Histoire de buveur

Il est mort en Belgique, dans le courant de l’été 1915.

La maladie le menaçait depuis longtemps.

Elle l’étreignait, le lâchait, le reprenait, comme un chat fait avec une souris.

Sans doute, les émotions de la guerre, l’invasion de son malheureux pays, les privations et les angoisses auront enfin terrassé cette robuste constitution.

Je dois à A. D. de bien beaux souvenirs.

Il y a environ neuf ans que je l’ai vu pour la première fois.

C’était à l’issue d’une conférence antialcoolique.

On venait de faire un pressant appel à la signature.

D. s’avançait lentement, mais d’une démarche sûre.

Je vois encore cet homme de taille moyenne, bien proportionné, avec un teint de métis, une moustache de jais qui barrait sa figure maigre, et des yeux extraordinairement noirs, qui ne me quittaient pas.

Je me demandais s’il venait m’insulter ou me remercier.

Il venait me remercier. Il venait signer un engagement de tempérance.

Au premier coup d’œil, on devinait à quel point il en avait besoin.

Non qu’il fût ivre ; mais son visage sillonné disait ses habitudes ; et il exhalait cette odeur caractéristique, douceâtre et pénétrante, de l’eau-de-vie.

Rien d’étonnant ! Il avait bu ce jour-là, depuis midi, pour 3 fr. 60 de genièvre : trente-six petits verres !

Et il y paraissait à peine.

Fallait-il qu’il fût imbibé d’alcool !

Depuis, A. D. m’a souvent raconté son histoire ; une triste histoire, dont j’ai malheureusement oublié bien des épisodes, surtout parmi ceux qui concernent son enfance.

Je m’en rappelle seulement un trait, qui laisse deviner le reste.

A vingt-et-un ans, il se trouvait dans un café (vous pouvez croire que ce n’était pas la première fois).

Il buvait en compagnie de son frère ainé, dont l’attention fut attirée soudain par un client voisin.

" Sais-tu qui c’est, ce type ? – Non ! – C’est notre père ! "

A vingt-et-un ans, A. D. n’avait jamais vu son père.

Du moins, il ne s’en souvenait pas ; çà se perdait dans sa toute petite enfance.

Le misérable avait abandonné sa famille ; et je crois bien que la mère était morte depuis longtemps.

Alors le cabaret était devenu comme la maison paternelle ; on y passait à peu près tout le temps qu’on employait pas au sommeil ou au travail.

Et encore étaient-ils souvent sacrifiés.

Les orgies s’étaient prolongées, multipliées.

Un premier mariage ne les avait pas fait cesser, ni la naissance d’une fillette, encore moins le divorce, et pas même une seconde union avec une femme énergique et travailleuse.

Le père, c’est qu’il avait l’ivresse mauvaise, très mauvaise.

D’autres deviennent sentimentaux et vous font des confidences ; ou mélancoliques et, pour un rien, se mettent à pleurnicher ; ou drôles et se livrent à mille singeries.

Lui, devenait méchant. Il avait alors les immobilités inquiétantes, et puis tout à coup les fureurs et les cruautés d’un félin.

Et il suffisait de le regarder pour le déchainer.

Peu avant notre rencontre, il avait démantibulé un agent de police qui ne l’avait pas salué à sa convenance.

Et il venait de saccager un estaminet dont clients et patron s’étaient enfuis.

Cà lui avait fait une grosse dépense.

Chez lui, c’était l’enfer.

Rien de plus lamentable que ces maisons d’ivrognes où il n’y a point d’heure, point de règle, point de sécurité, où chaque jour apporte une anxiété nouvelle, jusqu’à ce qu’on ait aperçu l’homme sur le chemin, revenant en temps normal, et en ligne droite.

Très souvent, le matin, à l’école, l’institutrice disait à la fille : " Ton père a encore bu hier ! "

Elle voyait çà rien qu’à la figure de la petite, aux traces d’insomnie et de larmes.

La pauvrette avait employé sa soirée à la recherche de son père, de cabaret en cabaret ; elle avait entr’ouvert bien des portes, à la faveur du bruit et de la fumée.

Elle avait collé son visage contre bien des vitres…

La femme y allait rarement elle-même, car l’ivrogne la battait ; tandis qu’il ne touchait jamais sa fille.

Quand celle-ci tenait les poignets de l’hercule dans ses petites mains, on aurait dit qu’il était ligoté.

Que de fois elle s’était ainsi interposée entre son père et sa mère ; que de fois elle avait évité des catastrophes !

Cette tendresse qu’il avait pour la petite montrait bien que tout n’était pas éteint chez lui.

Il avait gardé aussi un certain honneur, l’horreur des dettes, le goût du travail.

Un bel ouvrier, ce D. !

A la verrerie, un des plus habiles dans le métier à la fois délicat et pénible d’aplatisseur.

Toute le monde disait : " Quel dommage ! Il gagne ce qu’il veut ! "

Surtout, A. D. avait toujours gardé une certaine crainte de Dieu.

Ça peut paraître extraordinaire, puisqu’il était membre d’une section de libre-pensée (je possède encore son carnet de cotisation).

Cependant, c’est comme ça. Il était croyant.

Combien qui diraient la même chose, s’ils osaient être sincères !

Il aimait à raconter comment, lors d’une grande assemblée ouvrière, après un orateur violemment athée, il avait bondi sur l’estrade, avec le courage d’un homme pas tout à fait à jeun, déclarant que si l’on n’avait plus le droit de croire en Dieu, il s’en allait.

Il avait même suivi quelques cultes, dans le Nord de la France.

Mais tout cela n’empêchait pas ses ribotes ; et de soubresaut en soubresaut, D. s’approchait du désespoir.

C’est à ce moment-là que, travaillé par sa femme, par sa fille, par sa conscience, il avait fini par venir écouter cette conférence.

Comme il arrive souvent, il fut persuadé que l’orateur, averti par ses circonstances, ne parlait que pour lui.

Mais ça ne le mit pas en colère. Il en fut touché, et il fut conquis.

Ceux qui recueillirent sa signature n’étaient pas sans crainte.

On en voit tant qui retombent, et plus bas qu’auparavant.

Mais non ! D. avait encore le respect de lui-même, et une grande droiture, et de l’énergie.

A partir de cette soirée, il s’en tint strictement, comme le portait la formule de son engagement, " aux bières légères du pays. "

Seulement, elles ont beau être légères ; à force d’en boire, on peut encore s’étourdir et, de là, passer aux boissons moins aqueuses et plus mordantes.

La bière, à un moment donné, appelle le genièvre.

Et puis enfin, on garde l’habitude du cabaret et des mauvais amis.

Un soir, en quittant son travail, D. se trouva en présence de plusieurs chopes que lui destinaient, avec une générosité diabolique, des compagnons qui considéraient son relèvement comme une injure personnelle.

Soudain il se lève, plante là les amis et les verres, et s’en va prendre, cette fois, un engagement d’abstinence totale.

Certes, sa nouvelle promesse ne le préserva point de la tentation.

Il faut savoir le rôle que joue la boisson dans ces verreries, et comment l’alcool y règne en maître, et ce que peuvent boire ceux qui passent leur vie dans cette atmosphère de fournaise.

D. connut tous les quolibets, toutes les ruses et toutes les insultes.

On ne devient pas ainsi, sans heurt, un tempérant reconnu, catalogué, après avoir été un ivrogne célèbre.

Un soir, excédé par tant de tracasseries, D. feint de se rendre.

De la porte d’un cabaret, des compagnons lui font signe.

Il entre. Grande joie dans l’établissement.

On lui présente, comme don de bienvenue, un immense verre d’eau-de-vie.

Il l’accepte, le lève bien haut et s’écrie : " Alcool maudit ! J’ai été ton esclave ; maintenant je suis ton maître ! "

Puis d’un geste bref, il lance le tout contre la muraille, et sort en disant aux autres : " Vous l’avez offert, vous paierez le compte ! "

Peu à peu, il lui vint pour toute espèce d’alcool une invincible répulsion, au point qu’il refusa un jour au docteur de se laisser frictionner avec le l’eau-de-vie camphrée.

A. D. a connu d’autres difficultés, peut-être plus dangereuses.

A son gré, les tempérants n’étaient ni assez courageux, ni assez actifs.

Sa vivacité lui attira des ennuis dans le cercle de ses nouveaux amis.

Comme ils lui reprochaient une fois d’aller trop loin, d’être un exagéré, il leur montra une image du Sauveur en croix : " Celui-là aussi, leur dit-il, était un exagéré ! "

A. D. ne s’était pas contenté de cesser de boire. Il s’était converti.

Je ne me souviens pas d’avoir rencontré un homme plus réellement préoccupé du salut des autres, plus ardent à visiter des buveurs, plus disposé à leur donner, sans compter, de son temps et de son cœur.

Pour lui, les distances ne comptaient pas, ni les heures.

Et puis, il avait le discernement des esprits, beaucoup de tact, d’enjouement, des mots à l’emporte-pièce, tout ce qu’il faut pour ce travail si délicat et si difficile.

Ceux qui lui doivent, après Dieu, la délivrance sont nombreux.

Tous ceux-là se rappelleront toujours avec émotion cette demeure que je vois d’ici, sur le chemin qui monte, en face d’une haie et d’un jardin.

Comme il aimait à nous y accueillir pour des réunions, et à nous y régaler les jours de fête.

A la place d’honneur, magnifiquement encadré, on apercevait le premier engagement de A. D.

Sur les murs, des calendriers de la Croix Bleue, des groupes d’abstinents, des souvenirs de fêtes et de cortèges de tempérance.

A. D. lui-même, important et solennel, avec le drapeau de la section.

Mais les plus beaux ornements, c’était l’humeur du maitre de céans, de sa femme et de sa fille, leur joie de vous accueillir ; et c’était surtout ceux qu’on rencontrait là ; ce groupe d’anciens camarades de bouteille, hier ivrognes au dernier degré, aujourd’hui des hommes sauvés : les trophées d’A. D.

Ah ! Les heures de gaîté, d’amitié, de reconnaissance que nous avons passées là !

Rarement j’ai compris et senti, comme dans cette maison, ce que c’est que la bonté de Dieu et la beauté de son œuvre.

Il parait que A. D. a été longtemps malade, qu’il beaucoup souffert ; mais qu’il est resté patient et fidèle jusqu'au bout…

Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur. Ils se reposent de leurs travaux et leurs œuvres les suivent.

E. F.

Du rêve à la folie !

Il y a quelques années, j’avais pour camarade d’étude un jeune ami du nom de Louis.

Il était né aux environs de Baug et nous habitions deux chambres, en face l’une de l’autre, dans un petit hôtel meublé non loin de l’Ecole supérieure.

Louis était peu parleur, peu expansif à certaines heures de la journée.

Il aimait l’étude, sa mémoire était heureuse, son imagination vive.

Quand il voulait se donner la peine de parler, son élocution était facile, ses phrases imagées.

C’était aussi un gaillard taillé en colosse et sa force corporelle ne mentait pas à ses formes herculéennes ; comme tous les hommes forts, en général, il était doux et pacifique, jamais querelleur, rarement emporté, sobre comme Chevreul…

Toutes ces qualités m’avaient attiré et il devint mon ami.

Nous fréquentions le cercle Protis, où nous allions régulièrement trois fois par semaine.

Or, un jour quelle ne fut pas notre surprise, lorsqu’à propos d’une discussion la plus insignifiante, Louis fut pris tout à coup d’un accès de colère terrible, et sans l’intervention d’un maître d’armes, notre ami aurait sans doute tué celui qu’il prétendait l’avoir offensé.

Le pauvre garçon était en proie à une espèce de rage, et ce ne fut pas sans peine que je parvins à le reconduire dans sa chambre.

Le calme lui étant un peu revenu, je l’engageai à se coucher, ce qu’il fit volontiers ; quelques minutes après, sa surexcitation se transforma en torpeur et il s’endormit.

Sur le soir, il se réveilla calme, mais son visage avait considérablement pâli ; on eût dit qu’il sortait d’une longue maladie.

- Eh bien ! Comment vas-tu ? lui demandai-je.

- Pas mal, répondit-il… combien de temps ai-je dormi ?

- Quatre heures environ, puisque nous sommes sortis à midi du cercle.

- Ah ! …. Le cercle…. Oui ! Je me souviens, fit-il en passant la main à son front…. J’ai voulu tuer un homme, n’est-ce pas ?

- Allons, ne pense plus à cela, l’heure du dîner approche, lève-toi.

- Non ! me répondit-il, va dîner sans moi, je n’ai pas faim… Je veux encore dormir… je sens que j’en ai besoin… et puis, ajouta-t-il… J’ai fait un si beau rêve… Il me semble que je vais le continuer. ! ….

- Un rêve ! m’exclamai-je surpris.

- Oui, mon ami, un rêve divin ; j’ai vu des milliers d’arcs-en-ciel. J’ai été transporté dans les mondes inconnus, j’ai conversé avec les âmes des morts, j’ai entendu des musiques ineffables… laisse-moi, te dis-je. Et il ferma les yeux.

- Quel étrange phénomène ! pensai-je. La colère de ce matin l’aurait-elle rendu fou ? ...

Le lendemain matin, j’entrai dans sa chambre ; il venait de se lever ; sa physionomie avait repris son calme habituel.

- Te voilà tout à fait reposé, lui dis-je.

- Oui, tout à fait.

- Eh bien ! finis ta toilette et allons déjeuner.

Tandis que mon ami finissait de s’habiller, je m’amusais à inspecter ces mille objets disparates qui ornent la cheminée d’une chambre d’étudiants.

Une pipe culottée, une brosse à cheveux, une lettre d’un ami, un roman de Georges Sand, un code et quelques livres de Louis Huart.

Je regardais toutes ces petites choses d’un œil assez indifférent, quand mes regards furent frappés par un objet qui éveilla plus particulièrement ma curiosité.

A l’angle droit de la cheminée, je vis un bocal en verre blanc renfermant des feuilles jaunies, assez semblables à du tilleul.

Ce bocal était couvert d’un vieux livre et c’est le livre qui avait attiré mon attention.

Je l’ouvris… c’était le traité de l’ivresse chez les Orientaux.

- Où donc as-tu pris ce bouquin ? Dis-je à Louis.

- ça… répondit mon ami d’un ton sérieux qui faillit me faire éclater, ça … c’est un code.

- Le code de la folie, sans doute.

- Non, mon cher, le code de la raison !

- Es-tu fou ? voyons !

- Fou ! … allons donc ! …

Et il se prit à rire.

- Allons déjeuner, ajouta-t-il, en prenant son chapeau et sa badine… et admettons que je sois fou.

Nous sortîmes.

Les jeunes gens de notre âge émettent si volontiers un paradoxe auquel ils ne croient pas, que bientôt je ne songeai plus aux paroles de mon ami.

Quelques mois s’écoulèrent, mais je m’apercevais avec étonnement que Louis maigrissait beaucoup, que son teint pâlissait, que ses yeux s’enfonçaient dans leur orbite.

Le soir depuis quelques temps, il rentrait de bonne heure dans sa chambre.

- Aurait-il une maladie mystérieuse ? Pensais-je.

Je le questionnai à ce sujet et il me répondait par un " non " très laconique.

Louis était devenu une énigme.

- Pourquoi ne viens-tu pas au cercle avec nous ? lui dis-je un matin.

- J’étudie, me répondit-il en hésitant. Je compris qu’il mentait ; j’étais réellement intrigué.

Peu de temps après, un fait étrange se produisait.

Louis fut pris, tout à coup, d’une surexcitation pareille à celle dont j’avais été témoin à la salle du cercle Protis, une première fois.

Nous n’avons jamais su ce qui l’avait provoquée.

C’est dans le jardin public que cet acte de folie eut lieu.

Louis se mit tout à coup à courir dans les allées en criant :

- Ah ! le misérable brigand ! Le brigand ! Je veux le tuer ! Et il poursuivait toutes les personnes qui se trouvaient sur son passage.

Sans l’intervention de quelques élèves de l’Ecole supérieure qui se trouvaient là et qui le ramenèrent chez lui, mon pauvre ami était enfermé dans un asile de fous.

Comme la première fois, cet acte de folie fit place à une prostration complète et le lendemain encore, Louis se levait tout à fait calme ; seul, son visage plus pâle, accusait son délire de la veille.

Je n’osai plus l’interroger…

A dater de cette époque, ce beau et fort jeune homme devint chaque jour plus faible ; peu à peu, son corps s’était tellement amaigri qu’il semblait s’être considérablement allongé.

Son caractère aussi s’était transformé.

Louis était devenu comme un petit enfant, tantôt plein de douceur, tantôt irascible et colère.

Il manquait souvent les cours et il ne venait que rarement à la pension ; le plus souvent il se faisait apporter ses repas dans sa garçonnière.

Un matin du mois de février, je le trouvai au coin de son feu, occupé à faire bouillir une cafetière ; il tenait à la main ce bocal plein de feuilles sèches et sur lequel j’avais remarqué une fois ce vieux livre qu’il appelait le code de la raison.

- Que fais-tu ? lui dis-je.

Louis leva sur moi ses grands yeux, autrefois si limpides et brillants, aujourd’hui presque éteints.

- Tu le vois bien, me fit-il d’une voix langoureuse. Je me chauffe tout en faisant bouillir ce pot.

- Que sont les feuilles que tu tiens dans ce bocal ?

- Ah ces feuilles ! … dit-il.

Une rougeur subite envahit son pâle visage ; ma question l’avait troublé, il fit un mouvement instinctif comme pour dérober le bocal à ma vue.

- Oui ! répétais-je, que sont ces feuilles sèches ?

Mon malheureux ami se taisait toujours.

- Louis, lui-dis-je, en me dressant, offensé, si tu refuses de me dire ce qu’il y a dans ce bocal et ce que tu as mis dans cette cafetière, tu n’es plus mon ami et je te quitte…

Pauvre enfant, ma menace l’avait ému, j’avais fait semblant de sortir.

- Reste là, ajouta-t-il d’une voix suppliante, je te dirai tout… mais ne te moque pas de moi… c’est un secret, promets-moi de n’en parler à personne.

- Je te le promets, lui dis-je, en m’asseyant de l’autre côté de la cheminée.

- Eh bien ! écoute, me dit Louis après un court silence, ces feuilles sont ma vie intellectuelle, aujourd’hui ma seule félicité possible, un besoin auquel je ne puis plus me soustraire.

Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir, toi, les rêves qu’elles me procurent ; grâce à elles, je vole quand je veux dans des mondes féériques, qu’aucune langue ne pourrait décrire, j’entends des musiques que la terre n’a jamais entendue ; grâce à ces feuilles, mon âme se transporte à ma volonté dans les régions supérieures, je vois des splendeurs ignorées…

Je vis par un sens bien plus puissant que tous les autres : le sens intérieur.

Voilà mon secret… ajouta mon ami, après une pause, pendant laquelle il retira soigneusement sa cafetière du feu.

- Tout cela ne m’explique encore rien, répondis-je, et je crois que tu plaisantes.

- Je t’ai dit mon secret… moque-toi de moi si tu veux… mais tu as promis de ne pas le révéler.

- Et je te le promets encore, répondis-je ; seulement tu ne m’as pas encore dit comment tu appelles ces feuilles enchanteresses.

- Ces feuilles, me dit enfin Louis, viennent du Cannabis. Veux-tu en connaître les vertus ? … Veux-tu voir des choses dont tu n’as pas même l’idée ? …

En disant cela, il prit sur sa cheminée une petite boite et ajouta :

- Mange quelques-uns des bonbons contenus dans cette boite, c’est moi qui les fabrique avec la décoction des feuilles de cannabis.

- En vérité, je n’en sais guère plus long qu’auparavant.

- Ah ! tu ne comprends pas ? fit-il en souriant. Hé ! bien, avec le cannabis on fait le dawamesc.

- Alors, qu’est-ce que le dawamesc ?

Louis sourit encore de mon ignorance et se penchant à mon oreille, comme s’il eût peur qu’un autre que moi connût son secret, il me dit :

- C’est le hachisch.

Cette étrange et obscure révélation me donna le mot de l’énigme que je cherchais depuis longtemps.

Mon pauvre ami avait voulu jeter un voile sur les réalités de la vie et, par cette boisson maudite, il trouvait le bonheur dans le rêve, l’espérance dans l’oubli.

Malgré ma promesse de ne rien dire, je me fis un devoir d’écrire à sa famille et de lui tout révéler.

Louis retourna dans son pays.

Un an après, j’apprenais sa mort dans une maison d’aliénés, où il avait dû être enfermé.

Je l’ai pleuré car je l’aimais…

Je pleure encore en écrivant son histoire, mais avec des larmes, il y a un rayon de lumière, car cette histoire, dans sa tragique horreur, plaide pour moi une cause qui m’est chère – la cause de l’antialcoolisme.

Julius RIGEL

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