Voeux de nouvel an et leur accomplissement

Enfance et préparation

"Adoniram ! Adoniram ! Où es-tu ? " Ainsi criait dans la campagne de Plymouth, près de Boston, la petite Abigaïl, cherchant son frère disparu.

Elle l'aperçut bientôt, couché en plein champ sur le dos, malgré la brûlante chaleur. Le chapeau sur le nez, les yeux fixés sur le soleil, qu'il observait par un trou pratiqué au fond de son chapeau.

" A quoi penses-tu donc, Adoniram ? Il est midi ; tous t'attendent pour le dîner ! Tu es tout aveuglé et bouffi ! Que faisais-tu donc là ? - "Je t'ai bien dit que le soleil tourne sur lui-même, répondit le petit garçon, et je m'en suis assuré par mes observations".

Et il fit suivre son affirmation de preuves si compliquées, que la pauvre petite, émerveillée de la science de son aîné, accepta tout de confiance. On était habitué à regarder le jeune Adoniram comme un prodige.

A trois ans, son père ayant fait une absence, l'enfant était venu lui lire, au retour, presque sans fautes, un chapitre entier de la Bible.

A quatre, il allait chercher les enfants du voisinage, et, monté sur une chaise, il imitait son père, pasteur de Malden et de Plymouth, et faisait de petits sermons à son auditoire improvisé, après lui avoir fait entonner le cantique : " Allez, prêchez à tous l'évangile du salut ".

L'état du Massachusetts, où débarquèrent, en 1620, près de Plymouth, les pères pèlerins ou premiers colons de l'Amérique, était devenu, à la fin du siècle dernier, le foyer de la liberté des Etats-Unis et un centre très vivant d'activité intellectuelle.

Aujourd'hui encore les " Yankees " appellent Boston : " le moyeu ou le centre de la roue ".

C'est près de là à Malden, dans une famille de puritains, qu'était né, le 9 août 1788, le petit Adoniram Judson.

Son père, qui portait le même nom, était un homme énergique, intègre, plein de bon sens, d'un port imposant ; il avait été pasteur de l'église de Malden et s'était transporté plus tard à Plymouth.

Adoniram, son fils, était l'objet de ses plus chères espérances ; il faisait tout pour lui fournir une éducation distinguée, sans craindre assez de développer l'ambition de son fils.

Un jour, il ne fut pas peu étonné de recevoir, par la poste, une lettre adressée par son fils au rédacteur du journal de Plymouth.

La déposant sur la table du déjeuner, et regardant l'enfant dans le blanc des yeux :

- " Est-ce de vous, Adoniram ? " lui dit-il.

- " Oui, monsieur".

- " Comment avez-vous écrit à ce journaliste ? "

- Point de réponse.

- " De quoi s'agit-il ? "

- " S'il vous plaît, lisez-vous même, papa. "

- " Je ne lis pas les lettres adressées à autrui ; brisez le cachet et lisez. "

L'enfant ouvrit la lettre et la remit à son père.

Il avait résolu une question difficile, posée dans un numéro précédent du journal, et en envoyait la solution au rédacteur.

Le maître de poste, qui connaissait le petit espiègle, au lieu d'expédier la lettre à son adresse, s'était empressé de la renvoyer à son père.

Celui-ci ne sut trop quelle mine faire ; il regarda longuement le feu, tandis que l'enfant restait là, un peu dans l'attitude d'un coupable qui attend la sentence, ne sachant s'il allait recevoir des reproches ou des éloges.

Après un bon moment, le père se leva et sortit sans rien dire.

Mais le lendemain il apporta à son fils un gros volume de prétendues “devinettes” et lui dit, en le frappant affectueusement sur la tête :

- " Vous êtes un garçon très intelligent ; vous deviendrez un grand homme."

L'enfant ouvrit avec avidité le volume d'énigmes.

Quel ne fut pas son désappointement en découvrant que ce prétendu recueil de rébus n'était autre chose qu'un solide traité d'arithmétique.

Mais son père lui avait donné des louanges, et cela suffisait pour qu'il se mit résolument au travail ; aussi à dix ans, avait-il déjà obtenu une vraie réputation d'arithméticien.

A douze ans, son père le découvrit un jour, étudiant un commentaire de l'Apocalypse ; à seize ans, il entrait au collège de Providence, ensuite à l'école de Plymouth, plus tard à Brown Université.

Conversion

Mais ces succès devinrent un piège pour lui.

C'était le temps de l'incrédulité voltairienne ; et le jeune homme n'échappa point à l'influence de camarades incrédules, et surtout d'un jeune libre-penseur qui savait rendre son commerce des plus agréables, par une conversation à la fois piquante et aimable.

Au sortir de l'Université, où il avait brillamment pris ses grades, le jeune lettré obtint de son père un cheval et la permission de faire le tour des Etats du Nord.

Il n'était question à ce moment, dans toute l'Amérique, que de la grande invention du mécanicien Robert Fulton, de Pennsylvanie, qui venait de lancer sur le fleuve Hudson, le premier bateau à vapeur.

Adoniram laissa son cheval chez son oncle, à Sheffield, et partit pour Albany, voir la grande merveille du monde.

Il prit passage sur le bateau qui descendait pour la seconde fois le Hudson, et fut enchanté de l'admirable paysage des deux rives du fleuve et du moyen si nouveau de locomotion.

Il arriva ainsi à New York, où il pensait s'attacher à l'un des théâtres de la ville et y faire jouer ses compositions.

Avant son départ, il s'était ouvert à ses parents au sujet de ses nouveaux principes d'incrédulité.

Son père qui n'avait jamais connu le doute, le censura vertement. Sa mère se borna à pleurer, à le conjurer et à prier.

Chevauchant à travers la forêt, il essayait de se consoler des reproches paternels, en se persuadant que son intelligence était bien supérieure à celle de son père, mais les larmes de sa mère le suivaient partout.

Au reste, il méprisait la carrière du théâtre, et s'imaginait être assez fort pour n'avoir rien à craindre pour sa propre moralité.

Après un court séjour à New York, il revint à Sheffield, où il fit la connaissance d'un jeune pasteur, dont la douceur et le sérieux lui laissèrent une profonde impression.

La nuit suivante, s’arrêtant dans une auberge de village, il eut de la peine à trouver un gîte : l’hôte lui objectait qu'il n'avait à lui donner qu'une chambre contiguë à celle d'un pauvre jeune homme mourant.

Adoniram déclara qu'il était sans crainte et ne ressentait qu'une sincère sympathie pour le patient. Il se coucha ; mais le sommeil fuyait des paupières ; il ne pouvait s’empêcher de penser toujours à son voisin mourant et de se demander avec une irrésistible inquiétude :

" Est-il préparé à la mort ? "

Puis, se ravisant aussitôt, il se sentait rougir de honte dans les ténèbres de la nuit, en constatant l'inanité et l'impuissance de sa prétendue philosophie.

Que penseraient ses camarades d'études ?

Que dirait surtout le spirituel E. ?

Mais il tentait en vain de secouer ses préoccupations, elles l'assaillaient de plus belle.

Parfois il lui semblait qu'il se voyait lui-même étendu sur son lit de mort, aux prises avec le dernier ennemi, tourmenté par les terreurs du trépas ; et, revenant à son voisin, il se demandait de nouveau s’il était un chrétien calme, assuré d'une glorieuse éternité, ou bien un sceptique tremblant sur le bord du précipice ténébreux, ou peut-être encore un libre penseur, fils de parents chrétiens, porté par les prières de sa mère.

Enfin, l'aube blanchit et la brillante lumière du jour vint " dissiper toutes les sombres et superstitieuses illusions d'une mauvaise nuit ".

Le silence s’était fait dans la chambre voisine ; Judson s'en fut demander à l'aubergiste des nouvelles du malade :

" Il est mort ", répondit celui-ci.

-” Mort ? "

- " Oui, mort, monsieur ! "

-" Savez-vous qui c'était ? "

-" Oui, c'était un collégien de Providence, un jeune homme du nom de E.".

C'était son jeune collègue, si aimable et si incrédule !

Judson fut atterré.

Après avoir passé plusieurs heures comme frappé de stupeur, il essaya de poursuivre sa route ; mais une seule pensée le poursuivait : Mort ! Mort ! Perdu ! Perdu !...

Il savait que la religion de la Bible est vraie, et cette pensée le poussait au désespoir.

Il renonça donc au but de son voyage et, après quelques hésitations, il se décida à demander d'être admis au collège d'Andover, dans le but, non d'étudier la théologie, mais d'arriver à la vérité.

Il fut accepté comme élève extraordinaire et autorisé à assister aux cours ; car n'ayant pas encore fait de profession de foi, il ne pouvait être admis comme étudiant régulier.

Sa conscience était éveillée, mais il n'avait à ce moment aucune espérance de pardon en Jésus-Christ.

Il sentait bien son état de péché et le besoin d'une transformation morale ; mais les restes de ses principes incrédules et une grande confiance en son intelligence lui inspiraient de l’aversion pour les doctrines humiliantes de la croix.

Ses professeurs, frappés de sa sincérité et de son application, lui conseillèrent néanmoins de poursuivre ses recherches, ne doutant pas qu'une âme si droite ne parvint à la vraie conversion.

Ils ne s'étaient point trompés : la lumière se fit peu à peu, l'effort de l'intelligence et de la volonté fut intense ; le silence et le recueillement de la vie du collège aidant, guidé par des professeurs pieux et savants, le jeune étudiant vit ses doutes se dissiper lentement et sans aucune agitation ; le résultat en fut une conviction inébranlable, et avec la conviction de l'intelligence, une paix si profonde du cœur, que jamais, durant sa vie entière, il ne douta plus un instant de sa réconciliation avec Dieu.

Le 2 décembre 1808, il fit un acte solennel et tout personnel de consécration à Dieu, et le 28 mai 1809, il entra publiquement dans l'Eglise de son père.

Sa correspondance marque, à cette époque, un ardent désir de sanctification et de consécration avec ses principes si chèrement acquis.

Etudiant à ANDOVER

Au mois de septembre de la même année, la lecture de l'ouvrage de Buchanan, intitulé l'Etoile en Orient, appela Judson à réfléchir, pour la première fois d'une manière personnelle, à la vocation missionnaire.

Cette question devint bientôt l'objet dominant de ses pensées et, en février 1810, il résolut de se vouer aux missions.

A la même époque, trois étudiants : S. J. Mills junior, Jacques Richards et Luther Rice, passèrent du collège de Williams à celui d'Andover et informèrent le jeune Judson qu'ils avaient précédemment formé entre eux une association missionnaire.

Tous les membres s’engageaient solennellement à n'accepter aucune occupation ni position sociale, qui put les empêcher de partir pour porter l’Evangile aux païens, dès que les moyens leur en seraient fournis.

" Au mois de juillet ou d’août 1809, écrit l'un d'entre eux, plusieurs étudiants se rendirent, selon leur coutume, dans la campagne, pour une réunion de prières.

On s'était donné rendez-vous dans un petit bois du voisinage ; mais le ciel s'étant couvert et le tonnerre grondant, nous quittâmes le bois pour nous réfugier sous un hangar voisin.

Tandis que les éléments se déchaînaient, nous en vînmes à parler des ténèbres morales qui couvrent les peuples de l'Asie. S. J. Mills, qui avait proposé ce sujet d'entretien, soutint la possibilité et le devoir de la mission, dont il avait été profondément saisi depuis quelques temps, aussi bien que Luther Rice et Nott.

Quelques-uns firent des objections, mais Mills, qui devait plus tard devenir l'un des pionniers de l'œuvre missionnaire de Liberia, s'écria :

" Venez sous ce hangar, commençons par présenter cette cause à Dieu dans la prière, jusqu'à ce que les sombres nuages se soient dissipés et que le ciel bleu reparaisse ! "

Tel fut le commencement de nos réunions de prières.

Le hangar a disparu depuis longtemps ; mais l'œuvre qui débuta si modestement sous son toit, a subsisté et a étendu ses influences bénies sur le monde entier.

Judson et Nott se joignirent à eux pour consulter leurs professeurs ; ceux-ci se réunirent avec quelques chrétiens éminents du voisinage, le 25 juin 1810, et décidèrent d'en référer à l'Association générale du Massachusetts.

C'est en s'y rendant ensemble en voiture, voyageant de Andover à Bradford, que M.M. Worcester et Spring conçurent et combinèrent le plan de la vaste société missionnaire de "'A. B. C. " (American Board of Comissioners for Foreign Missions), qui a aujourd'hui (1895) 571 ouvriers, hommes et femmes, 100 stations, 1.107 stations secondaires, 749 pasteurs indigènes, et une dépense régulière annuelle de quatre millions de francs, outre les rentrées de fonds spéciaux.

Prisonnier à BAYONNE

Cependant, avant de conclure, il fut décidé que Judson se rendrait en Europe, pour consulter les directeurs de la Société de Londres. Il s'embarqua donc, en 1811, sur un paquebot anglais, en compagnie de deux espagnols.

Mais comme on était en guerre, un croiseur français, nommé l'Invincible Napoléon, poursuivit le voilier anglais, s'en empara et le déclara de bonne prise.

Le pauvre étudiant américain, qui ne payait pas de mine, ne savait pas un mot de français et ne pouvait pas, comme les espagnols, qui le parlaient assez bien, promettre une rançon, fut logé avec les simples matelots dans l'entrepont.

C'était son premier mécompte ; il en souffrit cruellement.

L'air était étouffant ; le temps devint mauvais, et le mal de mer menaça sa santé au point que le médecin dut lui faire des visites quotidiennes ; mais ses soins étaient peu profitables, parce que le malade et le docteur ne pouvaient communiquer, jusqu'à ce qu'enfin ce dernier découvrit sur le chevet de Judson une Bible hébraïque et un dictionnaire latin ; dès lors la conversation s'engagea en latin.

Le pauvre jeune homme avait passé des heures ténébreuses : malade, abandonné, incapable de se faire comprendre de son grossier entourage, enfermé dans une cabine sombre.

Il avait commencé à regretter son home, à retourner en pensée à Plymouth, et à tourner ses regards vers cette " Eglise, la plus brillante de Boston ", que son père lui avait montrée en perspective, et dont sa mère avait ajouté : " Et puis, tu seras tout près de nous."

Mais la prière lui avait rendu le courage et la force de triompher de la tentation. Instruit de ses qualités supérieures, le docteur lui fit donner un lit dans la cabine supérieure, et une place à la table du capitaine ; ce qui n’empêcha pas qu'arrivé à Bayonne, on le mit en prison comme un malfaiteur.

Il eut beau crier tous les mots français qu'il savait, gesticuler, pérorer en anglais, rien n'y fit, les passants riaient.

Mais un Américain, qui l'avait entendu et compris, pénétra avec une lanterne dans la prison, l'enveloppa dans son manteau et, parvenu dans la rue, lui cria : Maintenant courez !

Le jeune homme fut retenu à Bayonne pendant six semaines ; il parvint cependant à faire bonne connaissance avec quelques officiers français et arriva à Paris dans leur compagnie et eut même l'avantage de voyager, on se sait trop comment, dans les équipages de l'empereur.

Arrivé dans la capitale, il eut l'occasion de voir la gaie société parisienne, que fréquentaient les soldats ; mais dans un bal masqué, où l'avaient conduit ses amis officiers, il n'y tint plus et commença à prêcher ouvertement l'Evangile et les jugements de Dieu, aux masques réunis autour de lui, fort étonnés de sa hardiesse.

Après un court séjour auprès des directeurs de la Société de Londres, qui l'agréèrent comme missionnaire, et une visite au vénérable Bogue de Gosport, il se rembarqua le 18 juin 1811 à Gravesend pour New-York, où il arriva le 17 août.

Mais avant son départ définitif pour les Indes, Dieu lui avait accordé un inappréciable trésor en lui faisant rencontrer dans Mademoiselle Anna Hasseltine une compagne selon son cœur et en tous points, digne de lui.

Qu'on juge de la relation des deux fiancés par la lettre suivante, datée du 1er janvier 1811 et contenant les vœux de nouvel an de Judson à sa fiancée.

Voeux de nouvel an

" C'est avec la plus profonde sincérité et de tout mon cœur que je vous offre, ma bien aimée, mes souhaits de nouvel an.

" Puissiez-vous, pendant cette année, marcher avec Dieu, l'esprit calme et paisible, voir devant vous la route qui conduit à l'Agneau, éclairée d'une lumière de plus en plus vive.

" Puissiez-vous, dans la nouvelle année, recevoir une plus large mesure de l'Esprit du Christ, être élevée au-dessus des choses terrestres et laisser Dieu disposer de vous comme il lui plaira.

" Et comme chaque instant de cette année vous rapprochera du terme de votre pèlerinage, puissiez-vous sentir aussi que chaque moment vous rapproche de votre Dieu et vous trouve plus préparée à accueillir, comme un libérateur et un ami, le messager de la mort !

" Et maintenant, puisque je suis en train de faire des vœux, je continuerai : Puisse cette année être celle où vous changerez votre nom, où vous prendrez congé de votre famille et quitterez votre patrie, l'année où vous traverserez le vaste océan et irez vivre à l'autre extrémité du monde au sein d'un peuple païen !

" Quel grand changement cette époque va apporter dans nos destinées ! Combien notre position et nos occupations seront différentes de ce qu'elles ont été jusqu'ici !

" Si nos vies sont épargnées et que nos projets réussissent, l'an prochain, à pareil jour, nous serons en Inde. Ce sera peut-être dans la langue barbare de l'Hindoustani ou du Birman que nous nous souhaiterons la bonne année.

" Nous ne verrons plus nos amis ; nous ne jouirons plus des avantages de la vie civilisée ; nous n'irons plus à la maison de Dieu avec ceux qui honorent son saint jour.

" De toutes parts nos yeux ne rencontreront que les faces bronzées des Hindous ; le son d'un langage inconnu frappera nos oreilles, et nous verrons des païens s'assembler pour adorer des idoles.

" Nous serons las de ce monde et nous désirerons les ailes de la colombe pour fuir vers le lieu du repos.

" Peut-être le moment viendra-t-il où nos âmes seront "saisies de tristesse jusqu'à la mort.

" Nous connaîtrons des heures mornes, désolées, des heures où nous sentirons nos esprits angoissés défaillir, des heures que nous ne pouvons nous représenter aujourd'hui.

" Alors nous désirerons nous coucher et mourir. Peut-être ce temps viendra-t-il bientôt.

" Peut-être l'un de nous ne pourra-t-il pas supporter les ardeurs du climat et le changement de vie et l'autre devra répéter sur sa tombe les paroles d'un poète :

Tes yeux furent fermés par des mains étrangères,

Tes membres furent étendus par des mains étrangères,

Par des mains étrangères ta tombe fut ornée.

" Dieu seul sait si des étrangers mèneront deuil et pleureront sur nous.

" Mais l'un de nous sera sûr d'être pleuré par l'autre. A la perspective d'un pareil avenir, ne crierons-nous pas avec ardeur à Dieu, pour obtenir une foi triomphante ? "

Judson

Départ et arrivée au BIRMAN

Il nous reste à raconter comment furent accomplis à la lettre ces vœux héroïques de deux cœurs entièrement consacrés, car on eût dit que ce vœu de nouvel an était une prophétie de leur avenir tout entier.

Le 3 février, Judson prenait congé de sa famille.

Le 5, il célébrait son mariage avec Anna Hasseltine.

Le 6, il était consacré à Salem en compagnie de M.M. Nott, Newell, Hall et Rice, et il s'attendait à s'embarquer aussitôt à Salem.

Mais le départ de Judson et de sa compagne dut être retardé jusqu'au 19.

Tandis qu'ils se rendaient ensemble aux Indes, ils modifièrent l'un et l'autre leurs vues sur le baptême ; aussi, à peine arrivé à Calcutta, Judson, quelque déchirement qu'il en eût, écrivit-il aux membres du comité, qu'il ne se sentait plus en communion de principes avec eux sur le sujet du baptême, et se voyait forcé de leur envoyer sa démission.

Judson et sa femme étaient ainsi jetés sans ressources au milieu d'un pays païen et hostile.

A cette nouvelle, les baptistes américains se consultèrent ensemble et se décidèrent à fonder une Union baptiste de missions, à laquelle Judson se rattacha.

Cette société compte aujourd'hui 171 missionnaires hommes et leurs femmes au nombre de 157, outre 115 femmes seules, 24 docteurs en médecine et 250 pasteurs indigènes consacrés ; 458 églises payant leurs propres dépenses, avec 98.351 membres et a un budget de 3.792.110 francs.

Ainsi la conversion de quelques étudiants était devenue l'occasion de la fondation de deux grandes et puissantes sociétés missionnaires, qui ont porté l'Evangile dans toutes les parties du monde et auxquelles des milliers d'âmes doivent leur salut.

Au reste, peu s'en fallut pour que le couple missionnaire ne fut obligé de retourner en Amérique, sans avoir commencé son œuvre.

Les directeurs de la Compagnie des Indes redoutaient tellement l'influence de la mission qu'ils contraignirent Judson et sa compagne à se rembarquer pour l'Angleterre.

Heureusement qu'un ami inconnu leur fournit le moyen de se soustraire à la police britannique ; et, ne trouvant point de vaisseau pour se rendre à l’île de Poulo Penang, ils prirent passage sur un mauvais voilier en partance pour le Birman, et, après un passage fort dangereux, ils débarquèrent le 13 juillet 1813 dans le port de Rangoon.

A la vue des lieux humides et presque infects où ils allaient être obligés de demeurer, et surtout au spectacle de l'immoralité abjecte qui les entourait, leur premier sentiment fut celui d'une amère tristesse ; ils se consolèrent en pensant que la vie terrestre ne durerait pas toujours et que bientôt ils échangeraient cette existence de misère contre le bonheur du ciel.

Judson se mit résolument à apprendre la langue birmane, ainsi que le pali, langue sacrée des Bouddhistes.

Il composa pour son usage un dictionnaire, prit un professeur intelligent et savant, et fut bientôt capable de se faire comprendre des indigènes et d'écrire quelques traités, tandis que madame Judson commençait son œuvre parmi les femmes.

Après six ans, ils eurent le bonheur de pouvoir baptiser le premier converti birman :
Mung-Nau ; et après onze ans, vers 1824, une petite église de 18 membres avait été réunie à Rangoon.

La lenteur de ces progrès n'ébranlait pas la ferme foi que Judson avait au succès final de son travail.

Il ne prêtait l'oreille à aucune pensée de découragement, et, lorsqu'un chrétien bien intentionné lui proposa d'échanger le terrain dur du Birman contre un champ plus propice, sa réponse fut à peu près celle-ci : Repassez dans vingt ans !

Les autorités lui opposaient cependant de constants obstacles, et il se décida à se rendre à Ava, pour demander au roi la tolérance religieuse.

Il remonta une première, puis une seconde fois l'Irawady en compagnie de sa femme, et sembla trouver bon accueil près du monarque.

Ni l'un ni l'autre ne se doutaient des souffrances qui les attendaient à Ava.

Il faudrait un livre entier pour les raconter, et madame Anna Judson l'a fait dans ses mémoires.

Captivité d'Ava

La guerre entre l'Angleterre et le Birman ayant éclaté en 1824, le gouvernement birman donna ordre de mettre en prison tous les résidents européens.

Les missionnaires eurent beau objecter leur qualité d'Américains ; un jour, tandis que madame Judson préparait le repas, une troupe d'huissiers arriva et, selon la formule d'usage, déclara à Judson que Sa Majesté le demandait.

Le bourreau se précipita aussitôt sur lui, le jeta à terre, le serra avec une corde de telle manière que la corde entrait dans les chairs, et l'emmena en prison, où il fut mêlé, ainsi que les autres blancs, à l'écume des criminels.

L'énergique intervention, ou plutôt le génie de sa femme, lui obtint momentanément quelques soulagements ; mais tout à coup, après sept mois de captivité, madame Judson apprit qu'à la suite d'une défaite des Birmans, tous les prisonniers avaient été transférés dans l'affreuse prison de Oung-pen-la, à plusieurs lieues d'Ava.

Désolée, mais résolue, madame Judson détruisit tous les papiers qui pouvaient compromettre son mari, prit son nourrisson dans ses bras, et, moitié sur une misérable charrette, dont les roues n'étaient que de gros madriers arrondis, moitié à pied, elle courut à Oung-pen-la, au gros du jour, sous les feux du soleil des tropiques.

En y arrivant, elle trouva M. Judson enchaîné avec les survivants, les pieds en chair vive, le corps épuisé de privations et de douleur, et lui disant : " Pourquoi êtes-vous venue ? Vous ne pouvez demeurer en ces lieux ! "

Au moment où on les avait enlevés à la prison d'Ava, on leur avait arraché leurs vêtements et leurs chaussures et les avait forcés de marcher sur les cailloux brûlants et tranchants du chemin.

L'un deux avait succombé en route, les autres étaient entassés avec des brigands et des meurtriers dans un local suffocant de chaleur.

C'est là que la pauvre épouse et mère retrouvait enfin son mari, les pieds enveloppés de chiffons, incapable de marcher, et se préparant à la mort.

Pour comble de maux, l'une des petites orphelines qu'elle avait amenées d'Ava prenait la petite vérole, la communiquait à son nouveau-né, et elle-même, à bout de force, tombait dans un délire et restait pendant des semaines, incapable de rien faire pour son enfant ni pour son mari.

Vous eussiez vu alors le pauvre père sortir de sa prison, les chaînes aux pieds, et, avec la permission des geôliers, porter sa pauvre petite Marie de cabane en cabane, et mendier un peu de lait du sein des mères birmanes pour la sauver de la mort !

Peu après, on vit entrer dans la prison un hôte nouveau ; c'était un magnifique lion en cage.

Les ministres du roi ayant trouvé dans les armes d'Angleterre un lion peint, en avaient conclu que le lion de la ménagerie royale était un espion anglais et devait être condamné à mort.

Les prisonniers, couchés à quelques pas du nouveau captif, virent la belle bête s'épuiser lentement et mourir dans les tourments de la faim.

Le Birman vaincu, on eut besoin de Judson comme interprète, il fut tiré de sa prison, et, après dix-huit mois d'un vrai martyre, il fut rendu à la liberté par le traité de paix de Yandabo, en 1826.

Assis dans une barque, sa précieuse compagne à ses côtés, sa petite Marie vivante sur ses genoux, il redescendit l'Irawady.

Un ange semblait conduire la barque et crier : Liberté Liberté ! "Je sais maintenant mieux que d’autres ” disait-il, en racontant sa délivrance, " ce que c'est que le paradis ! "

Nous ne pouvons raconter en détail les travaux apostoliques de cet homme de Dieu.

Peu de mois après sa délivrance, il retourna à Ava, et eut la douleur d'apprendre que sa noble femme avait succombé aux suites de tant d'émotions et d'efforts ; son enfant la suivait de près et Judson ne retrouvait à Rangoon que deux tombes silencieuses, qu'il défendait de son mieux contre les outrages des hommes et du temps.

Judson restait donc seul avec ses souvenirs, ses douleurs et ses espérances.

Il s'établit selon les besoins de l’œuvre, d’abord à Amherst, puis à Maulmein, puis à Prome, quittant sa résidence, dès qu’un autre missionnaire pouvait occuper son poste, de peur qu’il y eût accumulation inutile de forces.

Quelquefois il célébrait dans de beaux vers ses affections passées et ses douleurs, s'absorbant du reste avec un zèle ardent dans son œuvre, continuant, à travers les variations de son sort, sa traduction de la Bible, qu'il a faite trois fois et qui est devenue un véritable chef-d’œuvre.

Le 25 septembre 1835, il terminait la traduction et la révision de l'Ancien Testament, et le 22 mars 1837, celle du Nouveau.

Résolutions

Quant à sa vie personnelle, on en jugera par les règles suivantes qu'il s'était posées dès 1819, et que l'on retrouve signées à nouveau avec les dates de 1821-23-26-27 :

1.) - Sois diligent dans la prière secrète, matin et soir.

2.) - Ne passe jamais un instant dans l'oisiveté.

3.) - Contiens les appétits naturels dans les bornes de la tempérance et de la pureté ; conserve-toi pur.

4.) - Réprime tout mouvement de colère et de mauvaise humeur.

5.) - N'entreprends jamais rien par amour de la gloire.

6.) - Ne fais jamais ce qui, au moment donné, t’apparaît comme pouvant déplaire à Dieu.

7.) - Cherche l'occasion de faire quelque sacrifice pour le bien d'autrui, surtout pour les domestiques de la foi ; bien entendu que ce sacrifice ne soit pas en contradiction avec un devoir.

8.) - Cherche à te réjouir de toute perte et de toute souffrance endurée pour l'Evangile, te rappelant que, s'il ne faut pas plus les rechercher qu'on ne doit rechercher la mort, néanmoins, comme la mort, elles sont un grand gain.

Il ajouta d'autres règles de détail :

- Lève-toi avec le soleil.

- Lis chaque jour quelque portion d'un ouvrage birman.

- Aie toujours en train quelque lecture biblique suivie ou quelque ouvrage de piété.

- Réprime toute pensée et tout regard impur.

Ayant observé que les invitations d'amis anglais lui prenaient trop de temps et lui faisaient négliger des devoirs plus pressants, il rompit, une fois pour toutes, et déclara à sir Archibal Campbell, le gouverneur de la province, qu'il n'accepterait jamais plus à dîner hors de la maison des missions, et il tint parole jusqu'à sa mort.

Quoiqu'il fût d'une grande délicatesse quant à sa propreté, et que par conséquent il eût de ce côté quelques dépenses, il vivait avec une stricte économie, et, le 31 mai 1828, il écrivit au secrétaire de la mission :

" En quittant l'Amérique, j'avais emporté avec moi le fruit de quelques travaux littéraires et pédagogiques : cet argent, augmenté de quelques dons, a fructifié par les soins d'un ami, et j'ai l'avantage de l'offrir au comité ou plutôt à Celui qui nous a aimés et lavés de son sang. "

La somme s'élève à 12.000 roupies (la roupie vaut 2,50 francs).

Influence de Judson

Quant à sa méthode missionnaire, il estimait qu'à l'exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ., il devait s'attaquer surtout aux adultes, compter peu sur les écoles ou sur les œuvres philanthropiques, mais présenter aux âmes Christ et son salut, de manière à les amener à la conversion individuelle ; aussi cherchait-il à entrer constamment en relation, soit avec les gens du peuple, soit avec les savants bouddhistes du pays.

Il était persuadé que, si la tâche de porter l'Evangile aux nations païennes appartient aux missionnaires étrangers, celle de la répandre dans la population ne peut être accomplie que par des ouvriers indigènes. Aussi s'appliquait-il à les préparer pour l'avenir.

Souvent il avait à soutenir d'interminables discussions avec des raisonneurs subtils et habiles, tels que son professeur Moung Schwa Gnong, qui lui opposait tantôt l'existence du mal, tantôt la difficulté de croire à l'expiation, tantôt son doute universel.

Les bouddhistes lui opposaient leurs doctrines d'une suite infinie de mondes, qui naissent et disparaissent.

Judson leur répondait : " Mais, vous admettez bien que le monde est dirigé par la sagesse ? "

- " Oui, nous l'admettons ".

" Or, comment y aurait-il de la sagesse sans un sage ? "

" S'il n'y a pas de sage, il n'y a pas de sagesse ; s'il n'y a qu'un sage imparfait, il n'y a qu'une sagesse imparfaite ; seulement, s'il y a un sage infini, il y aura une sagesse infinie ; il faut donc admettre un Dieu éternel et infini ! "

Ce qui saisissait puissamment les auditeurs, c'était l'histoire de la passion, et Judson eut le bonheur de toucher par la doctrine de la croix un pauvre esclave ignorant, passionné, ancien brigand, que les missionnaires rachetèrent, malgré les nombreux meurtres dont il était coupable, et qui, une fois converti, devint un véritable apôtre pour ses compatriotes ; il s'appelait Kothabiou.

C'était un saisissant spectacle de voir un homme savant, un penseur profond, presque un génie tel qu'Adoniram Judson, pénétrant dans les jungles en compagnie d'une petite bande d'indigènes hier encore sauvages, devenus maintenant ses frères et ses collaborateurs, remontant avec sa troupe, ou solitaire, les vallées les plus isolées, passant, repassant à gué les torrents, gravissant les rochers et les cimes, pour trouver quelques sauvages à demi nu et pouvoir leur dire, avec une émotion toujours nouvelle, que le Dieu éternel et miséricordieux a envoyé son propre fils par amour pour une âme afin de la sauver !

Du haut de sa barque, assis sur le rivage, arrêté dans quelques criques, de jour, de nuit, toujours, partout il était prêt à annoncer l'amour de Celui qui l'avait sauvé.

Son activité rappelle particulièrement celle des apôtres.

Persuadé que lorsque l'Evangile pénètre dans un cœur, il y produit généralement, d'abord un grand regret de ses péchés, puis un renoncement à toute espérance de salut en dehors de Jésus-Christ et de sa grâce, il demandait aux candidats au baptême beaucoup moins de connaissances que de sincères expériences religieuses ; il savait, en effet, que d'une foi vraie naît nécessairement un changement radical de vie et de caractère.

Son apparition était bienfaisante.

J'ai lu qu'un jour, sur les bords de l'Irawady, il trouva une femme affligée que son mari avait maltraitée :

" Pauvre femme ! " lui dit le voyageur, cherchant à la consoler, il ne put guère ajouter autre chose ; mais l'impression de la charité était restée dans le cœur de la pauvre païenne :

" O Dieu de l'homme blanc, exauce-moi ! " fut désormais sa prière, et Dieu l'a exaucée et conduite à la foi.

On ne saurait réduire en chiffres les résultats d'un homme ; cependant les chiffres ont leur utilité, et il vaut la peine de rappeler qu'aujourd'hui il y a, au Birman, environ 80.000 chrétiens, 163 pasteurs indigènes appartenant à la Société baptiste, plus de 10.000 élèves dans les écoles de la mission.

L'influence de Judson sur son pays a été plus grande qu'on ne le croit peut-être.

Lorsqu’après trente-deux ans il revint aux Etats Unis, veuf pour la seconde fois, apparaissant comme un homme du passé, au sein d'une génération qui le connaissait dès l'enfance, mais qui ne le connaissait que de nom, l'impression fut immense.

Lui-même ne s'en rendait nullement compte ; en arrivant à Boston, le 25 octobre 1845, son souci était de savoir s'il trouverait un gîte, et il ne se rendait pas compte que des centaines de maisons seraient honorées de le recevoir.

Les réceptions nombreuses et publiques, où l'on parlait de lui et de ses travaux, lui étaient pénibles, car il était épuisé par le travail, les douleurs et de nombreux deuils :

" Ma femme, disait-il, m'a demandé en mourant de ne pas faire de discours dans les meetings qui se tiendraient à mon arrivée ".

Il revint au collège de Brown University, où il avait pris ses grades, presque quarante ans auparavant ; il y fut reçu par la jeunesse studieuse comme l'une des gloires du collège.

Tout était devenu grand, brillant, presque somptueux dans l'établissement.

La patrie américaine avait grandi tout entière et s'était développée avec une puissance inouïe.

Et qui dira quel bien fait, à une nation en pleine jeunesse de développement, l'homme qui élève aussi près que possible de la perfection l'idéal de sa vie morale ?

Judson repartit pour le Birman le 11 juillet 1846.

Quoique affaibli par ses souffrances, il reprit, pour près de quatre ans encore, ses travaux apostoliques.

Mais les médecins lui ordonnèrent de changer de climat ; il partit, accompagné d'un seul ami, et mourut à bord de la barque française Aristide-Marie, dont le capitaine fut plein d'affabilité et de déférence pour lui.

Il expira le 12 février 1858 en pleine paix. Son corps fut jeté dans les flots sur la haute mer, à trois jours du rivage Birman.

C'était le soir, à huit heures ; pas une parole ne fut prononcée pour ses funérailles ; dans un profond silence, la dépouille du grand missionnaire, du fidèle croyant, de l'homme de douleur et d'espérance, fut confiée aux vagues de l'Océan.

C'est là qu'elle repose dans sa tombe humide, jusqu'au jour des grands revoirs et des rétributions éternelles !

Secret d'une vie heureuse

Quel fut le secret d'une vie si utile et si grande ?

C'est là ce que nous nous demandons, et le lecteur avec nous. Comment pouvons-nous faire notre profit d'un pareil exemple ?

Apprendre non seulement à aimer les missions, mais à vivre comme ont vécu Adoniram Judson et Anna Hasseltine ?

Les deux chapitres que nous avons intitulés : Résolution et Vœux du nouvel an, répondent en partie à la question ; mais nous préférons la poser à Judson lui-même et avoir sa réponse, telle qu'il la donna au commencement de sa carrière, dans une lettre à sa fiancée, datée du 31 décembre 1810.

“ Peut-être le secret d'une vie sainte est-il simplement d’éviter tout ce qui peut déplaire à Dieu et contrister son Esprit, et de rechercher attentivement tous les moyens de grâce. "

Dieu veut nous rendre heureux dans sa piété, à condition que nous ne nous éloignions pas de Lui...

Il a promis que ceux qui s’attendent à Lui reprendront de nouvelles forces.  Il n'est pas homme pour mentir, et son bras n'est pas impuissant comme le nôtre. Confie-toi donc en l'Eternel.

Souvenons-nous ensuite qu'une vie vécue est irrévocable, et prenons la résolution d'envoyer le jour présent dans l'éternité, marqué du caractère que nous voudrions lui voir garder pour l'éternité entière ".

Ces pensées austères du jeune homme, écrites le dernier jour de l'année, et les vœux qu'il envoyait le lendemain à sa fiancée, nous disent le profond sérieux de son âme, mais elles ne nous en révèlent pas la force secrète.

Cette force fut sa communion constante avec son divin Maître.  Une fois amené à la foi, il n'eut plus un seul moment de doute sur son salut éternel et sa qualité d'enfant de Dieu.

L’amour pratique pour son Sauveur prit désormais la première place dans ses affections et ses fermes résolutions.

Il se consacra avec une sorte de passion à gagner des âmes à Celui qui l'avait sauvé par ses souffrances ; et rien ne le détournait de ce qu'il avait une fois entrepris.

Il s'y attachait avec une puissance et une concentration inouïes. Suivons son exemple.

Au commencement de l'année, nous embrassons à nouveau la tâche de la vie et nous formons des vœux pour ceux que nous aimons.

Transformons ces vœux en prières sincères et humbles ; confions à Dieu leur sort et le nôtre : Il ne nous trompera pas, car il n'est pas homme pour mentir.

Un jour il sera le juge de toute notre vie, mais aujourd'hui il en est, si nous le voulons, le réparateur, la lumière et la force.

Saisissons par la foi son bras Tout-puissant, qui porte encore les traces de la souffrance, endurée pour nous mériter le salut.

" Cherche ton plaisir en l'Eternel, et il t'accordera les demandes de ton cœur ".

Un soir, au Tonkin, on ensevelissait les victimes tombées dans le combat.

Quand les corps furent descendus dans la tombe, on entendit l'officier français qui commandait, prononcer ces simples mots, qui résonnèrent à travers la nuit :

" Et rien n'est irréparable ! " Oui, par la foi au Christ Sauveur, aujourd’hui, dans le temps, tout est réparable et tout notre être peut encore être transformé et renouvelé par l'Esprit de Jésus-Christ. "

Prenons donc la résolution que Judson inscrivait dans son journal, en 1819 : “ sois diligent dans la prière secrète du matin et du soir. "

Les vœux de nouvel an, confiés à Dieu par la prière, s'accompliront, comme se sont accomplis ceux d'Adoniram Judson ; et notre vie laissera, comme la sienne, une trace lumineuse et bénie. "

“ Tiré d’une brochure de M. G. APPIA  1896 ”

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