Au peuple d'Israël

O Toi qui nous rendis la vie et l’espérance,

Quand un voile de mort enveloppait nos yeux,

Et qui, revendiquant la loi de tes aïeux,

Des peuples et des rois lassas l’intolérance,

Israël, c’est assez ! … le cri de ta souffrance

Est monté jusqu’aux cieux.

Grand Dieu ! nous avons pu, maudissant notre frère,

Contre lui, sans frémir, aiguiser nos poignards,

De ses persécuteurs suivre les étendards,

Et, frappant d’interdit son existence entière,

De pays en pays outrager la misère

De ses membres épars !

Les chrétiens répondront des peines si cruelles

Qu’ils t’ont fait essuyer, ô peuple du Dieu fort !

Et quand Dieu les invite à réparer leur tort,

A te prêter l’appui de leurs mains fraternelles,

Ils aiment mieux entre eux fomenter des querelles

Que d’adoucir ton sort.

… Oui, nous avons péché, Frères israélites ;

Comme vos ennemis, vous devez les haïr

Ces chrétiens que l’on voit ardents à convertir,

De la terre et des mers franchissant les limites,

Chez le Cafre et l’Indou cherchant des prosélytes

Et vous laisser périr.

De quel front viendrons-nous vous prêcher l’Evangile,

Vous vanter ses bienfaits, vous parler sans détour

Du Dieu qui parmi nous vint fixer son séjour

Et rendit par sa mort la vertu plus facile,

Si, par tant de rigueurs, nous rendons inutile

Ce miracle d’amour ?

A.F. PETAVEL (La fille de Sion – Chant 1 – 1844)

Les juifs et l'attente du Messie

En une ville d’Algérie, dans un bureau de tabac, où je choisis des cartes postales, la conversation s’engage avec le buraliste.

- C’est regrettable, me dit-il, que vous ayez manqué le rabbin, il sort d’ici.

- Qu’à cela ne tienne ! Donnez-moi son adresse.

Quelques moments après, j’étais à la synagogue, dans la salle du Consistoire.

Un rabbin, culottes courtes et bouffantes, robe et bonnet noirs, donne un cours à une quinzaine d’étudiants groupés autour de lui, la Bible hébraïque en main, devant une table en fer à cheval.

- Monsieur le rabbin, lui dis-je, vous êtes occupé. Fixez-moi, un rendez-vous. Je suis pasteur en France, et j’aimerais m’entretenir avec vous.

- Pouvez-vous revenir à 4 heures et demie ?

- Parfaitement. C’est entendu.

Je le quitte en saluant les élèves.

A quatre heures et demie, le rabbin m’attend avec son fils, futur rabbin, dans une salle du Consistoire.

Je l’interroge d’abord sur sa foi dans le Christ.

- Voyez-vous, lui dis-je, se dessiner parmi vos coreligionnaires un retour de foi en faveur du Christ ? Quelques-uns parmi vous n’arrivent-ils pas à reconnaître sa messianité ?

- Non, en aucune façon. Plus que jamais nous sommes convaincus qu’il n’est pas le Christ et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour en détourner les hommes.

D’ailleurs me dit-il, nous avons étudié ce matin la prophétie d’Esaïe : " Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre et l’on n’apprendra plus la guerre. "

Voilà 19 siècles que le Christ est venu, et que voyons-nous ?

Les peuples chrétiens qui se réclament de lui sont armés jusqu’aux dents, prêts à s’entre-détruire.

Non, Jésus n’est pas le Messie.

- Jésus, répondis-je, a réalisé dans sa première venue les caractères du Messie souffrant.

Il a été victime expiatoire, l’agneau immolé, le bouc émissaire chargé de la malédiction.

Il a été l’homme de douleur prophétisé dans Esaïe 53.

Mais il a constamment annoncé son retour. Il est venu dans l’humiliation et il reviendra dans la gloire.

Ce jour-là, il réalisera toutes les prophéties, il sera roi et tous les peuples se prosterneront devant lui.

Ici, le rabbin me soumet un problème :

- Nous sommes le peuple aimé de Dieu. Mais pourtant depuis 2000 ans, nous sommes dispersés aux extrémités de la terre, partout rejetés, partout persécutés. Comment comprenez-vous cela ?

- Avez-vous oublié, lui dis-je, la parole de vos pères : " Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! "

Vous souffrez parce qu’il y a 2000 ans vos pères ont rejeté le Christ. Ils n’ont point pris garde à ses adjurations ; " Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu et vous n’avez pas voulu… Il ne restera de toi pierre sur pierre parce que tu n’as pas connu le jour où tu as été visitée. " Vos souffrances sont pour vous le message de Dieu.

Le fils, regardant son père, puis fixant ses regards sur moi, me dit avec émotion :

- Ah ! c’est ainsi que vous expliquez notre dispersion !

L’entretien se poursuivit jusqu’à près de six heures.

Le rabbin retourna auprès de ses élèves et me les présenta.

" Messieurs les étudiants, leur dis-je, le jour viendra où le peuple juif sera le grand missionnaire de la terre. Etudiez bien la Parole de Dieu. Vous aurez à vous en servir ! "

Le jeune étudiant me raccompagna jusque sur la place et m’engagea à rendre visite au rabbin de la ville voisine :

" Nous attendons le Messie, me dit-il, et vous attendez le retour du Christ. C’est sans doute le même. "

Nous nous quittâmes sur ce mot.

Deux jours après, j’étais chez le grand rabbin de la ville voisine.

- Monsieur le rabbin, lui dis-je, estimez-vous qu’il y ait quelque rapport entre les évènements actuels et la venue du Messie ?

- Presque tous les rabbins cabalistes (ceux qui étudient les oracles, la prophétie) estiment, me dit-il, que les évènements politiques actuels sont le prélude de l’avènement du Messie.

Ils attendent une grande conflagration mondiale à la suite de laquelle le Messie se présentera et sera reconnu dans le monde entier, afin que puisse s’accomplir la Parole de Malachie : " Soudain, entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez. "

Je lui racontai comment, chez les Musulmans, j’avais recueilli de nombreux témoignages relatifs à l’attente du Seigneur.

Puis je lui dis :

- Les Israélites attendent le Messie. Les Musulmans croient au retour prochain de celui qu’ils appellent Sid’Aïssa. Nous les chrétiens, nous attendons le retour du Christ.

Quel rapport voyez-vous entre ces trois personnages ?

Alors, sans aucune hésitation, le grand rabbin laissa tomber ces mots : " Ce sera sûrement le même. "

Ainsi, avec les Juifs comme avec les Musulmans, l’entente est difficile lorsque nous regardons en arrière.

Mais dans l’avenir l’union est loin d’être impossible.

L’Ecriture parle de nations enfantées en un jour.

Qui sait si le jour n’est pas proche où un puissant réveil soulèvera l’Islam tout entier.

Qui sait encore si l’heure ne doit pas sonner bientôt où Israël reconnaitra le Sauveur ?

" Que sera-ce quand ils se convertiront tous, dit Saint Paul.

Que sera leur admission sinon une vie d’entre les morts ! " (Romains, chapitre 11, versets 12 et 15).

" O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! " (Romains, chapitre 11, verset 33).

Bernard de PERROT, pasteur

La remarquable histoire de Joseph RABINOWITZ

" Et ainsi tout Israël sera sauvé " (Romains, chapitre 11, verset 26).

Jacob Rabinowitz fut l’un des plus grands judéo-chrétiens qui aient jamais vécu.

Né en Russie en 1837, il y mourut en 1899.

A l’âge de six ans, il montrait une agilité d’esprit peu commune.

Très jeune, il pouvait réciter par cœur tout le Cantique de Salomon.

Il fit de brillantes études et choisit comme profession le droit.

Fiancé à l’âge de 13 ans, il se maria six ans plus tard.

Lorsqu’il eut dix-huit ans, son futur beau-père lui prêta un exemplaire du Nouveau Testament en hébreu en disant : " Qui sait ? Peut-être Jésus était-il en fait le vrai Messie. "

Rabinowitz fut profondément surpris d’une telle déclaration et essaya de la chasser de son esprit.

Mais Dieu ne le lui permit pas.

Entre temps, il prit une part active aux affaires de son peuple et écrivit nombre d’articles dans les périodiques d’inspiration juive, encourageant notamment les études agricoles comme moyens d’amélioration du sort du peuple juif.

Au moment où les persécutions des Juifs augmentaient d’intensité en Russie, Rabinowitz alla en Palestine en vue d’y fonder une colonie juive.

Un jour, s’étant trouvé près du Mont des Olivers, il s’y assit et se mit à réfléchir sur de nombreuses questions qui se pressaient dans son esprit, telles que :

" Pourquoi cette désolation de la cité de David et de la terre qui nous a été promise par alliance ?

" Pourquoi cette dispersion de notre peuple jusqu’aux extrémités de la terre ?

" Pourquoi ces persécutions sans cesse renouvelées ? "

Et là, au pied de la colline, il ouvrit le Nouveau Testament qu’il avait pris avec lui principalement pour l’aider à reconnaître les sites historiques, et ses yeux tombèrent sur Jean, chapitre 15, verset 5 : " Sans moi vous ne pouvez rien faire. "

Ces mots pénétrèrent son esprit comme un éclair et il acquit aussitôt la conviction qu’il avait enfin trouvé le remède à tous les maux de son peuple, et que la clef du mystère de la Terre Sainte était entre les mains de Jésus.

Sa conversion fut ainsi aussi soudaine que celle de Saul de Tarse.

" Je vis tout cela en un clin d’œil " disait-il plus tard.

" Nos banquiers juifs, avec tous leurs millions d’or, ne peuvent rien pour nous ; nos érudits et nos hommes d’état, avec toute leur sagesse, ne peuvent rien pour nous ; nos sociétés de colonisation, avec toute leur influence et tous leurs capitaux ne peuvent rien pour nous.

Notre seule espérance est en notre frère, Jésus, que nous avons crucifié, mais que Dieu a ressuscité et qui est maintenant à sa droite.

Sans Lui, nous ne pouvons rien faire. "

De retour en Russie, prêchant avec le zèle d’un saint Paul, il fit appel à son peuple pour proclamer Jésus comme leur seule espérance.

Il formula treize thèses et écrivit son " Symbole des Israélites de la Nouvelle Alliance ".

Bientôt, les persécutions fondirent sur lui, mais il demeura fidèle.

Grâce à l’influence de l’évangéliste écossais Sommerville, une synagogue fut bientôt construite pour lui dans sa ville, et le Gouvernement russe lui accorda volontiers la permission nécessaire, reconnaissant officiellement l’existence du Mouvement Rabinowitz.

Il demeura là pendant de nombreuses années, prêchant Christ, et distribuant à travers toute la Russie des traités contenant ses prédications.

Le dernier traité écrit par lui est intitulé " Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ! "

Ce grand missionnaire fut invité par D. L. Moody à visiter la Foire Mondiale de Chicago, dans le but de tenter d’atteindre les millions de visiteurs à l’Exposition, principalement les Juifs.

Parmi les prédicateurs bien connus qui visitèrent Chicago à cette époque se trouvait l’évangéliste A. J. Gordon de Boston.

Le Docteur Gordon aimait à dire que parmi tous les docteurs et prédicateurs qu’il avait rencontrés venant de tous les pays du globe, aucun ne lui inspirait plus d’intérêt que Joseph Rabinowitz.

Dans la " Vie d’Adoniram Judson Gordon, " par son fils, Ernest B. Gordon, on trouve ce passage : " Nous allions en juillet dernier à Chicago pour prendre part à la campagne d’évangélisation organisée par D. L. Moody à la Foire Mondiale de cette ville, lorsque nous fûmes logés dans une chambre contigüe à celle d’un invité russe dont on ne nous avait pas encore dit le nom.

Un soir, nous entendîmes des chants fervents en hébreu et on nous apprit, en réponse à nos questions, qu’il s’agissait d’un certain Joseph Rabinowitz, venant de Russie.

Ainsi donc, à notre grande surprise, nous nous trouvions être voisins de celui pour rencontrer qui nous n’aurions pas hésité à traverser l’océan.

Les présentations suivirent bientôt et nous passâmes trois semaines ensemble, dans la communion fraternelle et dans l’étude des choses concernant le Royaume, dont le souvenir ne s’effacera pas de sitôt. "

" A mesure que les jours passaient, que nous causions avec cet Israélite dans lequel il n’y avait point de fraude, et que nous l’entendions faire déborder son cœur dans la prière, il nous semblait que nous n’avions jamais été témoins d’une si grande profondeur d’affection pour Jésus et d’une si grande consécration à Sa personne et à Sa gloire.

Nous n’oublierons jamais le rayonnement de son visage lorsqu’il commentait les psaumes messianiques à nos cultes du matin ou du soir.

Nous n’oublierons jamais, comment, de temps à autre, lorsqu’il recevait la vision, pendant la lecture, du Christ souffrant ou glorifié, il levait soudain les bras et ses yeux au ciel dans un débordement d’admiration en disant comme Thomas au moment de voir la marque des clous :

" Mon Seigneur et mon Dieu ! "

Il était tellement pénétré aussi bien de la lettre que de l’esprit de l’Ecriture juive qu’à l’entendre on eût cru voir Esaïe lui-même ou quelque autre prophète de l’ancienne alliance.

" Que pensez-vous de l’inspiration " lui demandâmes-nous un jour, non sans une certaine curiosité, car cette question était fort débattue à cette époque.

" Je crois ", répondit-il en levant sa Bible, " que ceci est la Parole de Dieu ; l’Esprit de Dieu y demeure. Lorsque je la lis, je dis au peuple : " Gardez le silence, et écoutez ce que Jéhovah veut vous dire. "

Quant à comparer cette inspiration-là avec celle d’un Homère ou d’un Shakespeare, il n’est pas question de degré, mais d’espèce.

L’électricité peut traverser une barre de fer ; mais elle ne parcourra jamais une barre de verre quelle que soit la pureté ou la transparence de celle-ci, car l’électricité n’a aucune affinité avec le verre.

De même l’Esprit de Dieu demeure dans l’Ecriture Sainte, car celle-ci constitue Son moyen de communication, mais il n’est pas dans les écrits d’Homère ou de Shakespeare, car Il n’a aucune affinité avec ces écrits.

" Savez-vous combien de questions et de controverses ont été soulevées par les Juifs à propos de Zacharie, chapitre 12, verset 10 ? " nous demanda-t-il un jour.

" Ils tourneront les regards vers moi, celui qu’ils ont percé. " Ils ne veulent pas admettre que c’est Jéhovah qu’ils ont percé.

D’où la discussion concernant le mot traduit par " celui ".

Ne voyez-vous pas que ce mot est constitué par les premières et dernières lettres de l’alphabet hébreu, Aleph, Tav ?

N’est-il pas dès lors naturel que j’aie été rempli d’émerveillement lorsqu’un jour je lus dans l’Apocalypse, chapitre 1, versets 7 et 8, ces mots de Zacharie cités maintenant par Jean :

" Voici, il vient avec les nuées. Et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ", et plus loin, les paroles du Seigneur glorifié : " Je suis l’Alpha et l’Oméga ".

Jésus semble dire : " Vous reste-t-il désormais un doute concernant celui que vous avez percé ?

Je suis l’Aleph Tav, l’Alpha et l’Oméga, Jéhovah, le Tout Puissant. "

Rien n’était plus saisissant ni plus pathétique que d’entendre ce prophète d’Israël des derniers jours parler de la bénédiction et de la gloire de sa nation une fois que celle-ci aura été ramenée dans la communion et dans la faveur de Dieu.

" Les nations (Gentils) ne peuvent, disait-il, atteindre avant cela la bénédiction qui leur est préparée, et le Messie rejeté et crucifié ne pourra rassasier ses regards à cause du travail de son âme, ni être satisfait avant que ses frères selon la chair ne l’aient reconnu et accepté. "

Finalement, avec un accent de ferveur et un pathétique impossible à décrire, il prononça ces belles paroles :

" Jésus, la tête ou le chef glorifié de l’Eglise, est en ce moment occupé à édifier son Corps.

" Croyez-vous un seul instant que ma nation n’aura aucune place dans ce Corps ?

" Elle aura en fait la dernière place et la plus sacrée.

" Car lorsque du sein des millions de l’Inde ou de la Chine, et des multitudes de l’Afrique et des îles de la mer, le dernier Gentil aura été amené jusque dans le corps de Christ et que ce corps sera complet, alors il restera une petite place pour Israël.

" Ce sera le trou dans Son côté, cette plaie qui ne pourra être fermée que lorsque la nation qui l’aura provoquée sera sauvée. "

Rabinowitz retourna en Russie pour y continuer son ministère, enseignant, prêchant et publiant des milliers de traités dont on emploie le texte encore aujourd’hui.

Franz Delitzch, ce grand théologien allemand, considérait que la conversion de Rabinowitz fut la plus remarquable depuis celle de l’apôtre Paul.

Jacob GARTENHAUS

Difficultés et succès de la mission parmi les Juifs

La conversion de toute âme implique une victoire sur le Royaume de Satan, et ne peut s’opérer sans que les chaînes qui la liaient aient été brisées par l’influence du Saint-Esprit.

Mais les obstacles qui s’opposent à la conversion d’un Juif sont plus nombreux et plus puissants qu’on ne saurait le comprendre, à moins d’avoir été Juif soi-même.

Se convertir c’est, pour un israélite, renoncer à ses parents, à ses amis, à sa femme et à ses enfants.

Si l’on pouvait être témoin de la lutte qui se livre dans un converti lorsqu’il s’arrache aux affections de sa famille, nos cœurs se fondraient certainement de sympathie et de compassion pour ces pauvres gens, forcés de tout sacrifier pour le Seigneur Jésus-Christ.

Nous n’en citerons pour preuve que la lettre suivante qu’Isaac L., occupé dans l’établissement de Londres pour les Juifs convertis, reçut de son père après lui avoir adressé quatre lettres demeurées jusque-là sans réponse.

" Mon très cher et bien-aimé fils Isaac. Je sais tout ce qui en est. Tu as abandonné notre religion juive pour en adopter une autre.

" Oh ! Mon cher fils Isaac ! Isaac ! As-tu oublié qu’il y a 17 ans, tu vivais auprès de nous, et que nous, tes parents, nous t’élevions, que nous t’apprenions à te tirer d’affaire pour toi-même ?

" Et voilà tu nous as abandonnés. Tu nous as quittés et tu as quitté la religion.

" Mon très cher enfant, mon enfant bien-aimé, Isaac ! Rappelle-toi, oui, rappelle-toi quelle cause de soucis tu as été pour ta mère, déjà avant ta naissance.

" Pendant trois ans, elle t’a porté, petit enfant, dans ses bras, pendant deux de ces années elle t’a nourri de son lait, et depuis lors nous t’avons élevé.

" As-tu oublié tout cela ? Il y a quatre ans, quand tu étais si malade, et que je proposai à ta mère de t’envoyer à l’hôpital, te rappelles-tu ce qu’elle répondit ?

" Ma maison et ma vie ne sont pas à moi ; toutes deux sont à mon cher Isaac. Il restera ici, et le médecin viendra le voir chaque jour. "

" N’as-tu pas oublié tout cela ? ne t’es-tu pas détourné de moi, ton père, de ta mère, de tes frères et sœurs, de toute notre famille, et, ce qui est pire, de Dieu ?

" Penses-y, mon fils !

" Ah ! as-tu oublié comment il n’y a que deux ans, pendant que tu étais auprès de nous, nous célébrâmes ensemble notre culte dans la synagogue, le jour de la réconciliation, et comment nous suivîmes les prières du même livre ?

" L’année dernière, la veille du jour de la réconciliation – c’était le jour de ton arrivée à Londres – nous étions assis autour de la table, moi, ta mère, tes frères et tes sœurs ; tout à coup nous nous mimes à pleurer, à nous lamenter et à crier :

" Malheur à nous, car notre cher Isaac n’est pas ici auprès de nous, et nous ne le verrons plus !

" Nos amis et nos voisins se rassemblèrent dans notre maison et cherchèrent à nous consoler, mais ta mère ne voulut pas se laisser consoler.

" C’est à la fête de Purim que nous reçûmes la triste nouvelle que tu étais devenu un Meschummed (apostat maudit).

" Ta mère en devint malade ; moi-même, je tombai sans connaissance sur le sol.

" Tous nos enfants, debout auprès de nous, criaient, pleuraient et se lamentaient.

" Plusieurs personnes accoururent, me relevèrent et me rappelèrent à la vie en me demandant ce qui était arrivé.

" Pense un peu, quelle réponse pouvais-je faire ?

" Ta mère demande à Dieu de bien vouloir mettre un terme à ses jours ; elle voudrait être morte plutôt que continuer à vivre en sachant qu’elle a un Meschummed pour fils.

" Mon cher fils, tout ceci a eu lieu, mais tu as encore le temps de te repentir ; et alors tu seras au moins sauvé dans le monde à venir.

" Voici le conseil que je te donne : reviens à la maison, deviens un Juif fervent ; j’arrangerai les choses pour que tu puisses épouser la fille de tante Rébecca et je te procurerai une position.

" Le préfet dans le bureau duquel tu as travaillé il y a deux ans, m’a promis qu’il te recevrait de nouveau si tu revenais à la maison.

" Il a actuellement une place vacante.

" Pour l’amour de Dieu, cher enfant, n’oublie pas ce que je t’ai écrit. Lis souvent cette lettre et pense aux larmes que nous avons versées à ton sujet, moi, ta mère et toute ta famille, parce que toi, seul de notre maison, tu es devenu un Meschummed.

" Mais il est encore temps. Si tu n’aimes pas à revenir en Russie, écris-nous au moins – prie aussi M. le docteur et rabbin Adler de nous écrire – que tu es redevenu Juif.

" Alors je serai de nouveau ton père, ta mère reviendra ta mère et nous serons tous pour toi ce que nous étions jadis.

" Si tu désires te marier, la fille de ma sœur Rébecca se rendra à Londres, chez le docteur Adler, et tu l’épouseras.

" Tu seras heureux ainsi.

" Mais si tu ne veux pas te repentir, nous ne voulons plus rien avoir à faire avec toi. Nous n’avons besoin ni de ton argent ni de ta photographie ; nous ne voulons plus même penser que nous avons eu un fils qui est devenu Meschummed.

" Nous espérons que, pour l’amour de nos pieux ancêtres, tu ne resteras pas un Meschummed.

" Si tu fais tout ce que je te dis, nous te souhaitons beaucoup de bonheur et Dieu te bénira ; mais si tu ne le fais pas, adieu, adieu ! Je ne suis plus ton père, ta mère, et tu ne peux plus prétendre au titre de Juif. Adieu, adieu, encore une fois, adieu ! "

En voyant le mépris et les persécutions dont ils sont l’objet, il est d’autant plus réjouissant de pouvoir constater, comme le fait le révérend H. A. Stern, missionnaire de la Société de Londres auprès des Juifs, que l’on trouve très peu d’Israélites instruits en Angleterre et en Allemagne qui n’aient lu le Nouveau Testament en tout ou en partie, et n’aient appris à admirer les principes qu’il inculque et la morale qu’il enseigne.

Parmi eux, il en est beaucoup qui se sont fait, d’après cette lecture, une idée du christianisme très différente des notions fausses dont ils sont généralement imbus.

L’opposition qu’ils rencontrent et les injures souvent grossières dont l’Evangile est l’objet, ne retardent point ses progrès, au contraire.

Le Nouveau Testament se vend et se répand de plus en plus, et si l’on est resté au-dessous de la vérité en disant, il y a quelques années, que l’on comptait environ 20.000 Juifs convertis en Angleterre et en Allemagne, ce nombre s’est considérablement accru dès lors.

" Parmi eux, ajoute M. Stern, se trouvent des hommes de grands savoir, de positions élevées et dont l’utilité a une large sphère.

" Souvent on nous demande en raillant où sont nos convertis, riches, influents et distingués par leurs talents.

" Je crois fermement que le pauvre mendiant, qui ramasse avec gratitude les miettes de la table du riche, est bien plus précieux aux yeux du Seigneur que le millionnaire incrédule qui jamais ne ploie les genoux devant Dieu et n’élève son cœur à Lui.

" Toutefois, je n’hésite pas à dire que l’on trouve des chrétiens israélites dans les positions les plus les distinguées. Il y en a dans les conseils des rois, dans les sanctuaires de la science, dans les chambres du commerce, dans l’Eglise et les Universités, et l’on peut dire qu’un grand nombre de ces hommes glorifient l’Evangile de Christ leur Sauveur par une vie en parfaite harmonie avec leur profession chrétienne.

" En Angleterre, où les Juifs sont très riches, très puissants et exercent une immense influence, on trouve dans la Chambre des Communes autant de chrétiens israélites que d’Israélites non croyants, et ceux, en très grand nombre, qui sont placés dans une position plus humble, sont prêts, le plus souvent, à se dépenser et à dépenser leur avoir au service de leur Rédempteur.

Il y a maintenant dans l’Eglise d’Angleterre, une centaine, et dans les églises presbytériennes et indépendantes bon nombre de ministres qui annoncent fidèlement l’Evangile qu’ils méprisaient et haïssaient, il y a 15 ou 20 ans.

Le fait est qu’à très peu d’exception près, les nombreux israélites que j’ai introduits dans l’Eglise de Christ par le baptême combattent sérieusement pour la foi qui a été donnée aux saints. "

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