Plus que des passereaux

Une simple et authentique histoire chinoise.

Un matin, Chang reçut l’ordre de partir pour la guerre.

Les jours qui suivirent son arrivée au front, furent terribles pour lui, avec l’horreur des raids aériens, des ponts bombardés, et de toutes les tragédies qui désolent un pays envahi.

Mais ces jours furent tout aussi douloureux pour Mme Chang obligée de pourvoir seule aux besoins de ses enfants.

Pour comble, un soldat du même village, venu en permission, annonça bientôt que Chang avait été grièvement blessé et se trouvait actuellement dans un hôpital tenu par des missionnaires américains.

Pour Chang, c’était un monde nouveau et, à mesure qu’il observait les médecins et les infirmières missionnaires, son étonnement augmentait.

Ce n’était pas leur pays, ni leur guerre !

Et pourtant, ils travaillaient nuit et jour, avec autant d’amour que de compétence.

Bientôt, il entendit parler de leur Dieu et il comprit que c’était par amour pour Lui qu’ils servaient ainsi l’humanité souffrante.

Chang fut intrigué.

Désireux d’en savoir davantage, il écouta le message divin avec empressement et avant de quitter l’hôpital, il avait accepté le Christ pour son Sauveur et son Maître.

Il serait volontiers resté davantage, mais les blessés arrivaient tous les jours en si grand nombre, que la place manquait.

Le bonheur de Chang à se retrouver chez lui, était décuplé par le désir de partager avec les siens, la paix et la joie qu’il avait trouvées.

Il leur raconta toute la merveilleuse histoire et les pressa de suivre son exemple.

Les enfants s’y décidèrent promptement mais Mme Chang exprima la crainte que les mauvais esprits n’en prennent ombrage et ne les en punissent.

Cependant, lorsque son mari lui eut assuré que le chrétien n’est plus assujetti à ces puissances malfaisantes, car Dieu veille sur Ses enfants, elle accepta le Sauveur, aussi.

Il y eut alors dans cet humble foyer, autrefois païen, la joie que seul le Christ peut donner.

Et les jours passèrent.

Mais, hélas !

Maintenant que le père de famille ne pouvait plus travailler aux champs et produire du grain, les vivres commencèrent à se faire rares.

La crainte envahit le cœur de la pauvre mère, à la pensée du long et rigoureux hiver qui approchait.

Juste à ce moment-là, le cher missionnaire qui avait soigné Chang à l’hôpital, vint leur faire une visite d’une heure.

Il s’aperçut bien vite qu’un fardeau pesait sur les épaules des parents et affectueusement, il les amena à lui confier leurs inquiétudes concernant leurs enfants.

- Eh ! bien, dit le serviteur de Dieu, nous allons présenter la chose au Seigneur. Vous êtes ses enfants. Il prend soin de vous encore bien plus tendrement qu’un père terrestre peut le faire pour les siens.

Puis, il leur lut le chapitre 6 de Matthieu, où il est dit que Dieu prend soin des passereaux et que nous valons plus qu’eux.

Ensemble, ils se mirent à genoux et prièrent Celui dont l’oreille est toujours attentive et le cœur disposé à répondre.

Ils se relevèrent réconfortés et encouragés.

- Je suis certain, dit le Missionnaire que Dieu pourvoira à tout, d’une manière merveilleuse.

Le lendemain, il fut décidé que Mme Chang et Wang, le fils aîné, iraient commencer à préparer les champs pour les grains.

Il y en avait un qui n’avait jamais été cultivé et ils décidèrent de commencer par-là, pour retirer une plus grande quantité de blé.

La bêche de Wang commença avec entrain à retourner la terre.

Tout à coup, il vit quelque chose d’étrange.

Posant sa bêche, il se mit en devoir de remuer la terre soigneusement avec ses mains, pour ne pas abîmer l’objet aux couleurs vives qui se trouvait en dessous.

- Honorable Mère ! s’exclama-t-il, que supposez-vous que soit la chose que ma bêche vient de heurter ?

- Je l’ignore, mon fis, dit la mère ; à quoi cela ressemble-t-il ?

Tout en parlant, Wang continuait fiévreusement à enlever de la terre, car il sentait bien que sa découverte n’était pas sans valeur.

- Tout ce que je sais, Honorable Mère, c’est que c’est beau ! Avons-nous trouvé un trésor ? Cela arrive dans notre pays !

Bientôt, il retira du sol, le plus magnifique vase de porcelaine qu’il eût jamais vu.

Sachant que cet article va toujours par paire, il continua et trouva, en effet, un autre vase.

Tous deux étaient de telles dimensions qu’il fallut les efforts réunis de la mère et du fils pour les déterrer complètement, les soulever et les transporter, un à la fois, jusqu’à la maison.

Ni Mme Chang, ni le jeune garçon ne s’attardèrent à les examiner en détails, tant qu’ils étaient pressés d’annoncer leur découverte au chef de famille.

- Honorable Père ! cria Wang, vois ce que j’ai déterré !

Tout d’abord, le convalescent ne comprenait rien à leur récit, mais il dut enfin se rendre à l’évidence que ces merveilleuses porcelaines avaient été trouvées dans leur propre champ !

Alors, il s’exclama :

- C’est la bonté de Dieu envers nous ! Il a entendu nos cris de hier soir et en quelques heures, le secours est arrivé ! En vérité, le Missionnaire avait raison : Dieu prend soin des Siens ! Nous valons plus que des passereaux !

- Mais, dit Wang, comment des choses si belles étaient-elles cachées sous la terre ?

- C’est arrivé bien souvent, expliqua le père, à l’approche des bandits.

La famille, en grande hâte, voulait mettre en sûreté ses plus précieux objets.

Alors les bandits, peut-être enragés contre les gens qui ne voulaient pas dévoiler leurs cachettes, les emmenaient et les emprisonnaient.

Souvent, ils ne revenaient plus pour déterrer leurs biens.

En tout cas, ces vases sont bien notre propriété car ce ne peut être que nos ancêtres qui les avaient cachés. D’avance, Dieu avait Ses plans pour nous.

- Dire qu’Il pensait à nous, dit la mère, en joignant les mains avec adoration, il y a peut-être des centaines d’années !

- Oui, dit Chang, pensivement. Puis il ajouta :

- Une question se pose maintenant : Comment allons-nous disposer de ces vases ?

Personne de notre village n’est assez riche pour s’accorder un tel luxe. Il faudrait les porter à l’une des grandes villes de la côte où les acheteurs des principales firmes étrangères recherchent toujours de tels trésors.

Je crois que ces vases pourraient nous rapporter la somme nécessaire pour vivre non seulement un hiver mais plusieurs.

Ensuite se posa la question : Qui ferait cet important voyage ?

Mme Chang ? A cette seule pensée, elle se mettait à trembler, car elle ne s’était jamais éloignée de son village de plus de vingt kilomètres.

Wang ? Il est si jeune que les gens sans scrupule pourraient facilement le tromper !

Finalement, on décida d’écrire au missionnaire et de lui demander ce grand service.

Tout d’abord, la chose lui parut très difficile, car le travail le débordait, mais providentiellement, il reçut, ce même jour, la visite d’un ami, médecin également, qui s’en allait en congé. Il consentit à le remplacer pendant cette courte absence.

Le voyage s’accompagnait de toutes sortes de dangers, venant des troubles de la guerre et aussi du transport d’objets si fragiles et si précieux, sur les bateaux fluviaux toujours si encombrés.

Mais, soit chez les Chang, soit à l’hôpital, on priait avec ferveur et foi, pour que tout se passât bien.

- Ah ! s’il allait rencontrer des voleurs ! soupirait la mère, dans des moments d’appréhension.

Mais son courage renaissait, par la prière en commun.

Enfin, les vases arrivèrent à bon port et furent vendus.

A son retour, le bienveillant ami vint remettre à Chang une somme qui parut énorme à la famille émerveillée.

Après avoir adressé au missionnaire les remerciements qu’il méritait, Chang lui dit :

- Voici ma dîme, Honorable Ami. Nous ne pouvons faire moins, car Dieu a été miséricordieux à notre égard. C’est Sa part et vous l’emploierez pour Son œuvre à l’hôpital, comme vous le jugerez convenable.

Ce fut une soirée de réjouissance et d’action de grâce, et le lendemain, au moment où ils prenaient congé du missionnaire, ils répétèrent tous ensemble : Oui, nous valons plus que des passereaux.

J. R. W.

Après la révolution

Le port de la queue et sa suppression ont joué un rôle important dans la grande révolution qui a fait de l’empire chinois une république.

Le port traditionnel de la tresse avait été introduit par la race mandchoue quand elle établit sa domination.

Au moment où la Chine secoua le joug séculaire de ces anciens envahisseurs, la suppression de la queue fut un symbole d’indépendance et prit une signification politique très accentuée.

Les chrétiens furent les premiers à se laisser convaincre d’entrer dans le mouvement et de ce chef ils s’attirèrent, en bien des cas, des persécutions, partout où le parti réactionnaire réussissait à faire prévaloir pour un temps sa résistance.

Les écoles et les églises fondées par l’œuvre missionnaire donnaient l’exemple ; on s’y entrainait mutuellement à livrer aux ciseaux le noble appendice dont si longtemps on s’était fait honneur.

Il se trouva que la grande majorité des citoyens soumis au nouveau régime n’obéirent pas à la consigne et que dans des contrées entières les chrétiens furent seuls à adopter la mode républicaine.

Ils se singularisèrent, ils s’attirèrent la réprobation de leur entourage, et ils furent en butte à des persécutions.

Au sein des familles, on leur en voulut de rompre avec l’ancienne coutume ; c’était un déshonneur et les femmes surtout en étaient offensées.

Le missionnaire Scott raconte qu’il eut à intervenir et à porter secours à nombre des membres des Eglises qu’il dirigeait.

Il fut témoin de scènes de violence et vit de jeunes chrétiens meurtris de coups, mis en sang, le corps lacéré par les ongles des femmes, mères, sœurs, épouses, belles-sœurs.

On l’appelait de tous côtés dans les villages pour arracher les victimes à la vindicte publique.

Voici une de ses aventures :

" Des messages étaient accourus. Un de mes chrétiens me prêta un âne et je partis en hâte.

La neige nous assaillit, se transformant en glace que le vent nous jetait au visage ; les chemins étaient des fondrières, les champs revêtus d’une couche de neige durcie et de verglas.

J’arrivai à bout de force et fus réconforté par un bol d’une sorte de bouillon nauséabond fort en usage, mais offert avec un touchant empressement.

On me conduisit ensuite à la prison, que je me fis ouvrir, et où je trouvai, entassés dans un réduit infect et sombre, quarante malheureux qui suffoquaient, privés d’air, au milieu des ordures, et presque affamés.

Leur crime était de s’être laissé couper leur queue. Il y avait des vieillards, de jeunes hommes et des écoliers, tous de nos gens.

Tandis qu’un groupe de chrétiens se mettaient en prière, je me rendis chez le magistrat.

Il m’offrit le thé et prudemment j’acceptai un entretien amical, exposant ensuite la condition misérable de nos amis, mais sans récriminations ; je me portai garant que les crimes dont on les accusait n’étaient que calomnies.

Puis je me mis à lui conter l’histoire d’un homme, nommé Saul, zélateur de la religion, qui persécutait ceux de ses compatriotes qui étaient d’un autre sentiment.

Il me demanda de poursuivre l’histoire : je lui lus le récit de l’évènement de Damas et du témoignage public que rendit le converti.

" - Il avait du courage, cet homme ; il avait du courage ! s’écriait mon hôte.

" Ses employés aux écritures prêtaient l’oreille, s’approchant de la porte. J’en vins aux persécutions qu’endura Paul pour l’amour de Christ…

" - Il fallait qu’il l’aimât bien pour tant endurer à son service ! dit encore le magistrat.

" Alors je lui adressai quelques paroles sérieuses sur sa propre condition et les besoins de son âme et finis par lui offrir de prier pour lui.

" - Oui ! dit-il, et faites-le tout de suite !

" Il renvoya les serviteurs, qui se retirèrent un peu, et je priai, sachant que tous entendaient avec intérêt.

Deux jours plus tard, un soldat qui était à ma recherche dans un autre village me remit un télégramme : " Prisonniers relâchés. Non coupables. Rentrés chez eux. "

Tel était le message du magistrat ; j’avais gagné ses sympathies. "

Le missionnaire ajoute : D’octobre à juin, pendant neuf mois, je fus de la sorte constamment en route pour la protection de nos chrétiens, partout poursuivis par la rancune des magistrats et soldats du parti mandchou qui réclamaient les " sectateurs de Jésus ", soutenant, consolant les familles atteintes, libérant des captifs quand c’était possible.

Pasteur de quatre Eglises, chacune dispersée en divers groupes, j’avais à officier dans seize chapelles, à diriger le travail de trente-deux évangélistes et seize lectrices de la Bible, à inspecter soixante-dix écoles et à évangéliser une population de trois millions d’âmes.

Que de scènes pénibles, que de rencontres étranges, que d’aventures dans les perpétuels voyages qui m’étaient imposés !

" Le pays était, en ces temps troublés, infesté de vagabonds et de vrais brigands, qui, sous prétexte politique, se livraient à toute espèce de méfaits.

Ils dévalisaient les maisons, emportaient tout et sur les routes ils attaquaient, maltraitaient, tuaient ; les représailles étaient parfois terribles.

Une vieille femme d’un village que je visitais était en pèlerinage, portant un panier ; elle fut trouvée sur la neige, dépouillée de tout vêtement et toute défigurée.

Les coupables furent rejoints par les hommes du village, qui les mirent à la torture et les laissèrent périr dans la neige…

Oh ! l’Evangile de paix et d’amour ! "

S.S. TIMES

Un martyre

L’œuvre évangélique en Chine a ses côtés réjouissants et même glorieux ; nulle part elle n’est plus intéressante, mais elle a aussi des aspects terribles.

La persécution n’y a pas seulement sévi à certaines époques néfastes, dans les moments de crise politique qui tournèrent la fureur populaire contre les " diables étrangers ", et très particulièrement contre leurs convertis, membres des Eglises indigènes ; elle se produit, dans certaines régions tout au moins, en permanence, au sein même des familles, ou de voisins à voisins.

Parmi divers traits, que nous en fournissent les récits d’un missionnaire américain, nous en trouvons de particulièrement typiques et qui nous montrent l’héroïsme que déploient, dans l’obscurité, de modestes chercheurs anxieux de connaitre la vérité, et quand ils l’ont trouvée, de lui rester fidèles.

Voici son récit :

" De bonne heure le matin, je descendais les pentes d’une montagne où j’avais visité mes paroissiens ; j’étais accompagné d’un ancien.

C’était un homme de petite taille, frêle, grisonnant, qui avait donné beaucoup de son temps, et avec joie, à parcourir le troupeau, si dispersé.

Il était un de ces hommes dévoués, comme nous en avons bon nombre, qui font leur nourriture et leur breuvage de peiner au service de l’Eglise, et dont c’est tout le délice.

Mon ancien paraissait préoccupé ; il me montra un sentier qui gravissait la montagne à notre droite.

" - Berger, me dit-il, là-bas, de l’autre côté, il y a une vallée que vous ne connaissez pas, et qui remonte bien loin dans le massif montagneux.

Et ici sa voix s’émut et des larmes roulèrent de ses yeux sur ses joues ridées – j’ai là une sœur, logée quelque part dans les côteaux ; elle est chrétienne, elle seule parmi tous les villages.

Elle fut baptisée un peu avant votre arrivée, et elle participa alors à la communion, mais jamais plus dès lors elle n’a eu ce privilège.

Et, oh ! elle désire si fort communier de nouveau !

Elle a tenté bien des fois de descendre vers nous et de venir adorer le vrai Dieu avec ses frères, mais on le lui a toujours défendu.

Dans sa famille, qui est toute entière païenne, on l’a souvent battue et maltraitée ; ils n’ont jamais voulu la laisser aller.

Maintenant elle est gravement malade et ne peut plus se lever de sa couche.

Elle m’a envoyé dire qu’elle aimerait fort qu’on vint prier avec elle et célébrer la cène.

Elle dit : " Je voudrais manger le pain et boire la coupe et annoncer la mort du Seigneur pour moi jusqu’à ce qu’il vienne pour moi. "

Nous cheminions en silence quand je lui dis :

" - Ami, pourquoi ne m’avez-vous pas parlé de cette chrétienne ?

" - Berger, j’avais peur que vous n’alliez la voir, et qu’alors on la tuât ; mais, puisque c’est votre dernière tournée de ces côtés, avant que vous ne retourniez dans votre pays, le grand pays des fleurs (l’Amérique), peut-être voudriez-vous l’aller voir maintenant ?

" Je regardai mon carnet ; son nom était sur la liste ! "

Elle se trouvait inscrite par mon prédécesseur sous son nom de fille célibataire, que le mariage avait fait disparaître, et je la croyais décédée.

En Chine, une fille qui se marie hors de son village disparait aux yeux des siens ; ils ne la connaissent plus.

" Le plan de notre tournée avait été dressé d’avance ; nous étions attendus ce soir-là dans un groupe de chrétiens encore bien distant.

L’expérience toutefois nous avait enseigné à nous laisser guider par la main de Dieu.

Plus d’une fois déjà nous nous étions agenouillés derrière un mur ou sous un bosquet de verdure pour demander la direction d’en haut ; quelquefois dans une grange ou près de la porte d’un temple païen, et alors notre plan avait été modifié.

Nous nous mîmes derrière un grand rocher et répandîmes nos cœurs devant Dieu ; puis, avec joie, nous primes le chemin de la haute vallée.

Ce fut une ascension fatigante, sous un soleil ardent.

Nous distribuâmes fréquemment des traités, adressant la parole aux paysans, mais nos pensées étaient avec la femme malade qui désirait tant nous voir.

La vallée contournait, deci delà, les mamelons couverts jusqu’au sommet de terrasses cultivées et devenait toujours plus resserrée.

Nous suivions un sentier étroit, escarpé, où il eût été impossible de croiser un homme chargé, ses grands paniers suspendus aux deux extrémités du bâton qui se porte sur l’épaule.

A ce moment apparait, au contour du rocher, précisément un paysan qui trottinait, selon l’usage, la tête baissée, ainsi chargé.

" - Le voici ! s’écria mon compagnon.

" - Qui ?

" - Son mari !

" Nous étions sur lui qu’il ne nous avait pas encore aperçus.

Il s’arrêta et posa ses paniers ; sa poitrine nue, tannée, couverte de grosses gouttes de sueur, se soulevait par l’effort de sa respiration.

Il n’avait probablement jamais vu de sa vie un étranger, mais à mon costume kaki il comprit que j’étais un de ces envahisseurs qu’il faut respecter.

Il fut poli, selon les coutumes du pays, accentuant ses marques de déférences, posant les questions d’usage :

" - Quel est votre honorable nom, votre âge vénérable ? ...etc…

" Il s’inclinait et souriait. Enfin mon ami lui dit :

" - C’est le Berger étranger, vous savez !

" Alors ses yeux brillèrent et sa colère s’enflamma.

" - Ni-ni-ni ; na-a-a, ka, na, ki ! …

" Il se tut, les paroles ne lui suffisant pas pour exprimer sa rage, et prit le parti d’allumer sa pipe, qu’il tira de sa ceinture, longue, noircie, la bourra de tabac, alluma très lentement à l’aide de son briquet, et dont il tira des flots de fumée.

Puis il se mit à trépigner dans ses chaussures de bois, de telle façon que je craignais qu’il perdît l’équilibre et culbutât au bas du rocher.

Nous reculâmes jusqu’à un endroit moins étroit et là, il reprit la parole, mais avec une si extraordinaire violence que certainement, si je n’eusse été là, il se serait jeté sur son beau-frère.

Après un dernier saut qui fit résonner ses sabots garnis de clous, il poussa un cri aigu : Pei ! exprimant d’une seule syllabe tout son dégout, son dédain, son arrogant orgueil, sa haine méprisante et se mit à courir dans la direction de sa demeure en s’écriant :

" - Je vais la battre, la réduire en bouillie !

" Nous le suivîmes en priant ardemment, en silence, chacun de notre côté, que Dieu voulut bien intervenir à sa gloire.

" A notre arrivée, voici venir à notre rencontre des enfants nus, de grands jeunes gens, les fils de la famille, fumant leurs longues pipes ; les jeunes femmes, à demi vêtues, tenant leurs bébés dans leurs bras, et enfin apparut la vieille belle-mère, les yeux rouges de sang.

Elle semblait disposée à donner à tout son monde une leçon sur la manière de malmener de la belle manière des hôtes détesté.

Le Seigneur nous aida et nous parvînmes à entrer avant qu’elle pût se déchainer contre nous.

" Peu après, cette pauvre femme changeait d’attitude, nous invitait à venir dans sa cour lui parler du grand Sage Yio Su et nous offrait une modeste hospitalité.

Accroupie sur le sol, sa face ridée dans ses doigts décharnés, elle écoutait comme une âme affamée.

Etrange rassemblement que celui que nous avions devant nous, avec les chiens, les poules, les porcs et l’âne mêlés aux enfants, etc…, adultes, au milieu de la paille qui jonchait le sol, des ordures et des mauvaises odeurs.

Soudain la vieille femme offrit de nous conduire voir la femme couchée.

C’était un premier exaucement à nos prières.

" Le mari avait vu sa femme avant nous et avait assouvi sa colère sur ce pauvre corps déjà souffrant.

Dans une misérable petite chambre, une figure effarée paraissait à demi cachée sous une couverture malpropre.

Une tache verdâtre entourait l’œil et sur la nuque se voyaient les traces de coups de bâton.

Elle ne pouvait parler que très bas, mais elle était sereine.

" - Parlez-moi de Dieu et de Celui qui tient l’âme ! dit-elle.

" Que voulait-elle dire ? Ce n’était pas difficile à comprendre : " Venez maintenant, débattons nos droits, dit l’Eternel ; quand vos péchés seraient rouge écarlate, ils seront blancs comme la laine. "

Elle avait entendu cela à son unique service de cène et désirait l’entendre répéter de nouveau.

" - Dites-moi ce que dit le Saint Livre, qu’il est bon de gagner Jésus.

" Je lus : " En vérité, je compte toutes choses comme une perte en comparaison de l’excellence de la connaissance de Christ… pourvu que je gagne Christ. "

" - C’est cela ! murmura-t-elle. Et maintenant le grand Dieu dans son palais…

" Je lus dans l’Apocalypse : " Voici, je vis une grande multitude… de toute nation... devant l’Agneau…. Ils n’auront plus faim ni soif... et le grand Dieu essuiera tout larme de leurs yeux. "

" - Oui, c’est cela… dites-leur.

" De la tête elle montrait les siens.

Peu d’instants après, à bout de forces, elle rendit le dernier soupir. Ses tourments étaient achevés. "

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