Etudes présentées à la convention de morges 1938 par Albert NICOLE

Les joies du Christ

La joie du Christ, sous son double aspect : Les joies qu’Il met dans nos cœurs et la joie que nous sommes appelés à Lui donner.

Voilà le sujet que je compte aborder avec vous, l’espace limité dont je dispose ne me permettant pas d’en faire une étude détaillée.

Tout d’abord, examinons les textes où l’Evangile nous permet de pressentir la joie qui remplit le cœur du Sauveur, sans qu’il rende explicitement témoignage à ce sentiment.

Lisons attentivement les récits des miracles qu’Il a accomplis, regardons en psychologues le visage de Jésus-Christ, et nous verrons briller, à plusieurs reprises, un éclair de joie dans Ses yeux, en réponse à une supplication pleine de foi.

En face, par exemple, d’une requête aussi touchante que celle-ci : " Seigneur, si tu veux, tu peux me nettoyer ", croyez-vous que Jésus soit resté insensible ?

Vous imaginez-vous qu’Il ait froidement étendu la main en disant : " Je le veux " ?

Non, cette confiance absolue du lépreux, jointe à une soumission aussi complète, a fait trembler d’émotion Celui à qui s’adressa cette prière.

Mais, hélas, cette joie fut souvent ternie.

L’attitude des suppliants évoque tout naturellement celle des autres qui s’enferment, eux, dans leur incrédulité.

Quelle joie, pour le Christ, d’entendre les paroles du centenier de Capernaüm : " Dis un mot, et mon serviteur sera guéri ! "

Mais quelle tristesse dans cette exclamation que Lui arrache la confiance de cet officier païen : " Je n’ai pas trouvé une aussi grande foi en Israël ! "

Quelle joie de voir, dans la maison de Simon le Pharisien, la pécheresse prosternée à Ses pieds !

Toute parole lui est impossible, la seule chose qu’elle puisse faire, pour exprimer la profondeur de son repentir, c’est de répandre du parfum sur les pieds de Jésus-Christ et de les arroser de ses larmes.

Quelle souffrance, en même temps, de découvrir dans l’âme de son hôte, témoin de la scène si touchante qui se déroulait sous son toit, des sentiments d’une telle dureté et d’une propre justice aussi aveugle !

Quelle joie à l’ouïe des hosannas poussés dans le temple par les enfants qu’Il avait donnés en modèle à Ses disciples !

Mais quelle tristesse de constater la jalousie féroce de Ses adversaires que ces acclamations blessent parce qu’elles s’adressent à Jésus-Christ et non à eux-mêmes !

Pourtant, les Evangiles nous ont conservé le souvenir d’un épisode où cette joie a été sans mélange, et d’une intensité d’autant plus grande que l’épreuve à laquelle le Seigneur avait soumis Son interlocutrice avait été plus longue.

On admire la foi de la Syro-Phénicienne, persévérant dans son intercession malgré la dureté des disciples et le double refus du Sauveur.

Notre attention a, peut-être, été moins attirée sur la souffrance endurée par le Christ à cause de la réserve qu’Il S’était imposée à Lui-même, afin d’amener la foi de la suppliante à son plein épanouissement.

Nous sympathisons avec cette mère angoissée, et nous comprenons le soulagement qu’elle éprouve lorsque Jésus dit enfin : " O femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait selon ce que tu désires. "

Mais qu’est ce triomphe, comparé à la joie qui inonde le cœur de Jésus-Christ !

Voyons maintenant les passages, peu nombreux d’ailleurs, où il nous est parlé en propres termes de la joie du Christ.

Prenons, en première ligne, la parabole du bon berger.

C’est sans doute une similitude, mais aucun chrétien ne s’y trompe.

De longues réflexions ne sont pas nécessaires pour savoir que le berger est Jésus-Christ.

En prononçant ces paroles : " Quand le berger a trouvé la brebis perdue, il la met tout joyeux sur ses épaules ", n’a-t-Il pas songé aux hommes qu’Il était venu sauver ?

Il y a probablement, parmi mes lecteurs, des brebis perdues, au sens scripturaire du terme.

Vous n’êtes, certes, ni des péagers, ni des gens de mauvaise vie.

Vous pouvez être des modèles de toutes les vertus humaines, des hommes dont on est tenté de dire : L’Evangile n’est pas pour eux, tant leur vie est honnête.

Pourtant, ne vous abritez pas derrière votre bonne conduite, vos bonnes dispositions, votre piété, votre amour pour la Parole de Dieu ; si vous n’avez pas accepté le Sauveur, vous êtes perdus.

Il faut donc vous laisser saisir par le Bon Berger.

A tous les arguments qui vous ont déjà été présentés, je vais en ajouter un qui, je l’espère, sera décisif : Vous pouvez remplir de joie le cœur de Jésus-Christ.

Serions-nous si égoïstes que cette pensée nous laisse insensible ?

Est-ce juger trop haut une humanité déchue ?

Le cœur de l’homme est désespérément malin, je le sais, mais je ne puis croire qu’il soit assez mauvais pour ne pas être touché par une telle perspective.

Cela nous amène à une nouvelle source de joie, là même où, à vues humaines, nous l’aurions le moins attendue ; je veux parler de la joie dans l’agonie du Calvaire.

En présence d’un tel sujet, et avant même de l’aborder, courbons nos fronts dans l’adoration ; car il fait partie du mystère dont les anges désirent sonder les profondeurs.

Il va sans dire que je n’oserais m’aventurer sur ce terrain, si je ne pouvais m’appuyer sur les affirmations très nettes de l’Ecriture : " Il verra le fruit du travail de son âme, et sera satisfait. En vue de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix, méprisé l’ignominie. [1]"

En une seule circonstance, le Christ parle de Sa joie.

Au cours de Son ministère, il n’en avait pas dit un mot ; mais j’attire tout particulièrement votre attention sur ce fait, dans la chambre haute, pendant les derniers entretiens qu’Il a avec Ses disciples, en face même de la croix.

Il déclare : " Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. [2]"

Comprenez-moi bien, je ne voudrais en aucune façon paraître diminuer en quoi que ce soit les souffrances de Jésus-Christ et l’expiation qui en découle.

J’affirme, avec vous, que si jamais homme n’a parlé comme cet homme, jamais aussi homme n’a souffert comme cet homme.

Le crucifiement était le supplice le plus douloureux que les hommes, dans leur cruauté, aient inventé pour torturer leurs semblables ; toutefois, on administrait aux autres condamnés un breuvage qui atténuait leur sensibilité ; le Christ, Lui, a refusé de le boire.

Que dire de Ses souffrances morales ?

Il était amour, et ceux-là même pour lesquels Il offrait Son sacrifice L’entouraient de leur haine, de leurs moqueries, de leur mépris.

Enfin, à toutes ces angoisses s’ajoute la plus terrible, celle dont rien ne saurait nous donner une véritable idée, la souffrance spirituelle que nous sommes incapables d’éprouver, puisque nous sommes tous pécheurs : Lui, le Saint, a été fait péché pour nous.

Lui qui avait pu Se rendre ce témoignage : " Le Père est toujours avec moi, parce que je fais toujours ce qui Lui est agréable ", a été abandonné de Dieu.

Comment parler de joie en face d’un tel supplice ?

Cette joie vient de Son amour, c’est la joie du Sauveur qui Se donne et qui attire les hommes à Lui.

Cette croix deviendra le signe de Son triomphe, elle sera le moyen du salut pour les hommes qu’Il réconcilie avec Dieu.

Son sang versé purifie de tout péché ceux qui, par la foi, s’unissent à Lui.

Et pour Celui qui a voulu apporter à Ses frères un salut éternel, toutes les grâces qui découlent de la croix sont autant de raisons de faire éclater Sa joie en songeant aux pécheurs misérables qu’Il emmène captifs et triomphants.

Cette joie sera la Sienne pendant toute l’éternité.

C’est celle à laquelle il fait allusion dans une de Ses paraboles où le roi dit à ses serviteurs fidèles : " Entre dans la joie de ton maître. "

C’est la joie éternelle, celle du Sauveur entouré de Ses rachetés.

Sans doute, avant de descendre sur la terre, avant même la création du monde, le Christ était dans la gloire, objet de l’adoration et des louanges des êtres célestes qui, joyeusement et librement, faisaient Sa volonté.

Rien n’aurait manqué à Sa félicité, s’Il avait eu un autre cœur.

Par amour, Il a ajouté une couronne à toutes celles qui ornaient Son front, un titre de gloire à tous ceux que Lui confère l’Ecriture.

Fils unique du Père, Créateur de tous ces mondes qui ont été faits par Lui et pour Lui, Il est devenu le Sauveur.

Aux anges qui ne se sont jamais révoltés s’unissent les hommes qui ont été lavés par Son sang.

Il n’y a dans les Ecritures qu’un seul passage où il nous soit dit, en propres termes que Jésus tressaillit de joie.

En présence d’une déclaration si belle, si précise, deux questions se posent : Quel est le fait qui a donné à Jésus ce tressaillement de joie, et dans quelles circonstances ce fait s’est-il produit ?

Les paroles qui précèdent immédiatement celles que nous méditons fournissent une première réponse : " Je voyais, dit Jésus, Satan tomber du ciel comme un éclair. "

Le livre de Job nous montre en effet le tentateur venant, dans les lieux célestes, près du trône de Jéhovah, pour y accuser les élus de Dieu, tandis que, dans l’Apocalypse, il nous est représenté comme précipité du ciel.

A ce moment précis, Jean entendit une grande voix qui disait : " C’est maintenant qu’est venu le salut et la force et le règne de notre Dieu et la puissance de son Christ. "

Voilà donc pourquoi le Sauveur tressaillit.

L’empire du Malin est ébranlé.

Désormais, ce n’est plus là-haut, auprès de Dieu Lui-même, que le séducteur essayera de calomnier, de tromper.

Un terme est mis à son pouvoir.

Et comme l’on comprend que Celui qui considérait comme l’œuvre de toute Sa vie de sauver l’humanité ait, en un pareil instant, fait monter vers Dieu l’hymne de Son action de grâces !

Mais quand le fit-Il ?

Cela non plus ne nous est pas indifférent.

A une semblable question, sans l’indication précise de l’Evangile, qu’aurions-nous répondu ?

Nous aurions dit que ce fut à Son baptême, lorsque Celui qui était sans péché accepta le signe humiliant de la repentance.

D’autres penseront au moment décisif entre tous dans la vie du Sauveur où, sur la montagne, Moïse et Elie vinrent s’entretenir avec Lui et que les disciples furent éblouis par la gloire de Son visage.

D’autres enfin diront : Le jour où Il entra à Jérusalem, et où le peuple s’écria : " Hosanna au Fils de David, hosanna dans les lieux très hauts ! "

Mais, non, ce n’est à aucune de ces époques de Sa vie que ce témoignage de Luc 10 : 21, est rendu.

C’est quand les soixante-dix disciples, envoyés en mission, revinrent Lui dire : " Seigneur, en ton nom, les démons même nous sont assujettis. "

C’est quand les âmes se convertissent, non seulement à Sa voix, mais à l’ouïe de la bonne nouvelle qu’Il a chargé Ses disciples d’annoncer à tous.

Il y a là, pour nous, une vérité d’ordre pratique.

Jésus est le même hier, aujourd’hui, éternellement.

Nous pouvons, comme les disciples, faire tressaillir Son cœur de joie en Lui amenant des âmes.

Ce moyen est à la portée de tous : Ou par nos paroles, ou par nos vies, toujours par la prière, car sans elle nos paroles seraient vaines, et notre vie ne saurait être un véritable témoignage.

Nous sommes donc appelés à être des faiseurs de joie.

Il y a eu, dans l’histoire, des hommes qui ont reçu le titre de " faiseurs de rois. "

Les exploits de leurs vies mouvementées font l’admiration de tous ceux qui lisent leurs biographies.

Mais que sont-ils auprès de ceux qui, pour Jésus-Christ, sont des faiseurs de joie !

Il semble qu’à cette annonce seule, la chrétienté tout entière devrait se réveiller de sa torpeur.

Vous avez reconnu l’immense bonté de Dieu qui nous appelle, nous rebelles à peine rentrés en grâce, à collaborer à Son œuvre éternelle et à grossir les rangs de Son armée.

Vous affligez-vous à la pensée que votre zèle n’a pas été enflammé par la perspective d’être des sauveteurs ?

Vous vous dites : J’ai été infidèle, je suis passé à côté d’hommes souffrants, et je ne les ai pas consolés ; j’ai vu un gouffre ouvert sous les pas des pécheurs, et les cris de ceux qui étaient entraînés dans l’abîme m’ont laissé indifférent ; je n’ai pas tendu la main à ceux qui auraient pu jouir des mêmes privilèges que moi.

Eh bien, le Christ, dans Sa compassion, a mis dans l’Evangile un argument plus fort que tous les autres, si toutefois nous L’aimons comme nous le prétendons.

Nous pouvons faire tressaillir de joie le cœur du Tout-Puissant.

A l’œuvre donc et sans retard, à l’œuvre pour rattraper le temps perdu, à l’œuvre, et que bientôt, à la vue des merveilles que vous aurez accomplies par la puissance d’En-Haut, le Christ, dans le ciel, tressaille de joie.

Les joies du chrétien

Adolphe Monod a résumé admirablement dans un de ses cantiques1 tout ce que l’on peut dire sur les joies que nous devons à Jésus-Christ.

En prononçant ces dernières paroles, je n’oublie pas que, dans l’Ancien Testament déjà, il est souvent parlé de la joie.

Au cours même de cette étude, je ferai plusieurs emprunts aux livres de la loi, des prophètes et des psaumes, car j’estime que toutes les raisons que le peuple de Dieu avait d’être dans l’allégresse, ont trouvé leur plein épanouissement dans la personne du Messie.

D’autre part, cette joie elle-même n’était possible qu’en vertu des mérites de Celui dont Abraham avait vu le jour.

Voilà pourquoi, tout en puisant largement dans les trésors de la Révélation donnée par Jéhovah à Israël, je n’ai pas hésité à intituler cette étude Les joies du chrétien.

Tout d’abord, relevons que la joie est un devoir au même titre que les autres.

Ce n’est pas, dans notre vie, un luxe ou une grâce, un sentiment auquel nous puissions nous abandonner si tout nous prédispose à le ressentir, mais auquel nous ayons le droit de nous soustraire dans les heures sombres de notre existence.

Non, la joie nous est ordonnée.

Cela ressort de nombreux passages de l’Ecriture.

" Réjouissez-vous, écrira saint Paul aux Philippiens, je ne me lasse pas de vous dire les mêmes choses, car cela est utile à votre salut ", et quelques lignes plus loin, pour ne laisser aucun doute sur cet enseignement salutaire, il répétera : " Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur, je vous le dis encore, réjouissez-vous. "

Voilà pourquoi la joie est mentionnée ailleurs au nombre des vertus dont l’ensemble est désigné comme le fruit de l’Esprit.

En outre, le même apôtre n’a-t-il pas écrit : " Le royaume de Dieu, c’est la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit[3].

Voilà un premier caractère sur lequel il est juste d’attirer notre attention.

Beaucoup de chrétiens, par réaction sans doute contre la factice gaîté des mondains, croient devoir affecter des airs tristes, comme s’ils étaient autant d’Azazels, chargés des péchés de tout un peuple.

Sans doute, il y a suffisamment de causes de tristesse dans le monde et en nous-mêmes, mais c’est justement pour cela que nous devons être plus désireux d’apporter, par notre joie, le réconfortant témoignage d’une attitude vraiment chrétienne.

Nous confondrons ainsi ceux qui trouvent que nous ne donnons pas envie au monde de partager notre foi.

Certes, la joie ne peut pas toujours se refléter sur le visage, quand les préoccupations remplissent notre cœur.

Un jour, un jeune pasteur rencontra un de ses paroissiens qui, lui voyant l’air soucieux, lui demanda s’il avait reçu de mauvaises nouvelles.

Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre cette réponse : " Oh non ! Je suis en train de préparer un sermon sur la joie ! "

Il ne faut donc pas confondre l’effet d’une méditation intense avec la tristesse.

Pourtant, il suffirait d’ouvrir la Bible pour se convaincre que c’est le livre de la joie.

Elle ne se contente pas de nous prescrire d’être joyeux, mais, par la plume de tous ses auteurs inspirés, elle nous donne les raisons pour lesquelles il devrait nous être facile d’obéir à cet ordre.

Je voudrais vous en signaler brièvement quelques-unes, pour insister, dans une prochaine étude, sur celle qui semble le moins devoir être invoquée.

La première de nos joies, dans l’ordre logique, est celle que nous éprouvons au début de notre vie chrétienne.

Remontez à l’heure, lointaine peut-être, de votre conversion, et dites-moi si vous n’avez pas fait l’expérience que le roi David traduisait en ces termes : " Heureux l’homme dont la transgression est remise, et dont le péché est couvert ; heureux l’homme à qui l’Eternel n’impute point l’iniquité. "

Saint Paul, après avoir cité ce passage, ajoute : " Ce bonheur n’est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis ? " 1

Pour comprendre cette exclamation de joie et ce transport d’allégresse, il faut avoir connu la douleur du péché.

Le mot de pardon choque un grand nombre de nos contemporains car il implique l’impossibilité où ils sont de faire leur paix avec Dieu par leurs propres forces.

Dans notre siècle où la force est presque adorée comme une divinité, on a honte d’avouer une faiblesse, de reconnaître qu’il y a des choses impossibles.

Mais pour celui qui a gémi sous le joug tyrannique du péché, le mot pardon est environné d’une auréole de gloire.

Quand on a reconnu sa misère, on tressaille d’allégresse d’avoir obtenu miséricorde.

C’est la joie du pécheur qui entrevoit une vie nouvelle, et c’est la pensée du roi David qui ne se borne pas à exalter le bonheur du pardon, car les versets que nous avons cités se terminent par ces mots : " Heureux l’homme…. dans l’esprit duquel il n’y a aucune fraude. "

Le pardon, malgré toute la joie qu’il apporte, n’a pour ainsi dire qu’une valeur négative ; il faut une régénération.

La sanctification doit suivre la conversion, et c’est alors que le pécheur rentré en grâce jouit pleinement de son salut.

Voilà pourquoi David, dans la prière qu’il adresse à Dieu après son double crime, s’écrie :
" Rends-moi la joie de ton salut. "

Cette demande doit être mise en rapport étroit avec cette autre qui se trouve dans le même Psaume : " Ne retire pas de-moi ton Esprit Saint ", car dans l’Ecriture, il nous est parlé de la joie du Saint-Esprit. [4]

Mais d’où nous vient, à nous pécheurs, cette présomption d’être certains que nous sommes sauvés ?

N’est-ce pas un orgueil monstrueux ?

Non, nous acceptons simplement les déclarations de Dieu.

Ceci m’amène à citer le dernier verset du cantique d’Adolphe Monod :

" J’ai le Dieu fort pour Père,

Pour Frère Jésus-Christ,

Pour Conseil, l’Esprit Saint. "

Frères et sœurs, ces paroles ne sont pas le fruit d’une imagination humaine ; car où l’auteur a-t-il puisé son inspiration ?

Dans l’Ecriture, et tout son cantique en est l’expression fidèle.

Lisez en particulier les Psaumes, et voyez avec quelle allégresse débordante leurs auteurs énumèrent les raisons qu’ils ont d’adorer Dieu.

L’Eternel est leur espérance, ils se confient en Lui, ils L’aiment, ils Le recherchent, ils placent en Lui leur appui, ils sont continuellement dans Sa crainte.

Cette crainte, au sens que l’Ecriture donne à ce mot, les délivre de toute autre crainte, comme le prouvent les deux ou trois passages suivants :

Ecoutons le roi David s’écrier : " Je ne craindrai point les multitudes des peuples rangés tout autour contre moi " ; et ailleurs : " Quand je marcherais dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal ".

Assurances auxquelles les fils de Coré viennent ajouter leur voix en termes bien faits pour nous donner envie d’avoir une foi aussi pleine de hardiesse :

" Dieu est notre force et notre haute retraite, notre recours en la détresse, très facile à trouver ; aussi nous ne craindrons rien, quand même la terre se bouleverserait et que les montagnes se renverseraient dans la mer, que les eaux viendraient à bruire et à se troubler, et que les montagnes seraient ébranlées par leur élévation. " [5]

La crainte est le tombeau de la joie.

Or, combien de nos contemporains sont accessibles à la crainte, même parmi ceux qui sont vraiment convertis.

Tout d’ailleurs semble conspirer pour entretenir en permanence ce sentiment dans nos âmes.

Nous n’avons, pour nous en convaincre, qu’à penser aux heures que nous vivons depuis quelques mois.

Je fais ici allusion aux angoisses que l’insécurité politique nous cause à tous, mais il est évident que chacun de nous pourrait ajouter à ces tourments d’ordre général des perplexités personnelles.

Plaçons devant nous les déclarations si fermes du roi prophète et des enfants de Coré.

Que le danger vienne des hommes, des éléments ou de l’approche de la mort, leur attitude joyeuse est la même.

Songeons à la panique provoquée par un simple tremblement de terre, terreur qui nous saisirait probablement comme les autres, et mesurons la confiance de ces hommes qui lancent ce défi aux forces de la nature :

" Nous ne craindrons rien, quand même la terre se bouleverserait et que les montagnes se renverseraient dans la mer. "

Quel effroi nous saisirait, nous, en face d’un tel cataclysme !

Comment eux, triomphèrent-ils de l’épouvante ?

Par une puissance qui est à notre disposition, comme elle était à la leur.

Nous pouvons même affirmer que nous avons des raisons encore meilleures d’y avoir recours.

Ils avaient, certes, la joie d’appartenir à l’Eternel ; ils savaient que Dieu était leur force et leur haute retraite.

Mais Dieu serait-Il moins accessible maintenant ?

Au contraire.

Depuis que la croix a été dressée, nous avons un libre accès auprès du Père, et si pratiquement – j’insiste sur le terme – nous ne sommes pas à la hauteur des circonstances, c’est que nous n’avons pas cette foi qui leur permettait d’être heureux dans l’adversité.

Quand on se réjouit en l’Eternel, on éprouve tout naturellement de la joie dans la prière.

" Heureux quand je te parle, et que de ma poussière, je fais monter vers toi mon hommage ou mon vœu ", disait le poète qui ne faisait d’ailleurs, comme dans tout le reste de son cantique, que traduire les sentiments des écrivains sacrés.

Ecoutez cette exhortation : " Que le cœur de ceux qui cherchent l’Eternel se réjouisse. " 1

Sans doute, la prière prend parfois la forme d’une lutte ; elle est une invocation, et le suppliant doit souvent attendre bien longtemps avant d’être exaucé.

Mais là encore, c’est notre incrédulité qui rend douloureuse cette expectative et prive nos requêtes de toute joie.

En hébreu, un des nombreux termes employés pour désigner la joie est le même que celui qui, dans certains passages, est rendu par " cris de détresse. "

Comment expliquer cette anomalie ?

Une seule hypothèse est possible, me semble-t-il.

Les hommes qui, sous l’inspiration de Dieu, ont écrit l’Ancien Testament avaient une telle foi, que leurs cris de détresse étaient en même temps des cris de joie.

Ils saisissaient d’avance la délivrance qu’ils imploraient d’un Dieu fidèle à Ses promesses.

Notre langue ne nous fournit pas un secours aussi puissant contre l’incrédulité ; mais sachons être si pénétrés par les révélations divines que nos cris poussés au sein des afflictions deviennent des cris de joie.

Cette allusion à la révélation divine m’amène à parler d’une autre source de joie, celle qui nous est donnée par la lecture et la méditation de la Parole de Dieu.

Tout naturellement, viennent à notre mémoire et à notre cœur les passages où l’auteur anonyme du Psaume 119 donne libre cours à sa joie dans cet hymne justement appelé un cantique à la gloire de la parole divine :

" Je me réjouis en suivant tes préceptes, comme si je possédais tous les trésors…. Je prends plaisir à tes statuts, et je n’oublierai point tes paroles…. Si ta loi n’eût été tout mon plaisir, j’eusse déjà péri dans mon affliction…. J’ai pris pour héritage perpétuel tes témoignages ; car ils sont la joie de mon cœur…. Je me réjouis de ta parole, comme celui qui aurait trouvé un grand butin. "

Mais si splendides que soient ces explosions de joie, elles ne sont pas les seules que nous rencontrions dans l’Ecriture.

Le livre même où nous les avons recueillies débute par une béatification de l’homme qui prend plaisir dans la loi de l’Eternel.

De même, le prophète Jérémie, dont le nom évoque des lamentations, des larmes, des douleurs, s’écrie lui aussi :

" Tes paroles ont fait la joie et l’allégresse de mon cœur " en termes qui rappellent singulièrement les expressions dont s’était servi l’auteur du Psaume 119.

Le Seigneur Lui-même proclamera heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique.1

En effet, quelle source abondante de joie n’avons-nous pas dans ce Livre qui a été la consolation des générations passées, comme il peut être la nôtre jusqu’à l’heure incertaine de notre mort ou du retour de notre bien-aimé Sauveur !

Joie sans partage et sans mélange !

Nous trouvons dans la Bible tout ce dont notre âme a besoin pour naître à une vie nouvelle.

Nous pouvons y puiser, jour après jour, la nourriture nécessaire à notre développement spirituel.

Seulement, il y a une condition à l’épanouissement complet de cette joie, et elle est exprimée par le Christ dans le passage que j’ai cité tout à l’heure : Il faut être fidèle aux lumières reçues, mettre en pratique les exhortations qui nous sont données.

Nous n’avons pas le droit de nous approprier les promesses, de saisir les consolations divines, si nous rejetons les ordres ou négligeons les menaces de l’Ecriture.

Il est possible de lire, avec une certaine espèce de joie, le saint Livre sans suivre ses directions, et sans porter des fruits pour la gloire de Dieu ; mais il y a là un grand danger.

Telle est la vérité que le Seigneur nous a enseignée dans la parabole du semeur, où Il compare la semence tombée dans les endroits pierreux à ceux qui reçoivent d’abord la parole avec joie, mais qui se découragent quand surviennent les difficultés.

C’est cette même inconséquence qu’Il reproche à Ses contemporains en leur disant : " Jean était une chandelle allumée et brillante, et vous avez voulu vous réjouir pour un peu de temps à sa lumière. "[6]

L’Evangile nous offre encore un exemple plus caractéristique et plus saisissant, celui d’Hérode.

Il nous est dit, en effet, qu’en présence du Christ, la Parole vivante, il éprouva de la joie ; mais l’écrivain sacré nous en révèle le mobile profane : Il espérait voir Jésus accomplir quelque miracle.

Aussi cette rencontre, qui aurait pu avoir pour le monarque de salutaires conséquences, ne servira qu’à aggraver sa responsabilité, et rendre plus certaine sa condamnation.

Il a été le seul homme devant qui le Bon Berger ait gardé le silence, car il était incapable d’entendre la voix divine.

Prenons donc garde à l’avertissement si salutaire contenu dans ces paroles de saint Jacques :

" Celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité. "[7]

En face de tous ces éléments de joie, unissons-nous aux cantiques de reconnaissance et d’amour que les écrivains sacrés invitent l’univers entier à faire monter vers Dieu :

" Que la mer retentisse avec tout ce qu’elle contient, que les îles nombreuses se réjouissent ; que la terre soit dans l’allégresse, que la campagne s’égaie avec tout ce qu’elle renferme ; que les arbres des forêts poussent des cris de joie ; que les fleuves battent des mains ; vous tous, peuples, battez des mains, poussez vers Dieu des cris de joie ; servez l’Eternel avec joie, venez avec allégresse en Sa présence ; réjouissez-vous cieux, et vous qui habitez dans les cieux. " 1

Les joies dans la souffrance

Joie, souffrance ; ces termes s’opposent ; comment pouvons-nous être joyeux quand nous souffrons ?

Voilà un des mystères dont saint Paul disait : " L’homme charnel ne comprend pas les choses de Dieu, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. "

Mais celui qui a fait l’expérience de la réalisation des promesses divines sera d’accord avec moi : il y a de la joie dans la souffrance et par la souffrance.

Dans un livre récent sur la joie, se trouve cette phrase : " La joie peut-elle jaillir de la souffrance ? L’Ancien Testament ne connaît aucun sentiment de cette nature ; la souffrance y est toujours considérée comme un mal. Pour Job, le grand souffrant, elle demeure une énigme indéchiffrable. "[8]

Cette déclaration n’est vraie qu’en partie.

Sans doute, nous trouvons, dans l’Ancien Testament, beaucoup de passages où la joie est présentée comme la récompense d’une vie sainte, et la souffrance comme la conséquence d’une vie de désordre.

Il est vrai que pour bien des fidèles de l’Ancienne Alliance, la prospérité matérielle des impies était une cause de scandale.

C’est précisément ce problème douloureux qui a inspiré le livre de Job, sur lequel nous aurons à revenir ; qui aurait presque causé la perte d’Asaph ; qui pousse enfin Jérémie à poser cette question :

" Tu es trop juste, Eternel, pour que je conteste tes jugements ! Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ? Pourquoi tous les perfides vivent-ils en paix ? " [9]

Sans doute, c’est dans le Nouveau Testament que se trouve cette exhortation paradoxale :
" Considérez comme toute joie les différentes épreuves qui vous surviennent. "

Mais l’auteur du Psaume 119 avait déjà reconnu le bienfait de la souffrance, puisqu’il s’écriait : " Il m’a été avantageux d’être éprouvé. "[10]

Frères et sœurs, sommes-nous différents des gens du monde à cet égard ?

Comment arriverons-nous à goûter, dans toute sa plénitude, la joie de la souffrance ?

Voyons quelques-unes des raisons données par l’Ecriture en réponse à cette question.

Tout d’abord, nous sommes invités à endurer la souffrance dans l’espoir des dédommagements qui nous seront accordés un jour :

" Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, dira l’auteur de l’épître aux Hébreux, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours [11]".

Et c’est également le sens des Béatitudes.

Je n’insiste pas sur ce mobile ; car, d’une part, les gens du monde estiment que c’est celui auquel nous attachons le plus de prix ; d’autre part, c’est en réalité le moins important.

En second lieu, la souffrance nous rapproche de Dieu.

Dans la prospérité, nous sommes enclins à nous appuyer sur nous-mêmes, à oublier de rendre grâces à l’Eternel pour les biens qu’Il nous prodigue.

Mais quand l’adversité fond sur nous, alors, tout naturellement, nous nous souvenons que nous dépendons de Dieu pour toutes choses, nous cherchons en Lui la délivrance, et nous crions à Celui qui, si souvent dans des occasions semblables, est venu à notre secours.

Toutefois, n’attribuons jamais à la souffrance une vertu rédemptrice, comme le fait Alfred de Musset dans ce vers bien connu :

" Vous tous avez souffert, le reste est oublié. "

C’est une erreur trop commune que j’ai eu souvent l’occasion d’entendre exprimer, sous une forme ou sous une autre.

Un jour, entre autres, un de mes collaborateurs dont je louais le zèle et le dévouement pour ses camarades au milieu de tribulations et de difficultés sans nombre, me répondit ceci, avec une naïveté enfantine :

" J’offre tous les jours à Dieu cette souffrance en rédemption de mes péchés. "

C’était un catholique, mais combien de protestants pensent exactement comme mon interlocuteur, sans partager son héroïsme !

N’avez-vous pas tous entendu des phrases comme celle-ci : " Il a tant souffert ; le bon Dieu lui fera grâce. "

Et bien ! Non ; il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais qu’une seule souffrance rédemptrice, celle du Calvaire.

Troisièmement, nous pouvons nous consoler en songeant que nos épreuves sont nécessaires pour notre tâche ; le Christ nous demande d’être Ses témoins, de faire part aux autres de ce qu’Il a fait pour nous.

Ce ministère comporte bien des souffrances ; saint Paul, le grand apôtre, parle des douleurs de l’enfantement.

Mais le même apôtre exprime la joie qu’il ressent, quand les Eglises, qui ont accepté son message, persévèrent dans la foi et dans la charité : " Vous êtes ma joie et ma couronne. "

Or, il n’est pas le seul à éprouver de tels sentiments.

Ceux qui, par la grâce de Dieu, ont eu le privilège de Lui amener des âmes, savent, par expérience, combien saint Jean avait raison en écrivant : " Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité [12] ".

Seulement, dans l’exercice de ce ministère, nous devons être sur nos gardes plus que partout ailleurs, car nous risquons de nous laisser entraîner à nous rechercher nous-mêmes.

Pensons à l’exemple de saint Paul ; il se réjouissait de ce que le Christ était annoncé même par ceux qui croyaient ainsi ajouter un surcroît d’affliction à ses liens.

Quelle joie, encore, dans ce qui est appelé la communion des souffrances du Christ.

Nous trouvons, par exemple, dans le livre des Actes, ce témoignage rendu aux apôtres qu’ils étaient remplis de joie, parce qu’ils avaient été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus[13].

Nous pourrions objecter, il est vrai, que le temps des persécutions est passé, que pour nous cette source de joie est tarie.

Sans doute, dans notre pays du moins, nous avons toute liberté de proclamer le nom de Jésus-Christ, nous ne risquons pas d’être martyrs pour notre foi ; et là où les persécutions sévissent, on a soin de les justifier par la raison d’état.

Les chrétiens qui sont appelés à comparaître devant les tribunaux, y sont traduits, non comme croyants, mais comme traîtres à la patrie.

Cependant, je connais des fidèles qui, malgré la liberté religieuse dont nous jouissons, subissent les moqueries de leur famille, les railleries de leurs camarades d’atelier, les ricanements des soldats à la caserne.

Pour ne pas être officielles, ces persécutions n’en sont pas moins douloureuses.

Ceux qui les endurent doivent s’approprier les consolations que saint Pierre adressait à ses contemporains : " Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous [14]".

Il y a souvent une telle disproportion entre ce que nous savons en théorie et ce que nous mettons en pratique, qu’il ne me semble pas inutile d’attirer votre attention sur la réalité de cette joie, et sur les raisons que nous avons de l’éprouver dans sa plénitude.

Quand nous souffrons à cause du Seigneur, nous pouvons mieux Le comprendre, mieux L’aimer, et, par conséquent, éprouver davantage jusqu’où a été Son amour.

Pour participer à un tel privilège, quelle allégresse ne devrions-nous pas ressentir quand, nous aussi, nous sommes jugés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus.

Quand les persécutions ravageaient l’Eglise vers la fin du 3ème siècle de notre ère, les évêques devaient mettre les fidèles en garde contre l’ardeur intempestive avec laquelle plusieurs, à l’instar de Polyeucte, recherchaient le martyre.

Je crains bien que nous n’ayons pas semblable zèle à tempérer, et que nous soyons obligés, au contraire, de fortifier le courage de ceux qui sont méprisés à cause du Christ.

Dans le même ordre d’idée, on pourrait dire que, par la souffrance, nous sommes appelés à être des champions de Dieu.

Mais comme notre cher et vénéré frère, le professeur Devaux, a traité ce sujet d’une façon magistrale, je me contente de vous renvoyer à son étude sur Job[15].

Mais je crois que l’expression " la communion des souffrances du Christ " est susceptible d’une interprétation plus étendue.

J’ai dit, tout à l’heure, que nos souffrances ne pouvaient jamais êtres rédemptrices ; et, sans rien retrancher de cette affirmation, j’estime cependant que nous pouvons, nous aussi, en suivant, dans une certaine mesure, l’exemple de notre bien-aimé Sauveur, goûter la joie dépourvue de tout égoïsme de la souffrance pour les autres.

Nous avons tous charge d’âmes, et nous sommes tous appelés, les uns d’une manière, les autres d’une autre, à être, auprès de nos frères, les témoins de Jésus-Christ.

Il y a diversité de dons, et il y a diversité de ministères.

Combien magnifique est celui d’un consolateur !

Quelle joie, dans un monde qui connaît à tant de titres la douleur, d’être celui qui verse sur les plaies l’huile de la joie !

Mais pour accomplir ce ministère, il faut, de toute nécessité, avoir passé soi-même par l’épreuve ; car nous ne pouvons pas vraiment sympathiser avec ceux dont nous n’avons pas connu, par une expérience personnelle, les maux physiques ou spirituels.

Dans l’admirable biographie qu’Honoré Wilsie Morrow a consacrée à Judson, le pionner du Christ en Birmanie, nous lisons cette phase, adressée par Mme Judson au héros de l’ouvrage :

" Je suis sûre que Dieu te harcèle sans relâche, jusqu’à ce que tu comprennes si parfaitement la souffrance humaine, que chacun des êtres que tu rencontreras se confie à toi 1".

Une telle déclaration, faite dans une période de grandes épreuves, marque bien le caractère de celui à qui elle fut adressée comme de celle qui l’a prononcée.

Sommes-nous de ceux que l’on peut consoler ainsi quand ils traversent la fournaise ?

Je vous pose la question, et je me la pose à moi-même.

Toutefois, comme je crains que nous ne baissions la tête dans le sentiment de notre insuffisance, je vous rappelle que les forces nous sont données à mesure que nous en avons besoin.

Nous n’avons, pour être rendus capables de choses qui nous paraissent surhumaines, qu’à nous livrer entièrement entre les mains du Christ, et à accepter Sa volonté à notre égard.

C’est le témoignage de tous les grands souffrants qui ont connu la joie, si pure et si désintéressée, d’être de grands consolateurs.

Si donc vous êtes éprouvés, ne vous désespérez pas, ne vous complaisez pas dans votre souffrance.

Regardez au but que le Seigneur Se propose.

Il vous prépare, pour que vous puissiez tendre une main compatissante aux désolés qui ne connaissent pas les mêmes consolations que vous, et qui ont besoin de vous pour en éprouver les bienfaits.

Dernièrement, un grand périodique français consacrait quelques-unes de ses colonnes à un nouveau sport, appelé à une grande vogue, le ski nautique.

A la fin de son article, l’auteur parle de " la joie sauvage de glisser à toute allure de vague en vague, dans une envolée d’embruns étincelants, en rafraîchissant son corps aux caresses du vent, et en soulevant une suite de grands panaches d’écumes. "

Dans une époque où le sport tient toujours plus de place, ne trouverons-nous pas des chrétiens et des chrétiennes qui veuillent, pour l’amour du Christ, tendre leurs énergies, et transformer les vagues de l’adversité et le vent de l’épreuve en une source de joie ?

 [1]  Esaïe 53 : 11 – Hébreux 12 : 2

[2]  Jean 15 : 11

1 Que ne puis-je, ô mon Dieu …. Ailes de la Foi, n° 48

[3] Philippiens 3 : 1 – Philippiens 4 : 4 – Galates 5 : 22 et 23 – Romains 14 : 17

1 Psaume 32 : 1 et 2 – Romains 4 : 9

[4] Psaumes 114 : 13 – 1 Thessaloniciens 1 : 6

[5] Psaume 3 : 7 – Psaume 23 : 4 – Psaume 66 : 2 à 4

1 Psaume 105 : 3

1 Psaume 129 : 14, 16, 92, 111, 162 – Psaume 1 : 2 – Jérémie 15 : 16 – Luc 11 : 28

[6] Luc 8 : 13 – Jean 5 : 35

[7] Jacques 1 : 25

1 1 Chroniques 16 : 32 – Psaume 97 : 1 – 1 Chronique 16 : 31 à 33 – Psaume 98 : 8 – Psaume 47 : 2 – Psaume 100 : 2 - Apocalypse 12 : 12

[8] M. Chasles : La joie par la Bible, page 211

[9] Psaume 73 : 2 – Jérémie 12 : 1

[10] Jacques 1 : 2 – Psaume 119 : 71

[11] Hébreux 10 : 3 et 4

[12]  Galates 4 : 19 –

[13] Actes 4 : 41

[14] 1 Pierre 4 : 14

[15] H. Devaux : Job, éditions de l’Institut Biblique

1 H. W. Morrow : Splendeur de Dieu, p. 71

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