Rodney Gipsy SMITH - Sa vie et son oeuvre

La vie de Gipsy Smith est une histoire extraordinaire. Cet homme est plus bohémien qu'anglais.

Il appartient à cette antique et mystérieuse race dont les origines se perdent dans la nuit des temps ; il est fier d'être le fils de générations de nomades indépendants qui ont pour patrie le monde entier.

Il est né sous la tente, dressée sur quelque prairie. Gamin, il a vécu en enfant de la nature ; " il faisait sa toilette dans les ruisseaux, le vent lui servait d'essuie-mains, les buissons peignaient ses cheveux.

" Les petits oiseaux ne s'enfuyaient pas à son approche, et les lapins avaient si bien appris à le connaître qu'ils le suivaient jusqu'au campement.

" Les arbres étaient ses amis les plus intimes, et pour lui s'animaient de mille voix et se paraient de toutes les beautés : palais de cristal en hiver, bouquets de fiancée au printemps, puis corbeilles de fleurs...".

L'enfance insouciante du petit Rodney Smith allait être frappée par l'épreuve.

La petite vérole atteint sa sœur aînée.

La roulotte est reléguée dans une prairie écartée, le médecin fait ses visites par la fenêtre, à distance prudente, et la pauvre famille est abandonnée de tous pendant ces heures d'angoisse.

Le père s'isole avec la malade ; la mère, logeant avec les quatre petits sous la tente, apporte chaque jour à mi-chemin la nourriture après laquelle la malade languit.

" Un jour elle s'avança un peu trop loin - elle n'était qu'une femme, après tout ! Et le lendemain ma mère tombait malade ".

Bientôt les ailes sombres de la mort s'étendaient sur la pauvre roulotte.

Comme le père, à bout de forces, s'était jeté à plat ventre dans l'herbe pour crier son angoisse et sangloter librement, l'on entendit une voix faible s'élever et chanter : " De la terre promise, mon père m'appelle ; il me faut partir ".

Comment cette strophe de cantique, entendue jadis par la petite bohémienne égarée dans une Ecole du Dimanche, lui revenait-elle en mémoire au moment précis du besoin et de la mort ?

Le fait est qu'elle apaisa merveilleusement la fin pour elle et pour son mari.

A eux deux, ils essayèrent, suivant leurs faibles lumières, de percer le mystère qui enveloppait cette vie future à peine entrevue.

" Je ne serai jamais comme les autres garçons, je n'ai plus de mère ".

Ce sentiment poignant étreignit le petit Rodney pendant bien des années. A l'heure qu'il est son cœur saigne encore, avide de la douce tendresse maternelle ; ce chagrin est de ceux qui demeurent.

Une nouvelle vie commençait pour la famille de bohémiens, les heures sombres y furent fréquentes.

Le père avait promis à la mourante de changer de conduite, et parvenait à moins boire, à moins jurer.

Cependant il emmenait souvent Rodney dans les cabarets, et celui-ci devait danser aux sons du violon, puis faire la quête.

Le père faisait donc son possible pour ses enfants, et cependant un fardeau étrange oppressait son cœur.

Souvent les petits, de leur lit, à la nuit tombée, l'observaient avec effroi.

A la lueur du feu, ils voyaient couler les larmes de l'homme robuste, la tête dans ses mains, et l'entendaient murmurer : " Je ne puis pas être bon. Mon cœur est dévoré d'un besoin que je ne comprends pas, mais que je sens. Je ne puis ni boire, ni manger ni dormir. Si ce besoin n'est pas satisfait, je mourrai. "

Et les enfants pensaient : " Il devient fou ! "

Mais l'homme était décidé.

Il priait à sa manière, obscurément, pour trouver le chemin du ciel, et sa conscience commençait à lui reprocher maintes indélicatesses. Il conduit sa roulotte à Londres, l'installe sur un terrain vague, et un terrassier lui indique la salle toute proche où se tient une mission chrétienne.

Le soir même il s'y rend : " Mes enfants, je ne rentrerai que quand je serai converti. "

Et ce soir-là, il devait en effet entendre les paroles qui touchèrent son cœur, le refrain du cantique : " Oui, je puis croire, oui, je veux croire, que Jésus-Christ est mort pour moi..."

Une grande joie remplit son cœur ; il se tâte, tout étonné de ne point se trouver changé physiquement.

Le fardeau était enlevé, il se sentait si léger que la chambre eut-elle été pleine d'œufs, il les aurait foulés sans les casser.

Rodney qui l'avait suivi à pas de loups, en chaussons, se sauve à la maison et se fourre au lit, satisfait, mais sans comprendre ce qu'était cette bienheureuse conversion qui donnait la paix à son père.

Celui-ci était transformé, et Gipsy Smith attribue tout ce qu'il est et sa première impression du Christ à " la belle vie que vécut mon père dans sa roulotte. "

Le père pria sans cesse, jusqu'à ce que tous ses enfants fussent convertis.

Ils se décidaient l'un après l'autre, par ordre d'âge, et Rodney, très attristé d'empêcher par son abstention la conversion de sa sœur plus jeune, se mit sérieusement à la besogne.

Assis sur le tronc d'un vieil arbre, il considérait dans la naïveté de son âme sa responsabilité vis-à-vis de sa petite sœur ; tout était si tranquille qu'il aurait pu entendre battre son cœur ; très posément, il fit son choix.

Comme son père lui demandait : " Comment sais-tu que tu es converti ?

 - Daddy, répondit-il en mettant la main sur son cœur, je me sens chaud là ".

Il avait alors 16 ans.

Rodney possédait trois livres : une Bible, un dictionnaire anglais et un dictionnaire biblique, mais ne pouvait en lire un seul mot. Il décida sur l'heure d'apprendre à lire et de devenir prédicateur. " Avec ma conversion s'éveilla mon intelligence."

En six mois il apprenait seul à épeler, et, son inséparable dictionnaire à la main, lui demandait des éclaircissements sur tout l'inconnu qui l'entourait.

Tout en vendant les portemanteaux fabriqués dans la roulotte, il se hasardait à chanter des cantiques, à parler à ses clients de son amour pour Jésus-Christ dont il voulait toujours être " le garçon. "

Son premier sermon eut pour auditoire un champ de navets.

" Jamais je n'eus congrégation plus attentive et plus tranquille ".

Un jour, le général Booth le remarque et lui demande : 

" Veux-tu être évangéliste ? "

- Evangéliste ? Le mot était encore à chercher dans le dictionnaire.

Une fois qu'il eut compris, il acquiesce joyeusement et entre sur-le-champ dans la carrière qui devait être celle de toute sa vie.

Echangeant le foulard aux couleurs vives et les culottes de velours du bohémien contre un complet correct, il part fièrement, ses livres sous le bras, apprend à ses dépens l'usage des serviettes de table et pense étouffer en couchant pour la première fois sous un toit.

Mais toutes les écoles n'étaient pas pour l'arrêter dans son désir ardent d'annoncer l'Evangile.

A sa première réunion publique, il fut bien embarrassé.

Il lisait couramment les mots faciles, mais était encore arrêté par des obstacles infranchissables : les mots longs et compliqués.

Comment lire son texte dans la Bible ?

Avouer son ignorance lui eût semblé un déshonneur pour sa vocation. 

Un moyen tout simple vint sauver la situation.

Il lisait aisément jusqu'à l'arrivée du mot long et difficile, s'interrompait pour donner quelques appréciations personnelles, puis reprenait tranquillement après l'obstacle, de l'omission duquel personne ne s'est jamais aperçue.

Ainsi tout le monde était content.

L'évangéliste bohémien a depuis lors tenu sous le charme de sa parole des auditoires de plusieurs milliers de personnes ; il a dû gagner sa chaire portée par-dessus la foule qui obstruait jusqu'aux rues avoisinantes ; des centaines d'âmes lui doivent la paix ; des centaines de vies ont par son intermédiaire été changées.

Sa puissance est un fait reconnu, et c'est sans crainte qu'il se présente maintenant devant des salles bondées d'ouvriers, de gens du monde ou d'intellectuels de toutes les parties du globe.

Il a éprouvé la valeur du message qu'il apporte dans sa vie d'abord, puis dans celle des autres et il admire simplement, en lui et chez les autres, la " puissance de la grâce ".

D'un autre côté, il a appris les façons de vivre du monde civilisé, il a été convié à la table des grands de ce monde, - il est devenu un " gentleman ", en est un peu étonné et fort aise - et en cela encore il admire la " puissance de la grâce " qui a " poli " le jeune sauvage.

Au mois de novembre 1876, se tenait une série de réunions dans une petite chapelle méthodiste à Cambridge (Angleterre).

Comme résultat apparent, seul, un jeune adolescent inconnu, du nom de Rodney Smith, fit profession de se convertir au Seigneur.

Il sembla alors aux évangélistes de la Mission que cette dernière avait été presque un échec ; mais voyez cette moisson de milliers d'âmes amenées à Christ dans plusieurs contrées du monde, par ce jeune homme, devenu un évangéliste puissant !

Il est universellement connu sous le nom de Gipsy Smith.

Les membres de la famille Smith étaient des bohémiens hautement respectés et avaient pour métier la fabrication des chaises et des paniers dans " East Anglia ".

Le père et plusieurs membres de sa famille furent amenés au Seigneur et se mirent aussitôt à prêcher l'Evangile à leur entourage.

Il y a maintenant vingt-trois ans que le jeune Rodney Smith quitta sa tente, et, passionnément désireux de gagner des âmes à Christ, il entra dans l'Armée du Salut.

Le " Gipsy " travailla, comme officier de cette Armée, avec une ardeur et un zèle dignes d'un disciple de son Maître, dans plusieurs villes de l'Angleterre.

Bientôt, il se maria.

Sa jeune femme fut l'un des premiers fruits de son ministère. Ils ont maintenant une famille : deux garçons et une fille.

 A Hanley, Gipsy se retire de l'Armée, et, en communion avec quelques hommes de Dieu, il loue une immense salle, contenant 3 500 personnes.

Là, il travaille pendant quatre ans au milieu de cette population. A droite et à gauche, il va prêcher la Bonne Nouvelle et devient de plus en plus, le prédicateur des masses ; des centaines sont gagnées au Seigneur.

En 1889, il va, pour la première fois, visiter l'Amérique, mais il ne cessera pas d'avoir sa demeure à Manchester où il a évangélisé aux côtés du pasteur G.-H.-Mac Néal, également l'un des fruits de son travail pour Dieu à Burnley.

Attiré en Amérique par deux pasteurs bien connus, qui avaient entendu parler de lui, le
" Gipsy ", après avoir longtemps réfléchi et prié, résolut de traverser l'Atlantique et débarqua à New York en septembre 1889.

Presque aussitôt après son arrivée, les obstacles les plus grands et les plus inattendus se dressèrent devant lui.

L'un des pasteurs mourut soudainement et l'autre fut obligé d'abandonner le ministère. Voilà donc notre évangéliste seul, sans amis dans cette grande cité.

Malgré ses lettres de recommandations, l'un des principaux ministres de la ville, Dr Prince, lui dit : " Eh bien ! Mon frère, je ne crois pas que nous ayons besoin de vous ici ! "

Le " Gipsy ", qui avait le sentiment intime que Dieu l'avait conduit en Amérique répond : " Eh bien ! Dr Prince, je crois que vous avez besoin de moi ".

Le résultat de cet entretien fut que Gipsy Smith fut invité à présider une série de réunions dans une église.

Soir après soir, des foules vinrent écouter l'évangéliste, et des centaines de personnes furent converties.

Après cela, chacun fut convaincu qu'on avait bien besoin de Gipsy Smith.

Il a visité quatre fois les Etats-Unis depuis lors, prêchant dans toutes les grandes cités.

A Washington, il fut invité dans l'église du président Mac Kinley à Boston.

Pendant sept semaines consécutives, il prêcha Christ tous les soirs, dans la même église.

Les journaux rapportèrent que 150 000 personnes, environ, avaient suivi ces services, et que l'évangéliste avait eu la joie de voir 850 personnes faire profession de se donner à Dieu.

La pensée de Gipsy Smith, c'est que les Américains sont plus enthousiastes, plus ouverts que les Anglais et en conséquence les réunions sont plus joyeuses.

L'Amérique est une nation qui respecte, en général, tout ce qui se fait, au point de vue religieux et qui assiste aux réunions, mais, là comme ailleurs, la mondanité détruit ce qu'il y a de christianisme chez le grand nombre.

Le " Gipsy " a maintenant des milliers d'amis sur ce grand continent.

Il a même reçu plusieurs invitations très pressantes de s'installer au milieu d'eux.

Son travail pour le Seigneur a aussi été richement béni en Australie où il a passé un certain temps avec sa femme.

En 1897, Gipsy Smith devint le principal évangéliste dans le " National Council " des églises évangéliques libres.

Quand il va dans une ville pour conduire une " Mission ", tous les hommes de Dieu de ces différentes églises, sont en communion de pensée avec lui et leurs prières sont une force immense dans son ministère.

Alors, il arrive que le plus souvent, la ville entière est remuée et que des centaines se convertissent à Dieu.

Certains évangélistes ont le don spécial d'attirer une classe de gens qui suivent déjà des services religieux et d'autres sont taillés pour subjuguer les masses que l'on ne voit jamais dans aucun lieu de culte, mais Gipsy Smith est magnifiquement doué pour les uns et pour les autres.

Quand, dans une ville, on annonce que le " Bohémien " va prêcher, aussitôt, des gens de toutes conditions courent pour le voir et l'entendre. Son histoire les frappe.

Pensez, un homme qui a passé les dix-sept premières années de sa vie sous une tente, sans éducation, et sans aucune culture orthodoxe !

La nouveauté les attire.

Quand il arrive sur l'estrade ou qu'il monte dans une chaire, on s'aperçoit immédiatement qu'il est un " Bohémien " authentique et de bonne foi, qu'il a le teint et les traits de sa race, et si singulière si intéressante à divers points de vue.

Mais la vie grossière du Gipsy est une chose du passé et l'on s'aperçoit bien vite que cet homme en chaire est un monsieur chrétien.

Il y a, il est vrai, dans sa personnalité, quelque chose de romanesque, de fascinant, une simplicité, une franchise, une pénétration, une bonne humeur qui vous captivent.

Smith est richement doué de Dieu pour l’œuvre à laquelle il a été appelé. Il possède une intelligence remarquable.

Cela tient probablement au fait que toutes ses capacités intellectuelles étaient endormies pendant les dix-sept premières années de sa vie.

Quoiqu'il n'ait pas eu l'avantage d'une éducation systématique, il compte, maintenant, parmi les hommes cultivés.

Ayant une observation vive des hommes et des choses, il a acquis une bonne somme de science.

Le Gipsy chante l'Evangile aussi bien qu'il le prêche, car il a exercé sa voix, et étudié l'art de chanter jusqu'à ce qu'il soit parvenu à une bonne moyenne.

Le Gipsy a une foi très simple dans le Dieu vivant et l'Evangile de la grâce. Il a aussi le sentiment bien net de la vocation qu'il a reçue de Dieu pour amener les âmes à la connaissance de Christ.

C'est là le grand but de sa vie. C'est à cela qu'il doit son succès.

Quand il parle, il fait une impression profonde sur son auditoire, à cause du désir brûlant qu'il a de voir les âmes sauvées.

Gipsy Smith était un ami personnel du grand évangéliste américain Moody, et de plusieurs autres qui ont été des colonnes dans l'Eglise de Dieu.

Les dernières nouvelles que nous avons de lui sont contenues dans une dépêche d'un des grands journaux d'Amérique, The New York Sun, relatant que Gipsy Smith a bouleversé la ville de Pittsburgh.

Les réunions se tenaient dans une des grandes salles de l'Exposition et les foules remplissant les abords de cet édifice étaient telles que la police a dû faire cesser le trafic, dans toutes les rues conduisant à l'Exposition.

Le public parisien a eu l'occasion, en 1910, pendant une semaine, d'entendre Gipsy Smith.

Soir après soir, dans cette grande ville qu'il qualifie avec conviction de " sans Dieu ", la foule s'est pressée dans la salle Gaveau attentive, recueillie, maniée avec une dextérité singulière par cet homme à l'apparence quelconque, qui la tenait toute d'un regard, l'interpellait familièrement, l'émouvait d'une minute à l'autre jusqu'au rire ou jusqu'aux larmes, remuait les cœurs, faisait courber les têtes dans le silence et provoquait des " décisions ".

On peut discuter les moyens qu'il emploie pour amener ses auditeurs à " se compromettre pour Christ " - on ne peut lui en vouloir, il est si convaincu, et de plus emploie ces moyens avec tact.

On peut être choqué au premier abord de la naïveté avec laquelle il se met en scène et rappelle ses succès - on ne peut lui en vouloir, il admire si manifestement " l'œuvre de la grâce " et non sa propre personne.

Cet homme a fait une expérience personnelle qui a changé sa vie, qui reste pour lui merveilleuse et toujours nouvelle. Dieu est avec lui, il apporte avec lui une atmosphère toute pénétrée de la présence divine qui imprègne ses actes et ses paroles.

De plus cet homme n'a pas peur d'être lui-même, aucune convention mondaine ne le pousse à déguiser ce qui lui manque.

Une fois il fut tenté de changer sa " manière " - ce fut devant son premier auditoire d'intellectuels.

Ses méthodes si simples n'allaient elles pas échouer devant des esprits cultivés, si différents du sien ?

Mais : " ce que Dieu avait béni jusque-là, Il pouvait le bénir encore ".

Il résolut courageusement de se montrer tel qu'il était :   " Rien qu'un bohémien "- et n'eut pas à s'en repentir - son action fut aussi forte là qu'ailleurs.

Un vieux pasteur l'étonne un jour en posant les mains sur sa tête et en la palpant. " Etes-vous phrénologue, - Non, mais je cherche à découvrir le secret de votre succès.

" Eh bien, vous cherchez trop haut. Il vous faut descendre ici, répond-il, en plaçant la main sur son cœur ".

De fréquentes anecdotes révèlent la manière simple et originale dont il pratique ses cures.

Une dame cherchait Jésus-Christ depuis dix ans, en vain.

" Certainement il y a là quelque chose de défectueux. Il ne faut pas dix ans à un Sauveur et à un pécheur qui se cherche, pour se trouver.

- A votre place, je refuserais d'entendre un sermon, de lire une ligne de plus. J'irais à la maison, je m'enfermerais seule avec Dieu, et m'entendrais avec Lui.

- Ce qu'il vous faut maintenant ce n'est pas des hommes, des méthodes, des réunions - mais une rencontre avec le Fils de l'homme ".

Et la rencontre se produisit.

Un homme d'affaires converti lors d'un récent voyage lui écrit son angoisse - un lourd péché pèse sur sa conscience, ses nuits n'ont plus de repos. Dieu pourra-t-il le délivrer ? -

- "J'étais alors au pays de Galles. De ma fenêtre, je voyais la neige tomber lentement, les blancs flocons tournoyaient, puis se posaient sur la colline en face.

Et je me dis : mon homme est ce flocon, ce léger flocon de neige ; il tombe, tombe et tremble en se disant : si je me pose sur elle, la montagne pourra-t-elle me porter ? "

Cette petite parabole fut envoyée sur le champ au correspondant qui, le lendemain répondait par dépêche : Je suis sur la montagne, et elle me porte ! "

Un petit garçon est amené un jour par sa mère au prédicateur pour lui serrer la main.

Il lui présente obstinément la main gauche. - " l'autre main est-elle malade ? Non ? Alors pourquoi ne pas la donner ? ".

Paraît enfin, avec regret, la main droite mais hermétiquement fermée.

Gipsy Smith obtient enfin qu'elle s'ouvre : elle contenait 4 petites billes, le trésor de l'enfant.

" Les jouets l'avaient empêché de donner sa main toute entière, et vous, vos passions vous retiennent et vous empêchent de vous donner à Dieu. "

Sans science théologique, mais toujours simple, naturel, vrai, Gipsy Smith continue d'être un instrument de salut pour des milliers de créatures.

L’oeuvre de GIPSY SMITH à travers les revues d'Europe et d'Amérique

New York, 24 décembre 1908

Gipsy Smith vient d'arriver à New York. Il a quitté Cleveland pour remplir la promesse qu'il a faite à un certain nombre d'églises et qui consiste à présider une série de réunions pour appeler les pécheurs à la repentance.

Le grand évangéliste bohémien a déjà visité les cités de Baltimore, Washington, etc. ..., où son travail pour l'Evangile a été grandement béni.

Un trait caractéristique de sa prédication, c'est qu'il insiste auprès des âmes pour qu'elles s'abandonnent entièrement et sans retour à Jésus-Christ.

Qu'est le désir vague de mener une vie chrétienne sinon une illusion fatale ?

Gipsy Smith n'est pas de ceux qui se vantent des résultats obtenus, mais il affirme cependant que, selon sa pensée intime, des milliers de personnes ont été conduites dans une vie nouvelle, dans chaque ville où il lui a été permis de prêcher Christ.

Son séjour dans les villes où il est appelé, est de 17 jours.

Quel coup d'œil extraordinaire présenta cette réunion en plein air en face du tribunal : 6 000 personnes dont les yeux sont tous fixés sur le prédicateur !

Il y avait, représentées, toutes les classes de la société.

Un certain nombre des notabilités de la cité étaient là et il fallait voir cette rangée d'automobiles qui encerclaient la congrégation, remplies d'auditeurs tous plus attentifs les uns que les autres !

A Washington, l'évangéliste fut invité à la Maison Blanche, où le président Roosevelt l'accueillit très cordialement et lui exprima tout l'intérêt qu'il lui inspirait, lui, Gipsy Smith, ainsi que son œuvre.

Il ajouta : " L'Evangile que vous prêchez, c'est ce dont l'Amérique a besoin. Allez de l'avant. "

L'ambassadeur d'Angleterre reçut la visite de M. et Mme Gipsy Smith, avec beaucoup de bienveillance et il assista à l'une des réunions du dimanche d'où il ne sortit que tout à fait à la fin du service.

La procession de minuit, dans la capitale fédérale, comptait 30 000 personnes qui firent ainsi 3 milles de chemin.

Le sergent qui avait la charge de la police en fonctions, affirma que ce grand concours de personnes était au moins égal à celui d'un jour " d'inauguration ", c'est-à-dire le jour où un nouveau président se rend au Capitole.

Un trait frappant, caractérisant cette marche était le chant splendide de la police à la tête de la procession (c'est l'usage dans ce genre de manifestations publiques en Amérique).

Le volume d'harmonie fourni par un si grand nombre de belles voix, et leur parfaite connaissance des paroles des chants évangéliques, le tout ensemble fit une vive impression sur tout le parcours.

La procession s'arrêta au " Tenderloin " (quartier mal famé) et quand les paroles du refrain : " Plus près de toi, mon Dieu, plus près de toi ", retentirent dans l'air de minuit, les lumières s'éteignirent soudain dans chaque chambre et de pauvres malheureuses filles s'accoudèrent aux fenêtres pour entendre le glorieux message du salut, en paroles et en chants.

Quand Gipsy Smith et les pasteurs qui l'accompagnaient eurent atteint le " Belasco Théâtre ", après cette réunion en plein air, ils le trouvèrent rempli, du parterre à la plus haute galerie, de personnes de bas étage et de mœurs corrompues, chacune ayant reçu un ticket d'admission.

Elles étaient au nombre de 3 000.

Vers la fin de la réunion et à l'appel du Gipsy, des centaines se levèrent pour déclarer leur désir honnête et sincère de changer de vie.

A Cleveland, Ohio, on trouve bien des Anglais de naissance, à cause des mines de fer. M. Smith y rencontra deux pasteurs qui avaient été amenés à Christ dans ses réunions. On eut, là aussi, la Marche de minuit. Elle se composait de 10 000 personnes. Un nombre considérable de pasteurs étaient venus de loin, envoyés par leurs églises, afin de leur rapporter un peu du feu sacré qui animait tant d'âmes réveillées.

Paris, mars 1909

Un des rédacteurs du Temps rapporte d'une façon très intéressante et impartiale, l'interview qu'il a eue avec Gipsy Smith, pendant la campagne d'évangélisation de ce dernier à Paris, au mois de mars 1909 :

" Un évangéliste est à Paris où il vient jeter la bonne semence.

" Les foules anglaises, américaines, australiennes, ont entendu sa parole ardente, et des milliers d'hommes ont, paraît-il, à son appel connu le bonheur de la foi qui ne discute ni n'hésite.

" Il est né dans une roulotte, fils de bohémiens. Il ne s'assit jamais sur les bancs d'une école.

" La Bible fut son abécédaire. Elle en fit un prophète.

" Et il va maintenant à travers les cités, prêchant le Christ, en envoyé de Dieu... "

Dans le hall de l'hôtel où il est descendu, M. Smith, c'est le nom de l'évangéliste anglais en question, nous conte sa vie et narre les phases de son apostolat.

Il s'exprime en un anglais sobre et correct, où il mêle à peine quelques termes du langage
" Gipsy ".

Il a le geste sec et le verbe autoritaire. Le regard est tour à tour caressant et impérieux.

- Je suis, dit-il, un bohémien pur-sang, né sous une tente.

C'est à l'âge de seize ans que la voix de Dieu a parlé en moi.

Elevé au milieu d'un peuple sans religion, les romanichels sont presque tous athées, je sentais là, dans mon cœur, qu'il me manquait quelque chose.

C'est par hasard que j'entendis un jour un conférencier prêchant Jésus-Christ.

Et mes yeux s'ouvrirent à la lumière...Puis je connus le livre divin, la Bible...

- C'est à partir de ce moment que vous avez senti en vous-même la vocation d'apôtre ?

- Oui ! Je commençai par évangéliser mes propres compagnons, puis j'allai un peu partout prêcher la foi dans le Christ.

- A quelle religion définie appartenez-vous ?

- Je suis méthodiste ; mais dans le comité qui appuie mon évangélisation, il y a des baptistes, des méthodistes, des presbytériens, des congrégationalistes.

J'ai été l'instrument dont Dieu s'est servi pour la conversion de cinq ou six millions d'hommes. 

Nous demandons à M. Smith s'il connaît le secret de son incroyable succès.

Son visage énergique se penche vers nous, et avec une flamme dans les yeux, un doigt levé, il dit :

- Je pense le connaître !

- 1° Je crois à chaque mot que je dis ;

- 2° Je fais de mon mieux pour vivre comme je prêche.

Il s'arrête une seconde, et, avec une force singulière dans l'expression, il ajoute :

- Au-dessus de tout, il y a Jésus-Christ qui suffit à remplir le cœur de tous.

- Mais que prêchez-vous ?

- Je prêche Jésus qui a été crucifié pour sauver le monde et pour sauver chaque individu.

- Vous faites appel au sentiment, au mysticisme de vos auditeurs ou à leur raison ?

- A leur conscience, à leur volonté, à leur intelligence.

- Mais quelle doctrine précise ?

Sans nous laisser finir, M. Smith réplique :

- Après avoir présenté le Sauveur, je prêche la tempérance, la doctrine, le jugement à venir.

- J'annonce que la vie en Christ donne des avantages, non seulement dans la vie à venir mais dans la vie présente, à qui a foi en lui.

- Ne rencontrez-vous pas des contradicteurs ? Ne se trouve-t-il pas d'auditeurs qui vous demandent des preuves ?

- Des preuves ? Ne suis-je pas une preuve et un miracle vivant, moi élevé en voleur, sans aucune éducation ni instruction, et à qui le Seigneur a tout donné parce que j'ai eu foi en lui ?

- Vous n'exercez aucune profession ? Vous vous consacrez tout entier à votre apostolat ?

- Oui. J'annonce la parole vivante.

- Vous vous présentez comme envoyé de Dieu ?

- Je le suis.

- Vous croyez avoir une mission providentielle ?

- Je l'ai...

Et pour appuyer par un fait les réponses catégoriques de M. Smith, une adhérente, qui assiste à notre conversation, précise :

- A la suite de la conférence de l'autre jour, ici à Paris, cent cinq personnes se sont données au Seigneur.

Un éclair de joie passe dans le regard de l'évangéliste. Mais son apostolat le réclame et il part porter la bonne parole, avide de nouvelles et plus nombreuses conquêtes.

Lundi soir, 19 Mars, le Temple du Saint Esprit s’est de nouveau rempli jusque dans ses moindres recoins, pour entendre Gipsy Smith, traduit par Mr Saillens.

Il a adressé un appel très simple (mais combien sérieux et pesant), d’abord aux hommes, puis aux femmes, puis à la jeunesse.

Il n’a pas mis dans l’ombre le caractère tragique d’une vie sans Dieu !

Il nous a fait ses adieux en termes touchants. Jamais, a-t-il dit, il n’a éprouvé autant de regret en quittant un endroit.

L’après-midi, il s’était exprimé dans le même sens et avait même employé le terme d’arrachement.

Il est probable, certain même, que cette seconde mission Gipsy Smith n’est pas la dernière.

Avril 1910

Gipsy Smith, l'orateur populaire, est à Paris pour quelques jours.  Ce puissant évangéliste est un bohémien authentique.

A l'âge de dix-sept ans, ne sachant ni lire, ni écrire, il vivait encore de la vie nomade de sa race. Un soir, assis sur un tronc d'arbre, il contemplait la voûte étoilée.

Tout son passé et celui de sa famille remplissaient son âme.

Sa mère était morte en lui laissant de purs souvenirs, car elle était croyante et elle lui avait donné rendez-vous au ciel.

Son père, grand buveur jadis et joueur de violon dans les fêtes mondaines, venait de changer de vie et s'était converti à Dieu.

" Ce soir-là, raconte-t-il, mon âme était troublée, remplie de tristesse.

Alors une question solennelle entre toutes se posa pour moi : " Vas-tu continuer à vagabonder, menant une existence de bohémien, sans posséder aucune espérance, ou bien seras-tu chrétien et ta vie servira-t-elle à quelque chose ? "

Le silence de la nuit était complet et il me semblait entendre les battements de mon cœur.

Je tressaillis tout à coup au son de ma propre voix.

Je venais de m'écrier tout haut : " Par la grâce de Dieu, je serai un disciple du Christ et je rejoindrai un jour ma mère au ciel. "

" Ma décision était prise et je ne l'ai jamais abandonnée.

J'avais répondu : " Oui, je le veux ! " aux sollicitations secrètes que Dieu me faisait entendre, et cette réponse donna à ma vie entière une direction nouvelle, dans laquelle sa grâce a, d'année en année, affermi mes pas.

J'eus le tort cependant alors de n'en parler à personne et de laisser ignorer cette décision prise.

Aussi ce ne fut que plus tard, quand j'eus ouvertement déclaré mon dessein et rendu hommage au Christ, mon Sauveur, que la paix envahit mon cœur et que j'eus le vif sentiment des conditions nouvelles dans lesquelles je me trouvais ".

A l'époque de sa conversion, notre bohémien n'avait encore jamais couché dans un lit. Il n'avait jamais porté une chemise ni un col.

Ce libre enfant de la nature apprit bientôt à lire et fut enrôlé par l'Armée du Salut.

Dès le début, ses succès furent remarquables.

Aussi ne tarda-t-il pas à quitter l'association salutiste pour travailler plus librement à l'évangélisation de la Grande - Bretagne.

Gipsy Smith est aujourd'hui connu dans le monde entier.

En Angleterre, en Ecosse, en Irlande, aux Etats-Unis d'Amérique, au Canada, en Australie, il a annoncé l'Evangile à des auditoires considérables.

A Chicago, en octobre dernier, pendant un mois, tous les soirs, les huit milles places de la salle où il prêchait étaient remplies, et plus de vingt mille personnes se pressaient encore inutilement dehors pour entrer !

Tous les journaux recommandaient ses réunions. L'un d'eux, qui tire à trois cent mille exemplaires, publiait tous les jours un court sermon de l'évangéliste.

La ville entière était bouleversée et lisait tout ce qu'on publiait de l'ancien bohémien. Douze mille personnes déclarèrent qu'elles étaient décidées à vivre désormais une vie chrétienne.

Toutes les classes de la population américaine s'intéressent à l'oeuvre du puissant évangéliste.

A la Chambre des députés de plusieurs Etats, il fut invité à prendre la parole.

Trois présidents des Etats-Unis le reçurent à la Maison Blanche.

La reine Victoria lui écrivit une lettre de reconnaissance pour son admirable dévouement en Angleterre.

Des hommes politiques très en vue, comme James Bryce, donnent leur pleine approbation à l’œuvre excellente accomplie par l'éminent revivaliste.

Gipsy Smith aura bientôt cinquante ans.

Il n'est ni un savant, ni même un orateur au sens ordinaire.

C'est un homme de foi sur lequel la main de Dieu repose. Sa sincérité absolue, son ardent amour des âmes, sa foi inébranlable, sa simplicité enfantine, voilà le secret de sa force.

C'est un prophète et un apôtre parce qu'il est baptisé de l'Esprit du Christ.

DELATTRE

Quelques props de GIPSY SMITH

C'était à une réunion de témoignages tenue à la suite d'une campagne de réveil.

Les nouveaux convertis se levaient l'un après l'autre, témoignant de la miséricorde dont Dieu avait usé envers eux.

L'un disait : " J'ai passé vingt ans en prison, condamné pour meurtre, mais Dieu m'a sauvé. "

Un autre : " J'ai été pendant vingt années un terrible buveur, mais Dieu m'a sauvé. "

Un autre encore : " J'ai été faux-monnayeur, mais Dieu m'a sauvé. "

Alors Gipsy Smith, le grand évangéliste, se leva et dit :

" Mes amis, écoutez bien : Dieu a accompli des merveilles envers chacun de vous, mais n'oubliez pas qu'il a fait bien davantage envers le pauvre garçon bohémien que j'étais qu'envers vous tous ensemble, car il m'a sauvé avant que je pusse commettre aucune des graves fautes que vous confessez. "

Ne mesurons pas la grâce de Dieu au mal que nous avons fait, mais plutôt au mal dont il nous a gardés.

Dans une de ses réunions, Gipsy Smith a raconté le trait suivant : " Quand vous vous efforcez de gagner des âmes, il n'est pas toujours sage de parler devant un tiers.

Jésus envoya ses disciples au village, de façon à pouvoir s'entretenir avec la femme samaritaine près du puits, car sûrement il ne fallait pas douze hommes pour acheter le menu d'un repas ! "

Il y a quelques temps, j'étais l'hôte d'une maison où habitait une belle jeune fille d'une vingtaine d'années.

Elle avait peur que je ne lui parlasse de son âme, aussi s'arrangeait-elle à n'être jamais seule avec moi.

Je suis très sensible. Quelquefois, quand je prêche, je découvre, non loin de moi, des jeux de physionomie qui me percent comme un dard. Je sens très bien lorsque mes auditeurs entretiennent des préjugés ou n'ont pas de sympathie pour moi.

Un jour que la jeune fille se mettait à suivre sa mère au moment où elle quittait la pièce :

- " Annie, dis-je, vous avez peur de moi. Je désire faire un pacte avec vous.

Si cela vous convient, je ne vous parlerai pas de Jésus avant le dernier jour de mon séjour chez vous.

Etes-vous d'accord ?

- Non, répondit-elle.

- Alors, quand la moitié du temps sera écoulée ?

- Non.

-  Je pense que vous ne voulez pas que je vous en parle du tout et que je pourrai seulement prier pour vous. Est-ce là ce que vous désirez ?

Ses yeux bleus se remplirent de larmes et elle dit doucement :

- Non, priez avec moi maintenant ".

Avec un peu de bon sens, vous pouvez gagner les âmes.

En connaissez-vous la joie ?

Le monde ne sera pas gagné par de grandes prédications, mais par le témoignage. 

Ailleurs le revivaliste raconta qu'à Glasgow il remarqua un homme qui assistait fréquemment aux réunions.

Un soir il le vit rester dans son banc alors que bien des gens partaient.

Gipsy s'approcha : " Vous êtes angoissé au sujet de votre âme ? " lui demanda-t-il.

- " Oui."

- " Vous savez ce que vous avez à faire ? "

- " Oui ".

Je le pressais de tout mettre en règle, quand je vis un monsieur qui nous écoutait. Il s'approcha et demanda :

- Voulez-vous me laisser parler à ce frère ?

Je répondis que oui et il poursuivit :

- J'ai entendu une partie de votre conversation et je désire lire à cet ami un texte.

Il lut alors Jean 3 :16.

- Croyez-vous cela ?

- Oui, naturellement. Un écossais croit cela.

Le nouveau venu lut ensuite Romains 10 :9 : " Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. "

- Croyez-vous aussi cela ?

- Naturellement, je le crois.

Il lut encore dans la première épître de Jean : " Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité "

- Croyez-vous cela aussi ?

- Oui, je le crois.

- Alors, vous êtes un chrétien.

Mon ami se redressa et regardant son interlocuteur :

- Vous faites erreur, lui dit-il.

- Mais vous croyez que Jésus est mort pour vous ?

- Oui.

- Vous croyez qu'il est ressuscité pour votre justification ?

- Oui.

- Vous croyez qu’il peut vous sauver ?

- Oui, à l’instant même.

- Alors vous êtes sauvé.

- Non, je ne le suis pas.

- Comment cela se peut-il ?

- Eh bien, vous m’avez lu trois passages. Lisez maintenant Esaïe 55 : 7.

L’homme chercha et lut : " Que le méchant abandonne sa voie et l’homme d’iniquité ses pensées, et qu’il retourne à l’Eternel…. "

- Maintenant, dit mon ami, je suis ce méchant et cet homme d’iniquité, il me faut abandonner le mal et les pensées mauvaises et me tourner vers Dieu.

" Dans mon cœur, il y a un grand péché que je cache et que je ne désire pas abandonner. Mon bon sens me dit que je ne puis être sauvé jusqu’à ce que j’aie cédé !

C’est le meilleur sermon que j’aie jamais entendu sur la repentance ajouta Gipsy Smith.

" A quoi attribuez-vous votre " succès " demandait-on à Gipsy Smith.

" Je crois tout ce que je dis, répondit-il et je fais appel à la conscience et à la volonté de
chacun. "

C’est là, en effet, le secret de la force : Eveiller d’abord l’attention, puis l’intérêt, gagner la confiance de celui qui écoute, toucher sa conscience en un point sensible, découvrir le mal, signaler le remède et en exiger l’application immédiate.

Gipsy Smith a deux des qualités les plus désirables chez un apôtre, le don de l'émotion et le don de la sympathie.

Qu'il évoque la figure de la vieille tante qui l'a élevé et sa mort paisible en confessant le Christ, ou celle de sa mère tendrement aimée, qu'il a perdue de bonne heure, et dont le souvenir le faisait sangloter derrière les haies, quand il voyait un enfant jeter ses bras autour du cou maternel, ou celle d’une brebis égarée qu’il a ramenée au bercail, il accorde à la sensibilité une place prépondérante.

Si l’on est troublé en l’entendant, c’est que lui-même est ému.

La sympathie, sans laquelle toute œuvre est froide et sèche, naît spontanément entre l'auditeur et l'orateur.

L'un a besoin d'aide, l'autre la lui offre ; celui-ci est dans les ténèbres, celui-là a la lumière.

Voici un isolé pauvre de biens spirituels.

Là est un ami qui possède un trésor et il semble que ce messager soit venu sur le chemin qui monte, indiquer au pèlerin anxieux et lassé où est la source d'eau vive.

Non seulement il a le désir d'aider ceux qui cherchent ou errent, d'encourager les hésitations et d'affermir les confiances, mais il le fait, effectivement.

En voici un exemple.

A la fin de cette séance, après avoir exposé la misère d’une âme qui a perdu Jésus, il ajouta simplement, devant la détresse en larmes d'un grand nombre d'assistants :

" Quelques-uns d'entre vous désirent-ils mes prières ?

Qu'ils me le fassent savoir, par un signe, et, ce soir même, je serai heureux de prier pour eux ".

Alors plusieurs bras se levèrent et M. Smith, les ayant vus, dit :

" Merci, merci, Dieu vous soit en aide. "

Et il y eut là un moment de recueillement unique, dans cette foule unie sous la bénédiction de Dieu.

Souvent aussi, M. Smith demande aux frères présents de joindre leurs prières à la sienne et c'est avec ferveur qu'elles appellent sur un cœur anonyme la paix qui vient d'en haut.

Nous commençons aujourd'hui une allocution adressée aux jeunes gens par le célèbre prédicateur, Gipsy Smith. On y retrouvera la simplicité, la chaleur et la précision qui distinguent la parole du bohémien converti, que l'Amérique vient d'entendre, et où de si merveilleuses choses se sont passées par son moyen.

Il s'en alla tout triste

" Mais quand le jeune homme entendit-il ces paroles ; il s’en alla-tout triste car il avait de grands biens. " (Matthieu 19,22).

Quand le jeune homme entendit-il ces paroles ? Pourquoi s'en alla-t-il tout triste ?

Jésus venait de lui dire de vendre tout ce qu'il avait, de tout quitter et de le suivre ; de s'abandonner à Lui avec tout ce qu'il possédait en vue de Son royaume.

En entendant cela, il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens et c'étaient de grands obstacles.

Il est difficile pour un homme très riche d'être un chrétien décidé et conséquent. Il y a des chrétiens magnifiques parmi les riches mais, à mon avis, il est plus facile à un pauvre qu'à un riche de suivre le Christ.

Les richesses rendent trop facile la pente qui descend.

C'est pourquoi le Livre dit : " N'y mettez pas de votre cœur. Vous ne pouvez servir deux maîtres. "

Je voudrais insister sur ces trois mots : Il s'en alla.

Lui, le jeune homme riche, aristocrate, cultivé, raffiné, moral, populaire, attrayant, de bon caractère et possédant d'exquises qualités, il s'en alla.

Je voudrais vous rappeler, tout d'abord, qu'il vint à Jésus-Christ. C'est quelque chose de venir.

Personne ne peut voir Jésus comme le Seigneur sinon par le Saint Esprit. Personne ne peut désirer venir à lui, sinon par le Saint Esprit.

Personne ne fait un pas vers Lui, sinon par l'action directe de l'Esprit de Dieu.

Mais il y en a qui ne viennent pas quand le Saint Esprit les attire.

Je ne crois pas que nous insistons assez sur ce côté de la vérité de Dieu, que chaque regard tourné en haut, chaque saint désir, chaque pensée de bonté, chaque inspiration vers une vie plus noble, au lieu de venir de notre propre cœur qui est un monde d'iniquité, est le travail béni de l'Esprit de Dieu.

Le fait que vous entendez maintenant ces paroles est une preuve que Dieu vous appelle, qu'il essaie de vous gagner à sa cause, qu'il vous réveille et vous rend attentif à ces choses, qu'il veut vous amener à les désirer ardemment.

Ne résistez donc pas au désir qui monte en vous, en cet instant, de suivre le Christ.

C'est l'Esprit de Dieu qui vous conduit des ténèbres à la lumière.

Cédez donc à ses supplications et à sa puissance et du cachot, il vous conduira au palais ; de la prison à la délivrance de l'Evangile ; de la misère à la joie du Salut ; des chaînes du démon à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Il vous conduira jusqu'au bout.

Et quand vous aurez commencé, de grâce, ne vous arrêtez pas !

Ne vous détournez ni à droite ni à gauche. Je sais qu'il y en a qui seront assez insensés, assez méchants et assez diaboliques pour essayer de vous faire retourner en arrière, mais continuez à marcher, les yeux fixés sur la croix de Golgotha.

Qu'il ne soit pas dit qu'un jour, Il est venu tout près de vous et que vous, vous vous en êtes
allé !

Ce jeune homme vint à Jésus.

C'est quelque chose de venir.

Il en est parmi vous qui n’avez pas même fait cela.

Vous n'avez jamais fait un pas intelligent vers Jésus-Christ.

Vous avez fait, au contraire, beaucoup d'autres pas, dans la direction opposée.

Vous êtes même allé si loin, que lorsque vous regardez en arrière et que vous voyez la distance qui vous sépare du ciel et de Dieu vous en êtes effrayé.

Vous vous doutiez à peine que vous aviez voyagé si loin sur la mauvaise voie.

Arrêtez-vous un instant et écoutez.

N’avez-vous jamais fait un effort honnête vers la lumière, vers un idéal plus élevé ?

Le jeune homme le fit. Il vint au Christ. Non seulement il vint, mais, dit l'Evangile de Marc, il accourut.

On put le voir, en plein jour, lui, le jeune aristocrate accourir vers le Prophète de Galilée.

Vraiment, il avait l'air sincère et décidé à aller jusqu'au bout.

Puis il s'agenouilla.

Regardez-le. Il est humble.

Il en coûte à un homme, lorsqu'on le regarde, de se mettre à genoux.

Et pourtant, c'est une noble attitude que celle de la prière. C'est celle que Dieu aime.

Lorsqu'un homme se détourne de son péché, de sa rébellion, de son impureté, de son ignorance, de son mensonge, de son orgueil et se met à genoux pour prier, le Fils de Dieu considère les bataillons des cieux et dit : voici, il prie.

Ne pensez pas que ce soit un acte enfantin que de prier.

C'est le chemin du ciel.

Cet homme pria.

Et si l'on regarde d'un peu plus près, il paraît non seulement honnête, sincère et humble, mais il semble dire à Jésus :

" Je veux la vie éternelle. J'ai une faim que rien ne peut apaiser. J'ai des pensées que je ne peux expliquer. Il y a des profondeurs dans mon être moral que je ne puis sonder. Je veux la vie, la vie éternelle. O mon bon Maître, que dois-je faire ? "

Et Jésus le conduit pas à pas.

Il l’éprouve d’abord par la loi, et le jeune homme répond : " J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse, mais je ne suis pas satisfait. Quelque chose me manque. Qu’est ce que c’est ? "

Et Jésus lui dit : " Vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres. Puis, viens et suis-moi et tu auras un trésor dans le ciel. "

Cet homme accourut vers Jésus et paraissait enthousiaste.

Il s’agenouilla et paraissait humble. Avec une honnête franchise, il ouvre son cœur au Maître.

Encore un pas et il est sauvé.

Au don de lui-même et de tout ce qu’il possède, les anges du ciel chanteront de joie.

S’il franchit cette dernière limite, quelle joie pour le temps et l’éternité il va récolter !

Mais écoutez encore une fois, âme immortelle ! Regardez-vous vous-même.

Il vint jusque-là puis il s’en alla.

Ne voyez-vous pas jusqu’à quel point vous pouvez en arriver, et cependant n’avoir rien fait ?

Ne voyez-vous pas quel sommet vous avez atteint seulement pour retomber dans un infini d’horreur ?

Combien on peut avoir l’air de savoir et pourtant être un insensé ?

Combien il est impossible de garder les apparences aux yeux du monde et pourtant tourner le dos à Jésus-Christ et s’en aller son propre chemin ?

N’est-ce point-là votre état d’âme, votre portrait moral ?

Oui, il est possible à un jeune homme de parler à Jésus-Christ, de le regarder en face, de le toucher et pourtant de s’en aller.

Pire que cela, vous pouvez vivre avec lui et ne pas le connaître.

Judas vécut avec son Maître trois ans et le vendit pour trente pièces d’argent.

Peut-être que certains d’entre vous l’ont vendu pour moins que cela ?

Si ce jeune homme avait accepté le sacrifice que Jésus lui demandait, combien le récit aurait fini différemment !

S’il avait considéré toutes les conséquences, la hauteur, la longueur, la profondeur, la largeur, l’éternité, la joie, l’honneur, l’utilité qui deviennent la portion de l’homme consacré à Dieu, qui sait ?

Peut-être serait-il devenu un évangéliste de la Première Eglise, peut-être aurait-il amené des centaines d’âmes au Messie promis.

Tout cela fut perdu parce qu’il s’en alla.

Lorsque vous vous tiendrez à la barre de Dieu, vous serez responsable non seulement de ce que nous avez fait mais de ce que vous auriez pu faire si vous aviez été du bon côté.

Dieu a le droit de s’attendre à ce que vous lui rendiez quelque chose pour ce qu’il a fait pour vous.

Souvenez-vous de ce que Jésus fit au figuier qui aurait dû porter des fruits et qui n’avait que des feuilles.

Où s’en alla-t-il ?

A ses richesses, mais ses richesses ne purent le satisfaire.

Quelqu’un me disait, il y a peu de temps :

- J’ai tout ce qu’on peut désirer et tout ce que la fortune peut procurer, plaisirs, autos, loges dans les théâtres, des amis dans le monde à la mode, je puis voyager avec luxe, recevoir splendidement, j’ai une belle famille et pourtant, je suis fatigué.

J’ai besoin de Jésus-Christ.

Tout cela ne m’a pas satisfait.

Le jeune homme riche retourna-t-il à ses amis ?

Qui pouvait remplacer Jésus ?

Et si ses amis lui avaient suffi, il n'aurait pas désiré autre chose.

Les vrais amis dans ce monde sont bien rares.

Les faux amis vous aiment tant que le soleil brille, tant que votre poche est pleine, votre ciel clair et votre intelligence brillante.

Mais que vous perdiez tout cela, que les épreuves surviennent, que les tempêtes soufflent, que l'infortune vous accable et où sont vos amis ?

Qu'elles sont pauvres vos amitiés mondaines !

Ne pensez pas que vous ne trouverez jamais un remplaçant pour Jésus-Christ.

Il est " L'Ami qui est plus attaché qu'un frère ".

Où alla-t-il ? Pouvait-il de ce pas s'acheminer vers le ciel !

J'en appelle à votre jugement et à votre conscience.

Ce jeune homme vint à Jésus, mais il s'en alla aussitôt que le Seigneur lui eut dit ce qu'il fallait faire pour avoir la vie éternelle.

La Parole de Dieu ne nous dit pas qu’il n’ait jamais fait un sérieux retour sur lui-même ou qu’il ne soit jamais revenu à Jésus.

S'il en est ainsi, vous pouvez être parfaitement sûrs que le jour où il abandonna le salut, il perdit le ciel et toutes les félicités de la gloire éternelle.

En vain le chercheriez-vous un jour parmi cette multitude que personne ne pouvait compter et qui " ont blanchi leurs robes dans le sang de l'Agneau. "

Il sera inconnu au Lion de la tribu de Juda.

Et, un jour aussi, vous, mon frère, qui êtes parmi ceux qui suivront l'Agneau quelque part qu'Il aille, et que, vous approchant de Lui, vous lui demandiez : 

" Maître, où est ce jeune homme que je vis un certain soir, dans une réunion et qui semblait si convaincu de son péché ?

 Il était ému, il avait même prié, pleuré, il voulait être sauvé. Où est-il ? "

 Il me semble entendre la réponse du Seigneur : " Tu ne sais donc pas qu'après avoir mis la main à la charrue, il regarda en arrière et s'en alla ? 

" Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par Moi. "

Il n'y a pas d'autre nom, sous le ciel, par lequel les hommes puissent être sauvés.

Un homme quel qu'il soit, qui refuse de se soumettre aux déclarations du Sauveur, celui-là marche dans les ténèbres et il s'avance rapidement vers cette nuit profonde, sans étoiles, sans espoir et éternelle.

Il s'en alla.

Jésus vient à vous maintenant, mon ami, et de sa voix douce, tendre, suppliante, remplie d'amour pour vous. Il vous dit :

Veux-tu être sauvé ?

Il sait vos pensées, vos sentiments. Son Esprit vous pousse à considérer les choses éternelles.

Vous êtes à un tournant de votre vie. Ecoutez Jésus vous dire :

" Veux-tu aussi t'en aller ? "

Pouvez-vous, oserez-vous vous en aller ?

Réglez la question maintenant, personne ne peut vous empêcher d'accepter le salut qui vous est si gracieusement offert ; et personne non plus ne peut vous faire venir à Lui si telle n'est pas votre volonté.

Comment puis-je vous aider à venir à Jésus ?

Je vous supplie, au nom de Jésus-Christ, de ne pas faire un pas de plus dans une fausse direction, non, pas un pas de plus loin du Sauveur.

Si vous ne pouvez pas venir parce que vous vous sentez trop faible, alors tournez votre face vers Lui.

Ne lui tournez pas le dos, car cela signifie la mort.

Regardez à Jésus. Regardez, regardez à la Croix.

Prosternez-vous et dites à Celui qui a porté vos péchés sur cette croix :

" Mon Seigneur et mon Dieu ! " Il vous entendra. Il vous sauvera. Vous aurez la paix de votre âme.

Et, souvenez-vous " qu'il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent. "

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