Etude D’alexandre MOREL

" La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas la communion au corps de Christ ? "
1 Corinthiens 10 : 16.

Nous nous sommes demandé si, à cause du fléau qui décime notre peuple[1], nous pourrions célébrer la Sainte Cène.

Après avoir longuement délibéré, nous avons vu la possibilité d’observer la loi de la plus stricte hygiène par l’usage exclusif des coupes individuelles, et nous avons décidé de vous inviter à la communion.

Et pourtant j’ai l’impression que, pour des motifs que nous respectons absolument, plusieurs d’entre vous n’ont pas l’intention de s’approcher de la table sainte.

Quelle que soit votre décision, que vous restiez ou que vous vous retiriez, vous me permettrez de transformer tout ce culte en une heure de communion.

Je vois devant moi du pain, et je dis que ce pain, exposé à la contemplation d’une assemblée chrétienne, nous invite à communier avec tous les travailleurs qui ont peiné pour le produire.

Avez-vous songé que, pour le pain qui est sur cette table, il a fallu presque un an d’efforts et de collaboration obstinés ?

Je pense à cet homme qui, à l’arrière-saison, conduisait péniblement sa charrue dans son champ.

Au moissonneur qui, aux heures brûlantes du mois d’août, trancha de sa faucille les épis.

Aux marins, qui apportèrent ce blé à travers les tempêtes et les torpilles de l’Atlantique.

Et à tous les meuniers, boulangers et petits apprentis privés de sommeil qui préparèrent la farine et la pâte.

Derrière eux, je vois apparaître tous les autres travailleurs anonymes qui, pour nous, de très bon matin, alors que nous dormons encore, vont à leur chantier, et que, le soir, vers six heures, nous rencontrons dans les arcades, tout couverts de boue et la besace vide au dos.

Ah ! Ce pain est quelque chose d’auguste.

C’est le sacrement de la solidarité humaine.

Mais, du même coup, n’est-ce pas le symbole d’une poignante égalité ?

Est-ce que tout l’ébranlement social dont nous venons d’être les témoins ne provenait pas de ce morceau de pain ?

Le jour où toute l’humanité pourra en manger à sa faim marquera, comme on l’a dit, le véritable avènement de la dignité humaine.

C’est pourquoi, en présence de ce pain, je vous invite à un examen intérieur.

Un sentiment humain au premier chef devrait étreindre notre cœur à tous.

Le sentiment d’une communion effective avec le monde des travailleurs qui peinent, qui s’épuisent, qui souvent meurent pour nous, et sans le labeur desquels nous ne pourrions subsister.

A côté de ce pain, je vois une coupe qui me parle de sang, et ce sang s’allume à mes yeux comme un symbole : Le symbole de la souffrance.

Je ne crois pas que la souffrance ait jamais fait autant de victimes que maintenant.

Songez à la guerre, aux millions de foyers détruits, aux millions de femmes en deuil, aux millions d’orphelins, d’estropiés, d’infirmes, d’incurables, aux désadaptés de toute nature qui, jusqu’à la fin de leur vie, vont se traîner misérablement comme de pauvres loques humaines !

Songez aux victimes indirectes de la guerre, aux mélancoliques, aux névrosés, aux déments, à ces millions de jeunes enfants atteints pour le reste de leur vie par des chocs, des brutalités et des violences que leur faible constitution n’était pas capable de surmonter !

Songez à tous les affligés de notre patrie, à tous nos malades, à tous nos mourants, aux foyers que le lugubre fléau de la grippe a soudainement ravagés !

Cette coupe, pleine du sang de l’Homme de douleur, ne prend-elle pas alors une signification toute nouvelle à nos yeux ?

Pourquoi Dieu nous convie-t-il aujourd’hui à y tremper nos lèvres ?

Pour que notre âme puisse communier avec le Rédempteur, et que nous puissions ainsi entrer dans la béatitude d’une joie ineffable ?

Oui, sans doute. Mais aussi pour que la compassion de ce Sauveur s’allume dans nos entrailles, nous embrase, nous enflamme d’un zèle nouveau, et que, comme de vrais Samaritains, nous allions sur les plaines de cette terre panser les plaies de ceux qui pleurent et qui saignent.

A cette table sainte, je communie aussi avec l’humanité pécheresse.

Je me sens membre de la race maudite qui a tué le Saint et le Juste.

Je confesse que les bourreaux qui l’ont cloué sur la croix ne sont pas essentiellement différents de moi.

Je ne suis séparé ni de Caïphe, l’indifférent ; ni de Judas, l’avare ; ni de Pierre, l’esclave du qu’en dira-t-on ; ni de Pilate, le sceptique ; ni de la foule versatile criant, un jour :" Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! " et hurlant, le lendemain : " Crucifie ! "

Oui, en présence de cette table, je me sens coupable.

Je mets de côté tout esprit de jugement et de condamnation.

Ici, je prends l’engagement de devenir large, large de toute la largeur de mon Dieu qui m’a accepté.

Ici, je deviens humble, et je communie avec l’humanité pécheresse.

Mais, ici, je communie aussi avec l’humanité croyante et régénérée, m’associant à tous les élans de ceux qui, sur cette terre, savent adorer.

Je communie avec la chrétienté qui salue l’Agneau de Dieu, venu pour ôter le péché du monde.

Je communie avec les catholiques pieux, avec les chrétiens fervents de tous les siècles, de tous les climats et de toutes les confessions.

Cette petite table se dresse devant moi comme un autel immense, autour duquel je vois arriver des phalanges de tous les horizons – celles de la terre, d’abord, qui, d’un pôle à l’autre, luttent, prient et aiment – et cette autre phalange qui vient du ciel, et dans laquelle je distingue la figure d’un saint Paul, d’un saint Jean, d’un saint Augustin, d’un François d’Assise, d’un Luther, d’un Calvin, d’un Pascal, d’un Finney, d’un Wesley, d’un Vinet, d’un Livingstone, d’un Coillard, et de tous ces anonymes glorieux qui, par leur foi et leur vie cachée, travaillèrent à l’avènement du règne de Christ ici-bas.

Tout cela n’est pourtant que la moitié de la Sainte Cène.

Ici, nous communions aussi avec la personne de Christ même.

La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion au sang de Christ, et le pain que nous rompons la communion au corps de Christ ?

Il y a, au musée de Bâle, un chef-d’œuvre qui s’appelle Le Christ mort, de Holbein.

C’est une œuvre terrible, un cadavre en sa froide horreur, et rien de plus.

Certains Christs crucifiés ne sont pas dans l’abandon absolu.

On distingue à leurs pieds des groupes de disciples qui prient, adorent, vénèrent.

Chez le Christ mort de Holbein, rien de toute cela.

Il est tout seul, sans amis, sans parents, sans disciples, couché à même la pierre du tombeau, attendant l’insulte de la terre.

Et l’on sent que bientôt le peuple immonde de la pourriture qui s’approche va l’assiéger et goûter à sa chair.

Et bien ! Ce Christ vraiment mort, et qu’on ensevelira comme tous les cadavres, ce Christ a remporté une double victoire, qui fait toute la gloire de l’Evangile que nous annonçons :

Il a remporté une victoire sur le péché, et une victoire sur la mort.

Sur le péché, d’abord, sur notre péché, sur le péché des nôtres, sur le péché du monde entier.

Ce péché, cause de tous les malheurs, de tous les crimes, de toutes les cruautés, ce péché qui nous rend malades, qui nous fait pleurer et saigner, qui nous jette parfois dans le désespoir le plus complet.

Ce péché que l’Ecriture appelle la transgression de la loi, la rébellion contre Dieu, le fruit de la convoitise, l’œuvre des ténèbres, l’œuvre de la chair, l’aiguillon de la mort.

Ce péché que nous devons fuir, haïr, mortifier, dont nous devons nous séparer, nous purifier.

Ce péché que l’Ecriture nous décrit comme honteux, qui est aussi nombreux que les cheveux de notre tête, qui s’élève jusqu’au ciel, qui est rouge comme l’écarlate.

Ce péché qui est la cause de nos remords, de nos hontes, de nos maladies, de notre mort et de la perdition éternelle.

Ce péché-là, Christ l’a vaincu et s’en est chargé.

Il l’a porté sur sa croix.

Il s’est tellement identifié avec lui que ce péché est mort avec lui.

Quand donc je participe à la Sainte Cène, j’entre en communion avec l’Agneau de Dieu, venu ici-bas pour ôter le péché du monde.

Je m’unis à la victime expiatoire qui, par son sang, a obtenu la rémission de nos péchés et nous délivre.

En présence de cette table, j’entends un chant d’allégresse éclater dans mon cœur.

J’exalte le sacrifice par lequel je me considère comme affranchi de la puissance du péché.

Mais ce n’est pas seulement sur le péché que Christ a remporté une victoire ; c’est aussi sur la mort, cette mort qui nous guette, qui nous assiège, et qui ne s’arrêtera que lorsqu’elle aura réussi à nous miner, à nous faire tomber et à nous réduire en poussière.

Cette mort qui a traversé nos foyers, qui y a choisi peut-être la plante la plus rare, et qui, de victoire en victoire, est arrivée à empoisonner la création tout entière.

La plupart des hommes regardent la mort comme quelque chose de naturel.

Ils l’envisagent comme un processus que Dieu lui-même aurait choisi pour favoriser la transformation et le renouvellement de son univers.

Ah ! La mort, avec toutes les agonies qui la précèdent et qui la suivent, la mort qui est la plus grande monstruosité de l’univers, Dieu ne l’a pas voulue !

L’Ecriture l’appelle le " dernier ennemi ", parce que peut-être ce sera le plus difficile à abattre et à terrasser.

Et cependant Jésus a, et aura aux siècles des siècles, l’honneur d’avoir réussi à détruire la puissance de la mort.

Et voici comment il s’y est pris :

Il a commencé par la faire reculer dans son être intérieur.

Dans ce corps semblable au nôtre, dans cette chair faible, frêle, fragile, il a remporté une série de victoires invisibles.

Jamais il n’a satisfait une convoitise, un instinct, un appétit, un désir charnel.

Dans l’âme du Fils de l’Homme, ce fut la transparence et la limpidité parfaites.

La mort ne trouva aucune prise en lui.

Aussi, quand il mourut et qu’on le déposa dans un sépulcre, Dieu le ressuscita en le délivrant du lien de la mort.

Et c’est ainsi qu’il est devenu le premier-né d’entre les morts, un germe d’incorruptibilité déposé au centre de l’univers.

Et cette victoire de Christ sur la mort est une victoire conquérante.

De cercle en cercle, elle finira par gagner les extrémités mêmes de l’univers.

Et le jour viendra où l’incorruptible triomphera même de l’univers.

Et le jour viendra où l’incorruptible triomphera du corruptible.

Le jour viendra où cette parole qui est écrite : " La mort a été engloutie par la victoire ", aura son accomplissement, et un chant immense s’élèvera de tous les confins de la création : " O mort, où est ton aiguillon ? O sépulcre, où est ta victoire ? "

Comprenez-vous que nous devons tous répéter cette parole apostolique : " La coupe que nous bénissons est la communion au sang de Christ, et le pain que nous rompons est la communion au corps de Christ " ?

Oui, nous la bénissons, cette coupe, parce qu’elle est pleine de la bénédiction du Vainqueur du péché et de la mort.

Nous bénissons ce pain rompu, parce que c’est une participation à la substance même du Vainqueur du péché et de la mort.

C’est une prise de possession de sa victoire.

Et voilà pourquoi il me semble que, tout naturellement, nous sommes invités en cet instant à prendre la contrepartie de ce qui se trouve sur le tableau du musée de Bâle.

Là, le Christ est tout seul, attendant toutes les insultes de la mort.

Ici, autour de cette table, nous voulons l’entourer, nous constituer ses héritiers.

Nous sommes sa postérité, et nous lui disons : " O Sauveur adorable, ô Seigneur, tu es digne de recevoir, dès maintenant et à jamais, tout l’honneur et toute la louange aux siècles des siècles ! "

Alexandre MOREL

Qui jesus appelle-t-il a sa table ? - Etude O. FUNCKE -

" Je rafraîchirai l’âme altérée, et je rassasierai toute âme languissante " Jérémie 31 : 25.

En ces temps où la plupart des chrétiens se disposent à s’approcher de la table du Seigneur, il convient que nous nous entretenions de l’institution de ce repas d’amour qui a été de tous temps, pour les Eglises, un intarissable sujet de controverse.

Nous en parlerons sans prendre parti pour ou contre aucune Eglise, mais comme un simple disciple du Christ, s’efforçant de discerner quelle a été la pensée réelle du Seigneur.

Remarquons d’abord combien peu simples sont toutes ces discussions, ces querelles de mots, ces troublantes professions de foi, variant entre une spiritualité exaltée et le matérialisme le plus réaliste.

Toutes ces opinions personnelles, nuancées de superstition ou d’incrédulité, et cherchant à expliquer l’invitation du Sauveur, en altèrent le sens si simple et si naturel.

Un prédicateur rationaliste disait un jour : " Jésus s’étonnerait considérablement s’il voyait maintenant combien on a amplifié ses institutions. "

Jésus, certes, ne s’étonnerait pas de ce qu’il connaît mieux que nous, mais il s’affligerait de voir combien peu l’esprit de ses institutions à été compris, notamment dans celle de la Sainte Cène, qui devait unir les chrétiens et qui les a désunis, étant devenue, pour beaucoup d’entre eux, un sujet de discorde et une source d’inimitié.

Les uns ont entouré ce repas d’amour d’une idée de mystère effrayant, d’autres ne le considèrent que comme une marque de souvenir.

Ceux-ci discutent sur la manière de distribuer les espèces sacrées.

Ceux-là prétendent que l’on ne peut être digne de prendre part à la Cène sans croire que les incrédules y reçoivent, aussi bien que les fidèles, le corps et le sang du Christ. D’autres enfin, s’attachent à des détails de formes secondaires. Mais tous ceux qui raisonnent ainsi ne se sont pas encore placés au centre même de la question.

Ils rabaissent – et de combien ! – la majesté de Jésus glorifié, notre Seigneur et notre Roi, lorsqu’ils subordonnent le don de sa grâce à l’ordre de la cérémonie, ou le représentent comme un agent visant les passeports des voyageurs avec l’air rébarbatif convenant à cet emploi, au lieu de voir en lui le Chef de famille recevant ses enfants à sa table et leur disant :

" Venez, mangez, tout est prêt. " " Je veux rafraîchir l’âme altérée et rassasier toute âme languissante. "

Dans l’invitation première de Jésus à ses disciples, il s’est préoccupé d’abord de les restaurer afin de leur donner les forces nécessaires à leur œuvre, sachant qu’un homme qui a faim est inapte au travail.

Cette pensée encore à dicté au Seigneur la demande du " pain quotidien " dans l’Oraison dominicale, et il avait placé cette demande entre celles de la venue du règne de Dieu et celle concernant notre sanctification personnelle.

De même aussi, passant de ce réconfort physique aux besoins de l’âme qui a faim et soif de biens infiniment supérieurs, Jésus dit :

" Je suis cette nourriture après laquelle soupire votre âme. Prenez, mangez et buvez. Je veux rafraîchir l’âme altérée et rassasier celle qui est languissante. "

Puissions-nous aller à la table du Seigneur, véritablement affamés et altérés de cette nourriture céleste qui donne la vie spirituelle !

Tu es prêt, Seigneur Jésus, à faire part de ta richesse à ceux qui se reconnaissent pauvres et qui souffrent de la faim.

Je viens à toi, tel que je suis, afin de devenir, par ta communion, tel que je dois être. Prends-moi à toi et donne-toi à moi ! "

Viens te parer, ô mon âme,

Car ton Sauveur te réclame !

Quitte ton obscurité

Pour aller vers la clarté.

Vois, le Seigneur plein de grâce,

A sa table te fait place.

Lui, le Dieu tout plein d’amour,

Devient ton hôte en ce jour.

La cène terrestre et la cène céleste

" Le premier jour des pains sans levain, où l’on immolait la Pâque, les disciples de Jésus lui dirent : Où veux-tu que nous allions te préparer la Pâque ? "

La Cène a son origine dans le repas qui se célébrait en mémoire de la délivrance des Israélites du pays d’Egypte.

C’était donc un véritable repas, et nous devons remarquer qu’en tous temps, Jésus a fait grand cas des repas en commun, des réunions de famille ou d’amis.

Il ne se faisait jamais faute d’accepter les invitations que lui adressaient même ses ennemis, et il utilisait ces occasions pour élever l’esprit des convives au-dessus des jouissances matérielles de la table.

Puissions-nous apprendre de lui le sens profond qu’il attachait à ces réunions quotidiennes, et en faire, comme il nous en a donné l’exemple, un acte de véritable sociabilité, une sorte de culte familier qui restaure l’âme et le cœur, en même temps que notre corps y puise les forces nécessaires pour continuer notre tâche.

A cette heure de délassement, chacun quitte son travail, dépose les soucis et les tracas que lui donnent ses affaires.

Rafraîchi et le front rasséréné, il vient prendre place dans le cercle où s’effacent, pour le moment, les différences d’âges, de situations, de caractères.

Chacun y apporte le tribut de ses expériences du jour.

L’harmonie qui règne est l’assaisonnement le plus bienfaisant des mets servis, et le cœur se réchauffe à la joie que cause l’échange de sentiments affectueux.

Un tel repas est l’image de la vie céleste. Maintes fois, du reste, Jésus a comparé le royaume de Dieu à un repas de fête.

C’est le festin de noce du fils du roi, ou celui du retour de l’Enfant prodigue qui représente l’humanité repentante accueillie dans les parvis célestes.

" Heureux ceux qui auront part au repas de l’Agneau, " est-il dit, et Jésus lui-même annonce à ses disciples " qu’il ne boira plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où il en boira avec eux dans le royaume de son Père. "

Vous considérez ces déclarations comme allégoriques, mais prenez garde de ne pas étendre l’allégorie si loin que les promesses les plus précises de Dieu ne soient plus finalement pour vous que de nuageux à-peu-près, auxquels votre foi ne pourra plus trouver d’appui !

Les images, du reste, ne sont pas opposées à la réalité, elles en sont simplement l’ombre, c’est pourquoi la réalité les surpassera en splendeur.

C’est comme avant-goût de la joie du ciel que Jésus fêtait régulièrement, avec ses disciples, ce jour de la délivrance, où jadis les Israélites mangèrent pour la première fois l’Agneau pascal, avec ce sentiment d’allégresse et de reconnaissance envers le Dieu qui les arrachait des mains de leurs oppresseurs.

Lorsqu’à la veille de ses souffrances, Jésus institua cette fête pour l’Eglise chrétienne, il voulut montrer aux siens qu’il était non seulement l’hôte, mais encore la nourriture spirituelle offerte par la célébration de ce saint repas.

Il leur révéla, à ce moment, qu’il serait lui-même sacrifié comme l’agneau pascal, et que le sang qui coulerait à la croix de Golgotha rappellerait le sang répandu sur le seuil des demeures des Israélites, à la veille de leur fuite en Egypte.

De même qu’à ce moment solennel de leur histoire, l’alliance serait - dans la communion - scellée à nouveau avec le Dieu des délivrances, et la porte de la Canaan céleste rouverte aux pécheurs, après l’abandon du fardeau de leurs fautes au pied de la Croix.

Le sens intime de la Cène n’est donc pas seulement un ressouvenir, mais aussi une promesse qui nous communique l’assurance du don de la grâce pour le présent, et de la félicité éternelle dans l’avenir.

Mon âme entrevoit par la foi

Le bonheur qu’elle espère en toi.

O glorieuse attente !

Après tant de pleurs, de combats,

Quitter les ombres d’ici-bas

Pour la gloire éclatante

Du saint lieu

Que mon Dieu

Me prépare

Dans son grand amour qui répare !

Notre réconciliation par la communion

" Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : Prenez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe, et après avoir rendu grâces, il la leur donna et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs " Marc 14 : 22 à 24.

" Pour vous ", voilà la clef de tout cet acte de la Sainte Cène.

" C’est pour vous que j’ai donné ma vie, pour vous que j’ai versé mon sang. "

Le triomphant : " Tout est accompli " de la croix ne voulait pas dire que les souffrances dernières avaient cessé, mais que toute l’œuvre du Christ, dans son entière perfection, était achevée.

Les souffrances et la mort n’avaient été que le dénouement d’autres douleurs, et de cette identification complète à la vie humaine, avec tout ce qu’elle comporte d’efforts, de luttes, de travaux pour nous, toujours pour nous.

Mais s’il est certain que le travail et la lutte avaient été plus faciles que ne le furent le martyre et la mort – cette reine des épouvantements dont la rencontre mit sa foi et son obéissance à la plus rude épreuve, - il n’en est pas moins vrai que cette mort était nécessaire pour l’accomplissement de son œuvre.

Sans sa mort douloureuse, Jésus n’eût point parfait le grand acte de la réconciliation, et créé une vie nouvelle pour l’humanité, et l’œuvre de la Rédemption serait restée inachevée.

C’est pourquoi aussi toute la question du salut se résume dans les paroles : " Mon corps livré pour vous ; mon sang versé pour vous ".

Mais Jésus n’eût pas pu parler ainsi s’il n’avait été qu’un modèle pour nous.

Ce n’est pas par des vertus seulement qu’un Précurseur peut sauver ceux qui viendront après lui.

Il faut qu’il ait racheté le péché en lui-même, et créé une puissance de vie nouvelle.

A nous maintenant de nous approprier les bienfaits de la Rédemption.

Nous le faisons déjà en nous pénétrant de la force sanctifiante de l’Evangile.

Ne négligeons pas de compléter notre participation à l’œuvre de réconciliation, en répondant le plus fréquemment possible à l’invitation de Jésus : " Faites ceci en mémoire de moi ".

Il ne nous demande pas seulement par-là de nous souvenir de Lui, comme d’un de nos bien-aimés enlevés à notre affection, mais de nous pénétrer de la force qui découle de son sacrifice.

La célébration de la Cène, sous la forme des éléments visibles et palpables du pain et du vin, doit aider notre faible foi à nous représenter l’Esprit de Christ venant habiter réellement en nous, afin de nous armer pour la lutte contre nos faiblesses, nos inquiétudes, nos indifférences, nos craintes, nos doutes.

Dans l’acte de la Sainte Cène, nous célébrons notre communion avec Christ dans son sens le plus complet ; par la prière, par les promesses de sa Parole, par les éléments visibles du pain et du vin, et par le lien nous unissant aux fidèles qui s’approchent avec nous de la table sainte, en qualité de membres d’un seul et même corps en Christ notre chef.

Et par là se rencontrent la communauté d’ici-bas et celle de la patrie céleste, ce qui est temporel et ce qui est éternel.

Sois béni d’avoir porté

Mon mal, mon iniquité,

Ce fardeau que je déteste.

Donnes-en ta communion

A nos cœurs cette union,

Avant-goût du port céleste !

Examen de soi-même

" Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe, car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement de Dieu contre lui " 1 Corinthiens 11 : 28 et 29.

Quelle sévérité dans cette parole !

Mais aussi le sujet en est des plus sérieux, car ces termes de digne et d’indigne, en ce qui regarde la célébration de la communion, ont déjà jeté infiniment de trouble dans les esprits.

Sans doute, des millions de chrétiens vont à l’autel avec une parfaite insouciance.

Tout ce qui s’appelle examen de conscience leur est absolument étranger.

On communie puisque c’est dans les usages reçus, et qu’on veut ainsi faire acte de bon chrétien.

D’autres se préparent par quelques pratiques extérieures ; on jeûne un peu, on prend un air contrit et on lit quelques pages d’un livre sérieux, approprié au sujet, mais sans que les pensées profondes du cœur n’en soient en rien modifiées.

D’autres, par contraste, se tourmentent à l’excès, et se torturent l’esprit, dans la crainte de n’être pas trouvés assez purs, assez saints, ce qui les empêche naturellement de goûter la joie paisible que donne ce repas d’amour.

De pareils sentiments sont une offense envers le Sauveur, qui vient précisément à nous pour nous donner ce qui nous manque.

Ne savons-nous donc pas qu’à un festin ce sont les plus affamés qui seront bienvenus entre tous, car ils seront aussi les plus reconnaissants ?

De même, à ce repas spirituel, Jésus nous dit : " Venez à moi ! "

A-t-il jamais renvoyé à vide ceux qui venaient à lui en toute sincérité de cœur ?

Quand a-t-il demandé préalablement si le postulant était suffisamment digne, fort ou sage pour se présenter à lui ?

S’est-il jamais enquis des antécédents d’un homme avant d’écouter sa requête ?

Que l’on vienne à lui, c’est tout ce qu’il demande.

Pensons aux apôtres, à ces hommes auxquels la toute première Cène fut distribuée.

N’avaient-ils pas tous leur bagage de défauts à reconnaître et, dans la nuit même qui suivit cet acte, ne devaient-ils pas faire preuve des plus lamentables défaillances ?

Cependant ce sont ceux que Jésus appelle à partager son repas d’amour.

Ils avaient horreur de leurs faiblesses, et quand Jésus leur disait " j’ai fait cela pour vous ", ils pouvaient répondre sincèrement " nous vivrons pour toi. "

De quelle émotion ne serions-nous pas saisis, si nous apprenions que telle personne à laquelle nous avions fait quelque bien, s’était portée caution pour nous à notre insu, en nous défendant, à son propre détriment, contre des attaques calomnieuses ou des moqueries.

Ou si telle autre personne a payé en secret les dettes de quelque débiteur insolvable, si nous sommes ce débiteur, et si nous avons peut-être toujours traité notre généreux bienfaiteur avec un froid dédain, tandis qu’il se dévouait pour nous à notre insu, quelle ne sera pas notre honte, notre remords et notre désir ardent de nous donner à lui de toute notre âme !

Appliquons cette comparaison au Sauveur qui a supporté le martyre, pour nous tirer de nos détresses et nous élever à la vie glorieuse de l’éternité.

Crois-tu cela ?

Car si tu ne le crois pas, tu ne peux t’approcher de la table du Seigneur.

La Sainte Cène est encore un mystère pour toi.

Mais si tu crois, tu t’écrieras, enflammé de zèle :

" Seigneur je veux être à toi ! Sois le Maître de ma vie.

" Sois patient, soit très patient envers moi, car mes progrès sont lents, et il m’est souvent bien difficile de trouver ta volonté bonne et agréable, et mon horreur de la souffrance est presque insurmontable.

" Donne-moi tes grâces en abondance, car je suis pauvre et faible. Je voudrais être tel que tu veux m’avoir ; comme toi, je veux dissiper la haine, l’animosité et répandre autour de moi l’amour et la paix.

Mais, pour cela, il me faut la grâce et la force que je viens chercher à ta table. "

Telle est la véritable disposition pour nous approcher de l’autel.

Ayant déposé toute justice propre et tout mensonge, et nous préparant à recevoir " cet amour parfait qui bannit la crainte ", nous pouvons nous avancer sans hésiter et sans douter, car la table est dressée pour nous, non seulement ici-bas, mais aussi dans le ciel.

O Seigneur, plein de foi, d’amour, de repentir,

Je m’avance à ta table. Veuille aussi me bénir,

M’accorder ton Esprit, ta sagesse, ta joie,

Toi-même à ton enfant montrer toujours la voie !

FUNCKE

Une préparation à la cène

" Jésus prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous " Luc 22 : 19 et 20.

En 1850, raconte la fille de la comtesse Von Der Recke Volmerstein en parlant de sa mère, elle fut très souffrante, sans que l’on comprît d’abord à quoi tenaient ces symptômes, ces sensations pénibles et son air maladif.

Pendant un temps fort court, elle fut sujette à une irritation nerveuse qui lui causait des mouvements d’impatience auxquels on n’était point accoutumé.

Nous savions bien que cette infirmité était l’effet de son malaise physique et non de son état spirituel.

Mais nous comprîmes bientôt avec bénédiction pour nos propres âmes, que c’était à ses yeux un péché dont elle souffrait beaucoup.

Parents et enfants s’étaient préparés à prendre la Sainte Cène ; et tandis que les cloches sonnaient, tous les membres de la famille s’étaient réunis, comme ils le faisaient toujours en pareille occasion., dans la chambre d’étude de mon cher père, qui, agenouillé avec tous les siens en la présence de Dieu, lui demandait tout spécialement à cette heure de leur accorder à sa table des bénédictions éternelles.

Comme c’était encore leur coutume, nos parents s’embrassaient après cette prière, tous les frères et sœurs suivaient leur exemple, se demandant mutuellement pardon de ce qui avait pu troubler leurs rapports fraternels.

Mais jusqu’alors nos parents n’avaient jamais demandé le pardon de leurs enfants.

Ce jour-là toutefois, ma chère mère, s’adressant au cercle tout entier, nous demanda les larmes aux yeux et de la manière la plus touchante de lui pardonner l’irritabilité qui avait dû peiner plusieurs d’entre nous.

L’impression que ses paroles firent sur ces enfants fut des plus fortes, et profondément humiliante pour eux-mêmes.

Elle augmenta leur faim et leur soif du saint repas et des trésors de grâces de Celui qui accorda tant de force à ma chère mère, car je ne me souviens pas d’avoir dès lors remarqué chez elle, la moindre trace d’irritabilité.

1 Corinthiens 12 : 27 à 32

" C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur.

" Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ;

" Car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même.

" C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts.

" Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés.

" Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. "

Attention

C’est assez rare que l’on lise ces derniers versets, concernant la Cène.

Pourtant ces versets sont intéressants.

S’il y a des promesses pour ceux qui participent à la Cène, il y a une rétribution sévère, pour ne pas dire capitale, pour ceux qui ne discernent pas le corps du Seigneur.

Qui est le corps du Seigneur ?

En premier, Lui-même, sa divinité, son sacrifice expiatoire pour nos péchés.

En second, nous, chrétiens, nous sommes le corps de Christ.

J’ai pensé que notre communion ne doit pas être uniquement avec Jésus, mais aussi avec les frères et sœurs avec qui nous prenons la Cène.

Nous pouvons dire aussi, par extension, que nous devons être en communion avec toute l’Eglise de Jésus.

Si cette communion ne peut pas toujours être effective, pour diverses raisons, que notre cœur soit pur vis-à-vis de nos frères et qu’il désire la communion.

Quelquefois, nous nous posons des questions, concernant la maladie chez les chrétiens, et la mort.

Certainement, si nous nous éprouvons nous-mêmes, avant de prendre le pain et le vin, il y aura plus de bénédictions de la part de Dieu, et moins de châtiment.

Que Dieu nous aide.

René LAHAYE

[1] L’épidémie de grippe. Cette prédication fut prononcée le 1er décembre 1918.

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