Méditation de Jean FONTAINE
Onésiphore mon ami et mon frère dans la foi
Je voudrais attirer votre attention sur un homme extraordinaire du Nouveau Testament, un modèle de disciple, de consécration et de persévérance.
Un homme hors du commun qui a apporté énormément à l’Eglise en son temps et qui peut nous servir d’exemple aujourd’hui.
Ceci dit, vous avez sans doute pensé à tel ou tel apôtre, grande figure du Nouveau Testament !
Cependant c’est d’ONESIPHORE que je voudrais parler.
Je vous invite à lire dans 2 Timothée 1 : 15 à 18, un passage qui nous permet de découvrir sa personnalité.
Onésiphore est un nom qui n’est cité que 2 fois dans la Bible, on peut même dire une seule fois, car la seconde invite Timothée à saluer sa famille (2 Timothée 4 : 19).
Onésiphore eut un rôle caché, il ne s’est jamais mis en avant, il a travaillé à l’ombre du grand apôtre qui était Paul.
Il faisait partie des disciples fidèles sur lesquels Paul pouvait compter et Paul n’aurait sans doute pas été ce que nous connaissons de lui si Onésiphore n’avait pas été à ses côtés en le soutenant en toute discrétion.
Il fait partie de tous ces disciples de Jésus-Christ qui, tout au long de l’histoire de l’Eglise ont été, comme certains l’ont dit : " Les sans visages. "
Ils n’ont jamais été sous les feux de la rampe, souvent ignorés de leurs contemporains, y compris dans les Eglises, mais qui font un travail remarquable.
L’apôtre Paul, dans sa présente lettre à Timothée, nous relate une partie des épreuves qu’il a dû traverser :
2 Timothée 1 : 15 : " Tous ceux qui sont en Asie m’ont abandonné, entre autre Phygelle et Hermogène. "
2 Timothée 4 : 14 : " Alexandre le forgeron m’a fait beaucoup de mal."
2 Timothée 4 : 16 : " Dans ma première défense, personne ne m’a assisté mais tous m’ont abandonné. "
Combien, dans ces circonstances, la présence d’un disciple comme Onésiphore devait être appréciée.
A la lumière du texte en référence, nous allons essayer de cerner la personnalité de Onésiphore.
1 – Il assistait Paul par ses services (18)
" Tu sais mieux que personne combien de services il m’a rendu. "
Paul était un homme d’action, fondateur de plusieurs Eglises, il avait un champ missionnaire (une vision extrêmement importante).
Il avait sans doute besoin d’être épaulé pour accomplir sa mission et Onésiphore, par l’offre de ses services, même dans la plus grande discrétion, lui était d’un secours inestimable.
Onésiphore savait aussi qu’en travaillant pour et avec Paul, c’était pour le Seigneur lui-même qu’il travaillait.
De nos jours on peut constater que l’Eglise de Jésus-Christ manque " d’Onésiphore. "
Je ne crois pas que l’Eglise manque d’hommes et de femme aptes à travailler, mais ce qui manque cruellement c’est l’engagement.
Or, toute capacité non mise en action est complètement inutile. C’est le sens de la parabole des talents.
Certains pensent que pour s’engager il faut être sollicité !
Mais si nous savons appréhender la vision de l’Eglise, l’œuvre du Seigneur, il ne faut pas attendre d’être sollicité.
Il faut mettre au service de Dieu nos dons et nos capacités et cela sans réserve aucune.
Honnêtement je ne vois pas l’apôtre Paul supplier son serviteur Onésiphore de l’aider dans son ministère….
A attendre une sollicitation, il peut y avoir une fausse humilité qui devient paralysante et qui est aussi négative que l’orgueil.
Soyons des " Onésiphore " dans le domaine du service et de l’engagement.
2 – Il savait afficher ses convictions (16)
" Il n’a pas eu honte de mes chaînes au contraire. "
Onésiphore n’a pas eu honte de s’identifier à Paul et, à travers lui, à tous ceux qui étaient des chrétiens persécutés déjà à l’époque.
Paul était prisonnier. On préfère beaucoup s’identifier à une personne bien en vue, par exemple se promener avec Monsieur le Maire ou Monsieur le Préfet.
Quant à Onésiphore, il a recherché la compagnie de Paul avec beaucoup d’empressement, lui le prisonnier enchaîné et croupissant dans une obscure et insalubre prison, lui le rejeté, le méprisé, l’abandonné (tous m’ont abandonné).
Onésiphore ne s’est pas contenté de seulement lui écrire, ce qui aurait déjà été un bon geste, mais il a cherché à lui rendre visite avec beaucoup d’empressement et de détermination.
Il a été au bout de son engagement, il a éprouvé le besoin de lutter avec et auprès de Paul.
Rien de forcé, de contraint et peu importe le " qu’en dira-t-on. "
Quelle différence avec ceux que la Bible appelle les " croyants en secret. "
Quelles différences envers ceux qui, comme Phygelle et Hermogène l’ont abandonné ou comme Alexandre dont Paul dit qu’il lui a fait beaucoup de mal.
Quelle différence par rapport à ceux dont le " qu’en dira-t-on " paralyse et neutralise le témoignage.
Etre chrétien, c’est s’identifier au peuple de Dieu, en tout temps et en toutes circonstances et surtout dans les moments difficiles.
Soyons des Onésiphore au niveau de nos convictions.
3 – Il exerçait auprès de Paul un véritable ministère de consolation
" Il m’a souvent consolé. " (16)
Voilà un aspect important de la personne d’Onésiphore.
Il ne s’agit pas là seulement d’une opération ponctuelle, le " souvent " donne plutôt à penser à une action permanente.
Peut-être que Paul pensait spécialement à Onésiphore quand il dit :
" Je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie au milieu de nos tribulations "
(2 Corinthiens 7 : 4).
Comme tous les disciples de Jésus-Christ, Paul a connu des moments difficiles, très difficiles.
Mais il acceptait d’avance le prix de son engagement, lui qui nous a laissé ce message :
" Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés "
(2 Timothée 3 : 12).
Paul n’était pourtant pas un surhomme, il était de la même nature que chacun d’entre nous et à certains moments de son ministère, il a eu besoin de sentir Onésiphore à ses côtés, sa présence le soutenait et lui apportait la consolation dont il avait besoin.
Sans cela, il n’aurait sans doute pas accompli le ministère que nous lui connaissons.
Mais cette consolation dont Paul nous parle, ce n’est pas auprès des apôtres bien en vue comme Pierre, Jacques, et Jean, qu’il l’a reçue, mais auprès d’un obscur disciple de l’ombre auquel la Bible ne consacre que 3 versets.
Nous avons là un exemple de ce que chacun d’entre nous peut apporter à son frère ou à sa sœur.
Si le Saint-Esprit est appelé " le Consolateur " nous devons savoir que si le Saint-Esprit peut agir directement dans la vie de chacun, il peut aussi parler et agir au travers de nos frères et sœurs dans la foi, et c’est bien souvent le cas.
Ne trouvons pas anormal d’avoir besoin de consolation.
Sommes-nous plus grand que l’apôtre Paul qui a souvent accepté la consolation d’un obscur chrétien ?
N’y aurait-il pas une forme d’orgueil à refuser l’aide, le soutien, la consolation d’un frère ou d’une sœur au prétexte qu’il n’est pas un serviteur renommé ?
Ecoutons ce que David disait en son temps :
" L’opprobre me brise le cœur et je suis malade, j’attends de la piété mais en vain, des consolateurs et je n’en trouve aucun " (Psaume 69 : 21).
Apprenons à discerner au milieu de nous ceux qui, en silence, dans la détresse de leur cœur attendent eux aussi des paroles de consolation mais aussi des paroles d’encouragement.
Ecoutons ce que dit le prophète Esaïe :
" Consolez, consolez mon peuple dit Dieu " (Esaïe 40 : 1).
La consolation peut aussi passer par des paroles d’encouragement.
Oui, dans notre vie avec le Seigneur combien les paroles de consolation sont nécessaires pour le développement harmonieux de nos communautés.
Et nous sommes tous concernés sous un double aspect :
D’une part nous avons à être des consolateurs, mais pas comme les amis de Job.
Et d’autre part nous avons à accueillir dans nos cœurs la consolation du Seigneur qui, selon le cas, peut passer par un frère ou une sœur, fut-il le plus petit de l’Assemblée.
Ecoutons ce que nous dit l’apôtre Paul dans sa 2ème lettre aux Corinthiens : 2 Corinthiens 1 : 3 à 7.
Soyons donc des Onésiphore dans le domaine de la consolation et des encouragements.
Qu’allons-nous retenir de la personnalité d’Onésiphore ?
C’était un homme d’action même si la Bible est très discrète à son égard.
Il savait se rendre utile en luttant aux côtés de Paul.
C’était un homme qui n’avait pas peur d’afficher ses convictions sans se préoccuper de ce que pensaient les autres.
Il était attentif aux problèmes de Paul, toujours prêt à lui apporter la consolation dont il avait besoin.
En ces temps difficiles, l’Eglise a besoin d’Onésiphores, ne cherchant pas à se faire valoir mais entièrement dévoués à la cause du Seigneur, recherchant davantage l’approbation du Seigneur que celle des hommes.
Que Dieu visite tout à nouveau son peuple et suscite des frères et sœurs de la trempe d’Onésiphore.
