Un réveil à Madagascar
Nous avons eu, à Madagascar, plusieurs grands réveils religieux.
L’un, le plus célèbre, se produisit à la fin du 19ème siècle et est connu sous le nom de " Réveil des Disciples du Seigneur. "
Ce mouvement dure encore, quoiqu’un peu affaibli.
Le second se produisit vers 1926 – 1927 et eut pour promotrice une pauvre paysanne qui ne savait ni lire ni écrire : RAVELONJANAHARY.
Ce mouvement persiste bien que Ravelonjanahary ait actuellement plus de quatre-vingt ans.
Enfin, un troisième Réveil a été amorcé en 1946 par un jeune pasteur, RAKOTONZANDRY, qui ne resta en fonctions que pendant une année (il mourut en novembre 1947) et qui se répandit surtout dans le VAKINANKARATRA et l’Imérina.
Voici ce qui caractérise l’activité de ces revivalistes malgaches : ils sont persuadés que la prédication de l’Evangile doit invariablement être suivie de la guérison des malades.
S’il n’y a pas de guérisons de malades, pensent-ils, la prédication de la Parole de Dieu perd de sa force et risque de s’anémier.
Ils se fondent, pour établir ce principe, sur les paroles de Jésus-Christ lorsqu’il envoya d’abord les douze, puis les soixante-dix disciples et qu’il leur adressa les paroles célèbres : " Prêchez l’Evangile ! Guérissez les malades ! Purifiez les lépreux ! "
Il allait même jusqu’à dire : " Ressuscitez les morts ! "
Pour bien fixer les idées, je vais raconter brièvement l’histoire de deux époux revivalistes, simples cultivateurs, que j’ai bien connus au temps où je dirigeais la station de TANIFOTSY (1937 – 1941).
Ils se nommaient RAINIAZY et RAKETAMANGA, avaient été baptisés pendant leur enfance car leurs parents étaient chrétiens, savaient lire et écrire, possédaient une Bible – qu’ils ne lisaient jamais – allaient à l’Eglise de leur village, nommé Andriapisaka, deux ou trois fois l’an ou aux mariages ou enterrements.
C’était des chrétiens morts, comme il y en a beaucoup hélas, aussi bien à Madagascar qu’en Europe.
Mais, vers 1928 ou 1929, ils furent mis en contact avec Ravelonjanhary, et leurs cœurs furent touchés, ils s’aperçurent qu’ils étaient des pécheurs et que, seul, le sang de Jésus-Christ pouvait effacer leurs fautes.
Ils crurent en Lui, résolurent de pratiquer les commandements, reçurent le Saint-Esprit, et, dès lors, tout fut transformé pour eux : ils devinrent des chrétiens joyeux, entreprenants, débordants de vie et d’activité.
Que pouvaient-ils faire pour montrer leur reconnaissance au Sauveur qui avait expié leurs transgressions et leur avait donné la vie éternelle ?
Ils regardèrent autour d’eux ; le village était plein de malades ; dans chaque maison ou presque il y avait un malade, sinon deux ou trois, et personne ne s’en souciait beaucoup.
Ils languissaient jusqu’à leur mort, à peu près sans soins, sans médicaments.
Le cœur des deux époux s’émut.
Après avoir prié avec ferveur, ils virent que c’était là le champ de travail que Dieu leur destinait.
Ils possédaient une maison de quatre pièces assez grandes.
Ils recueillirent dans l’une de ces chambres les villageois les plus malades et les traitèrent uniquement par la prière et l’imposition des mains – et il se produisit des guérisons !
Et bientôt d’autres malades affluèrent ! et les guérisons au nom du Seigneur Jésus continuèrent.
Sans doute, tous les malades n’ont pas été guéris, il s’est produit des décès parmi ces pauvres gens, mais je puis dire que le plus grand nombre a été, sinon guéri, du moins grandement soulagé.
Tous les soirs et matins, il y avait culte pour les souffrants, puis imposition des mains.
Les plus pauvres étaient entretenus gratuitement par les époux, ceux qui jouissaient de quelque aisance payaient une modique pension.
Bientôt Rainiazy et Raketamanga furent obligés de louer une autre maison, ils en construisirent d’autres en dehors du village et maintenant, c’est devenu un nouveau village, une nouvelle Bethesda, où les malades sont réconfortés, soignés et guéris au nom du Seigneur Jésus.
Quand je quittai la station de Tanifotzy en 1941, il y avait à Andriapisaka une cinquantaine de malades en " traitement ".
Des catholiques romains ayant été guéris se firent protestants, ce qui amena la colère des dirigeants catholiques locaux.
Ils dénoncèrent les époux comme d’abominables sorciers, dignes de châtiments, au gouverneur du pays.
Ce dernier, sans faire d’enquête, fit arrêter Rainiazy et Raketamanga et les fit conduire en prison à Antsirabé, à 70 kilomètres de leur résidence, sous l’inculpation de sorcellerie et maléfices.
J’ignorais tout cela, étant à cette époque directeur de l’Ecole normale d’Antsirabé.
On vint me prévenir et j’allai aussitôt trouver le fonctionnaire chargée de l’administration de la Maison d’arrêt d’Antsirabé.
Je lui expliquai la chose et il me dit : " Parfaitement… Je comprends : ces gens guérissent les malades par suggestion comme le docteur Coué… les médecins les guérissent au moyen de médicaments, le résultat est le même…. Je vais les faire élargir tout de suite ! "
Ce qui fut fait et les époux revinrent à Andriapisaka pleins de joie et de reconnaissance d’avoir été délivrés.
Les guérisons opérées à Andriapisaka s’ébruitèrent, les districts de Loharano et Tanifotsy, sur les limites desquels se trouve Andriapisaka, s’intéressèrent à cette Chrischoua malgache et votèrent chaque année des sommes, assez peu élevées du reste, pour aider les deux époux.
Et chaque année, en septembre, on célèbre une " fête des malades " à Andriapisaka où l’on vient de quarante ou cinquante kilomètres à la ronde afin de participer à cette œuvre si belle.
Il y a culte le matin à l’Eglise d’Andriapisaka, repas en commun, visite des " hôpitaux ", collecte pour l’œuvre, et la journée se termine par une séance de " bénédictions ".
Tous ceux qui désirent être bénis vont s’agenouiller autour de l’autel de l’Eglise et Raketamanga impose les mains à chacun, fait une courte prière et murmure une bénédiction appropriée.
Moi aussi, je me suis agenouillé dans l’Eglise en 1938, et j’ai été béni par cette sainte femme.
Pasteur Abel PARROT - Ancien missionnaire
(L’ami chrétien des familles avril 1951)
La corde mystérieuse
En Nouvelle-Guinée, un missionnaire ayant pénétré vers l’intérieur de l’île, avait découvert de nouvelles tribus qui, pour la plupart, se montraient ouvertes à la prédication de la Bonne Nouvelle.
Une seule d’entre elles sembla rester impénétrable.
Chaque fois, après avoir parlé à ces indigènes, et avoir eu le sentiment qu’ils commençaient à s’ouvrir, il retrouvait, à son retour, des visages fermés et des regards où régnait la méfiance.
Un indigène lui révéla enfin que c’était le chef de la tribu qui, dès le départ du missionnaire, détruisait systématiquement l’œuvre de ce dernier, assurant à ses gens que le Dieu du blanc ne valait rien et jurant de le prouver.
Il ne cachait pas qu’un jour la tête du missionnaire ornerait sa cabane.
Une belle nuit, vers quatre heures du matin, le missionnaire fut réveillé par de violents coups frappés à sa porte :
- Qui va là ?
- Ouvre, missionnaire, ouvre vite !
- Qui est tu ?
- C’est moi, le chef X.
C’était en effet, le chef de la tribu dont nous venons de parler : un regard par le judas le confirma au missionnaire.
Cependant, le visage terrifié, inondé de sueur, les yeux torturés d’angoisse et la voix tremblante n’étaient pas ceux d’un homme venu pour tuer, mais d’un malheureux secoué et talonné par la peur.
Le missionnaire ayant ouvert la porte, le chef se jeta à ses pieds, lui demandant d’une voix suppliante de le baptiser !
- Comment, toi qui as toujours combattu la Parole de Dieu, tu vient de nuit pour te faire baptiser ? que signifie cela ?
- Missionnaire, ton Dieu est le vrai Dieu. Je le sais maintenant. Je ne veux plus adorer d’autre Dieu que le tien !
Finalement, l’homme blanc réussit à obtenir l’explication d’un si miraculeux changement d’esprit.
Cette même nuit, le chef avait rêvé.
Il s’était vu sur la place de son village, tenant sous son bras gauche un sac avec toutes ses richesses, ses trésors ; sous son bras droit un autre sac avec les statuettes de ses dieux et les amulettes.
Tout à coup, devant lui, dans le silence de la nuit, une corde descendit du ciel et commença à se balancer de droite à gauche, à hauteur de sa tête.
Il suivait du regard cette corde étonnante dont l’autre extrémité se perdait dans l’immensité du ciel étoilé, quand de ce dernier une voix descendit, disant :
- Saisis la corde !
Il n’en fit rien, ayant les deux mains prises pour tenir ses biens et ses dieux.
Lentement, la corde continuait son mouvement. Une autre fois, la voix se fit entendre :
- Saisis la corde, ou tu es perdu !
La sueur perlait au front du chef ; ses yeux angoissés ne pouvaient se détacher de la corde mystérieuse.
La voix reprit encore impérieuse dans le silence immense de la nuit :
- Une dernière fois, saisis la corde !
D’un geste désespéré, le chef se défit du sac contenant ses trésors, et, de la main ainsi disponible, agrippa la corde.
Celle-ci arrêta son mouvement de balançoire et commença à être retirée vers le haut, emmenant dans son ascension le chef qui s’y accrochait.
Mais la main ne put, à la longue, soutenir son effort ; sa force se relâchant, il lâcha prise et retomba sur le sol.
Lentement, la corde revint, se balança et bientôt la voix redescendit de l’obscurité bleue percée du scintillement des étoiles :
- Pour la dernière fois, saisis la corde ou tu es perdu !
C’est alors qu’il lança loin de lui et ses amulettes et ses dieux et, des deux mains vides, il saisit cette corde dont dépendait son salut.
La corde monta et… il se réveilla, baigné de sueur, fatigué d’une lutte qui avait décidé de sa vie.
Immédiatement, le chef eut claire conscience qu’il venait d’avoir affaire au Dieu du missionnaire et, avec la spontanéité du primitif, il s’élança à travers la forêt vierge vers la maison du blanc pour demander le baptême.
H. OCHSENBEIN - L’appel du Maître