deux dollars (10 Frs).

D’ordinaire, en cas pareil, le Seigneur lui faisait parvenir l’argent nécessaire avant son départ de chez elle, ou par un mandat postal, ou par quelque don inattendu.

Il lui avait fallu quelquefois partir avec une somme insuffisante, qu’Il avait complétée en route.

Mais cette fois-ci, quand elle prit sa valise et monta dans un tramway pour se rendre à la gare, il lui manquait encore ces deux dollars.

- " Qu’eussiez-vous fait, lui demandais-je si vous ne les aviez pas eus au moment de prendre votre billet ?

- Eh bien, répondit-elle en souriant, j’aurais pris le billet que j’aurais pu prendre avec l’argent que j’avais, sûre que le Seigneur aurait eu quelque chose à me donner à faire là où m’aurait amenée ce billet.

Je trouve alors, d’ordinaire, dans la salle d’attente, quelqu’un à qui je dois parler de la mort expiatoire du Sauveur.

Mais cette fois-ci, Dieu avait son plan à Lui, et comme elle Lui avait remis à l’avance tous les incidents de la journée, sœur Abigaïl ne se laissa point troubler ni agiter.

N’a-t-il pas promis une paix parfaite à qui se confie en Lui ? (Es. 26 : 3)

Lorsqu’elle sortit du tramway pour entrer dans la gare, quelqu’un lui prit sa valise, tandis qu’un bras vigoureux l’aidait à descendre l’escalier.

En se tournant, souriante, pour remercier, elle vit qu’elle avait affaire à un militaire.

- " Laissez-moi vous porter votre valise, petite mère, " lui dit-il.

Puis il demanda : " Où allez- vous ? "

- " A New York " répondit-elle sans réfléchir.

- " Moi aussi ", reprit le militaire, " nous irons ensemble. "

A ce moment, sœur Abigaïl se rappela sa disette d’argent.

Ils étaient déjà dans la gare.

Il la fit asseoir et déposa la valise, en disant : " Je vais prendre les billets. "

Sœur Abigaïl supplia Dieu de ne pas la couvrir de confusion devant cet inconnu.

Elle se sentait incapable de lui avouer sa pénurie : C’était comme un secret entre elle et son Dieu.

Elle prit son porte-monnaie ; mais quand elle l’ouvrit, le militaire posa sa grosse main sur la sienne et le referma, en disant : « Ça, c’est mon affaire, petite mère, c’est moi qui paye les billets. "

Avec quelle joie profonde sœur Abigaïl constata de nouveau la fidélité de son Père céleste !

" Avant qu’ils m’invoquent, je répondrai ; avant qu’ils aient cessé de parler, j’exaucerai. "

Ils montent en wagon ; le compartiment est vide.

" Je sais pourquoi vous m’avez payé mon billet, " dit sœur Abigaïl, " mais j’aimerais que vous me disiez pourquoi vous l’avez fait. "

Comme il allait répondre, on entendit un grand bruit de pas, et une cinquantaine de soldats envahirent le wagon, en saluant le compagnon de sœur Abigaïl.

Il la prit doucement par la main en disant : " Camarades, j’aimerais vous présenter ma mère. "

Les uns eurent un regard de curiosité, d’autres un air incrédule, et sœur Abigaïl elle-même ne comprit pas où il voulait en venir.

- " Oui, c’est ma mère, ma mère spirituelle, " dit l’officier.

- " Elle m’a amené à Christ, à Buffalo, dans des réunions spéciales. "

Comme ils s’inclinaient tous respectueusement, un jeune soldat s’avança du fond du wagon et tendit la main à sœur Abigaïl en disant :

- " Dans ce cas, si c’est là votre mère, c’est ma grand-mère à moi. "

- " Que voulez-vous dire ? " demanda sœur Abigaïl.

- " C’est vous qui avez amené à Christ, il y a douze ans, au cours de réunions qui se tenaient à Buffalo, un de mes meilleurs amis.

Et c’est lui, qui lors de ces réunions spéciales mentionnées par l’officier, m’a aussi amené au Seigneur. "

Quelle joie pour sœur Abigaïl de contempler ces fruits de son travail !

Ne pouvait-elle pas dire, elle aussi (3 Jean 4) :

" Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité ? "

Ou avec Paul (1 Thessaloniciens 2 : 19) :

" Qui est, en effet, notre espérance, ou notre joie, ou notre couronne de gloire ? N’est-ce pas vous, devant notre Seigneur Jésus, lors de son avènement ? Oui vous êtes notre gloire et notre joie. "

Quand le train s’ébranla, l’officier qui avait payé son billet lui dit :

" Nous partons pour le camp, et nous nous attendons à nous embarquer aussitôt pour la France.

Un bon nombre de ces hommes ne seront pas sauvés. Avec la permission du contrôleur, voulez-vous leur parler ? "

Sœur Abigaïl y consentit.

Le contrôleur les autorisa à occuper pendant un quart d’heure le wagon restaurant, s’ils consentaient à dîner les derniers.

Sœur Abigaïl se rendit donc au wagon-restaurant, escortée par les cinquante soldats.

Après le dîner, demandant silencieusement à Dieu de lui donner un message approprié, sœur Abigaïl ouvrit sa Bible au chapitre 63 d’Esaïe, dont elle lut le premier verset :

" Qui est celui-ci qui vient d’Edom, de Bostra, en vêtements rouges, en habits éclatants, et se redressant avec fierté dans la plénitude de sa force ? C’est moi qui ai promis le salut, qui ai le pouvoir de délivrer. "

Puis elle parla de Celui qui a le pouvoir de sauver, qui a donné Sa vie pour les péchés du monde.

Elle dit comment, en acceptant pour nous ce sacrifice, en prenant ce Sauveur pour notre Sauveur, nous pouvons avoir la vie éternelle dès maintenant.

Elle leur dit clairement qu’ils allaient peut-être au-devant de la mort, que ce n’était pas de mourir sur un champ de bataille qui pouvait les sauver, mais que seul le sang du Seigneur Jésus le pouvait.

Puis elle chanta le cantique qui a pour refrain :

Oui, c’est Christ, le Roi de gloire,

Qui paya notre rançon.

En Lui vous n’avez qu’à croire :

Il peut sauver, gloire à Son nom !

Comme elle répétait ce refrain, les soldats l’un après l’autre se mirent à le chanter aussi.

Et finalement la trompette l’accompagna doucement avec son instrument, pendant que les autres chantaient.

En leur serrant à chacun la main, sœur Abigaïl les pressa encore d’accepter Christ.

Elle avait semé. Peut-être un jour Dieu lui permettra-t-il de voir quelque gerbe de la moisson ?

Soeur Abigaïl et l'homme défiguré

Il y a un certain nombre d’années qu’il y eut à Buffalo, dans l’Etat de New York, une explosion terrible.

Bien des personnes furent grièvement brûlées.

Sœur Abigaïl alla à l’hôpital voir les blessés.

Deux ans plus tard, elle distribuait des traités, et elle allait s’asseoir lorsqu’un homme entra dans la salle d’attente.

Il avait le nez et les oreilles abîmés, le reste de la figure fort enlaidi, et il ne marchait qu’avec difficulté, en s’appuyant sur une canne.

Sœur Abigaïl hésitait à lui adresser la parole, craignant de le froisser.

Elle éleva pourtant son cœur à Dieu, lui demandant de la guider, et offrit à cet infortuné un exemplaire du Hérault du salut, en lui demandant s’il le lirait en attendant le tramway.

- " Est-ce une bonne lecture ? " fit-il.

- " Certainement ; c’est sur le Sauveur. " Et elle ajouta : " Prenez seulement cette petite feuille. Mais Lui, le connaissez-vous comme votre Sauveur ? "

- " Oui, " répondit-il aussitôt, " je Le connais comme mon Sauveur et vous-même, je vous connais aussi : vous m’avez visité à l’hôpital. "

Sœur Abigaïl ne se souvenait pas de lui.

- " Sans doute, reprit-il. J’avais le visage couvert de pansements ; mais je vous voyais. Un jour, vous m’avez répété plusieurs fois : " Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. " (Esaïe 53 : 5).

" Si nous croyons au Seigneur Jésus-Christ, nous sommes sauvés, si nous ne croyons pas, nous serons perdus, car il est écrit : Il est réservé aux hommes de mourir une fois, après quoi vient le jugement. "

" Je croyais que j’allais mourir et j’avais peur. Mais dans sa bonté, le Seigneur m’a sauvé.

" En m’entendant dire que j’étais sauvé et heureux, mes amis croyaient que ça ne durerait pas.

" Mais depuis ma guérison, ils voient bien que ça dure, s’étonnent que je puisse être heureux, défiguré comme je le suis.

" Je leur dis que c’est l’amour de Quelqu’un qui a été défiguré pour moi.

" S’Il a été pour plusieurs un sujet d’effroi, tant son visage était défiguré (Esaïe 52 : 14), c’est par amour pour moi.

« Lorsqu’avec d’autres j’ai été si horriblement brûlé, notre unique espoir s’est trouvé dans la greffe humaine ; et bien des gens ont offert leurs services pour nous sauver.

" Or ce n’était pas peu de chose. Mais le Fils de Dieu a donné Sa vie pour moi !

Ah ! Pensez donc le Fils de Dieu s’est donné lui-même pour moi ! Madame.

" Je vous remercie de tout mon cœur d’être venue nous visiter, misérables comme nous l’étions pour nous parler de Jésus ! "

Sœur Abigaïl lui demanda s’il était heureux en dépit de son visage défiguré.

" Heureux ? " répondit-il aussitôt.

" Oui, je suis heureux, certainement. J’aimerais mieux passer encore une fois par le feu plutôt que de ne pas connaître l’amour de Dieu.

Et je consentirais volontiers à souffrir de nouveau si je pouvais ainsi amener quelqu’un à trouver en Christ son Sauveur.

" Oh ! oui, Dieu soit béni pour ces brûlures ! C’est grâce à elles que j’échapperai à l’étang de feu, et j’aime à dire à chacun que je connais Jésus et Son amour. "

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