Un cadavre dans le port

Un jeune homme raconte sa douloureuse expérience :

Je sortais d’un culte où l’on avait particulièrement insisté sur le bien que peut faire une parole dite à propos et inspirée par une vraie sympathie chrétienne.

Profondément impressionné par ce que je venais d’entendre, je retournais à la maison bien décidé à suivre ces conseils.

Tout en poursuivant mon chemin, je suivais la route bordée d’arbres qui conduit du petit port au centre de la localité.

C’était un jour de décembre sec et froid et je marchais d’un bon pas pour me réchauffer.

Tout à coup, j’aperçus un homme courbé par l’âge et dont la tête blanchie, penchée sur sa poitrine, semblait plier sous le poids de quelque profonde douleur.

Il marchait lentement ; ses habits ne témoignaient d’aucune pauvreté.

Tout en lui inspirait à la fois le respect et la pitié.

En passant près de lui, nos regards se croisèrent.

Quelle amertume et quel désespoir dans le sien !

Mon cœur se serra et une voix intérieure me supplia : " Va lui parler de Jésus. Dis-lui qu’Il est un Consolateur, une retraite assurée pour le plus malheureux, un Sauveur pour le pécheur qui veut se confier en Lui. Va lui parler de Jésus ! "

Mais je résonnai et une autre voix se fit aussi entendre :

" Pourquoi serait-ce justement à moi de lui parler ? Je ne le connais pas, je ne sais même pas son nom. Il pourrait être mon grand-père ; cela lui paraîtrait bien étrange que je lui adresse la parole et surtout pour l’exhorter. Il serait capable de me dire que je dois me mêler de mes affaires et non des siennes. "

Pendant un moment ces deux voix combattirent en moi.

La première était celle de Dieu, j’en suis convaincu ; l’autre celle de l’ennemi qui cherche par tant de prétextes à nous détourner de notre devoir.

Le vieillard passa près de moi et je gardai le silence.

Bientôt il fut hors de vue, car je hâtai le pas pour rentrer à la maison le plus tôt possible.

Deux jours après, tandis que nous étions à table, mon père nous lut un entrefilet dans son journal :

" Dimanche matin, vers onze heure et demie, non loin du port, on a trouvé le cadavre d’un homme de 70 ans. On le reconnaît pour le nommé G., graveur sur acier, marié, père de famille et qui a toujours joui d’une excellente réputation. On ne sait comment s’expliquer cette fin tragique, mais l’on ne saurait douter qu’elle ne soit l’effet d’un suicide. "

J’espérais bien me débarrasser des pensées pénibles qui assaillaient mon esprit.

La fin de la journée fut triste ; les résolutions que j’avais prises le matin s’étaient évanouies.

Mécontent de moi-même, je fus d’une humeur massacrante.

Le port n’est qu’à cinq minutes de l’endroit où j’avais rencontré le vieillard et c’était bien de ce côté qu’il s’était dirigé.

Cet homme s’en était donc allé sans qu’une voix amie lui ait parlé de son Sauveur.

Pourquoi ne lui ai-je pas parlé de Jésus ?

Peut-être aurais-je arraché une âme à la mort !

Pourquoi ne l’ai-je pas fait ?

Par pure lâcheté, pour avoir eu honte de confesser Jésus-Christ.

Pendant bien longtemps je n’ai pu penser à cet événement sans verser des larmes amères.

Depuis lors, j’ai mieux compris et j’ai mis en pratique l’exhortation de Paul à Timothée :

" Prêche la parole, insiste en toutes occasions. "

Pourquoi ne lui ai-je pas parlé de Jésus ?

Trop tard !

- As-tu porté à Marie Etienne le livre que tu lui as promis ? me demanda maman, un soir de décembre.

Cette question était à l’unisson d’un reproche de ma conscience.

Mais j’avais reçu ce jour-là, en cadeau, un joli livre, et je m’étais attardée à le lire, en me disant toujours : " Rien que quelques minutes encore ! "

J’étais si bien là, près d’un beau feu, et avec une lecture intéressante !

Ces minutes s’étaient multipliées et, depuis plus d’une heure, je répondais par des excuses à ma conscience, qui me reprochait de manquer à la promesse que j’avais faite à mon amie Marie, souffrante depuis longtemps déjà.

- " Oui, certainement, me disais-je, il faudrait aller la voir et lui porter le livre promis ; mais ne serait-ce pas assez tôt demain ? On est si bien ici, et il fait si vilain dehors ! "

Levant la tête et regardant ma mère, je lui répondis :

- Ne puis-je pas attendre jusqu’à demain ?

- Tu me rappelles mon enfance, me répondit ma mère, en me regardant tristement, et comment, par une tendance pareille à la tienne, je me suis attiré une amère douleur…

Comme toi, Marthe, j’avais l’habitude de remettre constamment à plus tard ce que j’aurais dû faire au moment même, et bien souvent, le lendemain ne me permettait plus de faire ce que j’aurais dû faire le jour précédent.

Veux-tu que je te raconte un des chagrins qui m’arriva par suite de cette mauvaise habitude ?

Une de mes cousines, une chère petite fille née en Inde, fut envoyée chez mes parents pour son éducation.

Quand j’appris son arrivée, je fus enchantée, car j’étais fille unique, et la pensée d’avoir une compagne me ravissait.

Nous nous mîmes à étudier, à travailler de nos doigts, à jouer ensemble ; nous couchions dans la même chambre et nous commençâmes ensemble l’étude de la musique et du chant.

Emilie était une douce créature qui profitait de tout ce qu’elle apprenait et qui cherchait de tout son cœur, avec le secours de Dieu qu’elle implorait constamment, à mettre en pratique les enseignements qu’elle recevait de nos parents.

Quant à moi, j’avais un tel penchant à remettre toujours à plus tard ce que j’aurais dû faire au moment même, que je risquais fort de n’être jamais utile à personne.

Ah ! Quels beaux jours que ceux pendant lesquels j’avais constamment auprès de moi ma bien-aimée cousine, car elle ne me faisait que du bien !

Mais le jour arriva, bien trop tôt pour moi, où les parents d’Emilie, étant revenus en Europe, vinrent réclamer leur chère enfant.

Je perdis ma compagne chérie, et, dès lors, ce ne fut que par lettres que nous pûmes continuer notre intime et précieuse liaison.

Et, je dois le dire, ce fut par ma faute que notre correspondance languit peu à peu.

Emilie tomba malade et on ne lui permettait pas de se fatiguer ; cependant elle m’écrivait beaucoup plus que je ne le faisais moi-même, quoique je fusse pleine de vie et de santé.

J’ose à peine le dire, je laissais souvent sans réponse ses lettres si tendres et si bonnes, alors même que j’avais toujours la plus grande joie de les recevoir.

Mon cœur est brisé maintenant quand je pense à cela.

Quel dommage de perdre même la plus petite occasion de montrer notre amour et notre sympathie !

Un matin, je reçus quelques lignes d’Emilie, écrites au crayon ; elle me disait :

" Ma chère petite sœur, je perds la mémoire maintenant, et je ne puis me rappeler le quatrième verset du cantique que nous aimions tant ! Je t’en prie, copie-moi ce cantique en entier et envoie-le-moi, j’aimerais tant l’avoir ! "

- Je vais vite l’écrire, dis-je à ma mère. (Et j’avais l’intention de le faire). Je veux même le copier en lettres bien rondes, pour qu’elle le lise plus facilement, et j’ornerai toutes les majuscules pour lui faire plus de plaisir.

Mais je ne le fis pas tout de suite, et d’une chose à l’autre, plusieurs jours se passèrent sans que cet ouvrage se fit !

Puis vint une lettre de ma tante, disant combien Emilie était faible et ajoutant :

" Emilie attend le cantique qu’elle a demandé à Marthe. "

Mon père me regarda sérieusement en me disant :

- L’as-tu envoyé ?

Je rougis et dus répondre que non.

- Eh bien, fais-le tout de suite et envoie-le avant le lever de la boite ! Ajouta-t-il sévèrement. Je suis bien triste de voir que tu négliges une si bonne amie !

Très honteuse, je pris immédiatement une feuille de papier et me mis a écrire ce cantique.

J’étais occupée à cela lorsque la poste arriva, apportant plusieurs journaux illustrés que je recevais chaque mois.

Sans penser au danger de me mettre en retard, j’ôtai la bande de celui qui me plaisait le mieux pour le regarder, et, voyant la suite d’une histoire que j’avais commencée, je me mis à la lire.

Puis, captivée par ce récit, je ne pensai plus à autre chose, et je laissai passer l’heure de la poste !

Quand je m’en aperçus : " Bah ! Me dis-je, je mettrai ma lettre avant la seconde levée de la boite, c’est la même chose ! "

Et je continuai à lire.

J’étais encore occupée à cela lorsque arrivèrent des visites, puis d’autres interruptions inévitables, et ce ne fut qu’à la fin de l’après-midi que, me souvenant de ma lettre et du cantique, je me hâtai de finir le tout et de courir le porter à la poste.

J’arrivai au moment où le facteur venait de prendre les lettres.

- Vous êtes presque trop tard, mademoiselle, me dit-il.

Mais il prit pourtant ma lettre et l’emporta avec les autres.

Hélas, j’étais tout à fait trop tard !

Ma bien-aimée cousine venait de mourir quand la lettre arriva chez ses parents !

Encore si j’avais envoyé ma lettre par le premier courrier du jour, elle l’aurait reçue à temps, car, jusqu’à la fin, elle n’avait pas perdu connaissance, et elle avait toujours demandé, de moment en moment, si je n’avais pas écrit !

Je ne saurais te dire, ma chère enfant, combien je fus malheureuse en apprenant cela : ma bien-aimée cousine était partie sans avoir reçu de moi quelques paroles d’affection, et je lui avais refusé sa dernière prière !

Et maintenant, Marthe, ne veux-tu pas, malgré le froid, aller faire un peu de plaisir à ta petite amie souffrante ?

Il faut se hâter

Lorsqu’en 1879 le prince Napoléon, dit " le prince impérial ", guerroyait avec l’armée anglaise contre les Zoulous, un jour, dans un voyage de reconnaissance, il descendit de cheval pour se reposer.

Au bout de quelques instants, son aide de camp lui signala l’approche des Zoulous et le pressa de remonter à cheval.

- Encore dix minutes, dit le prince.

Mais voici, tout à coup les ennemis apparurent.

Le prince voulut fuir, un coup mortel l’atteignit.

Quand la nouvelle parvint en Angleterre, sa mère, l’impératrice Eugénie, s’écria dans ses larmes :

- Ah ! Ces dix minutes, c’est ce qui l’a perdu ! Le malheureux, il croyait toujours avoir encore dix minutes.

Et combien d’hommes pensent encore avoir dix ans à vivre, alors que la mort est à la porte !

Le temps perdu

Si peu d’œuvres pour tant de fatigue et d’ennui !

De stériles soucis notre journée est pleine :

Leur meute, sans pitié, nous chasse à perdre haleine,

Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile à fui.

Demain, j’espère bien voir ce pauvre chez lui,

Demain, je reprendrai ce livre ouvert à peine.

Demain, je te dirai, mon âme, où je te mène,

Demain, je serai juste et fort. – Pas aujourd’hui.

Aujourd’hui que de soins, de pas et de visites !

Oh ! L’implacable essaim de devoirs parasites

Qui pullulent autour de nos tasses de thé ! ….

Ainsi chôment le cœur, la pensée et le livre.

Et pendant qu’on se tue à différer de vivre,

Le vrai devoir, dans l’ombre, attend la volonté.

Sully Prudhomme

Le moment présent

Le moment présent est le seul propice.

Ah ! N’attendez pas. Mais autour de vous

Versez sans retard dans l’amer calice

De vos bien-aimés un miel pur et doux.

Non. N’attendez pas ; l’année qui va suivre

Peut vous trouver seul avec le remords

De n’avoir pas su les aider à vivre,

Pour les rendre heureux faire assez d’efforts.

M.V.

La dernière minute

Quand le Titanic sombra dans l’Atlantique, il y a bien des années, de nombreuses villes furent plongées dans le deuil en Angleterre et en Amérique.

Parmi les mille disparus se trouvait le pasteur John Harper qui, répondant à l’Eglise de Moody, se rendait à Chicago.

Au moment même où le vapeur heurta l’iceberg, Harper, appuyé contre la balustrade du pont, s’entretenait avec un passager et cherchait à le conduire à Christ.

Quand le vaisseau commença à s’enfoncer, il aida les autres à monter dans les chaloupes.

Quant à lui, il refusa d’y prendre place :

" Les femmes et les enfants d’abord, ensuite les inconvertis " était son principe.

Il donna sa propre bouée de sauvetage.

Quelques temps après, un jeune écossais, passager lui aussi à bord du Titanic, relata à Hamilton, Ontario, au Canada, l’expérience suivante :

Agrippé à une épave, j’étais emporté par les flots quand une vague poussa John Harper près de moi ; il se tenait accroché à quelque poutre.

Je m’approchai de lui. Il me demanda :

- Etes-vous sauvé ?

- Non, répondis-je.

- Croyez au Seigneur Jésus, dit-il, et vous serez sauvé !

Les vagues l’entraînèrent loin de moi. Mais, chose étrange, elles le ramenèrent à nouveau et il vint heurter violemment l’épave à laquelle je me tenais.

- Etes-vous sauvé maintenant ?

- Non ! Je ne peux dire que je sois sauvé !

Et une fois encore, il répéta : " Croyez au Seigneur Jésus et vous serez sauvé ! "

Ce furent ses dernières paroles, car, bientôt après, il fut submergé.

Et c’est là, dans les froides eaux de l’Atlantique, deux mille mètres de glace au-dessous de moi, que je crus au Seigneur Jésus-Christ.

Je me déclare en conséquence le dernier converti de John Harper.

Quelle merveilleuse fin de vie !

Amener une âme à Christ à la dernière minute.

L’amour ignore le péril et le sacrifice pour que les cœurs soient gagnés à Christ.

Si nous étions remplis de cet amour, nos Eglises connaîtraient un réveil permanent, car le Seigneur ajouterait chaque jour à l’Eglise ceux qui seraient sauvés (Actes 2 : 47).

Seigneur, secoue notre torpeur et redonne-nous notre premier amour !

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