Une anesse obéissante, un prophète désobéissant

Vieille histoire ! Oui, mais une vieille histoire qui n’a pas vieilli !

Il est toujours profitable de la lire avec soin. Les enseignements n’y manquent pas.

Balaam était une sorte de devin professionnel, mais qui avait le grand privilège d’avoir des révélations de l’Eternel.

Jusqu’où allait cette connaissance de l’Eternel, il est impossible de le dire.

Malheureusement, cet homme avait un défaut qui lui rendait difficile de rester en contact avec Dieu : il était attaché aux choses matérielles.

Les biens de ce monde exerçaient sur lui une forte attirance : la suite de son histoire ne le montre que trop !

Un jour, il voit arriver vers lui toute une ambassade.

Ce sont les envoyés de Balak, roi des Moabites, un peuple du désert.

Ils viennent lui demander de les accompagner auprès de leur maître, afin de prononcer une malédiction contre Israël.

En effet, Balak voulait détruire Israël ; mais il avait peur de lui et pensait qu’une malédiction proférée par un homme comme Balaam réduirait ce peuple à l’impuissance.

L’ambassade était composée d’Anciens, c'est-à-dire de chefs, d’hommes revêtus de prestige et d’autorité.

De plus, ils étaient chargés de magnifiques présents.

Il y avait bien là de quoi flatter Balaam, en lui montrant tout le prix qu’on attachait à sa venue.

Sa vanité pouvait se réjouir ; et, de plus, les beaux cadeaux comblaient son goût des richesses et lui permettaient d’en espérer davantage encore.

Aussi, tout son cœur le portait à aller.

Seulement, il ne pouvait pas oublier que ce peuple d’Israël qu’on lui demandait de maudire était, lui, béni de l’Eternel.

Il ne l’ignorait certainement pas.

Il savait très bien tout ce que Dieu avait dit de ce peuple et avait fait en sa faveur.

Balaam était bien perplexe.

Que faire ? Sans doute, il fallait répondre : Non !

Mais répondre non, c’était repousser les avances d’un roi qui lui montrait tant de faveur et se priver de tous les avantages entrevus.

Balaam ne pouvait se résoudre à refuser.

Il gagnera donc du temps en repoussant sa réponse au lendemain ; et peut-être l’Eternel lui fera-t-il quelques nouvelles révélations dans la nuit.

Ses dispositions envers Israël, après tout, ont pu changer.

Et voici qu’au milieu de la nuit l’Eternel apparaît à Balaam ; mais c’est pour lui interdire formellement d’aller avec ces hommes.

Israël est un peuple béni qu’un prophète de Dieu ne peut maudire.

Aussi, tout en cachant son regret, Balaam est-il obligé, le lendemain matin, de renvoyer les émissaires de Balak, avec un refus formel.

Mais ce dernier ne se tient pas pour battu.

Il est très probable que ses envoyés avaient remarqué un manque de netteté dans l’attitude du prophète et qu’ils avaient dit à leur maître : " Balaam nous a refusé, mais si tu insistes, il finira certainement par céder ! "

Alors Balak envoie une nouvelle délégation, plus nombreuse que la première, avec de plus beaux cadeaux et des promesses pour ainsi dire illimitées : " Viens, et je ferai ce que tu me diras ! "

Balaam s’était comme résigné, et voici que la tentation se renouvelle avec une force accrue.

La lutte recommence dans son cœur, mais encore plus violente, car les promesses de Balak contiennent plus de séduction.

Et Balaam montre la même irrésolution que la première fois.

Son attitude est absolument contradictoire.

Il déclare aux envoyés de Balak : " Quand même Balak me donnerait sa maison pleine d’argent et d’or, je ne pourrais rien faire contre l’ordre de l’Eternel ! "

Mais cela ne l’empêche pas de les inviter à demeurer, la nuit, sous son toit, car, leur dit-il : " Je veux savoir ce que l’Eternel aura encore à me dire ".

Toujours la même arrière-pensée : si Dieu pouvait changer d’avis !

Or, dans la nuit, Dieu se présente à nouveau à Balaam : et, à notre grand étonnement, lui permet d’aller ! Mais, lui ne s’étonne pas.

Il est tout heureux.

" Comme, pense-t-il, j’ai bien fait d’insister ! je vais avec la permission de Dieu ; et à moi les richesses de Balak ! "

Mais Dieu n’avait pas changé d’avis, vous le pensez bien.

Seulement, il ne savait que trop ce qui se passait dans le cœur de son prophète et, puisqu’il ne s’est pas contenté des précédentes interdictions, qu’il aille !

Et Balaam ne se rend nullement compte que cette acceptation est arrachée à Dieu, et qu’elle va le mener au devant d’un terrible danger.

Mais, ici, interrompons un instant l’histoire de Balaam pour voir en quoi elle est trop souvent la nôtre.

Plus privilégiés d’ailleurs que lui, nous avons toute la Parole de Dieu.

Nous connaissons aussi Ses volontés de la manière la plus claire et sans aucune équivoque possible.

Mais il y a pour nous aussi un roi qui veut nous pousser à faire le contraire de ce que Dieu nous a commandé.

C’est Satan ; et il a ses serviteurs qu’il nous délègue, et qui peuvent être des amis, des relations, notre entourage, des gens qui nous paraissent très bien, qui sont influents, ont beaucoup d’instruction, et tout ce qu’il faut pour nous flatter et nous influencer.

Il a également ses cadeaux : des avantages matériels de toutes sortes, des honneurs, de la considération, des plaisirs qu’il sait faire miroiter à nos yeux.

La tentation est grande d’écouter le Roi de ce monde qui parait si bien intentionné à notre égard et qui peut nous donner tant de choses séduisantes.

Résultat : nous imitons souvent Balaam.

Notre esprit demeure partagé. Au lieu d’une décision nette : " Dieu a dit ! ", nous retardons, tergiversons, comme si Dieu allait changer d’avis !

Mais notre cœur, qui a tant de peine à rejeter ses propres désirs, nous souffle menteusement : " Peut-être n’as-tu pas bien compris la pensée de Dieu ? Peut-être n’est-elle pas aussi exclusive que tu le crois ? Peut-être tout peut-il être concilié : ta volonté et celle de Dieu ? "

Et nous obligeons ainsi Dieu à nous répéter ce que nous savons déjà.

Bien souvent, dans Sa Bonté, Il use de patience et nous renouvelle, sous une forme ou sous une autre, Son interdiction, et nous arrête sur le chemin où nous allions nous engager.

Mais pourquoi faut-il que le Diable, qui est bon psychologue, puisse discerner au fond de nous-mêmes un certain regret ?

Nous avons obéi, mais pas de plein cœur.

Alors il est tout à fait normal qu’il raisonne à notre égard comme Balak à celui de Balaam : " J’ai échoué la première fois, mais je réussirai la seconde. Je n’ai qu’à insister ; il succombera ! "

Et ainsi la tentation se renouvelle, mais sous une forme aggravée, et c’est tout à fait de notre faute, car nous n’avons pas montré un esprit de fermeté.

Satan rend la tentation plus insistante, la pare d’attraits plus grands encore.

Balak n’avait pas hésité à faire dire à Balaam : " Je ferai tout ce que tu me diras ! "

Pourquoi le Diable hésiterait-il à nous faire les promesses les plus mirifiques et à nous tourner la tête ?

C’est un art dans lequel il excelle !

Aussi, nous sommes encore plus partagés, plus ébranlés que la première fois.

Nous ne nous sentons pas le courage de dire non immédiatement. Nous voudrions tant qu’un chemin s’ouvre en quelque sorte à côté de la Volonté de Dieu pour que nous puissions la faire tout en ne la faisant pas !

C’est ce que Balaam voulait ; c’est ce que, trop souvent, nous cherchons !

Nous avons vu ce qui est arrivé au prophète, et comment Dieu paraissant, tout d’un coup, changer d’avis, a dit : " Lève-toi ! Va avec ces hommes ! "

Redoutons de lasser la patience de Dieu et de Le contraindre à nous infliger une leçon qui sera douloureuse.

Ne jouons pas à ce jeu dangereux qui consiste quand nous connaissons la Volonté de Dieu à passer outre.

Il pourrait permettre que certaines circonstances se produisent, paraissant aller au devant de nos désirs et qu’alors, sans réfléchir que Dieu ne se contredit pas, nous nous exclamions tout joyeux : " Voyez ! C’est la volonté de Dieu ! Il m’ouvre la porte ! "

Oui, Dieu nous ouvre la porte, comme le père de la parabole l’a ouverte à son fils prodigue, parce qu’il ne servait à rien de le retenir ; il fallait qu’il fasse certaines expériences avant de comprendre.

N’obligeons pas Dieu à nous enseigner par de dures leçons combien il est grave de passer à côté de Ses commandements.

Maintenant, revenons à Balaam.

Tout heureux, il a sellé son ânesse et est parti sans retard.

Il allait au devant des richesses et des honneurs promis. Le chemin était large et facile.

Mais soudain, sans avertissement, l’Ange de l’Eternel vint se placer en travers de la route.

L’ânesse prend peur et se réfugie dans le champ voisin.

Et cela ne fait qu’irriter Balaam qui frappe sa monture. Il ne cherche pas à connaître la cause de cette frayeur. Il est tout à ses pensées matérielles.

Mais le chemin se rétrécit et passe à travers des vignes, de sorte que l’ânesse, voyant toujours l’ange devant elle, se serre contre le mur et y presse le pied de son maître qui la frappe de nouveau.

Et cela jusqu’à ce que la bête, terrifiée, s’arrête complètement, incapable d’aller plus loin.

Dans le cœur de Balaam, il n’y a que la colère d’être retardé : l’ânesse voit, mais lui est comme aveugle !

Soudain, l’ânesse se met à parler.

C’est un miracle que Dieu accomplit, parce que, bien que justement irrité contre son prophète, il ne veut cependant pas sa mort.

Remarquez d’ailleurs, en passant, que ce miracle est, comme tous les miracles divins, de la plus grande sobriété.

Dieu ne met pas dans la bouche de l’ânesse de grands discours, mais des paroles toutes simples qui ne font qu’exprimer les sentiments de l’animal battu injustement.

" Que t’ai-je fait pour que tu m’aies frappé déjà trois fois ? Ne suis-je pas ton ânesse ? Ai-je l’habitude d’agir ainsi à ton égard ? "

Après avoir ouvert la bouche de l’ânesse, Dieu ouvre les yeux de Balaam ; et Balaam voit enfin l’ange de l’Eternel, debout dans le chemin, son épée à la main et il entend ces terribles paroles : " Je te vois suivre un chemin qui mène à ta perte… L’ânesse m’a vu et elle s’est détournée devant moi, déjà trois fois. Si elle ne s’était pas détournée devant moi, je t’aurais même tué et je l’aurais laissée vivre ! "

Quel bouleversement dans le cœur de Balaam.

Tout à coup, il se sent perdu ; " j’ai péché ! S’écrie-t-il… je ne savais pas… Je m’en retournerai ! "

C’étaient là d’ailleurs les seuls mots, la seule attitude qui pouvait désarmer le bras de l’Ange de l’Eternel.

Balaam a reconnu son péché : sans cela, il était un homme mort !

Et si nous revenons à nous-mêmes, à nos propres expériences d’hommes du XXème siècle, nous constaterons qu’elles sont bien souvent les mêmes.

Nous nous sommes engagés, après avoir méconnu la volonté de Dieu et avoir interprété dans le sens de nos désirs certaines circonstances, dans un chemin qui n’était pas celui de l’obéissance.

Et, au début, tout allait bien. Nous étions heureux en pleine illusion et faussement persuadés que Dieu nous approuvait.

En quelque sorte, le chemin était large.

Et puis, soudain, il s’est comme rétréci. Des difficultés sont apparues. Impossible d’aller plus avant.

Et peut-être nous sentons-nous maintenant comme Balaam, bloqué sur le sentier, coincé entre les murs de la vigne et avec, sous lui, une bête tremblante, prête à s’écrouler.

Ne faisons-nous pas alors comme lui, frappant l’ânesse, c'est-à-dire voulant avancer, coûte que coûte, dans le sens de nos désirs ?

Mais rien n’y fait : ni nos colères, ni nos emportements. Le chemin demeure fermé.

Ne nous obstinons pas. Ne continuons pas à frapper aveuglément et à nous débattre vainement.

Ecoutons plutôt la voix de l’ânesse. Si nous le voulons, nous l’entendrons certainement, c'est-à-dire que notre intelligence spirituelle se réveillera et que nous comprendrons, d’une manière ou d’une autre, que c’est Dieu qui nous arrête, dans Sa grâce et avant qu’il ne soit trop tard.

Derrière les circonstances contre lesquelles nous nous énervons, il y a la Main de Dieu.

Il ne faut donc pas que nous allions plus loin, ce serait mortel pour notre âme !

Nous n’avons plus qu’une seule chose à faire, comme Balaam, dire à Dieu : " J’ai péché ! Je retournerai ! "

Alors Dieu pourra utiliser son prophète non pour maudire, mais pour bénir le peuple d’Israël.

Balaam ne fera plus sa volonté, mais la volonté de l’Eternel.

Ainsi, l’histoire de Balaam nous enseigne combien il est grave de sortir du chemin de l’obéissance.

Sachons, devant la tentation, opposer, dès le début, un ferme refus.

Ne tergiversons pas ! Ne laissons pas les envoyés de Balak demeurer, même une seule nuit, sous notre toit.

Renvoyons-les tout de suite ! Ne cherchons pas à avoir des révélations particulières quand la Parole de Dieu nous a déjà parlé nettement.

Ne nous comportons pas de manière à laisser la patience de Dieu et à L’obliger à nous laisser aller.

Nous serions alors sur le chemin de la désobéissance ; et la désobéissance rend aveugle.

L’ânesse voyait l’Ange de l’Eternel, car, elle, elle obéissait à son maître. Mais Balaam ne voyait rien, parce que son chemin à lui était celui de la désobéissance.

Nous pouvons en conclure justement que la désobéissance aveugle, mais que l’obéissance permet de garder les yeux ouverts.

Ce vieux récit possède, comme toute la Parole de Dieu, l’actualité la plus réelle.

Il nous invite à sonder nos voies.

Sommes-nous, dans notre vie personnelle, sur le chemin de l’obéissance ?

Telle est la question vitale pour le chrétien !

Ce qu’on demande avant tout, à un enfant, c’est d’obéir à ses parents.

Ce que le Père Céleste est en droit d’attendre aussi de Ses enfants, par-dessus tout, c’est également l’obéissance, l’obéissance à toute Sa Parole et à toute Sa Volonté.

A. THOMAS-BRES

Message de Radio Réveil diffusé par Radio Luxembourg

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