Le domestique

Le célèbre docteur Morrison, missionnaire en Chine, ne pouvant suffire aux immenses travaux qu’il avait entrepris pour l’avancement du règne de Dieu dans ce pays, écrivit à la Société des Missions qui l’employait pour la supplier d’envoyer le plus tot possible un autre missionnaire pour l’aider.

Après avoir reçu cette lettre, les directeurs de la Société firent des recherches pour trouver un homme capable et dévoué qui voulût se consacrer à cette œuvre.

A cette époque, la cause des Missions n’avait pas encore excité parmi les chrétiens tout l’intérêt qu’elle y a fait naître depuis et, en conséquence, l’appel de la Société ne produit d’abord aucun résultat.

A la fin, pourtant, quelqu’un se présenta.

C’était un jeune homme pieux, mais arrivant de la campagne, pauvre, mal vêtu, timide et n’ayant rien de ces manières polies et distinguées que donne l’éducation ou le séjour des grandes villes.

Quand les directeurs de la Société l’eurent examiné, ils se trouvèrent fort embarrassés.

Sous le rapport de fond, de la piété, des connaissances bibliques, il n’y avait rien à dire, mais le reste laissait tant à désirer !

Après avoir fait retirer le postulant, ils s’entretinrent longtemps ensemble, et le résultat de leurs délibérations fut que décidément ce jeune homme ne pouvait pas être missionnaire, mais que s’il voulait partir comme domestique ou aide attaché à la personne du docteur Morrison, on accepterait ses services à ce titre, en attendant mieux.

Le docteur Philip aurait aimé à ne pas avoir à s’acquitter d’un tel message.

Néanmoins, il se rendit auprès du jeune homme, qui attendait dans une pièce voisine le résultat de l’entretien, et cherchant à adoucir autant que possible, ce que la nouvelle avait de pénible, il lui dit que le Comité ne le trouvait pas capable d’être missionnaire, mais que s’il voulait partir comme domestique on lui fournirait les moyens de faire le voyage.

A cette proposition, beaucoup se seraient probablement trouvés choqués et auraient répondu par un refus ; mais telle ne fut pas la pensée du jeune homme.

Sur le champ, et avec le plus grand calme, il répondit au docteur Philip : " Comme le Comité voudra, monsieur, Si l’on ne me juge pas capable d’être missionnaire, je partirai comme domestique. Je suis prêt à me faire coupeur de bois, porteur d’eau ; ou tout autre chose, pourvu que je puisse travailler au service de mon Maître céleste.

Et les choses s’arrangèrent en effet.

Le jeune chrétien alla rejoindre le docteur Morrison à titre de serviteur ; mais il ne resta pas longtemps dans cette humble situation.

A force de travail et de persévérance, il accrut le trésor de ses connaissances, ses manières s’affirmèrent et, en très peu de temps, il devint missionnaire en titre.

C’est lui qu’on connaît sous le nom du docteur Milne, l’un des missionnaires les plus excellents et les plus capables que l’Angleterre ait envoyé au milieu des idolâtres.

Viens et vois, septembre 1944

La traduction de la Bible en malgache

A Neuaddlywd, au Pays de Galles, existait, au début du siècle dernier, une petite école de théologie où enseignait le docteur Philipps qui devait, par la suite, jouer un grand rôle dans l’évangélisation de l’Afrique du Sud.

C’est lui qui proposa à la jeune Société des Missions Evangéliques de Paris d’envoyer des missionnaires au Lessouto.

Un soir, en 1817, la lecture d’un ouvrage récent sur Madagascar lui fit une telle impression qu’au cour de la nuit suivante il eut un rêve : il se trouvait au cœur de cette île inconnue, il coudoyait ces hommes bronzés, il était témoin de pratiques cruelles de leur idolâtrie.

A son réveil, l’impression qu’il gardait de ce rêve était telle qu’il se sentit poussé à en parler à ses élèves.

En terminant, il leur adressa cette question inattendue :

" Ces malheureux qui vivent dans les ténèbres du paganisme sont pourtant nos frères et nos sœurs. Lequel d’entre vous ira-t-il leur porter la Bonne Nouvelle du Salut ? "

Il y eut un grand silence, puis, l’un après l’autre, timidement, deux jeunes gens se levèrent et dirent : " Moi, j’irai. "

C’étaient David Jones et Thomas Bevan qui, en effet, furent envoyés à Madagascar par la Société des Missions de Londres, en 1818.

Ce n’est pas ici le lieu de dire comment cette première tentative d’évangélisation de la Grande Ile échoua, comment Jones, loin de se laisser décourager par la mort de sa femme et par celle de son ami Bevan, finit, malgré tous les obstacles, par arriver, en octobre 1820, à Tananarive, où le roi Radama 1er lui accorda le droit de s’établir.

Dans leur désir de donner le plus vite possible la Bible en sa langue au peuple malgache, Jones et son collègue Griffiths, arrivés en janvier 1821, se mirent tout d’abord à l’étude de la langue malgache.

Déjà à l’Ile Maurice, où ils avaient séjourné plusieurs mois en attendant une occasion de se rendre à Madagascar, ils avaient commencé à apprendre cette langue, avec les esclaves malgaches qui étaient nombreux dans les plantations de canne à sucre et d’indigo.

Et dès leur arrivée, ils étaient en état de converser avec les habitants de Tananarive.

Mais traduire la Bible suppose une connaissance plus précise d’une langue étrangère, le langage familier ne suffit pas.

Et pour cette étude approfondie du malgache, presque tout manquait : les voyageurs qui avaient précédé nos missionnaires avaient bien noté quelques éléments du langage, mais en fait, il n’existait ni grammaire malgache ni dictionnaire dignes de ces noms.

Les deux pionniers étaient particulièrement bien doués pour les langues, de sorte qu’ils firent de rapides progrès ; mais la langue malgache est une langue très complexe et très nuancée, et son vocabulaire est extrêmement riche.

De plus à défaut de littérature proprement dite, elle possède un trésor de proverbes et de dictons qui permettent, par allusion, d’exprimer les plus subtiles intentions du sentiment.

Comme tous les traducteurs de la Bible, Jones et Griffiths ont cru, souvent, que tel ou tel terme nécessaire pour rendre exactement le texte sacré, faisait défaut, mais presque toujours, ils ont fini par le découvrir.

Ils étaient aidés dans ce travail par leurs élèves, dont les plus brillants n’avaient pas tardé à être associés à leurs recherches linguistiques.

(En effet, le roi Radama souhaitait que les missionnaires donnent à la jeunesse du pays – et en particulier à la jeunesse aristocratique – une instruction robuste et diverse, qui put la rendre capable de faire progresser le peuple.

A l’école de la Mission, il n’y avait pas un très grand nombre d’élèves ; le roi les avait choisis lui-même, et il songeait à faire de l’école un privilège de la noblesse ; mais le travail exigé des élèves était énorme.

Ce n’étaient pas des enfants ; les élus étaient des adolescents, qui avaient l’ambition de tirer le plus grand profit possible de leur travail).

C’est en 1823 que Jones et Griffiths se sentirent assez avancés dans leur connaissance de la langue malgache pour pouvoir entreprendre, sans témérité, cet énorme labeur.

Il leur fallut cinq ans pour arriver à son terme ; en 1828 le manuscrit complet était rédigé.

Dès le moment où ils avaient commencé ce travail, ils avaient sollicité de leurs directeurs l’envoi d’un matériel typographique.

Les caisses contenant ce matériel furent déposées sur la plage de Tananarive vers la fin de 1825, et le transport à dos d’hommes de toutes ces machines, de ces pesants colis de caractères et de rames de papier à travers trois cent kilomètres de forêt vierge, dura des mois et constitue une véritable épopée.

En novembre 1826, l’imprimerie était installée dans la capitale, et les premières feuilles passaient sous la presse.

Ce furent des cantiques ou des livres pour les classes élémentaires qui permirent de mettre au point toute la machinerie.

Et le 1er janvier 1827, les missionnaires typographes commençaient la composition de la première feuille de l’Evangile de Luc, qui fut achevé en quelques semaines.

Tout le reste du Nouveau Testament suivit, en fascicules d’abord, puis en un volume ; enfin, en 1830, l’Ancien Testament suivit, et fut achevé en 1835.

Tandis que ce travail s’achevait, de grands changements s’étaient produits dans le royaume malgache.

Le roi Radama, si favorable aux missionnaires était mort, et la reine Ranvalona 1ère, qui lui avait succédé (sa demi-sœur, de plusieurs années son aînée) était entièrement sous la dépendance des sorciers.

Elle était à la tête du parti réactionnaire qui désapprouvait tous les efforts de Radama en vue de l’adoption de la civilisation européenne, et qui haïssait les chrétiens, les considérant comme des traitres aux divinités ancestrales.

La réaction n’éclata pas d’un coup, il y eut d’abord une période pendant laquelle on chercha, par des chicanes, à décourager les missionnaires, en limitant leur activité, la durée de leur séjour, la liberté de leurs mouvements, et en détournant, autant que possible, la jeunesse de suivre leurs écoles et leurs enseignements religieux.

Puis, sous des prétextes divers, les Européens furent, les uns après les autres, mis en demeure de quitter le pays.

Les premiers à partir furent les rares commerçants qui étaient venus dans la capitale, les missionnaires furent contraints de les suivre les uns après les autres.

Pendant ces années d’angoisse, l’imprimerie ne chômait pas ; page après page, les Ecritures Saintes étaient composées, et feuilles après feuilles passaient sous la presse.

Et c’est au moment où les dernières lignes étaient achevées, où les premières bibles reliées commençaient à être distribuées, que parut l’édit terrible interdisant le christianisme et expulsant les derniers missionnaires qui se trouvaient encore à Tananarive.

Pendant vingt-cinq ans, la persécution sévit, tantôt violente, tantôt insidieuse.

Mais les chrétiens malgaches avaient la Bible, et c’est à la lumière de son enseignement qu’ils constituèrent l’Eglise malgache.

Beaucoup d’entre eux moururent, victimes de leur foi, il y eut des milliers de martyrs, mais les survivants ne se lassaient point d’annoncer l’Evangile autour d’eux et de susciter de nouvelles vocations.

Le récit de cette magnifique histoire se trouve dans le livre de M. G. Mondain : Un Siècle de Mission à Madagascar.

Les Bibles elles-mêmes furent, naturellement recherchées par la police de la reine, et toutes celles qui purent être trouvées furent détruites.

En fait, cette destruction fut systématique au point que cinq ou six exemplaires seulement sont venus jusqu’à nous.

Lorsque en 1863, après la mort de la reine sanglante, les missionnaires purent revenir à Madagascar, leur joie fut grande de découvrir qu’en leur absence, la Bible avait travaillé pour eux et qu’il existait une Eglise malgache pouvant enfin sortir de la clandestinité.

Etienne KRUGER

(L’ami chrétien des familles)

Un tison arraché au feu

Un certain soir, écrit un missionnaire au Lessouto, un petit vieillard, grêle, sec, intelligent, entre dans ma chambre.

C’était Sélala, le grand conseiller du roi du Lessouto.

- Missionnaire, me dit Sélala, je suis venu parce que j’ai peur.

Et il commença, d’une voix entrecoupée, se répétant, se reprenant, ce triste récit :

- Il y a quelques jours de cela, nous étions assis autour du feu, quelques jeunes gens parlaient de leurs prouesses pendant la guerre.

- Et toi, vieillard, qui ne dis rien, combien de gens as-tu tué pendant ta vie.

- J’ai tué un homme dans telle rencontre, un autre dans telle autre, puis un troisième, puis un quatrième…

- Vieillard, me dirent-ils, tu as bien travaillé.

- Vous croyez cela, me sentis-je forcé de leur dire, eh bien ; non. J’en ai tué d’autres, quatre, mais je les ai pris en traître ! c’étaient des femmes et un enfant ! Il y a bien longtemps de cela…

Un soir, en rentrant chez moi, on me dit :

Sélala, ta femme a disparu ; les cannibales l’ont enlevée.

Je me hâte de réunir quelques têtes de bétail, et je me rends chez eux pour la racheter.

J’arrivai trop tard, ma femme avait déjà été assommée et mangée.

Je repartis, la rage au cœur.

En longeant la ravine, je me trouvai face à face avec une femme cannibale, un enfant sur le dos.

Elle me connaissait.

- Bonjours, Sélala, me dit-elle.

Mais mon regard dut lui faire peur, car elle se hâta d’ajouter :

- Tu ne me feras pas de mal, n’est-ce pas ?

Un coup de massue fut ma réponse. Ils ont tué ma femme, je tue la leur. Restait l’enfant : je le tuai aussi.

Quelques temps après, dans une guerre, nous avions massacré les hommes et emmené prisonniers les femmes et les enfants.

Pour ma part de butin, je m’étais emparé d’une jeune fille ; elle était jolie, j’en fis ma femme, je l’aimais beaucoup.

Malheureusement, elle attira les regards de notre chef, qui me fit dire qu’il la voulait pour lui.

Plutôt que de la voir en sa possession, je la tuai…

Le vieillard était tellement ému, qu’il n’acheva pas son histoire.

- Missionnaire, s’écria-t-il, je suis bien malheureux, depuis lors j’ai peur !

Le missionnaire a exhorté le vieux païen à la repentance, au recours en grâce auprès de Celui de qui le sang nous purifie de tout péché.

Sélala a cru et il vient d’être reçu dans l’Eglise.

L’autre jour, son pasteur lui disait :

- Eh bien ! Sélala, la fin est proche. As-tu peur encore de mourir ?

- Peur ? répondit le vieillard, non, non, ce n’est plus comme autrefois ; je tremblais alors, maintenant, c’est paix… paix !

Sans doute le Christ apporte le pardon à tous les pécheurs, mais il vaut encore mieux que l’Evangile arrive au plut tôt, pour transformer ces mœurs atroces et prévenir ces excès de la puissance du mal.

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