La jeune idiote

Depuis bien des années, il existe à Londres un Comité de dames qui a pris le nom gracieux de Mission florale

Les membres de ce Comité visitent les hôpitaux ou infirmeries, et offrent à chaque malade un bouquet de primevères, de violettes ou de roses, suivant la saison.

A ce bouquet est attaché une bande de papier sur laquelle est écrit un verset de l’Ecriture sainte.

On ne saurait croire quel plaisir font aux pauvres malades la vue et le parfum des fleurs et aussi l’encouragement, la consolation que leur apportent le plus souvent les paroles du Livre divin.

Deux dames, membre du Comité floral, faisaient un jour leur tournée dans l’infirmerie d’un grand dépôt de mendicité.

Après avoir parcouru plusieurs salles, elles en remarquèrent une où l’infirmière qui les accompagnait ne les engageait pas à entrer.

- N’y-a-t-il personne dans cette salle ? demanda l’une des visiteuses.

- Pardon, madame, répondit la garde ; mais il n’y a que des idiotes qui ne feraient pas même attention à vous. Cependant, si vous le désirez, vous pouvez entrer ; rien n’empêche. Les pauvres créatures sont tout à fait inoffensives.

Après quelque hésitation, les dames entrèrent, espérant que leurs bouquets pourraient au moins procurer un moment de distraction à quelques-unes de ces malheureuses.

Inutile de dire combien le spectacle qu’offrait la salle était navrant. L’une des idiotes attira particulièrement l’attention des dames visiteuses et excita leur pitié.

Elle était toute jeune, presque une enfant, et quoique son visage fût dénué d’expression, il conservait pourtant quelque chose de gracieux et de sympathique.

Questionnée à son sujet par les membres du Comité floral, l’infirmière leur raconta volontiers ce qu’elle savait de sa triste histoire.

Jusqu’à l’âge de douze ans, la jeune fille avait été élevée à la campagne par sa grand-mère, femme très respectable ; mais il y a juste deux ans, sa mère l’avait appelée auprès d’elle à Londres.

Vicieuse et alcoolique, cette mère dénaturée avait martyrisé son enfant.

Elle la frappait brutalement sur la tête, et ces coups répétavaient tellement affecté son cerveau qu’elle avait complètement perdu la raison.

Les dames s’approchèrent de la jeune fille et lui parlèrent amicalement ; mais en réponse à leurs avances, elles n’obtinrent qu’un vague regard et que quelques mots incohérents.

Cependant à la vue des fleurs, la jeune idiote se prit à sourire.

Un des dames lui tendit alors le plus joli de ses bouquets, et, pour se conformer au règlement de la mission, bien plus que dans l’espoir qu’elle serait entendue, elle lut le texte attaché au bouquet.

C’était le vingt-neuvième verset de l’Evangile selon saint Jean : " Voici l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. "

Au même instant, une lueur étrange, un rayon d’intelligence illumina le visage de la pauvre enfant.

- Comprenez-vous ces paroles, chère petite ?

- Oh ! oui, oui, répondit-elle. Puis, elle répéta à plusieurs reprises, avec une ferveur extraordinaire :

- J’ai été lavée dans le sang de l’Agneau ! J’ai été lavée dans le sang de l’Agneau ! J’ai été lavée dans le sang de l’Agneau !...

Rien ne saurait rendre le pathétique de cette petite scène.

Les yeux des visiteuses étaient remplis de larmes.

Assurément ce jeune cœur avait senti l’amour de Jésus, et il l’avait senti si profondément que le souvenir de cet amour, brusquement évoqué, avait pour un moment triomphé de la raison éteinte.

Bientôt les dames se retirèrent, attristées à la pensée que la jeune idiote ne chanterait jamais les louanges de Jésus ici-bas, mais se réjouissant dans l’espérance que sa voix se joindrait là-haut au chœur de la multitude innombrable des rachetés pour bénir Celui qui l’avait lavée de ses péchés par son sang.

Oh ! L’amour de Jésus ! Qui dira sa puissance ?

Publions-le, redisons-le, parlons-en surtout aux enfants !

Ne nous laissons point arrêter par la crainte qu’ils ne soient trop jeunes, trop ignorants, trop simples d’esprit pour le comprendre.

Répétons-leur que Jésus est venu au monde pour les sauver, qu’Il aime les enfants, que son plus ardent désir est de les réunir auprès de lui dans son royaume.

Oui, répétons-leur ces vieilles vérités, toujours nouvelles, et quand même la bonne semence devrait sommeiller en terre pendant de longues années, ne désespérons pas qu’un jour elle ne germe, croisse et porte des fruits, à la gloire du Rédempteur.

A. L. B.

Vingt-quatre sous par jour

Frédéric le Sage, roi de Prusse, se promenait un matin aux environs de son château de Postsdam, en costume de bourgeois, lorsqu’il entendit chanter gaiement.

Curieux de voir le chanteur, il tourna la tête et aperçut, au bord de la route, un paysan qui labourait.

" Je vous félicite d’être si gai de si bonne heure, mon ami, lui dit-il ; vos affaires sont en pleine prospérité, j’imagine, et ce champ vous appartient ?

- Non, monsieur, répondit le paysan, je ne suis qu’un pauvre journalier et ne possède point de terre.

- Et combien gagnez-vous par jour ?

- Douze groschen (environ vingt-quatre sous), pour vous servir.

- Et vous parvenez à vivre avec si peu ! dit le roi.

- A vivre, je crois bien, et même à en avoir de reste.

- Comment faites-vous votre compte ?

- Voici ; trois groschen sont pour ma femme et moi ; trois autres servent à payer de vieilles dettes ; j’en prête trois, et les trois derniers je les donne pour l’amour de Dieu.

- Vous parlez par énigmes, fit le monarque en souriant.

- Ce n’est pas bien difficile à comprendre, reprit le paysan en souriant à son tour ; j’ai à la maison ma vieille mère et le père de ma femme qui se sont donné bien du mal quand nous étions petits ; maintenant c’est à moi de les faire vivre ; c’est ainsi que je paye mes vieilles dettes.

J’ai des enfants, que j’envoie dans une bonne école, et ils me coûtent trois autres groschen ; c’est ce que j’appelle prêté.

J’ai enfin deux sœurs infirmes que j’entretiens avec les trois groschens restants, que je donne ainsi pour l’amour de Dieu.

" Votre philosophie me plait, brave homme, dit le roi. Mais comment vous appelez-vous ?

- Carl, pour vous servir.

- Eh bien, Carl, regardez-moi ; mon visage vous est-il connu ?

- Pas du tout, répondit le paysan.

- Eh bien ! Dans moins de cinq minutes vous m’aurez vu cinquante fois, et vous emporterez cinquante reproductions de mon visage ! "

Sur quoi, tirant une poignée d’or de sa poche, le roi en compta cinquante pièces dans la main du pauvre homme.

Et comme celui-ci ouvrait des yeux stupéfaits :

" Soyez tranquille, dit le prince, elles sont de bon aloi. C’est Dieu qui vous les donne, car elles sont à Lui, comme toutes choses, et je ne suis, moi, qu’un de ses trésoriers. "

(Le bon almanach)

On ne croit plus au père Noël

- Pardon monsieur ! Acceptez-vous un Evangile ?

- Non merci, monsieur ! Vos histoires de Bon Dieu c’est bien joli, mais voyez-vous, on ne croit plus au Père Noël !

- Ah ! Vous n’y croyez plus au Père Noël ? Tiens ! C’est étonnant. Comment se fait-il alors que vous croyez à tant d’absurdités bien plus grandes que celles-là ?

- Comment donc ?

- Eh oui ! Vous croyez à toutes sortes de superstitions et d’histoires fantasques qui ne reposent sur aucun fondement.

- Ah ! Monsieur, vous exagérez !

- Non, point, voyez plutôt :

Vendredi est pour vous un jour maudit, surtout si c’est un 13. Vous invitez un convive ennuyeux plutôt que de vous trouver treize à table.

Vous croyez à la vertu d’une mascotte et vous ne vous mettriez pas en voyage sans elle.

Vous consultez chaque semaine l’horoscope pour savoir ce qui risque de vous arriver.

Vous redoutez un malheur si un chat noir traverse la route devant vos pieds.

Vous préférez ne pas allumer trois cigarettes avec la même allumette.

Vous vous hâtez de toucher du bois lorsque vous vous vantez de ce qu’une chose ne vous est jamais arrivée.

Vous croyez que c’est attirer la mort sur un malade que de lui parler depuis le pied de son lit.

Vous accordez votre confiance, spontanément et sans contrôle, à des théories souvent invraisemblables et contradictoires.

Vous ne croyez pas en Dieu, bien entendu, ce qui ne vous empêche pas de vous écrier dans vos chagrins et vos contrariétés : Mon Dieu ! Mon Dieu !

Est-ce vrai tout cela ?

Comment se fait-il que vous puissiez ajouter foi à toutes ces fadaises et que vous vous refusiez à croire en Dieu ?

En Dieu le grand principe créateur qui donne des preuves de Son existence et de Sa puissance.

En ce Dieu-là vous n’y croyez pas, mais vous croyez aveuglément en un dieu Hasard qui vous sera peut-être favorable un jour.

Soyez franc et reconnaissez que ce qui vous empêche de croire en Dieu, ce n’est pas le surnaturel chrétien, ni les miracles, ni le mauvais exemple des soi-disant chrétiens.

L’obstacle, c’est la peur de rencontrer Dieu.

Avouez-le, si vous trouviez Dieu, vous en seriez gêné, épouvanté.

Et pourquoi ?

Parce que vous avez conscience que Dieu est saint et que vous êtes pécheur.

La justice exige que vous soyez puni. L’adversaire de votre foi c’est le péché.

Ami lecteur ! si vous acceptez cela, vous êtes bien près de la Lumière.

Car si vous êtes un bien grand pécheur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, est un très grand Sauveur.

N’a-t-Il pas donné Sa vie pour vous racheter !

Et c’est là tout l’Evangile glorieux et positif, résumé dans ce texte lapidaire des Saintes Ecritures :

" Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui, ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle " (Evangile selon saint Jean, chapitre 3, verset 16).

Cette certitude ne vaut-elle pas cent fois vos superstitions ?

Pourquoi ne l’accepteriez-vous pas maintenant ?

Editions des Groupes Missionnaires

Je suis un gars du Nord

Je vais vous dire comment c’est que je suis devenu chrétien...

C’était il y a dix ans.

J’habitais avec ma femme et mes mômes la rue Gentil, vous savez là-bas où c’est que vous m’avez dit tout à l’heure que vous avez visité le Foyer.

Ah ! Ce Foyer !

J’étais malheureux en ménage ; le cafard m’avait pris.

Alors j’avais décidé de me ficher au canal.

J’ai demandé une perme à l’usine. J’ai quitté le boulot à 5 heures du soir – on était en décembre – et je suis rentré chez moi.

J’ai griffonné quelque chose sur la table pour ma femme, à la cuisine, et me voilà dehors.

Y avait loin jusqu’au canal. J’ai pris le tram. L’affaire de vingt minutes.

J’étais bien décidé, vous savez.

Ça ne pouvait plus continuer.

Voilà qu’à l’arrêt suivant, monte un homme comme y en a pas beaucoup, vous savez.

Il s’est assis juste en face de moi, là, sur la banquette.

Grand, âgé, voûté, une moustache de général de la guerre de 14, une cape un peu verdâtre sur ses épaules, un front de saint François d’Assise, et des yeux bons, bons...

Un quart d’heure il m’a regardé, là, simplement.

Impossible de soutenir ce regard.

Ça pleuvait sur moi comme une lumière douce, douce et pénétrante.

Rien que ça, sans un mot, je vous le jure.

Un regard. Tenez, je me rappelle que son chapeau noir était à l’envers, le nœud devant.

Mais ça ne fait rien ; j’étais drôlement tourmenté.

Tout à coup, on a dit : " Terminus "… alors, vous ne descendez pas ? Mais descendez… "

Je suis sorti dans la pluie et la nuit. L’homme avait disparu.

J’ai marché, marché comme un fou, courbé en deux et brassant la boue.

J’avais l’impression que ce regard d’homme me courait après.

Là, dans les champs de betteraves, une église comme une ombre froide !

Ça a été plus fort que moi.

Je suis entré. A peine dedans, que j’étais effondré sur les dalles au pied d’une colonne.

Je pleurais. Je pleurais devant la lumière de ce regard bleu, le regard doux de cet homme inconnu.

Le canal, y m’a pas vu, parce que je suis rentré, avant ma femme heureusement.

J’ai brulé le papier, et puis je l’ai bouclée, je veux dire que je n’ai plus rien dit.

Ma femme m’a trouvé couché.

Mais cette nuit, mon pauvre monsieur, je m’en souviendrai longtemps.

J’essayais de dormir dans la nuit, mais pas moyen ! Ce regard de lumière me poursuivait.

Alors j’ai cherché l’homme. Je l’ai cherché huit jours.

Une nuit, la grande lumière de ces deux yeux – je ne pourrais pas vous dire comment – s’est accrochée au mur au-dessus du lit.

Et voilà que j’ai vu comme une croix lumineuse.

Ça n’a pas duré longtemps ; non, mais c’était là, et j’ai pleuré de nouveau.

Je cherchais l’homme.

Je disais : " Vous n’avez pas vu cet homme grand avec une cape et des moustaches grises ? "

On me répondait : Non.

Un jour je l’ai rencontré.

C’était un lundi soir dans la rue Pierre Bonté.

Oui, c’était lui.

Sous la pluie, à huit heures du soir. Avec de grands gestes de ses bras en croix, il invitait les passants à entrer dans une cour.

Au fond de la cour – c’était son Foyer, je le connais maintenant – on pénétrait dans une grande salle éclairée.

Encore de la lumière ! Je suis entré. Je me suis blotti, là, au fond, du côté gauche.

Ah ! Mon Dieu ! Des chants, des chants, et puis l’homme qui est monté sur l’estrade.

Mon regard, pour le coup, s’est accroché à son visage.

Il parlait, il lisait l’Evangile, il expliquait.

C’est tout pour moi, tout pour les candidats au suicide comme moi.

J’ai encore pleuré, pleuré, puis j’ai ri.

Oui, j’ai ri, parce que cette lumière, maintenant, je la sentais en moi comme un volume de joie dorée et chaude.

Après la réunion, j’ai foncé sur lui, le pasteur.

Il m’a regardé. J’ai tout raconté.

Alors il m’a dit comme ça, tout simplement : " oui, je priais pour vous dans le tram, je priais pour vous. "

Voilà, monsieur, comment je suis devenu chrétien.

Je certifie ici, moi qui écris ces lignes, que ce gars du Nord m’a tenu ce langage à Paris, dans ce 15ème arrondissement, à un cinquième étage, alors que je faisais du colportage de porte à porte un dimanche après-midi.

Ceux du Nord auront tôt fait de deviner de quel très aimé pasteur il s’agit.

Ouvrir sur le monde par nos deux yeux purifiés et notre cœur lavé, les vannes de la lumière de l’amour de Dieu.

A. BREMOND (Le Nord Protestant)

Les chanteurs éthiopiens

Une bande d’artistes ambulants, aux figures noircies, aux costumes étranges, avait pris le nom de chanteurs éthiopiens, et parcourait les rues d’une petite ville où leurs chansons, leurs cris, leurs gestes, groupaient autour d’eux de nombreux spectateurs.

Ils venaient de terminer une représentation sur une petite place, et l’un d’eux, un grand et beau jeune homme, dont la physionomie contrastait vivement avec sa position actuelle, s’était détaché du groupe, le tambour de basque à la main, pour faire la quête.

Un négociant, qui se tenait sur le seuil de son magasin, tira un livre de sa vitrine en disant au quêteur : " Voici un franc et ce livre par-dessus le marché, si vous consentez à en lire une page devant vos camarades et le public. "

C’est bien facile, répondit en riant le chanteur.

Attention ! La séance va commencer ! "

Il prit le livre et lut à la page où on lui avait ouvert le volume : " Jésus lui dit : Un homme avait deux fils ; le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi ma part du bien qui m’appartient. Et il lui partagea ses biens. "

Il y avait dans l’étrangeté de la situation, ainsi que dans la voix du chanteur, devenu tout à coup sérieux, quelque chose qui fit faire silence à la foule.

Il continua :

" Et peu de jours après, quand le plus jeune fils eut tout ramassé, il s’en alla dehors dans un pays éloigné ; et là, il dissipa son bien en vivant dans la débauche. "

" C’est comme toi, Jacques, lui souffla un de ses camarades ; c’est juste ce que tu m’as raconté de toi et de ton père. "

Le lecteur reprit : " Et après qu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là ; et il commença à se trouver dans le besoin. "

" Te voilà encore, reprit la même voix ; continue… "

" Alors il s’en alla, poursuivit le lecteur, et se mit au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des caroubes que les pourceaux mangeaient, mais personne ne lui en donnait. "

" Voilà comme nous sommes tous, interrompit encore le même personnage ; nous sommes tous des mendiants, tandis que nous pourrions être plus heureux que nous ne sommes. Lis plus loin pour voir ce qui arrivera."

Le jeune homme continua, mais sa voix tremblait :

" Alors, étant rentré en lui-même, il dit : Combien y-a-t-il de domestiques dans la maison de mon père qui ont du pain en abondance, et moi, je meurs de faim. Je me lèverai et je m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché. " (Evangile de Luc, chapitre 15, versets 11 à 18).

Arrivé à ces paroles, les larmes étouffèrent sa voix.

Tous les assistants paraissaient impressionnés.

Pour lui, il pensait à son père, à sa mère, qu’il avait quittée, à l’affection qu’on lui témoignait quand il était encore dans la maison paternelle.

Il comparait cela avec sa misère présente, ses compagnons de vice, ses fautes, son genre de vie dégradé…

Ce récit de l’Evangile lui montrait à la fois sa misère et le moyen d’en sortir.

Ce fut pour lui l’heure décisive.

La lecture était interrompue.

Le jeune homme était entré dans le magasin et causait avec le marchand, qui s’offrit à prévenir ses parents.

La réponse ne se fit pas attendre.

Quelques jours après, ce fils bien-aimé, perdu depuis longtemps, rentrait à la maison.

Il put se convaincre là que son père l’aimait encore, qu’il l’avait toujours aimé, même dans les moments où lui-même se montrait le plus indigne de cet amour, et, en réfléchissant à cette tendre affection qui l’avait suivi au travers de tous ces égarements, il fut amené à penser à l’amour infini de Dieu.

Il comprit que si son père l’aimait et l’accueillait malgré ses fautes, il était aussi aimé et serait aussi accueilli par le " Père qui est aux cieux ".

Et il en fit aussi l’heureuse expérience.

Le bon almanach

L’amour d'une femme

Parmi les récits de l’évangéliste Hadley, nous en trouvons plus d’un qui nous donne la preuve d’un amour que rien ne décourage.

Je voudrais, dit-il, rendre hautement témoignage à la fidélité dont une mère ou une épouse peut faire preuve quand son mari ou son fils est tombé dans la dernière dégradation et devenu une vraie brute.

J’en ai vu plusieurs cas bien remarquables ; en voici un entre beaucoup d’autres.

Il s’agit d’un homme qui avait reçu la meilleure éducation et qui avait fait d’excellentes études.

Il épousa une jeune personne d’une grande beauté et d’une exquise distinction. Leur début dans la vie fut heureux.

Il était imprimeur de talent, et ils se créèrent un charmant intérieur.

Mais la boisson s’empara de cet homme et en fit sa victime.

Femme, enfants, foyer furent sacrifiés. Jacques devint un parfait ivrogne.

Comment se fait-il que les ivrognes se trouvent si souvent dotés des plus délicieuses épouses ?

Combien ce cas est fréquent !

Jacques vint s’établir à New-York, mais le meilleur de son temps se passait dans les cafés, et, bientôt, il n’en sortit presque plus.

Sa femme dut finalement le quitter, et, avec ses enfants, retourner auprès de son père.

Oublia-t-elle son mari, l’abandonna-t-elle ?

Oh ! Nullement !

Elle écrivait pour avoir de ses nouvelles, et on lui répondait qu’il allait toujours en empirant, esclave de sa passion.

Dans une querelle de buveurs, il fut blessé entre les yeux et, comme il était saturé d’alcool, la blessure s’envenima ; il en fut tout défiguré.

Sa femme, informée de son état, obtint, par le moyen de ses amis, qu’il fût reçu à l’hôpital de la Trinité et qu’on eût soin de lui.

Dès qu’il fut guéri, il recommença ses débauches et, de nouveau, il eut bientôt le visage abîmé par quelque heurt.

La brave épouse se décida, alors, à le venir voir et lui écrivit pour lui donner rendez-vous.

Elle devait arriver un dimanche matin, en plein mois d’août, par les grandes chaleurs.

La tête entourée de bandages, le front, les joues, le nez, tout le visage rempli d’emplâtres, sans chemise ni veston, enveloppé dans une toile qui lui servait de vêtement, le pantalon déchiré, largement ouvert ici et là, les orteils sortant de chaussures en ruine, malpropre, affamé, misérable, le malheureux mari s’en alla à la rencontre de sa femme, car, dans son épouvantable débauche, il l’aimait encore.

Le plus méprisable ivrogne est capable, sachez-le, d’aimer passionnément.

Que de fois n’ai-je pas vu un de ces piliers de cabarets sangloter amèrement à la pensée de sa femme et de ses enfants dont sa dégradation le séparait.

Jacques savait que, par ce beau matin de dimanche, le bateau qui amenait sa femme serait couvert de gens de sa connaissance, gens de la meilleure société, mais il ne pouvait résister au désir de revoir celle qui venait à lui avec une si tendre affection.

N’osant se montrer, il se tint caché parmi les ballots de marchandises qui encombraient le quai et, de là, il surveilla l’arrivée du superbe steamer qui avançait majestueux, chargé de passagers en brillantes toilettes.

Malgré son accoutrement, les yeux de sa pauvre femme, qui le cherchaient partout, eurent bientôt découvert la tête emmaillotée qui la guettait de sa cachette ; aussitôt, elle franchit la passerelle en courant et se précipita sur lui.

" Oh ! Jacques ! " s’écria-t-elle en se jetant à son cou.

Malgré la mise élégante et les regards de leurs amis, témoins de ce spectacle qui eût fait pleurer les anges, elle prit le bras de son mari et s’en alla avec lui.

Pauvre Jacques ! Il aurait voulu disparaître sous terre pour échapper à tous les regards ; il souffrait cruellement de l’humiliation qu’il infligeait à sa compagne.

Elle resta deux ou trois jours, mais ne put lui faire aucun bien.

Tout ce qu’elle lui donnait, il le portait au démon qui l’avait réduit à une si hideuse servitude.

Elle dût s’en retourner, désespérée, mais n’en continua pas moins à lui faire parvenir des témoignages de sa sollicitude, et à intercéder auprès de Dieu pour la délivrance du malheureux esclave de la boisson.

Au début de l’hiver, trois mois environ après cette visite, Jacques vint un jour nous voir.

Tout son corps frissonnait ; il était trempé jusqu’à la peau et ses chaussures étaient remplies de glace.

Il entendit parler du Sauveur, il apprit à le connaître.

La repentance et la foi pénétrèrent dans son cœur ; il devint une nouvelle créature.

Il y a seize ans de cela.

Depuis lors, cet homme est libre et heureux, travaillant à relever des buveurs et des impurs.

Il a amené un grand nombre d’hommes à la connaissance du Sauveur ; parmi ceux-ci, plusieurs sont devenus des ouvriers distingués dans ce même travail, conduisant, à leur tour, bien des âmes au Maître qui, après les avoir libérés, les a pris à son service.

A. BROCHER

Jamais plus !...

Un certain homme se convertit.

Il aimait son Sauveur, mais il ne connaissait pas très bien la Parole de Dieu et ne se rendait pas encore compte du fait que parmi ses fréquentations sociales, il en était certaines qui lui fussent désormais interdites.

Quelques semaines après avoir donné son cœur au Seigneur, il accepta, selon son habitude, une invitation à une soirée très mondaine et de caractère douteux.

A son arrivée, un de ses co-invités l’accueillit par ces paroles : " Je suis si heureux de vous voir et de savoir que ce n’est pas vrai. "

" Je vous demande pardon ", répondit notre homme, " mais je ne comprends pas très bien ce que vous dites. "

" Hé, hé ! ", dit l’autre, " nous avions entendu des rumeurs selon lesquelles vous vous étiez converti il y a quelques semaines. Je suis heureux de vous voir ici et de savoir qu’il n’en est rien. "

" Mais, c’est tout à fait vrai ! " répondit le chrétien, ahuri.

Puis après une seconde d’hésitation, il reprit : " Je m’aperçois qu’à votre avis cette maison n’est pas de celles où il est permis à un chrétien de demeurer. Vous avez raison ! Jamais plus vous ne me verrez à une telle réunion. "

Et, faisant ses adieux au maître et à la maîtresse de céans, il s’en fut.

" Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles. " (2 Corinthiens, chapitre 5, verset 17).

Avec ou sans béquilles

Un vieillard de quatre-vingt-huit ans fit la connaissance d’un homme qui, dans la force de l’âge, marchait avec des béquilles.

" Mon cher, dit-il, que tu dois être malheureux, si jeune encore, de devoir marcher ainsi !

- Et pourtant, il se peut que je sois encore plus heureux que vous, répliqua l’estropié. Avez-vous remercié Dieu de ce qu’Il vous a donné de bonnes jambes, comme moi je le remercie pour mes deux béquilles ?

- Quoi, remercier Dieu de vos béquilles ? Explique-toi mon ami ?

- Bien volontiers, il m’est toujours agréable de raconter ce que Dieu a fait pour moi. Sachez que j’étais un jeune homme robuste, mais j’employais mes forces au service de Satan.

J’étais le premier pour toutes les parties de lutte.

Mais quand Dieu vit que j’allais à ma ruine morale, ce qu’il ne voulait pas, il me coucha sur un lit, frappé d’apoplexie.

Et sur mon lit de maladie, Il me fit connaître aussi qui est Jésus et ce qu’il a fait pour me sauver.

Dès ce moment, je devins un tout autre homme.

Je guéris, mais je restai perclus de mes jambes, de sorte que je dois marcher avec des béquilles.

Je marche vers le ciel avec mes béquilles, mais lorsque j’y arriverai, je les aurai laissées derrière.

Mais vous, monsieur, si vous n’appartenez pas au Seigneur Jésus, alors vous descendrez en enfer avec vos bonnes jambes. "

Ces paroles firent une telle impression sur ce vieillard qu’à partir de ce jour, il se mit sérieusement à rechercher le chemin qui conduit au ciel.

L’ami, avril 1940

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