Une société protectrice des mères

- Peux-tu m’aider quelques minutes, Marion ?

- Je voudrais bien, mais c’est impossible. (Le ton n’était pas impatient mais précipité). J’ai ce travail littéraire à finir pour le cercle, ce soir. Il me faut aller à la Conférence historique dans une heure, puis à la réunion de couture et revenir pour ma leçon d’allemand à cinq heures.

- C’est vrai, chérie, tu ne peux pas m’aider. Tu as l’air toi-même exténuée. Peut-être que si je me mets une compresse sur le front, je pourrai terminer ceci.

- Fini, enfin ! dit Marion, d’un air fatigué, en signant le " Développement de l’Idée religieuse chez les Grecs " et en regardant la pendule.

Son attention fut arrêtée par un étrange spectacle.

Sa mère, s’était endormie sur sa couture.

Ceci n’était pas surprenant, mais la jeune fille tressaillit en voyant deux figures d’anges penchées sur le visage de sa mère.

- Qu’est-ce qui donne cet air lassé à cette femme ? demanda l’un d’eux, à l’attitude sévère et sombre, à l’autre, triste et abattu. Est-ce que Dieu ne lui a point donné de filles ?

- Si, mais elles n’ont pas le temps de l’aider.

- Pas le temps ! cria le premier. Qu’est-ce qu’elles font de tout le temps que je leur accorde ?

- Eh ! bien, répliqua l’ange de la vie, je les occupe amplement. Ce sont des filles affectueuses, très admirées pour leurs bonnes œuvres ; mais elles ne voient pas que celle qu’elles aime glisse de mes bras dans les tiens.

Ces cheveux gris viennent du surmenage qui est le sien pour gagner l’argent nécessaire aux leçons de musique et de langues.

Ces joues pâles se sont fanées pendant que les jeunes filles peignaient des roses et des pensées.

L’ange sombre, fronça les sourcils.

- Les jeunes demoiselles doivent être très accomplies de nos jours, continua l’autre. Ces yeux se sont usés à coudre pour elles, pour leur donner le temps d’étudier l’histoire ancienne et la littérature moderne ; ces rides se sont creusées parce que les jeunes filles n’avaient pas le temps de partager les soucis et les travaux de la vie quotidienne.

Ces soupirs sont ceux d’une mère négligée et solitaire pendant que ses filles travaillent pour les femmes de l’Inde ; cet air fatigué vient de ce qu’elle se lève de très bonne heure pendant que ses filles rattrapent au lit les heures qu’elles ont passées la veille à une conférence ou au concert de charité ; ces pieds sont si las parce qu’ils marchent sans cesse.

- Mais est-ce qu’elles ne l’aident pas du tout ?

- Elles font ce qu’elles peuvent. Mais leurs pieds à elles se fatiguent à aller collecter pour l’hôpital ou les besoins de l’église, à visiter les pauvres et les malades.

- Rien d’étonnant, dit l’Ange de la Mort, que je sois appelé par tant de mères. C’est triste, ces jeunes filles aimantes, travailleuses, me laissant emporter leur mère aussi bien que les filles dénaturées et égoïstes !

- Ah ! les heures sont si remplies ! dit l’Ange de la Vie, d’un ton las. Elles n’ont vraiment pas le temps de prendre soin de leur mère qui en a tant dépensé pour les élever.

- Alors, je vais poser mon sceau sur son front, dit l’Ange de la Mort, en se penchant sur la femme endormie.

- Non ! non ! cria Marion, en s’élançant vers lui. Je prendrai soin d’elle si vous me la laissez ! …

- Chérie, tu as fait un cauchemar ! Réveille-toi ! Je crains que tu sois en retard pour la Conférence historique.

- Cela ne fait rien, maman. Je n’irai pas aujourd’hui. Je suis reposée, maintenant et je finirai ces boutonnières pendant que tu fais un petit somme sur le canapé. J’enverrai un mot au professeur du cercle pour m’excuser, car c’est moi qui m’occuperai du souper. Je ferai de ces beignets que tu aimes.

- Mais, chérie, je n’aime pas prendre ton temps.

- Et tout celui qui tu m’as donné, toi ! Dors un peu, chère petite mère, comme je viens de le faire et ne te mets en souci de rien. Tu m’es plus précieuse que toutes les littératures et toutes les langues de la terre.

Et avec un tendre baiser de sa fille (généralement peu adonnée à ce genre de démonstration), Madame Benson s’endormit d’un doux et reposant sommeil.

- Je vois que nous pourrions avoir perdu la meilleure des mères dans notre course folle à l’éducation et à l’utilité pour d’autres, monologuait Marion, en jetant un regard sur l’endormie.

Dorénavant, je ne consacrerai au travail extérieur que le temps dont elle n’aura pas besoin.

Jusqu’à ce qu’elle soit complètement remise de ses fatigues, je prendrai la charge de la maison et je renoncerai à toutes les sociétés…. Excepté à une que je représenterai moi-même si les autres jeunes filles ne veulent pas se joindre à moi… la " Société protectrice des mères. "

Marion a tenu parole.

Quelques-mois après, un des membres de la Société progressiste féminine lui dit :

- Vos travaux littéraires nous manquent tellement, Mademoiselle Marion ! Vous semblez avoir perdu toute ambition de devenir une femme très instruite !

Vos sœurs vont vous dépasser, je le crains. Mais comme votre mère à l’air jeune pour avoir de si grandes filles ! Je ne l’avais jamais vue si bien ! Alors Marion se sentit récompensée d’être membre de la Société protectrice des mères.

(Our own gazette)

Adore, et tais-toi

Me rendant, il y a quelques jours, à la réunion des Mères de famille, je rencontrai l’une d’elles dans le Métro, elle avait l’air préoccupé, irrité ;

- Avez-vous appris quelque mauvaise nouvelle ?

- Non, mais c’est cette abominable guerre qui ne finit pas. Il n’y a pas que sur le front que l’on en souffre.

Je la regardai pleine de sympathie, m’attendant à quelque angoisse intime, lorsqu’elle éclata.

- Tout est hors de prix, le poireau à trois sous pièce au lieu de trois sous la petite botte ; puis les " queues " qu’il faut faire pour avoir du sucre, des pommes de terre, du pétrole et du charbon.

- Prenons patience, hasardai-je, voici le printemps ; l’été dernier les légumes frais n’étaient pas chers.

- Alors, reprit-elle naïvement et presque avec enjouement, on pourra pardonner à la guerre tous ses méfaits, car, après tout, elle aura fourni des logements gratuits et le secours de chômage.

Deux jeunes dames (jolie serviette de cuir sous le bras) avaient entendu les doléances de l’ouvrière.

Elles ajoutèrent les leurs :

- La vie est toute changée, plus de pain frais, la plupart des théâtres fermés… et puis, on ne peut plus approcher les magasins : 56 francs de bottines de chevreau à lacets ; cette jupe que j’ai payée 6 francs le mètre est aujourd’hui à 16 francs !

Et ce matin, pour un ananas de 2 frs 50 en temps ordinaire, j’ai payé 5 francs !

Vraiment, où cela va-t-il nous mener ? Il est grand temps que cela finisse !

On dit que la guerre fait aller le commerce ? Je m’en moque bien, je ne suis pas dans le commerce, moi. "

Mes dents se mordaient…. J’enrageais, j’allais éclater d’indignation, quand j’eus à descendre.

Dans le courant de la réunion, je demandai à l’auditoire d’indiquer un cantique.

Une femme, la plus labourée, la plus hersée, la plus " criblée " peut-être, demanda le 327. Le verset 3 :

Je ne veux plus rien craindre,

Je ne veux plus me plaindre,

Mon Dieu me conduira ;

En avant ! bon courage :

Jusqu’au bout du voyage

L’Eternel pourvoira !

Suscita bien des réflexions :

" Ne soyons pas toujours prêts à décrier le présent ; faisons état de ce que nous avons et non de ce que nous n’avons pas.

En Egypte, les Hébreux en servitude gémissaient tellement que Dieu fit des merveilles de puissance pour les en retirer.

A peine sortis de ce " fourneau de fer ", les voilà qui pleurent sur les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et l’ail qu’ils n’ont plus.

Ils les regrettent, bien qu’ils ne les aient mangés qu’accompagnés de coups de fouet des exacteurs.

Oh ! ces potées de viande qu’ils semblent n’avoir jamais appréciées quand ils les avaient, qu’elles leurs paraissaient succulentes dès qu’ils en furent privés ! "

- Sont-ce les difficultés de l’approvisionnement qui constituent les horreurs de la guerre ?

Quelqu’un est-il déjà mort de faim ?

On a remarqué que ce sont ceux dont les foyers sont encore au complet qui se plaignent le plus de ces difficultés matérielles…

Ah ! ne lassons pas Dieu par nos murmures ; craignons que, pour notre éducation spirituelle, Il ne nous abandonne à des calamités auxquelles nous avons échappé jusqu’ici et prenons des résolutions d’endurante confiance, en Lui demandant de nous aider à les tenir.

Le regard humilié de ma compagne de voyage me consola.

En partant, elle me dit tout bas :

- Si l’on réfléchissait, on ne dirait pas des bêtises comme j’en ai dit dans le Métro et surtout on ne paraîtrait pas plus ingrat qu’on ne l’est.

C’est vrai qu’après tout, j’ai plus de choses qu’il ne m’en manque ! C’est drôle tout ce que j’apprends depuis que je viens ici, tantôt une chose, tantôt une autre !

A ce moment mes pensées se reportèrent vers les deux jeunes dames à l’ananas.

Elles resteront sans doute dans leur égoïsme et s’y complairont, tandis que cette ouvrière sortira du sien.

Et je bénis Dieu d’avoir allumé dans nos quartiers ouvriers ces quelques lampes qui s’appellent les " Salles d’évangélisation populaire " qui dissipent tant de préjugés et de ténèbres.

En ce qui me concerne personnellement, je Le bénis surtout du doux et croissant bonheur qu’il m’accorde en m’utilisant dans la même sorte de service depuis tant d’années (encore quatre ans et cela fera un demi-siècle !)

Il a tiré un merveilleux et divin parti de tout le peu que je suis et que je sais, par sa grâce et de sa grâce.

Les labourages, hersages et criblages qu’Il a jugé bon de me faire subir à moi aussi, sont presque, aujourd’hui, les plus fécondes sources de mon ministère auprès des troupeaux de mères dépouillées et de veuves que sa houlette rassemble autour de moi.

Parfois j’ai le sentiment que c’est pour l’amour d’elles autant que pour l’amour de ma propre âme que j’ai été passée au creuset.

En vérité, qui pourrait leur parler d’espérance et de " paix dans le Seigneur " avec plus de sympathique conviction qu’une épouse sans mari, une mère sans enfants qu’Il a amenée à Lui dire : " Je me tais parce que c’est toi qui l’as fait. Toutes tes voies sont amour et sagesse. "

Il ne console que ceux qui sans Lui seraient inconsolables… et gloire, gloire à mon Dieu de toute compassion.

O mon âme, adore… et tais-toi !

Mme J. DALENCOURT

Les mains de la petite mère

L’histoire qui suit, racontée par le docteur Dawson, nous apprend, dans sa touchante beauté et sa simplicité, une leçon que nous ferons bien de prendre à cœur.

" Dans le cours de mon ministère dans un quartier pauvre de Londres " - dit le docteur - " j’arrivais à un triste cas, celui d’une mère de cinq enfants qui se mourait de phtisie.

Le père, un ouvrier qui travaillait dur mais gagnait peu, pouvait à peine suffire aux besoins les plus nécessaires de la famille, qui, bien souvent, était dans le dénuement.

Le plus lourd de la besogne tombait sur les épaules de l’aînée, Mary, une fillette de neuf à dix ans.

Jamais le nom de " petite mère " ne fut plus approprié que dans son cas.

Non seulement elle avait à soigner la malade, mais il lui fallait encore remplacer celle-ci auprès des autres enfants, être la mère, avec tous ses multiples devoirs, de ses petits frères et sœurs.

Et la pauvre " petite mère " était souvent bien fatiguée !

Bientôt la mère mourut.

D’un côté, le travail de Mary se trouva allégé, mais combien plus lourde fut la charge de responsabilité et de détresse qui lui incombait !

Tant qu’elle avait sa mère, Mary se sentait soutenue par un appui moral, elle avait quelqu’un pour la conseiller et la diriger.

Maintenant, tout dépendait d’elle !

La santé de la " petite mère " - qui n’avait jamais été très forte – commença bientôt à décliner sous le double fardeau, moral et physique, qu’elle avait à porter.

Soigner les enfants, faire le ménage et la cuisine, laver, repasser, porter lourd, c’était trop pour l’endurance d’une fillette de dix ans !

Jour après jour, ses forces diminuaient ; ses sorties, dont elle avait tant besoin que le gros bébé qu’il lui fallait porter, devinrent de plus en plus rare.

Le petit devenait trop lourd pour les bras faibles et minces de la " petite mère ", et celle-ci n’eut bientôt plus assez de courage et d’énergie pour le descendre jusqu’au bas de l’escalier raide et lui faire respirer l’air lourd et chaud de la cour.

Il arriva un jour où le plus léger effort devint impossible à la pauvre Mary ; elle fut forcée de s’en remettre pour elle et sa tâche, aux bons soins d’une de mes " aides " qui prit en main l’œuvre de la " petite mère " où celle-ci, complètement épuisée, vaincue dans la lutte, dut l’abandonner.

A l’une de mes visites, comme je me tenais à la porte entr’ouverte, avant de frapper pour m’annoncer, j’entendis le murmure de voix enfantines.

Une petite amie de Mary était assise près de son lit et épelait, laborieusement, quelques versets de la Bible.

- O Maggie ! – c’était la voix de Mary qui parlait maintenant – que dirai-je à Jésus quand je le verrai, s’il me demande pourquoi je ne suis pas allée au temple et à l’école du dimanche ? Tu sais que j’étais si fatiguée, oh ! si fatiguée, Maggie, que je pouvais à peine prier !

- Oh ! ne te tourment pas, Mary, répondit l’autre fillette. Quand tu verras Jésus, tu n’auras qu’à lui montrer tes mains, et il comprendra ! …

Un livre dans un parapluie

J’avais neuf ans environ.

On venait de décider que c’était un grand malheur que j’eusse jamais appris à lire, car, dans mon ardeur à dévorer tous les livres qui me tombaient sous la main, j’en perdais le sommeil, je devenais maigre et pale, j’avais des maux de tête terribles et constants.

Mes parents enlevèrent de ma portée tous les volumes qui pouvaient m’intéresser, même ceux que j’avais lus cent fois, par crainte que je ne les lusse encore.

Alors, je me relançai sur les dictionnaires, les livres de cuisine et autres productions de ce genre, peu faites cependant pour mon petit cerveau.

De désespoir, on m’enleva tout.

Ce fut pour moi une véritable catastrophe.

Je ne rêvai plus qu’au moyen permis ou non de remettre la main sur un livre quelconque.

Un jour que je fouillais dans un petit réduit qui servait de débarras, je trouvai un volume au titre encore inconnu.

La joie me coupa presque la respiration.

Une fenêtre éclairant le réduit, j’allais m’installer sur un sac de vieux chiffons pour dévorer mon trésor.

Lorsqu’une crainte me vint.

Mon père était là, à côté, dans son cabinet de travail.

Une porte seulement nous séparait.

S’il l’ouvrait, j’étais perdue !

Mieux valait quitter ce lieu dangereux et aller me blottir derrière quelque massif d’arbustes, au jardin.

Mais une difficulté sérieuse s’opposait à mon beau projet.

Il me fallait, pour sortir, traverser le cabinet de mon père. Où cacher mon livre ?

Un instant, mon angoisse fut réelle.

La confiscation de ma précieuse découverte me paraissait intolérable.

J’y avais jeté un coup d’œil ; il y avait des " blancs ", des lignes inachevées, c’est-à-dire des conversations ! c’était donc une histoire et non pas un livre ennuyeux ou incompréhensible !

Il fallait, à tout prix, trouver une combinaison.

Je regardai autour de moi et avisai un vieux parapluie qui me servait parfois pour jouer " à la dame " avec quelque petite amie.

C’était là mon affaire et ma délivrance !

J’oubliai tout le reste et glissai mon livre dans la soie usée du parapluie dont les vieilles baleines s’écartèrent généreusement.

Et je pensai :

- Papa doit savoir que je m’amuse quelquefois avec ce parapluie. Il ne remarquera rien.

Néanmoins, c’est en tremblant que j’ouvris la porte, mon parapluie négligemment passé sous le bras.

Mon père écrivait près de la fenêtre.

Le petit grincement affairé de sa plume me rassura un peu et j’avais presque atteint l’autre porte, lorsque, oh, terreur ! le grincement de la plume s’arrêta et mon père tourna la tête.

Était-ce la singulière façon du parapluie ou le trouble qu’il sut lire sur mon visage ?

Toujours est-il qu’il fixa sur moi un regard scrutateur et dit brièvement 

: - Pourquoi faire, ce parapluie ? il ne pleut pas.

Et je balbutiai.

- C’est pour m’amuser.

Il me considéra un instant encore, en silence, puis comme j’allais m’échapper.

- Apporte-moi ça.

J’étais perdue ! Ah ! mon pauvre livre ! et un que je n’avais jamais lu !!!!

Le seul poids du parapluie révéla mon larcin et les baleines complaisantes eurent bien vite fait de s’écarter pour laisser apercevoir la couverture vert pâle du livre défendu.

Mon père le prit, le posa sur la table d’un geste sec et me regarda de nouveau d’un air très triste.

Je vois encore son cher visage, un peu plus pâle, son expression de désappointement et de douloureuse surprise.

Et maintenant qu’il a quitté cette terre, maintenant qu’il repose en paix jusqu’au jour où je le reverrai sans tristesse et sans regret, c’est à mon tour de souffrir de ce souvenir que je voudrais tant effacer, mais qui, quoique pardonné, ne peut jamais s’oublier ici-bas.

Enfin il parla.

- Tu as désobéi, dit-il lentement. C’est une première et grande faute.

Quelle que soit ta passion pour la lecture, tu es assez âgée pour comprendre que tes parents savent mieux que toi ce qu’il faut te permettre ou te défendre.

Puis, tu as cherché à me tromper et je ne sais ce qui me fait le plus de peine, entre ces deux grands chagrins. Ce parapluie, ma fille, c’est un mensonge !

Je regardai mon pauvre parapluie, qui avait, certes, l’air bien innocent, mais qui devint tout à coup, à mes yeux, comme un compagnon de honte et de remords.

Je restais là tremblante, attendant ma sentence.

Je savais bien que je ne m’en tirerais pas à bon marché.

Sur le chapitre du mensonge, mon père ne badinait pas et pour un mensonge qui se voyait, qui se touchait, qui restait là, monstrueux, sous mes yeux, un mensonge qui était un parapluie, je me demandais quel serait mon châtiment !

Mon père s’était levé.

- Je dois te fouetter, me dit-il. Je ne puis permettre que ma petite fille oublie ainsi la loi de Dieu et de ses parents sans qu’elle en supporte les conséquences.

Je sais que ton cœur n’en sera pas changé. Cela, Dieu seul peut le faire, mais tu sauras au moins qu’on ne fait pas le mal sans en souffrir d’une façon quelconque.

Il faut que tu te souviennes de ce jour.

Ah ! mes amis ! oui, je m’en souviens !

Et quel souvenir cuisant, à tous les points de vue ! Je vous souhaite de ne jamais en connaitre de pareil !

Lorsque j’eus bien crié, bien hurlé, bien résisté et reçu jusqu’au bout cette célèbre correction, mon père ajouta :

- Va placer ce parapluie, puis tu iras au lit.

Au lit ! Et il était 10 heures du matin.

En silence, aux grands hoquets de mes sanglots, j’emportai mon parapluie, mon mensonge visible, je le fourrai dans un coin invisible et profond, et je puis vous affirmer que plus jamais je n’eus envie de remettre de livre dedans, ni dans celui-là, ni dans un autre.

Vous avez compris, petits chéris ?

C’est vrai, voyez-vous ; quand on est petit, on ne pense pas souvent à l’avenir.

On ne pense pas qu’un jour viendra où papa et maman, qui nous ont tant aimés, nous aurons quittés, où nous regrettons tant de les avoir fait souffrir, où nous saurons mieux aussi que Dieu nous voit partout, même dans les petits réduits où nous nous croyons seuls !

Maintenant que je sais tout cela et que je suis maman à mon tour, je voudrais que mes enfants et mes petits amis ne se préparent pas les mêmes regrets pour plus tard.

Une maman

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