A la mort d'un enfant

" Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Je m’en vais vers lui, et lui ne viendra pas vers moi ! " (2 Samuel, chapitre 12, verset 23).

Voilà donc votre cher enfant recueilli dans le sein de Dieu.

Il était bien jeune, - il avait douze ans à peine, - mais, de bonne heure aussi, il avait donné son cœur au Seigneur.

Il en est de la venue de Christ comme de la mort, la chose est certaine, le temps incertain.

Comme la mort d’autrui nous surprend souvent ! Tandis qu’au fond il n’y a rien de moins surprenant.

Jeunesse, beauté, utilité même, ne nous préservent pas.

Souvent la mort semble cueillir les plus belles fleurs ; les exemples manquent-ils ?

C’est pourquoi il faut se souvenir de l’exhortation du Seigneur : " Je le dis à tous : Veillez ! "

Et de celle de l’apôtre : " Mes petits-enfants, demeurez en lui ! "

C’était votre unique enfant, bien utile à sa mère à laquelle il rendait de nombreux services, et tendrement aimé de ses alentours.

Une maladie de cœur, rapide, mais qui longtemps nous empêcha de nous rendre compte de son état, l’a emporté.

Quand il m’envoya sa photographie, il y a quelques mois, je me doutais peu que ce cher enfant vous serait sitôt redemandé ; mais le Seigneur lui a fait la grâce, la grande grâce, d’être pleinement détaché.

Il a vu venir la mort sans effroi et vous a dit paisiblement : " Au revoir ! Ne pouvez-vous pas en bénir le Seigneur ? "

Et cependant, chers amis, vous faites appel à ma sympathie, dans votre épreuve, vous me demandez quelques mots de consolation.

Si je ne pensais qu’à ma faiblesse et à mon impuissance, il me serait impossible de vous répondre, mais je me souviens que Dieu est riche en grâces pour tous ceux qui l’invoquent.

Je l’ai prié de guider mon cœur et ma plume, et c’est ce qui m’encourage à vous adresser quelques pensées puisées à la source si riche des consolations du Dieu fort.

Avant tout, chers amis, je voudrais pouvoir voler vers vous, crier avec vous au Seigneur qui est le Dieu des vivants et non le Dieu des morts.

Je voudrais implorer, du sein de la sombre nuit qui vous entoure, ce Dieu qui vous semble dur et qui est plein de tendresse, qui parait si cruel parfois et qui est toujours si miséricordieux.

Demander à ce Dieu qui recueille nos larmes dans ses vaisseaux, de vous fortifier par son esprit, de relever jusqu’à lui votre tête courbée par la douleur, et de vous donner de pouvoir dire comme Job, mieux que lui puisque vous connaissez le Sauveur :

" L’Eternel l’avait donné, l’Eternel l’a ôté, que le nom de l’Eternel soit béni ! "

Dussiez-vous même le dire avec des lèvres tremblantes et un œil mouillé de larmes.

C’est difficile, je le sais, mais ce n’est pas impossible.

C’est le chemin de la soumission, d’une soumission humble et volontaire, qui seul conduit à la paix.

Que Dieu vous fasse la grâce de répéter, avec un cœur soumis : " Je me suis tu et je n’ai point ouvert la bouche, parce que c’est toi qui l’as fait ! "

Est-ce à dire que tout soit fini par là ?

- Oh, non !

Je dirai même qu’il nous est impossible de justifier Dieu dans toutes ses dispensations ; il nous faut savoir les accepter sans les comprendre.

La vie entière du chrétien sur la terre doit être une attente, dans la foi à ce que Dieu a promis.

Ce que Dieu a fait déjà pour nous dans le don ineffable de la rédemption est un gage de ce qu’il fera un jour pour nous dans la gloire promise pour la justification de toutes ses voies.

Nous pouvons donc attendre en paix la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, où tout sera expliqué, où la pleine lumière remplacera la sombre nuit.

Alors tous les pères chrétiens, toutes les mères chrétiennes qui ont pleuré devant Dieu sur un enfant enlevé à leur tendresse comprendront que cette perte était elle-même une bénédiction, et que, ici-bas déjà, leur tristesse aurai pu être changée en joie.

Ce qui est angoissant, c’est d’avoir à adresser des consolations à des parents dont les yeux ne se sont point encore fixés sur ce jour glorieux du Seigneur, qui mettra fin à toute obscurité.

Mais partout où la chose est possible je m’efforce de dire :

" Vous devez, avec votre enfant, corps, esprit et âme, vous jeter entre les bras de Jésus, vous appuyer sur son cœur, et attendre son jour qui est aussi votre jour, où il justifie pleinement son Père, qui est aussi notre Père, pour tout ce qui nous a paru obscur ici-bas, et pour la mort de votre enfant comme pour tout le reste. "

Sans cette consolation toutes les autres seraient vaines ; avec cette ferme attente de la foi, au contraire, le jour de votre tristesse peut se changer en un jour de céleste joie.

La mort d’un enfant est toujours bien sérieuse en ceci surtout, que le contraste avec la vie y est plus frappant que dans toute autre mort.

Nous y voyons la puissance du péché éclater d’une manière redoutable, puisque souvent le cher enfant est enlevé avant même d’avoir conscience du bien et du mal.

Mais aussi, grâces à Dieu, les bénédictions du salut sont pour tous ; elles sont à la portée du plus faible, du plus humble, et souvent le jeune enfant peut les saisir avec plus de fraicheur et de vie que l’homme fait qui a déjà grandi dans le mal.

" Je te loue, ô mon Père, disait Jésus, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et que tu les as révélées aux enfants " (Luc, chapitre 11, verset 25).

Le salut est la portée des enfants, parce qu’il consiste en un fait, en un fait palpable et facile à saisir ; mieux que cela, il consiste en une personne, en Jésus, mort et ressuscité, une personne sympathique à l’enfance, un Sauveur qui a voulu traverser lui-même tous les âges de la vie et qui a sanctifié l’enfance comme l’âge mur.

Voilà pourquoi l’amour divin trouve un écho dans l’âme de l’enfant, voilà pourquoi la foi, simple et candide du jeune âge peut nous être proposée comme modèle.

Voilà enfin ce qui nous explique tant de mots touchants et profonds, qui nous font envie quand nous les entendons sortir de la bouche des enfants.

" Quiconque a écouté le Père, et a été instruit par lui, vient à moi, dit Jésus " (Jean, chapitre 6, verset 45).

Il me semble, chers amis, que ce mot est bien consolant pour des parents chrétiens qui ont appris à leur enfant à balbutier le nom du Sauveur : " Quiconque a écouté le Père vient à moi ! "

Ecouter le Père ! C’est peu, et c’est beaucoup cependant, puisque c’est tout ce que Jésus demande.

Certainement que votre cher enfant a écouté le Père.

Déjà quand vous le portiez dans vos bras, et que son regard plongeait avidement dans l’œil de sa mère, et plus tard, dans bien des occasions où vous ne vous en étiez pas même doutés.

Qui sait ce que la grâce de Dieu peut accomplir dans une jeune âme et pendant sa vie, et même au moment de sa mort ?

C’est là le secret de Dieu que nous connaitrons un jour, quand les livres seront ouverts.

Mais il y a dans cette pensée, de quoi ranimer votre foi et stimuler votre prière.

Et néanmoins, vous pleurez ; vos larmes coulent, amères et silencieuses.

Je vous comprends, et le Seigneur ne le défend pas.

Quand nos larmes ne sont pas des larmes inspirées par l’égoïsme, quand, au contraire, elles sont, comme celles de Jésus, les larmes de la sympathie et de l’amour, elles sont permises, que dis-je ?

Elles sont un baume que la main même de Dieu répand sur notre blessure.

De plus, pensez à ce qui attendait votre enfant sur la terre, - et à tout ce que votre sollicitude n’aurait pu lui épargner : un chemin rocailleux et semé d’épines, les tentations d’un monde plongé dans le mal, une lutte incessante, une vie de souffrances peut-être.

Qui sait si l’ennemi n’eût pas livré de rudes assauts à sa faiblesse ?

Et maintenant il est recueilli de devant le mal.

Pensez que le Bon Berger a pris entre ses bras son agneau fatigué.

" Il paitra son troupeau comme un berger, il rassemblera les agneaux entre ses bras et les portera dans son sein " (Esaïe, chapitre 40, verset 11).

Votre enfant est couronné presque avant que d’avoir combattu, et maintenant il occupe à la droite de son Sauveur une place qui est la sienne, et que personne ne pourra lui ravir jamais.

Quelle grâce et quelle gloire ! Et quel motif d’apaisement pour votre pauvre cœur.

Mais je comprends encore vos larmes quand je pense à ce qu’était votre cher enfant, si bon, si aimable, si prévenant, si aimant avec les enfants !

Avec quel sourire bienveillant il m’accueillait !

Et s’il était tout cela pour un étranger, non, pour un ami, quels trésors d’affection ne devait-il pas réserver à sa mère ?

- Mais il y en a un qui l’aimait plus que vous, et il l’a pris à lui, dans son jardin, parce qu’il en avait besoin, et c’est un lien de plus entre le ciel et vous, entre Jésus et votre cœur :

O vous, qui d’une enfant pleurez la mort cruelle,

Quand les anges viendront pour un meilleur repos

Réveiller tous les saints couchés dans leurs tombeaux,

Elle aussi portera la couronne immortelle.

Elle vous tend les bras déjà du haut des cieux…

Ecoutez les paroles inspirées à Luther, ce cœur paternel, aimant et fort, à la mort de sa chère petite Magdeleine :

" Nous aurons une terre nouvelle dans le ciel. Le feuillage des arbres et l’herbe des champs offriront alors l’éclat d’une émeraude ; toutes les créatures seront d’une admirable beauté, sous l’empire de Jésus-Christ.

" Quelle joie que d’être affranchis de toute souffrance ! Quel grand bonheur que d’être délivrés de la servitude présente ! Nous n’aurons plus à nous occuper du boire, du manger, du dormir et du reste. Si nous avons tant de plaisir à contempler les œuvres de Dieu, que sera-ce quand nous verrons le Seigneur face à face ? "

Vous le savez, vous n’êtes pas seuls à lutter dans l’affliction, et des milliers de pères, de mères, ont éprouvé avant vous l’efficace de la miséricorde du Seigneur.

Il vaut mieux que nous, et vous pouvez accepter les consolations que donnait un chrétien éminent à une femme très éprouvée :

" Il ne faut pas appesantir trop votre pensée sur vos maux ; il faut en détourner vos regards pour les tourner en haut, et vous élever par la foi au-dessus des peines du présent.

" Nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont destinés au salut, que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer au royaume des cieux, et que le sarment doit être émondé afin qu’il porte plus de fruits.

" Notre Maître a été un homme de douleurs, il a été navré pour nous ; pourquoi refuserions-nous de l’être comme lui et avec lui ?

" D’ailleurs, tout bien compté, les souffrances du temps présent ne sont point à balancer avec la gloire qui nous est proposée.

" Si Dieu sèvre nos cœurs des affections qui nous attachaient trop à la terre, c’est afin d’attirer sur les choses spirituelles nos pensées et nos désirs.

" Nous ne faisons jamais mieux l’expérience de la fidélité et de l’amour de Dieu que lorsque nous sommes affligés ; c’est alors qu’il s’approche de nous et nous fait entendre sa voix.

" Il faut s’élever au point de vue de l’éternité ; à cette hauteur, les choses de la terre, pleines de joies, disparaissent presque et n’ont plus d’importance que comme moyen de préparation pour le ciel " (1)

Celui qui est ainsi consolé, ne possède-t-il pas une paix au-dessus de toutes les fluctuations de notre pauvre cœur ?

Mais il faut vous laisser consoler, sinon vous êtes en révolte contre Dieu, contre ce Dieu qui vous aime si tendrement, et vous empêchez son œuvre de se faire dans votre cœur.

Ayez donc bon courage, et regardez-en haut au travers de vos larmes ; regardez à Jésus d’un regard calme et assidu, du regard de la foi, de l’obéissance et de l’amour.

Regardez, non en arrière à ce que vous avez laissé, mais en avant, à ce qui vous attend, et si la route est difficile, si votre solitude est encore pleine d’angoisse, souvenez-vous de la main invisible qui vous conduit, souvenez-vous du regard d’amour qui est constamment abaissé sur vous :

" Celui qui vaincra, dit le Seigneur, héritera toutes choses, et je lui serai Père, et il me sera fils ! "

Chers amis, la Parole de Dieu est seule efficace pour consoler, et mes paroles sont des paroles d’hommes.

Mais Jésus a été homme ; il a sympathisé à toutes nos douleurs, et si le Saint-Esprit fait parvenir jusqu’à votre cœur mes faibles paroles, elles vous feront du bien.

" Or, à Celui qui est tout bon, tout-puissant et tout sage, à Dieu, notre père fidèle et miséricordieux, soit louange et gloire, soumission et obéissance, dans votre cœur et dans le cœur de tous ses enfants affligés. Amen ! "

(1) Rod. Clement. Lettre

A une mère chrétienne - A la mort de son fils unique

Ma sœur, vous le savez, pour un grand sacrifice

Jésus, à ses enfants, donne une grande foi.

Que son fidèle amour, toujours vous affermisse.

Il frappe ! mais sa voix vous dit encor : C’est moi !

Jésus, en gravissant son douloureux Calvaire,

Succombant et lassé, levait les yeux au ciel.

Regardez vers le ciel : c’est là qu’est la lumière,

Le repos infini, le revoir éternel.

Abraham présentait, vivante, son offrande ;

La grâce de son Dieu bientôt vint y pourvoir.

L’amour vous donnera ce que l’amour commande,

La paix d’un cœur soumis et l’immortel espoir.

Votre enfin vit au ciel. Au sein de Dieu le Père

Les anges l’ont conduit au glorieux séjour.

Ses combats ont cessé, pour lui plus de mystère,

Il contemple Jésus dans l’éternel amour.

En restant sous la croix, ma sœur, levez la tête ;

Jésus est là toujours : bientôt il va venir.

Il calmera nos cœurs au sein de la tempête,

Et, sous la croix encor, vous pourrez le bénir.

Pubié par la société des traités religieux de Lausanne

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