La médisance

" Ne médisez pas les uns des autres. " Jacques, chapitre 4, verset 11 ;

1 Pierre, chapitre 2, verset 1 ; Tite, chapitre 3, verset 2 ; 2 Corinthiens, chapitre 12, verset 20 ; Ephésiens, chapitre 4, verset 31 ; Colossiens, chapitre 3, verset 8 ; 1 Corinthiens, chapitre 6, verset 10 ; 1 Timothée, chapitre 3, verset 11.

Premier article

Péchés mortels, péchés véniels, péchés graves, péchés de minime importance et presque insignifiants, telle est la distinction inventée par l’Eglise romaine et que la Réforme a eu raison d’abolir.

En effet, point de grands et de petits péchés dans la Bible où tout nous dit qu’en présence de la loi divine tous sont également odieux et dignes de l’éternelle condamnation s’ils ne sont pas effacés par le sang de Jésus-Christ.

Mais, abandonnée chez nous en théorie, cette classification téméraire ne semble-t-elle pas reparaitre en pratique dans l’esprit de beaucoup de gens ?

N’est-il pas vrai, en effet, que, si les chrétiens ne se permettent pas, et avec raisons certains péchés dont les dehors sont assez repoussants et les conséquences assez funestes pour faire naître l’horreur ou le dégoût chez tout homme de bien, il en est d’autres qu’ils commettent sans beaucoup de scrupules, qu’ils ne pardonnent sans beaucoup de peine, parce que tout le monde à peu près s’en rend coupable, et qu’ils n’ont pas, le plus souvent, des résultats palpables, pour ainsi dire, et dangereux ?

Parmi ceux auxquels je fais allusion il faut placer la médisance, ce péché commun aux riches et aux pauvres, aux honnêtes gens et aux dépravés, et, il faut le dire, aux gens du monde comme aux chrétiens, puisque on a même accusé ceux-ci d’en avoir souvent le monopole.

L’accusation est-elle fondée ?

Viendrait-elle du désir naturel aux ennemis de l’Evangile de trouver en défaut ceux qui ne veulent pas marcher dans leurs voies ?

Ou de ce que, dans une vie nette de graves fautes, les petites se voient beaucoup mieux, comme sur un vêtement propre on aperçoit aussitôt la moindre tâche ?

Ou bien enfin toute l’énergie que les chrétiens mettaient à commettre des péchés qu’ils ne se permettent plus s’est-elle reportée sur la médisance qu’ils se permettent trop, voilà trois questions que je n’essaie pas de résoudre.

Quoi qu’il en soit, il est certain que les ravages de la médisance s’étendent à l’ombre de l’idée trop accréditée de son innocuité ; il est certain qu’elle trouve parmi nous trop de complaisance ou même de complicité, et qu’à tous égards il est utile de montrer que les maux produits par elle, les causes qui l’amènent, et son principe intime la rendent incompatible avec la profession de chrétien.

Nous cherchons donc à faire voir que la médisance est condamnable pour ses conséquences, condamnable pour les motifs et les mobiles qui nous y poussent, condamnable enfin en elle-même.

I

En parlant des bénédictions que Dieu accorde à ceux qu’il aime, l’un des amis de Job disait : " Il te délivrera dans six afflictions, et à la septième le mal ne te touchera point.

En temps de famine il te gardera de la mort, et en temps de guerre il te préservera de l’épée.

Tu seras à couvert du fléau de la langue, et tu n’auras point peur du pillage quand il arrivera. "

Si le nom de fléau donné à la médisance et son assimilation à la famine, à la guerre et au pillage paraissent, au premier abord, une exagération, cette impression disparaitra par l’étude des conséquences qu’elle peut avoir.

L’Ecriture nous en signale elle-même quelques-unes.

" Celui qui cache le forfait, disent les Ecritures, cherche l’amitié ; mais celui qui rapporte la chose met le plus grand ami en division. "

" Le feu s’éteint faute de bois, dit ailleurs Salomon, ainsi, quand il n’y aura plus de semeurs de rapports, les querelles s’apaiseront. "

" Des gens médisants, dit Ezéchiel, en parlant de Jérusalem, ont été au-dedans de toi pour répandre le sang. "

Enfin, nous connaissons la parole énergique de Jacques, où il appelle la langue un feu, un monde d’iniquité.

Sans doute la médisance n’est pas le seul péché de la langue, mais c’en est bien le principal, soit par le nombre de ceux qui le commettent, soit par les maux qu’elle entraîne avec elle.

C’est la médisance, en effet, qui selon l’expression des Proverbes, sème les querelles, détruit l’amitié, et fait répandre le sang.

Quel tableau l’on pourrait faire de ces inimitiés ouvertes, de ces haines implacables produites par elle, de ces discordes qui arment un homme contre un autre homme, de ces rancunes que le temps ne réussit pas à étouffer, de ces besoins de vengeance que le sang ne peut pas toujours éteindre !

Si, au milieu de la société chrétienne, la médisance n’a pas de si graves résultats, il ne faut pas croire qu’elle y reste stérile.

Pour être moins apparentes les blessures qu’elle y fait n’en sont pas moins réelles.

Là, aussi, elle brise des amitiés, elle relâche des rapports depuis longtemps entretenus, elle fait naitre des animosités, elle aigrit des cœurs, et y enflamme de l’irritation.

La médisance tend à détruire la société, car, si celle-ci repose sur la confiance mutuelle, comment ne serait-elle pas compromise par un mal que n’arrêtent pas les liens d’une commune destinée, d’une même patrie, de la famille et quelquefois de l’amitié ?

Et si elle tend à détruire la société, elle tend aussi à détruire l’Eglise lorsqu’elle s’y introduit.

En effet, s’il nous est dit : " Confessez vos péchés l’un à l’autre, " comment seront possibles ces confessions mutuelles, ces épanchements du cœur qui constituent une communion fraternelle digne de ce nom ?

Comment seront possibles les entretiens où bien des personnes éprouvent le besoin de se montrer telles qu’elles sont, avec toutes leurs faiblesses, pour trouver chez leurs frères conseils et appui ?

Oui, que deviendront toutes ces intimités si l’on ne peut avoir la plus absolue confiance dans les dépositaires de ces secrets ?

Si l’on découvre, tout à coup, qu’une indiscrétion, une parole inconsidérée a profané votre vie intime en la jetant dans le domaine public ?

A la simplicité succédera la roideur ; a l’abandon la réserve ; et chacun, se défiant de son frère, se repliera sur lui-même, comme cette plante sensible qui ferme ses feuilles sous un attouchement indiscret.

Voilà quelques-unes des conséquences morales que peut avoir la médisance ; sans vouloir rien exagérer ajoutons qu’elle peut en avoir de plus positives.

Qui sait si, par une parole légère, par une insinuation malveillante, nous n’avons pas fait perdre à une personne l’autorité légitime et l’influence qu’elle exerçait, le crédit dont elle avait besoin, une place peut-être et les ressources nécessaires à son entretien et à celui de la famille ?

A un employé, nous avons ôté peut-être la confiance de ses patrons, à un père l’affection de son enfant, à un pasteur quelque chose de son action sur ses paroissiens.

Peut-être qu’un seul mot a détruit, en un instant, le travail de plusieurs années.

Si tels de mes lecteurs affirmaient qu’ils n’ont rien de semblable à déplorer, je répondrai qu’ils n’en sont pas bien sûrs.

Les suites d’une médisance, celui qui l’a répandue ne les apprend pas toujours.

De même qu’un peu de neige, détachée d’une cime de nos Alpes, s’augmente en roulant le long des pentes rapides, et devient bientôt une masse énorme qui se précipite dans la vallée en y renversant chalets et sapins, sans que le bruit en parvienne toujours aux sommités d’où elle est partie, de même encore que le désert brûlant de l’Afrique nous envoie ses vents dévastateurs sans savoir combien de vaisseaux seront brisés sur la mer, combien d’arbres déracinés sur le continent, de même la médisance, une fois lâchée, court de bouche en bouche en s’augmentant incessamment et va, après une marche parfois très détournée, causer les plus grands torts à sa victime sans que le premier coupable puisse apprendre de quels maux il est l’auteur.

Et encore, vous les apprendriez ces maux, vous ne pourriez pas les réparer !

Une offense est quelquefois réparable ; un mensonge est réparable ; la calomnie, qui ne repose sur rien, peut être réparable.

Mais la médisance, qui repose sur un fait réel, est irréparable.

La rétracter se serait mentir.

Supposons même que l’interprétation donnée par vous à une parole ou à un acte soit fausse ou exagérée : en vous démettant vous risqueriez de rendre plus public le fait qui y a donné lieu.

Et puis, accepterait-on cette réparation ?

On croit plus facilement un mal faux qu’un bien véritable, et il suffit, souvent, qu’on ait accusé une personne d’être coupable d’un acte mauvais pour que, malgré les dénégations les plus formelles, on l’en croie capable et partant quelque peu déshonorée !

La seule pensée des malheurs que nous avons pu causer par nos médisances ne doit-elle pas faire naitre en nous le regret d’avoir si peu de retenue dans nos jugements, si peu d’empire sur notre langue ?

Mais, enfin, il se peut que des circonstances providentielles aient laissé nos médisances sans effet.

Et comme on est tenté de trouver dans ce fait, indépendant de la volonté, un soulagement à la conscience, il importe de montrer que, fussent-elles sans résultats fâcheux, nos médisances seront toujours condamnables pour les motifs et les mobiles qui nous y ont poussés.

Après les conséquences réelles ou possibles de la médisance, voyons d’un peu plus près quels sont les mobiles et les motifs qui y poussent.

Ils ne sont que trop nombreux.

C’est tantôt une haine ouverte, une animosité parfois inconsciente, l’envie, la jalousie, l’orgueil qui souffre de tout ce qui le dépasse, tantôt le goût de la raillerie joint au désir de plaire en amusant.

Parler de haine serait faire injure à mes lecteurs.

Le chrétien peut-il haïr ?

Il n’en est pas de même de l’animosité.

Quand on croit avoir à se plaindre de quelqu’un, à tort ou à raison, pour avoir essuyé de lui une offense, un reproche, un refus, ou tel autre affront qui blesse l’amour-propre, il est difficile de ne pas se laisser aller à dire du mal de lui.

On dit bien qu’on lui a pardonné, qu’on ne lui en veut pas, et cette parole est peut-être sincère.

On ne travaillera pas à lui nuire par des moyens ouvertement mauvais ; mais, que la conversation vienne à tomber sur cette personne, et qu’elle prenne une tournure défavorable, avec quel intime plaisir ne recueillera-t-on pas toutes les révélations malignes ou méchantes ; avec quelle habilité n’en provoquera-t-on pas de nouvelles ; avec quel empressement et en même temps quelle adresse consommée ne fera-t-on pas connaître les torts qu’elle a eus envers nous !

Une seconde source de la médisance est, nous l’avons dit, l’envie et la jalousie.

On s’étonne, parfois, de voir une personne souffrir des éloges donnés à une autre, et de n’y trouver en elle qu’un écho bien affaibli ; votre étonnement cessera en apprenant qu’elle est le concurrent ou le compétiteur de celui dont vous louez devant elle le caractère et les talents.

Sa jalousie, excitée par vos éloges, s’apprête à les faire suivre d’une réaction malveillante où son irritation dévoilera quelque fait défavorable à ce rival redouté.

Et que serait-ce si, passant à la troisième cause, l’orgueil, je montrais quel rôle il joue dans la médisance, lui qui ne peut supporter l’éloge donné sans restriction à des hommes qui, du reste, nous sont assez inconnus ou indifférents, et qui veut régner seul quand bien même il faudrait pour cela renverser, sous les coups de la médisance, tout ce qui lui fait ombrage.

J’aurais trop à dire aussi sur ces conversations où l’on immole bons et méchants, amis et ennemis, à l’envie de plaire par une plaisanterie, et de conquérir la réputation d’homme d’esprit par une saillie où l’on fait rire des ridicules d’un absent.

Comment accorder ces animosités mal étouffées avec les passages où il nous est demandé de pardonner comme Christ l’a fait à notre égard ?

Nos jalousies avec cette parole de Paul : " Ne désirons point la vaine gloire en nous provoquant l’un l’autre, et en nous portant envie l’un à l’autre ? " notre orgueil, enfin, avec cette demande du même apôtre : " Que par humilité de cœur l’un estime l’autre plus excellent que lui-même. "

Que si, de mes chers lecteurs, il en est qui me disent qu’ils n’ont pas eu de tels motifs quand il leur est arrivé de médire, je répondrai que la médisance due à la haine, à la jalousie ou à l’orgueil est peut-être plus facile à combattre que celle qui vient d’une déplorable légèreté, car il n’est rien qui soit à l’abri de cette légèreté, rien qui lui soit sacré, tellement que bientôt parents et amis tomberons sous ses coups suivant cette parole de David : " Tu t’assieds et parles contre ton frère, et tu couvres d’opprobre le fils de ta mère ! "

Mais, enfin, pour ôter toute excuse, il me reste à montrer que la médisance est condamnable indépendamment de la gravité des fautes qu’elle révèle, des motifs qui y poussent, et des résultats qu’elle peut avoir.

Etudions donc la médisance en elle-même.

II

Je pourrais, d’abord, montrer dans la médisance une lâcheté, parce qu’elle choisit, pour se donner carrière, le moment où sa victime, étant absente, n’a pas le moyen de se défendre, et qu’elle simule souvent l’amitié ou le respect devant la personne qu’elle diffame en secret.

Et qu’enfin, redoutant même de trouver dans ses auditeurs de courageux amis de l’accusé, elle n’attaque pas ouvertement, mais se glisse au milieu de la louange, comme le serpent qui se cache dans l’herbe pour s’élancer sur son ennemi en toute sécurité et lui plonger dans la chair son venin mortel.

Je pourrais, ensuite, montrer dans la médisance une iniquité, car, devant l’opinion publique constituée en tribunal, elle ne fait pas paraître de témoins, elle n’entend pas de défense, elle n’examine pas la source et la valeur des faits allégués contre le prévenu, mais, juge et partie, accusateur et témoin, elle prononce d’après un bruit, une apparence, une induction téméraire, des sentences plus terribles quelquefois qu’une condamnation publique.

Or, repassons notre vie, examinons notre conduite journalière, et reconnaissons que nous y trouverons une foule d’actes ou de paroles qui, jugés sur l’extérieur, le sont tout à fait mal, et qui demanderaient, pour l’être bien, la connaissance du motif secret qui nous y a portés.

Chacun ne sait-il pas que la révélation d’un détail ignoré, d’une circonstance minime peut changer du tout au tout les appréciations en apparence les mieux fondées ?

Lâche et inique, ces deux termes ne sont donc pas trop forts pour qualifier la médisance.

Mais il y a plus : condamnée par la morale humaine, la médisance est incompatible avec les principes fondamentaux et les déclarations de l’Evangile.

Le premier des principes avec lesquels la médisance est en complète opposition, c’est l’humilité.

On ne peut concevoir un chrétien sans la possession de ce sentiment à un plus ou moins haut degré.

Comment, en effet, ne serait-il pas humble celui qui sait qu’il était perdu, et que la croix de Jésus-Christ, où ce Sauveur a été cloué pour ses péchés, est le seul moyen qui lui reste d’échapper à la mort éternelle.

Et plus il s’étudie plus il apprend à ne faire aucune différence essentielle entre lui et le brigand crucifié ou les gens de mauvaise vie dont s’entourait Jésus.

Parce que, s’il n’a pas commis tous les actes qui ont souillé leur vie, il reconnaît que les principes, les germes de ces actes existent en lui, étouffés par l’éducation, les circonstances et la grâce prévenante de Dieu.

Parce que, aussi, il ne mesure pas sa culpabilité à la seule gravité de ses fautes, aux yeux des hommes, mais surtout à la différence qui existe entre les grâces dont Dieu l’a comblé et la manière dont il y a répondu.

C’est là ce qui faisait dire à Paul : " Je suis le premier des pécheurs ", parce que, comparant ce qu’il faisait pour Christ avec ce que Christ avait fait pour lui, il croyait que la disproportion en était chez lui plus forte que chez tout autre.

Eh bien, ne sentons-nous pas que la médisance ne peut pas exister avec l’humilité, et que lorsque nous nous y laissons aller, c’est grâce à un oubli complet de notre propre faiblesse ?

Comment, par exemple, parler de l’orgueil du prochain quand, chaque jour, nous en sentons nous-mêmes les atteintes ?

De son avarice, de sa dureté, de ses colères, quand chaque jour peut-être nous voit aux prises avec de pareils penchants ? et même de fautes plus graves encore, de fautes avilissantes quand nous sommes forcés de reconnaître que si nous n’en avons pas commis de telles, c’est à Dieu, à sa grâce seule que nous le devons ?

La médisance n’est pas moins incompatible avec la charité, la sœur inséparable de l’humilité.

La charité tait le mal qu’elle connaît, la médisance le publie et l’exagère.

La charité, inhabile à découvrir les fautes, et la médisance, aux yeux de lynx, pour pénétrer dans les vies les plus pures et y trouver quelque tache effacée qu’elle remet en lumière.

La charité qui ne soupçonne pas le mal, mais aime à voir partout le bien, et la médisance qui, lorsqu’elle ne peut rien trouver de répréhensible dans ceux qu’elle veut noircir, y remédie par des soupçons aussi odieux que gratuits ; pour qui l’économie devient avarice ; le dévouement, du calcul ; la défense de la vérité, de l’ostentation ; le refus de se prêter au mal, de la fierté, salissant ainsi tout ce qu’elle touche, comme un vil reptile qui laisse sur les plus belles fleurs les traces dégoutantes de son passage.

Mais la charité n’est pas que cela.

N’étant pas indifférence au mal et lâche complaisance, elle ne se contente pas de taire, autant que possible, les fautes du pécheur, elle aspire à en prévenir le retour.

Est-ce un chrétien qui, par une conduite contraire à ses principes, a causé du scandale ?

La charité, non seulement n’en propagera pas la nouvelle, mais, suivant le précepte de Paul, elle ira vers le coupable, elle l’avertira des bruits qui circulent sur son compte, et s’il avoue qu’ils sont fondés, elle redressera avec douceur et prudence ce malheureux frère.

La médisance, au contraire, révèle aux étrangers les douleurs de l’Eglise et les tait soigneusement au principal intéressé.

Après la mort de Saül et des hommes forts d’Israël, David s’écria : " Ne l’allez pas dire dans Gath et n’en portez pas la nouvelle dans les places d’Askélon, de peur que les filles des Philistins ne s’en réjouissent. "

Et nous, peut-être au lieu de cacher les pertes de l’armée de Sion, et de bander les plaies de ses blessés, nous sommes allés dans Gath et dans Askélon porter par nos médisances le courage et la joie dans le cœur des ennemis de Dieu !

Il peut arriver qu’une personne ait commis, dans la première partie de sa vie, une faute grave dont ensuite elle s’est amèrement repentie.

Comme cette faute peut, malgré le changement de conduite, lui faire perdre toute considération, elle s’est appliquée à en effacer la trace.

Après bien des efforts elle croit y être parvenue ; et, satisfaite de l’estime qu’on lui accorde, elle aspire à sen rendre toujours plus digne.

Que si vous êtes seul à connaître les antécédents de cette personne, et que, par démangeaison de causer, vous veniez à soulever le voile qui cache aux yeux du monde ce passé déshonorant, l’auteur de la faute verra en un instant s’écrouler l’édifice péniblement élevé de sa réhabilitation.

Le vide va se faire autour de celui qui, naguère, était entouré d’amis.

Eh bien, ne pensons-nous pas que le désespoir s’emparera de cette âme, si l’œuvre de régénération n’a pas, en elle, pour appui le rocher qui défie les tempêtes ?

Et si le pauvre malheureux vient à apprendre que l’auteur de sa ruine morale se réclame du nom de chrétien, ne pensez-vous pas que la haine vouée désormais au coupable s’étendra à l’Evangile lui-même, et ainsi, fou de colère, celui qui est victime se jettera dans le plus profond abîme de l’infamie et de l’incrédulité.

De pareils faits se sont produits et se produiront aussi longtemps qu’il y aura des médisants ; et disons-nous le bien, une seule parole, un mot peut suffire pour produire un si affreux malheur.

S’étonnera-t-on, après cela, que des condamnations répétées et sévères aient été prononcées par l’Ecriture contre ceux qui se rendent coupables d’un tel péché ?

La primitive Eglise devait expulser de son sein tous ceux qui s’y adonnaient.

" Si quelqu’un, écrit saint Paul aux Corinthiens, qui se dit frère, est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou médisant ou ivrogne, ou ravisseur, ne mangez pas même avec un tel homme. "

" Les médisants, dit-il ailleurs, n’hériteront pas le Royaume des cieux. "

Pierre exhorte ses lecteurs à rejeter toute médisance… toutes, c'est-à-dire, celles qui paraissent inoffensives comme les autres ; les pieuses médisances comme les odieuses !

En vérité, je ne fais que rappeler dans cette trop longue étude ce que nous tous nous savons déjà.

Mais la médisance devient si aisément une habitude, un passe-temps, faute de mieux, que la conscience se lasse de la combattre.

De quoi, même entre chrétiens, se composent trop de conversations ?

Quel en est le sujet lorsque les banalités sont épuisées ?

Comment se révèlent-elles lorsqu’elles viennent à languir ?

Qu’est ce qui provoque tant la gaité, et tant de mots plaisants ?

La médisance, toujours ou bien souvent la médisance.

Ce qu’un mauvais plaisant avait affiché sur un bateau de blanchisseuse : " Ici, on blanchit le linge et l’on noircit son prochain, " ne pourrait-on pas l’appliquer à beaucoup de salons et à un grand nombre d’ateliers ou de chambres ?

Il est grand temps que tous nous travaillions à une réforme générale à cet égard !

On a proposé la fondation d’une ligue nouvelle pour nous y aider.

Nous ne savons trop que penser de cette idée : il y a déjà tant de sociétés et tant de ligues !

Il est vrai que celle-ci ne comporterait ni organisation ni congrès.

Eh bien, fondons-là tout de suite en prenant, chacun, sous le regard de Dieu, la résolution de commencer cette réforme par nous-mêmes.

Refusons à la médisance toute attention complaisante ; montrons par un silence significatif, par un changement brusque dans l’entretien, ou par une gentille observation que nous ne tenons pas à être des anthropophages.

" Le vent de bise, dit l’auteur des Proverbes, chasse la pluie, et un visage sévère chasse la langue qui médit. "

Ce n’est pas même nécessaire d’avoir toujours un visage sévère, mais tâchons plutôt de pratiquer l’aimable recommandation de Paul : " Que toutes les choses qui sont véritables, toutes celles qui sont vénérables, celles qui sont justes, celles qui sont pures, toutes celles qui sont aimables et de bonne renommée, où il y a quelque vertu et quelque louange occupent vos pensées. " (Philippiens, chapitre 4, verset 8).

Dans une communion constante et croissante avec Christ par le Saint-Esprit, appliquons nous à entretenir dans nos cœurs un amour spirituel pour tous les hommes, un amour qui nous pousse à envelopper de prières intimes ceux qui pourraient facilement devenir les objets de notre médisance ; et que, selon l’expression de David, " Dieu garde l’entrée de nos lèvres, " en nous rappelant le mot redoutable de Jésus-Christ, que " les hommes rendront compte de toutes les paroles vaines et vides qu’ils auront prononcées ! "

Ainsi se fondra et s’étendra peu à peu la ligue contre la médisance dont une amie de la Feuille religieuse nous a proposé la création.

G.T.

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