La voix du sang de Christ

" Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. " (Luc 23 : 34).

Trois longues heures silencieuses se sont écoulées, depuis que Jésus endure les tortures de la croix.

Pas une plainte n'a effleuré ses lèvres ; il n'a pas répondu aux propos de ses insulteurs.

Il s'est tu, mais maintenant il va parler, et, par sept fois, sa voix mourante articulera les courtes paroles, qui constituent pour nous l'héritage sacré de ses dernières pensées terrestres.

Recueillons-les comme le sceau qu'il a mis lui-même à son œuvre d'amour, le résumé de ses enseignements et de son action dans le monde, enfin comme l'explication et la glorification de sa mort sur la croix.

Que dit-il ?

Est-ce une plainte ?

Demande-t-il un adoucissement à son supplice ?

Appelle-t-il sur ses assassins la vengeance méritée du ciel ?

Non ! Rien de tout cela.

Écoutez-le, et adorez ! Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. "

Amour parfait, amour insondable, qui as " déchiré les cieux " pour les unir à la terre !

Dans toute l'horreur de ton martyre tu n'as que cette pensée d'infinie miséricorde : détourner l'épée de la vengeance divine de la tête de tes bourreaux !

Remarquons que Jésus ne dit pas : " Peuple méchant, je te pardonne. "

Son pardon à Lui ne fait pas un doute.

Il ne dit pas non plus : " S'il est possible que ta vengeance passe loin de ce peuple " …

Non, maintenant qu'il a scellé de ses souffrances expiatoires son titre de Médiateur, il s'est acquis le droit d'exiger le pardon.

Il peut dire avec assurance " Père pardonne ", comme déjà, dans la prière sacerdotale, il avait dit " Père je veux que là où je serai, ceux que tu m'as donnés y soient aussi avec moi. "

Et le Père lui fait don de cette humanité pour laquelle son sang a coulé.

Car la voix de ce sang a parlé plus fort que ses paroles et plus fort que ses larmes.

Le sang d'Abel avait appelé la vengeance du ciel, le sang de Jésus appelle la miséricorde et le pardon, et nous donne le droit, à nous aussi, d'appeler Dieu notre Père céleste.

Nous ne dirons rien ici de l'excuse que Jésus fait valoir pour justifier ceux qui le font mourir : " Ils ne savent pas ce qu'ils font. "

Si, en effet, Pilate, les scribes et le peuple avaient suffisamment connu et compris Jésus, il n'aurait pu y avoir pour eux aucune rémission de leur crime, car ils auraient été dans cet " état de péché contre le Saint-Esprit ", dont il est dit qu'il ne sera point pardonné.

Plus il nous est donné d'entrevoir, à la lumière de la grâce divine, les intentions de Dieu pour notre salut, plus notre responsabilité augmente.

Un chrétien disait un jour que, depuis qu'il avait compris la prière d'intercession de Jésus, il ne pouvait plus en vouloir à personne, quoi qu'il ait eu, de nature, un caractère rancunier.

Béni soit cet homme ; il a compris le mystère de la croix !

Notre sentiment naturel nous dit que la vengeance est douce, que rien ne saurait égaler la satisfaction d'avoir raison et de triompher sur nos contradicteurs.

Sous la croix, ce sentiment disparaît et la commémoration de la Passion du Christ nous apprend l'humilité, le pardon et la réconciliation.

Devant cette croix, lecteur, arrête-toi et recueille-toi.

Si tu as à pardonner, ne tarde pas à le faire, car si tu refuses d’effacer les offenses de ton prochain, Jésus ne sera plus ton Médiateur devant Dieu.

Lui qui a toujours pardonné, n'avait fait de mal à personne, mais toi ? Que de semences mauvaises n'as-tu pas semées dans ta vie !

" Seigneur n'entre point en jugement avec ton serviteur, car, devant toi, aucun vivant n'est justifié ! "

Comment serais-je justifié devant Dieu ?

" L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait disant : N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous !

Mais l'autre le reprenait et disait : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ?

Pour nous c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes ; mais celui-ci n'a rien fait de mal.

Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. " Luc 23 : 39 à 42.

En même temps que Jésus mourait, deux malfaiteurs expiaient leur vie criminelle par le supplice de la croix.

C'était un outrage de plus pour le Fils de Dieu que d'être associé à ces misérables, et ses ennemis, en le lui infligeant, se doutaient peu que l'un des ces hommes serait le premier pécheur repentant sauvé par la croix du Christ.

L'humanité devait apprendre par lui que, dès ce jour, l'accès aux demeures éternelles n'était plus ouvert seulement aux anges, mais même aux plus dépravés parmi les mortels.

Ce criminel, en outre, sauvait l'honneur du monde, en prouvant que la reconnaissance n'est pas tout à fait perdue ici-bas ; car il fut, à ce moment suprême, le seul défenseur dont le témoignage put consoler Jésus mourant, et il éprouva en retour la certitude " que le sang de Jésus-Christ nous lave de toutes nos iniquités. "

Qu'est-ce qui opéra ce miracle ?

Tout simplement le fait que cet homme se vit pour la première fois sous son vrai jour, et put mesurer le degré profond de corruption dans lequel il était tombé, en s'éclairant du rayonnement divin de l'innocence du Fils de Dieu, qui expiait, non point ses propres fautes, mais celles du monde entier sur le bois maudit.

Il eut le courage (que nous avons si rarement) de regarder son péché en face et d'en assumer toute la responsabilité, sans chercher à l'atténuer.

Plus il s'humiliait et se diminuait à ses propres yeux, plus le Saint et le Juste expirant à ses côtés grandissait en majesté !

Ce dont il n'avait qu'une intuition vague au début, devint une certitude à laquelle s'attacha sa foi. Celui qui meurt ainsi, se disait-il, ne peut être que le Roi du ciel et de la terre, le Sauveur des hommes. De sa mort doit naître la vie pour l'humanité coupable.

Entraîné par ses déductions, il en arriva jusqu'à la pensée que, lui-même, si profondément misérable, pourrait peut-être obtenir la rémission de ses forfaits, et, soudain, il adressa à Jésus cette prière : " Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. "

Cette supplication pouvait n'être qu'un effet de son imagination excitée, une pure folie, si Jésus n'était qu'un grand prophète et non le Messie ; mais elle devenait un audacieux appel de la foi, si ses pressentiments étaient justes.

Et il se trouva qu'il put peut-être, à cette heure-là où les plus fidèles disciples du Sauveur en étaient arrivés à ne plus savoir ce qu'ils devaient croire, le seul être, avec Dieu, qui comprît le mystère de la croix.

Lui, le brigand avait devancé, en cet instant, les apôtres et les patriarches, les sages de ce monde, et même les anges du ciel.

De l'enfer au paradis

" Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité : aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. "
(Luc 23 : 43).

" Qu'il te soit fait selon ta foi ! " avait dit souvent Jésus, en réponse à des demandes de guérison, et il lui arriva de signaler avec admiration certains cas de foi absolue et sincère tels que celui de la femme phénicienne et celui de l'officier romain.

Mais c'est le brigand de la croix qui remporta, à cet égard, la palme du vainqueur.

Sa prière fut, pour Jésus, l'aurore éclairant au loin, à ses yeux mourants, les premières cimes de ces nouveaux cieux et de cette nouvelle terre qu'il était venu fonder pour l'humanité rachetée, et cette vision sereine fut d'une suprême douceur à son esprit épuisé.

Mais aussi la récompense qu'il accorda à cet homme fut telle qu'aucun mortel n'en avait encore entendu de semblable.

Ce malfaiteur repentant s'était adressé à un Roi, et c'est royalement qu'il fut traité par lui.

" Je te le dis en vérité " … lui répond Jésus – tel un serment portant le sceau divin – " Tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis. "

Le Sauveur ne le regarde plus comme un meurtrier, mais comme une âme sanctifiée par le courage et l'humilité de sa foi.

" Souviens-toi de moi ", avait –il imploré, comme il aurait dit : " Tu ne m'oublieras même pas moi, le dernier des derniers, quand tu seras dans ta gloire. "

Et cette fière espérance alla droit au cœur de Jésus : " Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. "

Cette consolante réponse dépasse de beaucoup en portée ce qu'osait espérer le malheureux.

Un exaucement aussi immédiat, qui enlevait du coup toute obscurité à ce redoutable passage de la mort, dut éblouir ses yeux presque éteints et remplir d'allégresse son cœur défaillant. " J'ai obtenu miséricorde ; il m'a été fait grâce ! " telles sont ses dernières impressions terrestres.

Lorsqu'un jour ce sera notre tour de répondre à l'appel du Maître, puissions-nous, alors aussi, nous entendre dire : " Aujourd'hui tu seras avec moi au Paradis. "

Il dépend de nous, qu'à l'exemple du malfaiteur repentant, le jour de notre mort soit en même temps le jour de notre naissance à la vie éternelle.

Union sous la croix

" Jésus, voyant sa mère, et à côté d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. " (Jean 19 : 26 et 27).

Lorsque nous sommes sous le coup d'une épreuve ou d'une vive douleur, il nous paraît naturel d'être l'objet de la sollicitude de nos amis et connaissances, et nous nous y complaisons souvent fort égoïstement, oubliant les obligations que nous avons nous-mêmes envers eux.

Combien différemment agit Jésus, au moment où, à l'apogée de la souffrance humaine, il accomplit envers le monde le plus grand acte d'amour qui fût jamais – il n'oublie pas, en cette heure suprême, d'abaisser son regard vers de plus petits devoirs.

Le sentiment de l'isolement où il laissera sa mère l'émeut de pitié.

Il la confie au disciple qu'il aimait, établissant entre eux un lien indissoluble, qui sera pour l'un et l'autre une source de consolation dans leur deuil commun.

Après donc qu'avait retenti la première des sept paroles de la Croix assurant le pardon à ses bourreaux ; que la seconde avait fait du meurtrier crucifié à ses côtés un citoyen des cieux ; nous voyons ici le Fils entourer sa mère de sa sollicitude affectueuse, afin qu'elle n'ait pas à souffrir de son abandon.

Admirerons-nous davantage son amour filial ou la majesté royale avec laquelle il ordonne à son disciple bien-aimé – ce qui est en même temps pour ce dernier une faveur – de prendre soin de cette femme, la mère du Sauveur du monde ?

Ce souvenir se perpétuera dans les cœurs maternels de tous les temps, car s'il est un triste proverbe disant " qu'une mère saura mieux prodiguer ses soins à sept enfants, que sept enfants ne le feront pour une mère ", ce seul Fils a servi d'avance, à toutes les générations d'enfants, de modèle de dévouement filial.

" Dès ce moment le disciple la prit chez lui ". Jean avait compris la pensée du Seigneur et aucune hésitation n'atténue la délicatesse de sentiments avec laquelle il accepta ses nouveaux devoirs.

On s'est demandé pour quelle raison Jésus avait conseillé cet arrangement.

Il est probable qu'avec le désir d'assurer à sa mère des moyens d'existence qui la mettraient à l'abri des soucis quotidiens, il entrevoyait, dans le rapprochement de ces deux caractères qu'il connaissait si bien, un élément de consolation réciproque, résultant de rapports de vie doux et faciles.

Il savait aussi que son souvenir serait sans cesse présent dans cette association.

Or, là, où l'Esprit du Seigneur règne et bénit des liens contractés entre des mortels, fût-ce ceux du mariage ou d'une solide amitié, il exerce une influence sanctifiante ; ces relations sont un sûr abri contre les orages de la vie, et une source abondante de progrès vers le bien.

Abandonné de dieu

" Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " (Matthieu 27 : 45 et 46)

Les heures s'écoulent lentes, de plus en plus intolérables.

Le divin martyr agonise, et la nature entière se voile de deuil ! Des ténèbres s'étendent sur la terre, un profond silence règne autour de la croix.

Qui dira ce qui se passe dans cette âme en détresse, tandis qu'elle traverse le maximum de la souffrance humaine ?

Un cri, un appel désespéré va nous l'apprendre : " Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ? "

Ce n'est plus aux hommes qu'il s'adresse ; ce n'est plus même pour les hommes qu'il parle.

Tout est effacé dans sa pensée défaillante.

Il ne voit plus que Dieu et sa détresse immense. Que dire ?

Dieu même, il ne le voit plus, ne le sent plus près de lui, et ceci est pour lui l'excès de sa torture !

Jusqu'ici le sentiment de la présence divine le consolait et lui donnait la force de tout souffrir.

Mais maintenant, il lui semble que cette présence lui échappe, faisant place à un vide immense, à une amertume atroce.

Il n'a plus la force de comprendre le sens véritable de cet abandon ; il ne sait plus à cette heure même que se consomme le salut de l'humanité !

Il fallait, pour que son sacrifice soit complet, qu'il ait goûté pour nous toutes les épouvantes de la mort, même celle de se croire abandonné de Dieu.

O vous qui osez protester, et appeler injuste ce châtiment voulu de Dieu et librement accepté par son Fils, faites taire votre ingratitude, prosternez-vous et adorez, car cette sublime obéissance vous a acquis la vie éternelle !

Après que le premier Adam ait voué l'humanité à la perdition par sa désobéissance, le deuxième Adam, par son œuvre rédemptrice, a jeté les bases d'un nouveau monde, où tous ceux qui auront compris et accepté son sacrifice auront accès à l'éternité bienheureuse.

Dès lors, toutes les angoisses et les obscurités qui nous envahiront, tous les remords qui voileront notre espérance, pourront être dissipés par cette assurance absolue que Dieu ne nous abandonnera jamais.

Nous traverserons les plus sombres vallées, en répétant avec confiance : " L'Éternel est mon Berger, je ne manquerai de rien ! "

Pour nos âmes

" Après cela Jésus, qui savait que tout était déjà consommé, dit, afin que l'Écriture fut accomplie : J'ai soif. Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche. " (Jean 19 : 28 et 29).

Un médecin anglais a détaillé dans un livre tous les genres de souffrances qui s'attachent au supplice de la crucifixion, et il parle de la soif intense, provenant de l'hémorragie, comme de l'une des plus insupportables.

Jésus n'avait pas, jusqu'ici, proféré une seule plainte sur ses maux corporels.

On s'imagine souvent à tort qu'il ne les éprouvait qu'à un degré atténué.

Cette plainte : " J'ai soif ", nous prouve que rien, dans la souffrance humaine, ne lui est resté étranger, et cette certitude consolante nous permet de le sentir à nos côtés dans toutes nos douleurs qu'il comprend et partage.

Car il a bien réellement enduré ce qui est dit dans la prophétie de son martyre, au Psaume 22 : 15 et 16 : " Je suis comme l'eau qui s'écoule, et tous mes os se séparent… Ma force se dessèche comme l'argile, et ma langue s'attache à mon palais ; tu me réduis à la poussière de la mort. "

Un poète ancien a imaginé, à propos de cette soif de Jésus, une figure allégorique d'une grâce touchante.

Selon lui, à ce cri " J'ai soif ! " toutes les sources de la terre et tous les ruisseaux s'arrêtèrent de couler, faisant entendre un murmure de lamentation, de ne pouvoir aller désaltérer leur créateur.

Pour nous, le sens profond qui s'attache à cette parole est un appel direct à nos consciences. Comprenons bien qu'elle veut dire : " Je souffre des tortures intolérables ; répondez-moi qu'elles ne soient pas perdues, car c'est pour vous que je les endure ! "

La souffrance de Jésus aiguillonne son désir de nous communiquer les bienfaits attachés à sa mort.

Plus instamment que jamais il nous appelle à Lui.

Placés au pied de la croix, jetons un regard d'ensemble sur notre vie.

 Reconnaissons-le sincèrement : en dépit des joies, des satisfactions ou des succès que nous pouvons avoir dans notre carrière, il nous reste, au fond du cœur, un vide, une pauvreté, une inquiétude, un manque de paix nous prouvant que nous puisons aux " citernes crevassées. "

Saisissons, dès aujourd'hui, la main forte et douce qu'il nous tend pour nous conduire aux sources abondantes et pures de la vie céleste.

Hélas ! la plupart des hommes passent devant la croix, imbus de leur dignité ou chargés de leurs fardeaux, sans honorer même d'un regard la victime expirant pour les sauver.

Ils n'entendent pas sourdre cette eau vive qui, en les désaltérant, leur donnerait une éternelle jeunesse, une force indomptable et une beauté qui ne se flétrit point.

O Seigneur Dieu permets que ce cri de ton Fils mourant : " J'ai soif ", se répercute par le monde entier et pénètre dans les âmes les plus résistantes !

Donne-leur toi-même la force et la vigueur, afin que les ossements desséchés reprennent vie et que la grande armée se relève à ta voix !

Paix dans la mort

" Jésus s'écria d'une voix forte : Père, je remets mon esprit entre les mains. " (Luc 23 : 46).

Un grand silence s'est fait sur Golgotha.

Les propos des moqueurs emportés par le vent, perdus dans le vide, ont cessé de se faire entendre.

Les gens du peuple se sont dispersés, pris d'un étrange saisissement et se frappant la poitrine à la vue du sang innocent répandu.

Il ne reste plus maintenant au pied de la croix que les vrais amis de Jésus, faisant enfin preuve d'énergie dans leur attachement. (Jean 19 : 38 et 39).

Le bourreau qui a dirigé l'exécution est désormais gagné à la cause de sa victime. Pilate, tourmenté de remords, s'agite dans son palais, demandant à tout instant des nouvelles du supplicié.

Le visage du brigand, assuré de son salut, reflète une joie reconnaissante à travers les dernières luttes de la mort. Son regard ne quitte plus son Sauveur.

Dans l'âme de Jésus aussi le calme est revenu ; une grande paix a succédé à la tourmente, et, comme le soleil extérieur recommence à luire sur la nature, la lumière de la divine approbation a dissipé toutes les obscurités dans l'esprit du Crucifié. " Père", s'écrie-t-il d'une voix forte – pourquoi d'une voix forte ?

Son père aurait entendu le plus léger souffle – Mais le monde, le monde entier doit entendre, doit se répéter que son Père ne l'a point abandonné, et que maintenant, comme toujours, il a mis en lui " toute son affection ! "

Nous entendons des mourants dire, comme Jésus : " Père, je remets mon esprit entre tes mains "; mais jamais cette parole ne peut avoir pour eux le sens qu'elle avait pour le Rédempteur, car les hommes sont vaincus par la mort, tandis que Jésus commande à la mort, et ne lui abandonne sa dépouille que pour la reprendre trois jours plus tard, et monter enfin au ciel, sans quitter désormais son corps glorifié.

Gardons-nous de nous approprier les paroles de Jésus, si nous n'avons pas d'abord accepté sa direction et sa discipline !

Il ne sera notre force dans la mort que s'il a été notre guide dans la vie.

Si Christ pouvait dire : " Père, je remets mon esprit entre tes mains " c'est que durant sa vie terrestre, " sa nourriture avait été de faire la volonté de ce Père. "

Mais, à toutes les âmes humbles qui se placent au pied de leur Sauveur, décidées à se charger elles-aussi fidèlement de leur propre croix, Jésus a adressé cette glorieuse promesse : " Père, je veux que, là où je serai, ceux que tu m'as donnés y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient la gloire que tu m'as donnée. "

Puissions-nous, lorsque nos yeux se fermeront à la lumière du monde, nous être acquis le droit de " remettre notre esprit " entre les mains de Celui qui nous a faits citoyens de la cité céleste !

Angélus !

" Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et baissant la tête, il rendit l'esprit. " (Jean 19 : 30).

" Rien n'est fait tant qu'il reste quelque chose à faire ", a dit un jour Jules César, résumant ainsi son ambition d'étendre ses conquêtes sur tout le tour de la terre.

Mais lorsqu'il tomba sous le glaive de ses ennemis, toute sa gloire s'effondra avec sa vie, son pouvoir et ses espérances.

Quel autre conquérant est cet homme qui meurt sur Golgotha, ce Roi de la vérité qui s'écrie :
 " Tout est accompli ", au moment où il expire, et à cause même de sa mort !

Il est victorieux du monde, alors que le monde paraît l'avoir vaincu.

Il a anéanti l'enfer, la mort et le péché, lorsqu'en apparence l'enfer, la mort et le péché ont paru triompher de lui !

Quand un homme meurt – fut-il un César ou un esclave - c'en est fait de lui et de son œuvre terrestre, et cela d'autant plus qu'il succombe à la puissance ou à la perversité de ses adversaires, et que ceux-ci croient avoir tout détruit en lui.

Aussi, lorsque Jésus s'est écrié : " Tout est accompli ", ses ennemis considéraient, de leur côté, leur œuvre comme accomplie.

Et ses disciples eux-mêmes se retirent dans l'ombre, affligés de ce qu'ils regardent comme l'effondrement de toutes leurs espérances.

Et pourtant cette exclamation a quelque chose de triomphal. On dirait un général qui voit fuir l'armée ennemie en déroute !

Ce que la Rédemption " a accompli " n'est rien moins que la régénération et la félicité promise à l'humanité. L'arbre de vie renaît de la croix et remplira le monde de son ombre, de ses fruits et de son parfum.

Il ne cessera pas de croître, jusqu'au jour où les nouveaux cieux et la nouvelle terre apparaîtront, et où toutes les nations marcheront à la lumière des rayons émanant du trône de Dieu.

C'est pourquoi la terre, cette terre qui avait bu avec horreur le sang d'Abel, se sent traversée maintenant d'un frisson d'allégresse à ce cri de " Tout est accompli ", car c'est le cri d'affranchissement de toutes les créatures qui gémissaient sous la domination du péché, de la vanité et de la mort, et qui ont acquis, par le sacrifice expiatoire du Rédempteur, la glorieuse liberté des enfants de Dieu.

C'est pourquoi des sépulcres se sont ouverts, précurseurs du grand réveil où le Christ foulera la terre et appellera les élus qui auront attendu, dans les liens de la mort, cette grande heure de la délivrance.

C'est pourquoi aussi le rideau qui voilait le sanctuaire se déchire, afin de donner accès à chacun auprès du Dieu trois fois saint.

Car ils ne s'écrieront plus " Malheur à moi ", ceux qui se seront approchés de Lui, ils se réjouiront au contraire de se sentir ses enfants, et regarderont à Lui comme autrefois les Israélites regardaient le serpent d'airain élevé par Moïse.

Tous s'avanceront ensemble, dans une égalité où se confondront les différentes classes de l'humanité, sur ce chemin de la paix ouvert par Celui qui s'est écrié en mourant : " Tout est accompli. "

Nous sommes rachetés !

" Jésus dit : Tout est accompli ; et, baissant la tête, il rendit l'esprit." (Jean 19 : 30).

Écoutons encore une fois cette parole, ce grand " Amen " vers lequel avaient tendu toute l'œuvre de Jésus, et ses souffrances.

Il retentit aujourd'hui par le monde comme le son lointain et doux de la cloche du soir, qui appelle à la vraie paix les esprits agités, travaillés et lassés.

Depuis que la loi du travail soumet les hommes à sa discipline, il a été prononcé des millions de fois, ce mot " accompli ", qui marque la fin d'un long effort.

Le cultivateur rentrant les dernières gerbes de la récolte qu'il avait semée si laborieusement ; l'artiste qui donne la dernière retouche à l'œuvre de son inspiration ; le savant qui a trouvé la solution d'un problème ardu ; tous s'écrient avec la joie du soulagement : " C'est accompli ! "

Ce que Jésus a accompli dans le monde présente seul un ensemble parfait. Son œuvre et sa vie ne font qu'un.

Ce que sa parole prêche, son exemple vécu le réalise, et, pour cela aussi, cette œuvre est une force capable de résister aux assauts du monde et de l'enfer, et de régénérer pour l'éternité toutes les créatures humaines.

C'est donc au passé et à l'avenir que s'applique ce " Tout est accompli ", de Jésus. Le combat a cessé, le but est touché, la victoire sur la mort et le péché acquise, et elle assure la Rédemption aux croyants.

Il ne leur est pas dit : vous serez sauvés, mais : vous êtes sauvés. Aucun doute, aucune incertitude ne sont permis désormais au chrétien.

Il n'a plus le droit d'arrêter ses regards sur ses propres faiblesses, ses chutes, ses incapacités ; il ne doit plus voir son œuvre personnelle, mais seulement l'œuvre divine accomplie pour lui, et en lui, car l'apôtre Paul nous dit : " Christ nous a été fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption. " (1 Corinthiens 1 : 30)

Que l'on ne complique pas par des " mais " et des " si ", la rigoureuse affirmation de ce salut offert gratuitement par l'unique mérite de Jésus-Christ, qui veut être notre seul Sauveur et veut l'être entièrement.

Nous n'avons pas en lui un Modèle, seul, pas même uniquement un Médiateur, mais il veut être notre sagesse, notre sanctification et notre rédemption. Il sera la lumière qui éclairera notre chemin vers l'éternité, car il nous a garanti notre droit de citoyenneté dans les cieux.

Il a " Tout accompli ", pour nous donner la vraie paix et être pour nous l'appui solide et inébranlable dans la vie et dans la mort.

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