Une conversion dans les catacombes

 A ceux qui en appellent à la tradition pour opposer un christianisme paganisé au christianisme de la Bible, on peut dire :

" Allez, visitez les catacombes de Rome, ces vieux cimetières des chrétiens des premiers siècles, et lisez les paroles qu’ils y ont gravées.

Puis, dites-nous s’ils ont laissé des traces des doctrines spéciales à cette Eglise de Rome dont ils étaient les premiers membres et qui maintenant les honore comme des saints ! "

Mais il n’y en a que peu qui puissent les visiter, ces sombres carrières souterraines, et parmi eux, le plus grand nombre ne peut pas même consacrer des semaines, des mois, à l’étude des inscriptions chrétiennes.

Aussi les catholiques ne craignent-ils pas d’invoquer les catacombes à leur secours, pour prouver, contrairement aux faits, leurs dogmes et leurs légendes, - témoin ce prêtre qui opposait à un pasteur la présence de confessionnaux dans les galeries de ces obscures retraites, pour rétablir l’antiquité de la confession auriculaire.

Que faire ? que croire ?

Eh bien ! voici le récit authentique de la vie d’un homme digne de toute confiance ; il nous éclairera à ce sujet.

Il est tiré du journal anglais le Christian.

Le professeur Jules de Launay, qui a parcouru l’Angleterre donnant des conférences sur les catacombes de Rome et le christianisme primitif, descend d’une famille de la Normandie.

Le dernier gouverneur de la Bastille était un parent de son père ; du côté maternel, il compte une longue lignée de savants, de magistrats et d’hommes de lettres.

Après ses études préparatoires, à la Ferté Macé et à Mayenne, il fut envoyé à Paris où nous le trouvons comme élève du séminaire catholique de Saint Sulpice.

Une fois les trois années de cours achevées, de Launay se rend à Rome pour se perfectionner dans toutes les branches de la théologie et pour entrer ensuite dans les ordres.

Son oncle, le baron des Acres de Valpinçon, dirige son éducation et lui assure, dès qu’il sera prêtre, une riche donation.

Il est là aux pieds du vicaire général des Jésuites, le père Rozaven, qui devient son conducteur spirituel.

Un cardinal, Mezzofanti, le philologue le plus savant de son temps, s’occupe avec ardeur de ce jeune homme plein d’avenir.

On lui destine une place dans la mission en Cochinchine, mais, à la demande du père Rozaven, il est rattaché à l’ordre des Jésuites et envoyé à Fribourg.

C’est là que Dieu l’attendait d’abord.

Un typhus le mène à deux doigts de la tombe ; la pensée de l’éternité le saisit, et toute sa vie se présente à lui sous un jour nouveau.

Où est sa grandeur, son brillant avenir ? ...

Il est là : " pauvre, misérable, aveugle et nu ! " sa justice ?... elle est devant lui " comme un linge souillé ! "

Dans son imagination fiévreuse, il contemple déjà les flammes du purgatoire prêtes à le dévorer.

Il avait tout, - sauf la seule chose nécessaire !

Dans son angoisse, il demanda un prêtre, un de ses anciens condisciples, pour recevoir de ses mains l’extrême-onction.

Celui-ci, élevant l’hostie, lui dit à haute voix : " Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai ! "

Ces paroles furent une lumière sur son sentier ; mais la foi simple n’avait pas encore répandu dans son âme la douce clarté de Christ.

Le Seigneur allait conduire sa brebis par un autre chemin.

Rétabli, après trois mois de maladie, de Launay passe le Simplon pour reprendre à Rome ses études et y jouir de l’air plus doux du midi.

La lecture, l’écriture, lui étaient encore interdites ; mais ardent d’esprit, il suit un cours du Père Marchi sur les antiquités de Rome, spécialement sur les catacombes.

Il visite ces dernières avec son maitre et quelques condisciples.

Ici, au milieu de tombeaux des premiers chrétiens, la lumière se fait pour son cœur obscurci.

Les inscriptions qu’il contemple lui parlent de paix, d’espérance, de joie.

Quelle distance entre ces glorieuses affirmations et les principes de l’Eglise romaine !

Il cherche, - et nulle part il ne trouve de trace de prières pour les morts, ni d’invocations adressées aux morts.

Nulle part des croix, mais partout des symboles de la résurrection.

Nulle part sur ces murailles qu’il suit sur une étendue de plusieurs lieues, - nulle part une prière à la Vierge Marie ; elle n’est pas même nommée !

Point de vestiges de la papauté ; aucune image taillée ; pas un saint !

Tandis qu’il parcourait, jour après jour, ces longues galeries, il se lie avec le premier évêque de Michigan, Monseigneur Rézé.

Ensemble, à la lueur de leurs lampes, ils vont cherchant la vérité.

Monsieur Rézé avait été rappelé à Rome pour répondre devant le sacré collège de la Propagande des accusations d’hérésie qu’on avait portées contre lui.

Il fut enfermé dans le couvent de Saint Lorenz.

De Launay l’y visite et entend de sa bouche des paroles de vérité.

" Fuyez Rome, lui dit un jour son ami ; vous demandez trop de lumière sur les Ecritures pour plaire à vos supérieurs. Suivez-moi en Amérique ; là, vous serez en sûreté ! "

Mais voici, peu après l’évêque Rézé avait disparu, et personne jusqu’à maintenant n’a pu connaître son sort.

De Launay a dit de lui : " Nous avons visité ensemble l’Inquisition et tremblé en voyant ce que nous avons vu. Plus d’une fois, j’ai pensé que l’évêque y avait été mis à mort ! "

Un jour, de Launay descendit avec ses deux professeurs, le Père Marchi et le cardinal Mezzofanti, dans les catacombes.

Il ne put réprimer une parole d’étonnement sur la différence entre la religion si simple des premiers chrétiens et celle de l’Eglise romaine et sur la conformité de la première avec le Nouveau Testament.

" Je ne crois plus à notre Eglise, s’écria-t-il ; en conscience, je ne puis plus rester catholique romain ! "

- " Frère, lui répondirent ces compagnons, ce que tu nous dis ici, dans le silence, ne sera pas répété, mais ne le redis à personne dans la ville ; sinon tu disparaitras, et personne ne saura ce que tu es devenu. "

Dès ce moment, de Launay fut décidé.

Privé de tout ami, sachant à peine s’exprimer en anglais, il n’hésita pas cependant à fuir en Amérique.

Là, l’évêque Horace Potter se trouva sur son chemin, lui prêta assistance et devin un ami du fugitif.

Il procura à de Launay quelques leçons, jusqu’au moment où il fut nommé professeur au collège de la Louisiane.

Mais de Launay comprit bientôt qu’il avait autre chose à faire que d’enseigner ; il se sentit appelé à annoncer l’Evangile.

Quittant sa chaire académique, il visita les collèges des Etats-Unis, parlant des catacombes et des antiquités chrétiennes.

Il prêcha de ville en ville, apportant aux Eglises le témoignage des premiers martyrs, illustrant sa parole par le récit des choses qu’il avait vues lui-même.

Ainsi, l’ancien élève des Jésuites, l’espoir des théologiens de Rome, devint l’instrument béni du Seigneur pour amener bien des âmes à une foi ferme et simple, et pour transformer plus d’un incrédule en confesseur de Christ.

Après avoir traversé les Etats-Unis, visité le Canada, il fut appelé à Paris comme prédicateur de l’Evangile.

Il a travaillé là pendant plus de douze ans, malgré son âge avancé et jusqu’à ce que Dieu l’ait eu rappelé à lui.

Il reste un de ces serviteurs dont on doit dire : " La main de Dieu est sur lui. "

H. G.

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