Préambule

En 1910, André Peyrollaz, soucieux de voir l’Evangile pénétrer le Tibet et sa capitale mystérieuse Lhassa, écrivait cet article : " En Sentinelle " que nous reproduisons ici.

Nous sommes confondus par l’opiniâtreté des missionnaires qui inlassablement, et malgré les résistances de toutes sortes, ont eu à cœur d’atteindre les bastions les plus réfractaires de l’ennemi de nos âmes.

Ne sommes-nous pas nous-mêmes dans nos pays civilisés mais incrédules, face à des murailles d’ignorance et d’obscurantisme !

Que l’exemple de ces missionnaires nous encourage à ne pas baisser les bras et à témoigner de notre foi sachant que notre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.

DEMEYERE

En sentinelle !

Pendant de longues années, de longs siècles même, les portes des empires du monde sont demeurées fermées aux messagers de l’Evangile.

Fidèles aux ordres de leur Maître, ils sont allés partout pour apporter la bonne nouvelle du salut par Jésus-Christ, mais souvent leurs efforts sont demeurés stériles, car les citadelles du paganisme et de l’incrédulité étaient bien gardées.

Et même s’ils avaient donné leur vie, ce que la plupart d’entre eux étaient prêts à faire joyeusement, c’eût été un inutile sacrifice.

Leur sang aurait baigné le seuil de la forteresse, il n’en aurait pas forcé l’accès.

Un grand nombre de nos lecteurs se souviennent encore du temps où le Japon était complètement fermé à la civilisation occidentale, où l’on appelait la Corée la " nation ermite ", où la Chine n’avait ouvert que cinq de ses ports aux Européens, où la puissance alors intangible de l’hindouisme autant que le monde officiel anglais barraient à l’Evangile le chemin de l’Inde, où il était interdit de vendre des Bibles à Rome et où l’Inquisition elle-même n’avait pas encore fermé ses tribunaux espagnols.

Le dix-neuvième siècle a été le siècle de la porte ouverte.

La création de voies de communications nouvelles a facilité les relations entre peuples, et donné le jour à des courants irrésistibles qui parcourent le monde en tous sens et brisent tout devant eux ; et ces courants se sont établis à une heure où une lassitude profonde gagnait partout les nations païennes.

Partout aujourd’hui, comme autrefois à Athènes, on soupire après le " dieu inconnu " qu’annonçait l’apôtre ; et, pour permettre à ce dieu inconnu de se faire connaître, on voit s’ouvrir, en grinçant, les lourdes portes rouillées par des siècles de fermeture, tandis que les hérauts du Christ, qui attendaient cette heure dans le recueillement et dans la prière, s’avancent en rangs serrés, l’Evangile à la main.

Attristés par les ténèbres dans lesquelles ils trouvent les âmes enveloppées, ils sont réjouis aussi par les lumières étincelantes que leurs yeux perçoivent dans ces profondeurs.

Au commencement du dix-neuvième siècle, 6 à 8 sociétés missionnaires seulement étaient à l’œuvre dans les pays païens : à l’entrée du siècle nouveau dont nous venons de saluer l’aurore, il y en avait plus de 500.

Vers l’an 1800, on comptait à peine une centaine de missionnaires en activité : leur effectif s’élève de nos jours au chiffre de 6000, avec un nombre double d’auxiliaires de tous genres, médecins, infirmiers, instituteurs, artisans, etc.….

Alors une Eglise si peu nombreuse qu’il ne valait pas même d’en adresser la statistique ; aujourd’hui plus d’un million et demi de communiants et de trois millions d’adhérents.

Le siècle s’est ouvert avec 40 versions de la Bible accessibles à moins du cinquième des populations de la terre, plusieurs tellement vieillies qu’elles ne pouvaient plus guère être utilisées : ce siècle s’est fermé au bruit de 160 presses qui impriment la Bible en 450 langues différentes, Pentecôte nouvelle pour les quatre cinquièmes du genre humain.

Tous les pays ne sont pas ouverts, cependant, mais leur résistance diminue de jour en jour. Comme les autres, il ne tardera pas à s’avouer vaincu, ce Tibet, le grand pays fermé dont la capitale, Lhassa, la cité mystérieuse, n’a pas encore voulu raconter au monde tous ses secrets.

Le haut plateau du Tibet, d’une superficie égale à peu près à trois fois celle de la France, a été clos de toutes parts par la nature.

Des chaînes de montagnes formidables en interdisent presque complètement l’accès.

C’est tout d’abord au sud, l’arête gigantesque de l’Himalaya qui atteint presque 9000 mètres et va se perdre dans l’immensité des cieux.

A l’est, ce sont les monts Yun-din qui séparent le Tibet de la Chine, tandis qu’au nord la chaîne des Kuen-Lun domine la Mongolie et les déserts immenses du Turkestan.

Les cimes du Karakorum, enfin, font limite du côté du Lahoul, du Pamir et de l’Afghanistan.

Avant de pénétrer dans le Tibet, le voyageur a donc à franchir des cols dont l’altitude dépasse 5000 mètres ; ces cols sont fermés pendant six mois de l’année, et le reste du temps ils sont exposés à d’épouvantables tempêtes de neige.

Il peut chercher aussi à y entrer en remontant le cours des grands fleuves qui, comme le Gange, l’Indus, le Brahmapoutre, le Yan-Tse-Kiang, prennent naissance sur les points les plus élevés du plateau.

Il lui faut alors une dose d’énergie et d’endurance, un mépris du danger dont on a peine à se faire une idée.

Il n’existe, en effet, pas de routes dans ce pays ; à peine quelques mauvais sentiers que suivent péniblement les rares caravanes qui cherchent à passer du Tibet aux Indes, sentiers suspendus parfois au bord de rochers abrupts dont la vue seule donne le vertige, traversant, pour éviter les gorges inaccessibles, des montagnes plus élevées que le mont Blanc, on s’en allant au fond de la vallée franchir le fleuve qui gronde sur un pont en branches entrelacées qui cèdent souvent sous les pas.

Le plateau du Tibet, grâce à son altitude qui varie de 2500 à 5200 mètres, grâce aussi à sa latitude – celle de Lhassa correspondant à celle du Caire – est à la fois très chaud et très froid.

Les variations de température y sont extrêmement brusques, et après une nuit où le thermomètre est descendu à – 30°, il n’est pas rare de pouvoir, le lendemain, travailler au soleil, près de la fenêtre ouverte.

La plus grande partie du Tibet est pierreuse, aride, sans trace de verdure, sauf aux mois d’été où l’on voit les terrains arables recouverts d’une maigre moisson d’orge, la seule céréale qui puisse croître à ces hauteurs.

Le sud du pays, par contre, est plus fertile.

On y trouve beaucoup de forêts, des vergers immenses d’abricotiers dont le fruit séché constitue la base de l’alimentation indigène, tandis que l’huile extrêmement limpide et aromatique que fournit son amande est d’un constant usage pour la cuisine, pour l’éclairage, pour la toilette aussi ; dans ce dernier cas, elle remplace l’eau dont le Tibétain n’aime guère se servir.

Pour autant qu’on a pu en juger jusqu’ici, le sol du Tibet parait riche en produits miniers.

Il doit contenir en particulier de l’or en abondance.

Les indigènes ont dès longtemps recueilli de la poudre d’or dans le sable des rivières, mais il est interdit d’en rechercher et d’en exploiter les gisements.

Le tibétain, de race mongole, quoique plus petit de taille en général que son congénère chinois, est un être doux, pacifique, hospitalier.

Sa demeure est facilement ouverte à l’étranger qui n’y trouve pas à vrai dire un logement princier.

La maison, fort basse, est faite de pierres et de boue desséchée.

Le rez-de-chaussée est occupé tout entier par le bétail, le yak tout d’abord, la bête de somme à moitié domestiquée qui rend dans ce pays des services inappréciables par sa vigueur, par la sûreté de son pied, comme aussi par le lait abondant et particulièrement riche en crème qu’il fournit ; on y trouve aussi le petit cheval asiatique, des moutons en grand nombre et, surtout, la chèvre de race cachemire dont le poil soyeux constitue une source d’importants revenus.

Il faut traverser l’écurie complètement obscure pour monter au logis.

Si l’on veut éviter les coups de cornes ou les coups de pieds des quadrupèdes entassés pêle-mêle, on fera bien de prendre la main qu’offre l’hôte.

Conduit par lui, l’étranger arrive à un petit escalier qui amène à la pièce, en général unique, qui forme l’appartement.

Quelques peaux étendues sur le sol servent de couche.

Dans un coin, la théière bout en permanence sur le foyer, dont la fumée n’a d’autre issue que la porte ou que la petite fenêtre percée presque à ras du sol.

C’est dans cette atmosphère presque irrespirable, qui explique à la fois le teint douteux des habitants en même temps que les maux d’yeux dont ils sont fréquemment atteints, que vivent, au milieu d’une saleté indescriptible, les pauvres Tibétains rongés de vermine.

Ils vous offrent immédiatement ce qu’ils ont de meilleur, des abricots secs, le tsampa, mélange de farine d’orge, de feuilles de thé et de beurre rance, et le thé, assaisonné toujours de sel et de graisse de mouton qui le font ressembler davantage à un bouillon indigeste qu’au breuvage odoriférant que nous aimons à prendre.

On vous sert aussi la bière indigène, boisson très forte dont ces montagnards font un usage immodéré.

De fréquentes épidémies de petite vérole font souvent d’épouvantables ravages au sein de ces populations.

Le malheureux qui en est atteint est immédiatement transporté hors du village, sur quelque éminence exposée au vent et aux intempéries.

On lui donne quelque nourriture et on le laisse seul, pour guérir si le sort lui est propice ou pour mourir.

Puis on se hâte d’entourer le village d’épines, afin d’empêcher les esprits de la maladie d’y revenir.

La pauvreté excessive de ce peuple explique, dans une large mesure, une coutume séculaire que seule la puissance de l’Evangile pourra faire disparaître ; nous voulons parler de la polyandrie.

Afin d’éviter le partage d’un patrimoine déjà fort réduit, les fils de la famille ne fondent jamais chacun leur foyer.

Arrivé à l’âge nubile, l’aîné se cherche une femme qui devient l’épouse de tous ses cadets.

Les enfants sont élevés en commun et n’ont pour leurs parents, ce qui se comprend d’ailleurs, qu’une affection très modérée.

Quant à ceux que le bien familial ne peut plus nourrir, ils deviennent moines ou nonnes.

D’immenses monastères construits un peu partout en abritent des milliers, tandis que d’autres, en nombre plus considérable encore, parcourent le pays pour procéder aux cérémonies religieuses dont ils ont le monopole et pour extorquer au pauvre peuple de l’argent ou de la nourriture en échange de leurs fonctions qui ne sont jamais gratuites.

Ces monastères, ou lamasseries, sont parfois fort riches.

Le produit des offices de tous genres célébrés par le clergé, comme aussi la dot qu’apportent ceux qui désirent avoir un rang élevé dans la hiérarchie, constituent un fonds important qui tient lieu, dans le Tibet, de caisse de prêts publics.

Seul banquier du pays, le moine ou lama pratique l’usure et ne prête guère au-dessous de 2½ % d’intérêt par mois.

Quand le pauvre paysan n’arrive pas à payer, le couvent s’empare de ses biens et de sa personne, et il est telle de ces institutions qui comptent des milliers de serfs dans sa dépendance.

Le bouddhisme tibétain revêt en effet la forme d’une exploitation régulière du peuple par le clergé.

Aucun acte de la vie, aucune opération, si minime qu’elle soit d’ailleurs, ne saurait être accomplie sans la présence de l’un ou l’autre des représentants de la hiérarchie.

Tout au haut de l’échelle vit le grand dalaï-lama de Lhassa, réincarnation de Bouddha lui-même, qui passe sa vie dans un temple immense, souvent assis comme Bouddha sur ses jambes entrecroisées et bénissant, de sa main étendue, les foules qui accourent de tous les coins du pays en pèlerinage vers sa demeure sacrée.

Au centre de ce temple, dont on voit resplendir à des lieux à la ronde les coupoles dorées, une formidable statue du dieu Iamba s’élève à la hauteur d’un troisième étage, tandis que des lamas en robes rouges, jaunes, blanches ou noires, suivant le rang qu’ils occupent, parcourent l’édifice en chantant d’étranges mélopées et en faisant retentir les cymbales et les autres instruments de musique dont ils sont pourvus.

Cent mille lampes allumées dans le sanctuaire, aux jours de grandes fêtes, font étinceler les étoffes princières et les joyaux de prix dont les 400 idoles de la cathédrale tibétaine sont recouvertes.

C’est dans cet édifice aussi que les lamas, déguisés en dragons et autres animaux ou personnages fantastiques, exécutent les grands drames religieux qui font partie du culte de la nation.

Il existe un certain nombre de lamas qui savent lire.

La littérature sacrée du Tibet est, en effet, sinon fort intéressante, du moins fort abondante et ne comprend pas moins de 108 volumes qui comptent ensemble près de 40 000 pages détachées.

Aux jours de fêtes, on distribue ces feuilles volantes aux lamas lecteurs.

Assis sur des tapis, ils se mettent à lire aussi rapidement que possible, n’interrompant leur cantilène monotone que pour boire du thé.

Les plus habiles d’entre eux arrivent à lire une quarantaine de feuillets par jour.

Les lamas ont parfois de vagues notions de médecine : elles constituent pour eux une source importante de revenus, puisqu’ils ont seuls le droit de soigner les malades.

La plupart, cependant, sont d’une ignorance qui n’a d’égale que leur dévergondage et leur immoralité.

Les murs blanchis à la chaux des couvents tibétains sont constellés d’images et d’inscriptions obscènes.

Le peuple tibétain, malgré ses vices, est foncièrement religieux, et quand l’Evangile aura pu l’atteindre, il ne sera pas un des derniers du royaume.

Le poids très lourd que fait reposer sur lui le lamaïsme ne l’empêche pas de pratiquer régulièrement les coutumes religieuses qui lui sont connues, et d’avoir en particulier une foi implicite en la prière.

Il n’est certainement pas de pays où l’on prie davantage qu’au Tibet.

Ce n’est pas sans doute la prière telle que nous l’entendons, puisque d’une manière générale elle consiste avant tout dans la répétition incessante d’une antique formule sanscrite dont le peuple ignore même le sens.

Aux carrefours des chemins, sur le col des montagnes, le voyageur ne manque jamais de trouver des pyramides de pierres appelées obos, au sommet desquelles chaque passant plante une branche sèche, une lance, une corne d’animal, un bâton auxquels il a préalablement attaché un morceau d’étoffe sur lequel est inscrite la parole magique : " Om mani pad-me hum " (" O Dieu ! Le joyau de la fleur de lotus, amen ! ")

" Om mani pad-me hum ! "

C’est le premier refrain que répète l’enfance, c’est la requête que murmure le voyageur qui parcourt les solitude s immenses de la plaine ou de la montagne, c’est le chant du pâtre gardant ses troupeaux, c’est aussi ce que dit la femme qui pétrit son tsampa, c’est la parole suprême du moribond !

" Om mani pad-me hum ! "

Des centaines de lamas sculpteurs, entretenus par de riches et pieux bouddhistes, n’ont pas d’autre occupation que de s’en aller à travers le pays, ciseau en main, confiant partout à la pierre la prière adressée à Bouddha.

" Om mani pad-me hum ! "

Les syllabes sacrées tournent et retournent avec des milliers et des milliers de petites roues, les " moulins à prières ", actionnés par la main ou placés plus généralement encore sur le cours des ruisseaux innombrables qui sillonnent ce haut plateau, tel monastère se vantant d’avoir dans son enceinte une roue merveilleuse qui récite d’un seul tour plus de 20 000 manis à Bouddha.

Quelque bizarre et peu spirituelle que soit cette coutume, elle n’en traduit pas moins un besoin profond de l’âme tibétaine, et quand l’Esprit de vie aura passé sur ces ossements desséchés et que les manis ne seront plus qu’un souvenir, des multitudes élèveront leurs regards par-delà les cimes étincelantes de glace et de neige et rediront avec conviction la prière enseignée par Jésus : " Notre Père qui es aux cieux ! "

Ce ne sont pas, cependant, les montagnes seules qui ont fermé jusqu’ici la porte du Tibet.

Si les indigènes parviennent à les franchir, il est évident que d’autres auraient dès longtemps trouvé le chemin de Lhassa.

Mais la Chine, qui ne tient pas à avoir trop près d’elle les Anglais, propriétaires de l’Inde, ou les russes, qui ont de tout temps cherché à s’étendre vers l’Orient, a interdit l’accès de ce pays pour se tenir à l’écart de ces dangereux voisins.

Jusqu’en 1717, le Tibet formait un royaume indépendant, gouverné par des souverains héréditaires.

Une révolution de palais qui éclata à cette date amena le meurtre du roi, les conspirateurs ayant eu soin de se mettre préalablement sous la protection de la Chine.

Pour que la protection fût efficace, le gouvernement de Pékin a entretenu dès lors deux ministres d’état au Tibet, l’un à Lhassa, l’autre à Shigatsé.

Entourés de tout un état-major de fonctionnaires, ils sont en réalité les vrais souverains du pays.

Le conseil de lamas qui a remplacé le gouvernement royal n’a que l’ombre du pouvoir.

Quant au dalaï-lama, il est un peu comme le pape de Rome, et n’a qu’une autorité spirituelle.

Son élection ne saurait avoir lieu sans l’autorisation du gouvernement de Pékin, qui veille toujours à ce qu’il soit jeune et à ce que ses fonctions ne durent pas trop longtemps, pour l’empêcher de devenir trop populaire ou d’aspirer à étendre un jour ou l’autre ses attributions.

A plus d’une reprise, des explorateurs ont essayé de pénétrer dans la terre défendue.

Au dix-huitième siècle, le voyageur Van de Putte réussit à passer de l’Inde en Chine en traversant Lhassa.

C’est le seul européen qui soit jamais parvenu à accomplir cet exploit, bien que plusieurs autres aient essayé dès lors de le renouveler.

On ne connaît pas cependant les détails de cette intéressante entreprise, car Van de Putte fit brûler, avant de mourir, ses révélations qu’il n’avait pas eu le temps de mettre au net.

En 1811, l’anglais Manning arriva jusqu’à Lhassa, où il eut même l’occasion de voir le dalaï-lama, " un joyeux enfant de sept ans, " mais il dut s’enfuir précipitamment pour sauver sa vie.

En 1871, le voyageur russe Préjévalski fut renvoyé dans son pays après être arrivé à 500 kilomètres environ de la ville mystérieuse.

Quelques années plus tard, un officier hindou, au service de l’Angleterre, Sarat Chamdra Das, déguisé en moine tibétain, parvint encore à approcher le dalaï-lama qui avait alors huit ans. Il a fait à la société royale de géographie d’Angleterre un récit très documenté de son expédition ; il n’a pas lui non plus dépassé Lhassa.

Il fut mentionné enfin, le grand voyage fait au Tibet en 1889 par Bonvalot, accompagné du prince Henri d’Orléans : les portes de la capitale lui furent fermées.

Tout récemment, cependant, on s’en souvient encore, l’Angleterre a profité des embarras de sa rivale russe en Asie, pour envoyer une expédition militaire jusqu’à la ville sainte.

Un prochain avenir nous indiquera sans doute la signification de ce voyage à Lhassa.

Il est presque superflu d’ajouter que les missionnaires n’ont pas été les derniers à essayer de franchir les passes tibétaines.

Les catholiques ont souvent voulu s’établir sur le haut plateau asiatique, sans succès d’ailleurs.

Ils occupent à l’heure actuelle un certain nombre de postes d’attente à la frontière chinoise et dans le Lahoul.

Du côté protestant, c’est aux Moraves que revient l’honneur de la première tentative.

En 1853, les frères Pagell et Heyde quittaient Herrnhut avec l’espoir de traverser le Tibet, en passant par l’Inde, pour aller s’établir en Mongolie.

Ils franchirent à différentes reprises les cols élevés de l’Himalaya, mais furent chaque fois refoulés par les émissaires du gouvernement de Lhassa.

Renonçant à leur entreprise de mission mongole, ils comprirent que Dieu avait en réserve une autre tâche pour eux, celle d’apporter l’Evangile au grand pays fermé.

Ils se mirent dans ce but à travailler au sein des tribus tibétaines de la frontière, et fondèrent les stations de Kyelang, Leh et Poo dans le Lahoul et dans le Ladak.

C’est une œuvre admirable qu’ils ont entreprise chez ces peuplades des hautes vallées de l’Himalaya.

Les difficultés extraordinaires qu’ils ont rencontrées, nature sauvage et rude, lamas hostiles et population apathique n’ont jamais eu raison de leur foi joyeuse et de leur indomptable énergie.

Pagell et sa femme sont morts en 1883 à Poo, à douze jours l’un de l’autre, après trente années d’incessant labeur, tandis que le missionnaire Heyde et sa compagne, qui vivent encore dans la paisible retraite d’Herrnhut, sont demeurés un demi-siècle à Kyelang, sans jamais revenir au pays.

Ils ont semé, semé encore, souvent avec larmes, mais, après ces cinquante années de rude labeur, il ne leur a pas été donné de voir encore l’heure de la moisson.

Il existe aujourd’hui soit à la frontière de l’Inde, soit à celle de Chine, d’autres stations occupées par des ouvriers de la Société Missionnaire de Londres (London Missionnary Society), de la mission de l’Alliance scandinave (American Scandinavian Alliance Mission), de la Mission de l’Eglise d’Ecosse (Church of Scotland Mission) et de la Mission intérieure de la Chine (China Inland Mission).

Ce sont les sentinelles du Maître : elles attendent qu’il leur donne l’ordre d’avancer !

- " Sentinelle, s’écriait jadis le prophète, que dis-tu de la nuit ? "

- " Que dites-vous de la nuit tibétaine, sentinelles de Jésus-Christ ? "

- " Dans le vaste pays que nous contemplons du haut de nos montagnes, la nuit est profonde encore, mais des lueurs paraissent cependant à l’horizon, qui font pressentir l’aube.

Déjà les peuples de la frontière se montrent moins réfractaires à la prédication de l’Evangile, déjà par-ci par-là quelques âmes se convertissent et se donnent joyeusement au Maître, déjà le Livre de vie, acheté par les marchands qui passent, pénètre dans le pays et y fait son œuvre, déjà le peuple est las des lamas, las du bouddhisme qui déprime et anéantit…

L’horizon lointain blanchit, blanchit toujours davantage.

Le grand jour de Jésus-Christ ne tardera pas à venir. "

Peyrollaz

41 - En sentinelle

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42 - Sérénité

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52 - Poésies - Cantiques 2

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53 - Histoire d'un cantique

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60 - Etudes sur la cène

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