Le pain quotidien

" Jésus prit le pain et le bénit " Luc, chapitre 24, verset 30.

Un homme pauvre, mais à qui Dieu avait donné sa paix, rentra un matin du travail à l’heure du déjeuner ; sa femme, indifférente et paresseuse créature, était encore au lit, et n’avait rien préparé !

" Comment, Catherine, tu n’es pas levée ! " s’écria-t-il avec étonnement.

" Non, répondit-elle d’un ton querelleur, je suis indisposée. "

" Eh bien, répondit le mari avec douceur, reste seulement couchée, je ferai le déjeuner. "

Ce fut à grande peine qu’il rassembla quelques morceaux de bois épars ; puis il courut à la fontaine chercher de l’eau, se mit en quête des allumettes et finit par allumer le feu.

Quand ce fut fait, il demanda à sa femme où était la farine pour faire une soupe ?

" Comment peux-tu en demander, répondit-elle ; ne sais-tu pas que nous en avons employé le reste pour le diner de hier ? "

Et elle se tourna vers le mur en grommelant.

Sans se laisser troubler, le pauvre homme s’assit à table devant un verre d’eau fraîche et un morceau de pain noir, et levant les yeux au ciel avec un profond sentiment de la paix de Dieu, il put rendre grâce avec sincérité pour ce frugal repas.

" Tu es un Dieu fidèle, dit-il, ta Parole est véritable, et ce que tu promets tu le tiens. Tu as dit : Je bénirai abondamment tes vivres ; je rassasierai de pain tes pauvres, et voici tu m’as donné ce qui m’est nécessaire pour aujourd’hui ; loué soit Dieu en Jésus-Christ ! Amen. "

Quelle autre chose eût pu donner tant de joie et de contentement à ce pauvre homme, au sein de la misère, que le sentiment de la grâce de Dieu ? et si cette grâce accomplit de tels miracles, ne vaut-elle pas la peine d’être recherchée comme le bien le plus précieux qu’on puisse posséder ici-bas ?

Or, qui cherche trouve.

Dans un hameau de l’Angleterre vivait une très pauvre femme dont on admirait la sérénité toujours égale.

Qu’elle fût dans la peine ou qu’elle eût le nécessaire, on la voyait toujours heureuse et satisfaite.

Un jour, des dames du voisinage qui se faisaient une joie de visiter les indigents pour les soulager de leur mieux, entendirent, derrière la porte, Martha rendre à Dieu de ferventes actions de grâces pour le repas qu’elle venait de prendre.

- " Qu’avez-vous donc eu pour diner ? " demandèrent-elles plus tard avec une certaine curiosité.

- " Vous le voyez, " dit-elle en leur montrant sur la table un reste de pain d’orge.

- " Et qu’avez-vous eu pour l’assaisonner ? "

- " Rien, " répondit Martha d’un air satisfait.

- " C’est une bien maigre pitance, dit l’une des dames, et je voudrais que vous eussiez quelque chose de mieux, ma chère Martha. "

" Je rends grâces au Seigneur pour ce que j’ai, répondit-elle, et je n’ai jamais demandé autre chose. Tout en mangeant mon pain d’orge, j’ai senti la bénédiction de Dieu et la présence de Jésus-Christ. N’y avait-il pas là de quoi me faire un excellent repas ? "

Un riche citadin, se promenant un soir dans la campagne s’égara, et la nuit étant venue sans qu’il eût retrouvé sa route, il se trouva dans le plus grand embarras.

Après avoir erré longtemps, il aperçut enfin de la lumière à travers le volet mal joint d’une pauvre chaumière.

Il se dirigea de ce côté pour demander qu’on lui indiquât le chemin de la ville.

Arrivé près de la porte, il entendit la voix d’un homme agenouillée pour le culte du soir.

L’étranger attendit pour heurter la fin de ce saint exercice.

Quand il eut expliqué son embarras, on lui offrit avec empressement de le faire reconduire par l’un des membres de la famille.

Avant de s’éloigner, l’homme riche ne put s’empêcher de demander au père de famille la cause des expressions de gratitude qu’il avait entendues, pensant qu’il leur était arrivé quelque chose de particulièrement heureux.

" Monsieur, répondit le père de famille, personne n’a plus de raison que moi de louer Dieu. Nous avons tout ce que nous pouvons désirer, et n’est-il pas bien juste que chacun des dons de Dieu soit un sujet de prière et de reconnaissance ? "

- " Quoi ! demanda l’étranger, vous n’avez rien qui vous afflige, tout chez vous va à souhait ? "

- " Oh ! non, monsieur, répondit le pauvre homme ; nous avons nos peines comme les autres ; les croix et les difficultés ne manquent jamais ; mais quand elles deviennent pour nous un sujet de prières et d’actions de grâce, notre Père céleste bénit aussi nos croix.

Quand je sais que c’est le Seigneur qui les a envoyées, je suis sûr que c’est avec une bonne intention à notre égard.

Pendant que la croix est là, le Seigneur m’aide à prier, et lorsqu’il l’a enlevée, il me donne de louer son nom, car " celui qui offre la louange en sacrifice, me glorifiera, et sur cette voie je lui montrerai la délivrance de Dieu. "

Je puis toujours dire avec Job : " L’Eternel l’a donné, l’Eternel l’a ôté, que le nom de l’Eternel soit béni. "

Pendant cet entretien, la mère apporta le souper sur la table.

" Vous êtes arrivé au bon moment, dit le père de famille ; si vous vouliez partager notre souper, vous nous feriez un véritable plaisir ; ce n’est pas tous les jours que nous pourrions vous offrir quelque chose de chaud ; mais aujourd’hui nous avons un bon plat de pommes de terre. Asseyez-vous, et que Dieu bénisse ce repas pour vous. "

L’homme riche ne pouvait revenir de son étonnement.

Jamais il ne lui serait venu à l’esprit de chercher tant de joie et de contentement dans une aussi pauvre demeure.

Oh ! Le vrai bonheur ! Combien y en a-t-il qui se trompent là-dessus tout le long de leur vie, qui courent après les biens de ce monde, et qui, lorsqu’ils ont atteint ce qu’ils désiraient, ne se sentent ni plus heureux ni plus satisfaits, parce qu’ils ne connaissent point Celui qui pourrait seul donner la paix et la joie à leurs âmes.

Un peu de bien vaut mieux, avec la crainte de l’Eternel, qu’un grand trésor avec lequel il y a du trouble.

Mieux vaut un repas d’herbe où il y a l’amitié, qu’un bœuf gras où il y a la haine.

Les pauvres

Notre Bonne Société vient de découvrir avec étonnement, semble-t-il, ceux qu’on désigne sous le nom de " Nouveaux Pauvres ", comme si les pauvres n’avaient pas toujours existé.

Seulement, voilà, le monde moderne est tellement préoccupé par la recherche de plus de confort, de davantage de loisirs, qu’il ne les voit pas ces Nouveaux Pauvres.

Pourtant, ils sont bien là, nous les côtoyons chaque jour, pas seulement les clochards crasseux et répugnants, facilement reconnaissables, mais ceux plus discrets, ces pauvres honteux qui s’efforcent de faire bonne figure à leur entourage et qui n’osent tendre la main pour solliciter l’aide qui leur est due.

Si mon ministère consistait essentiellement à héberger les clochards, j’ai rencontré de très nombreux cas de détresse profonde pour lesquels une intervention se justifiait pleinement.

Jamais je n’oublierai ces deux fillettes liégeoises qui se présentèrent un matin à la " Marmite de Noël " qui récoltait des " sous " pour le Noël des pauvres.

Elles pouvaient avoir 6 et 8 ans.

- C’est quoi cette marmite ?

- C’est pour organiser une fête de Noël pour les pauvres.

Les deux fillettes se concertèrent un instant, puis, reprenant la parole :

- Un pauvre, c’est quelqu’un qui n’a rien du tout, n’est-ce pas Monsieur ?

- Oui, si on veut.

- Alors nous, nous sommes riches, maman nous a donné UN FRANC pour acheter un jouet, alors nous le mettons dans la marmite pour les pauvres…

Et elles donnèrent tout ce qu’elles possédaient.

Je me souvenais alors de la veuve dont parlent les Evangiles.

Emu autant qu’intrigué par cet acte d’une si grande générosité, je demandai à ces fillettes de me donner leur adresse, ce qu’elles firent.

Quelques jours plus tard, je me présentai à l’adresse indiquée ; je fus accueilli par une dame qui s’apprêtait à quitter la maison en portant un colis sous son bras.

- Vous êtes bien Madame X., et Janine et Marie-Rose sont bien vos filles ?

- Certainement, mais pourquoi ces questions ?

Comme j’étais en uniforme, la dame qui ne connaissait pas l’Armée du Salut crut avoir à faire à un policier.

Je la rassurai immédiatement.

- Madame, voici une invitation pour vous et vos deux fillettes pour assister au grand réveillon de Noël de l’Armée du Salut.

Et je racontai à la dame qui éclata en sanglots la scène de la marmite.

- Monsieur, me dit-elle alors, je suis veuve, ici c’est la plus grande pauvreté, ce petit franc c’est tout ce dont je disposais pour offrir un cadeau à mes deux gamines, et tenez maintenant je m’en allais déposer à la salle de vente les draps de lit de mes enfants espérant en tirer un peu d’argent pour payer le loyer, car on menace de m’expulser.

Gardez vos draps, Madame, et je remis à la dame une somme qui valait bien ce qu’elle en aurait retiré à la salle de vente.

Le lendemain soir, la maman, Janine et Marie-Rose assistaient à la grande soirée banquet des salutistes offerte grâce à la collecte des marmites et l’une des petites de me dire :

- J’ai rêvé la nuit dernière que j’étais au ciel, qu’il y avait des anges qui chantaient, qu’on jouait de la musique et qu’on mangeait de bonnes choses, tout comme ce soir.

Oui, petite, je souhaite que ce soit toujours le ciel pour toi, car le ciel sur la terre, c’est lorsqu’on partage son bien avec son prochain.

Ah ! Combien de pauvres honteux et les autres aussi connaitraient le ciel si la charité et la justice sociale faisaient bon ménage !

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