Etes-vous prêt pour une nouvelle année ?

N’est-ce point là une question de toute importance pour nous au moment de franchir le seuil de l’année 1908 ?

De toutes parts nous entendons dire à notre époque : En avant ! Combattons le bon combat ! Prenons possession du bon pays !

Mais cependant que faire si je ne suis pas prêt à avancer, à combattre et à jouir de la terre promise ?

S’il faut que nous pénétrions dans cette nouvelle année afin de porter un fruit qui demeure, et non pas seulement pour nous laisser entrainer, indifférents, par la fuite infatigable des jours, il faut que nous soyons prêts.

Nos convictions sont-elles arrêtées ?

Avons-nous pris une décision ferme dans notre esprit ?

Non pas sur tous les détails possibles, c’est certain ; mais il y a des choses pour lesquelles l’incertitude est la preuve du manque de préparation qui entraine à l’irrésolution, à la faiblesse et au désastre inévitable.

Avons-nous fait le choix de notre ligne de conduite ?

Sommes-nous pour la justice ou le mal dans ce monde ?

De quel côté de la grande maison de l’humanité avons-nous choisi notre place ?

Sommes-nous satisfait de la place que nous avons prise, avec notre Maître, ses gages et ses conditions de service ?

Il y eut une fois un roi Saxon connu sous le nom de " Le jamais prêt. "

Est-ce peut-être votre nom à vous ?

Etes-vous prêt à quitter le passé ?

A quoi vous servirait une année nouvelle si vous vous obstinez à poursuivre vos vieilles habitudes, conservant le même esprit, les anciennes rancunes, le vieux et méchant caractère ?

Pourquoi Dieu vous ferait-il don d’une nouvelle année si elle doit être passée dans l’irréligion, le manque de charité, le formalisme superstitieux ou fanatique ?

A quoi cela peut-il bien vous servir d’avoir un meuble tout neuf si c’est pour y mettre un vieux squelette ?

Etes-vous prêt pour accepter ce que, jour après jour, la nouvelle année vous apportera ?

Peu importe quelles seront les vérités nouvelles que Dieu vous enseignera, les œuvres de charité plus étendues qu’il trouvera bon de vous imposer ?

Il peut vous envoyer dans un champ plus vaste de responsabilité. Etes-vous prêt à vous y rendre ?

Prêt à voir votre esprit mis au large et votre cœur oppressé mis en pleine abondance ?

Etes-vous prêt pour l’œuvre de l’année toute entière ?

" Que veux-tu que je fasse ? "

Nous sommes habituellement très bien disposés aux premières heures de l’année nouvelle ; puissions-nous ne pas oublier que les bonnes intentions ne suffisent pas !

Etes-vous prêt pour le travail ?

Et par-dessus tout ce qui vient d’être dit, sachez ceci : Celui qui n’est pas un croyant sincère dans le Seigneur Jésus-Christ, ne peut absolument pas être prêt.

(G.P.F.)

Compter nos jours

La plus ancienne trace de cette expression se trouve dans le Psaume 90, attribué à Moïse : " Enseigne-nous à si bien compter nos jours, que notre cœur devienne sage ! "

Et l’on sait quel parti en a tiré Lamartine, dans ces beaux vers où, personnifiant l’heure qui " s’éloigne et glisse comme les pieds sur les gazons " il lui fait dire à l’homme :

Compte-moi, car Dieu m’a comptée,

Pour sa gloire et pour ton bonheur ;

Compte-moi ! je te fus prêtée,

Et tu me devras au Seigneur !

L’art de compter est presque aussi ancien que l’homme.

Longtemps avant de savoir lire et écrire, il a su compter.

Et de ces trois assises du savoir humain, le calcul reste la plus universelle et la plus nécessaire.

En fait, bien des gens, qui ignorent la lecture et l’écriture, savent compter.

Le sauvage compte au moyen de petits cailloux, l’enfant et l’ignorant comptent sur leurs doigts, le savant et le banquier utilisent les procédés des hautes mathématiques et de la tenue des livres la plus perfectionnée ; mais tous comptent.

Tous… excepté toutefois ceux qui croient avoir intérêt à ne pas compter.

Il ne compte pas, le joueur qui, attendant la chance qui ne vient pas, risque sa fortune sur le tapis vert.

Il ne compte pas, le spéculateur qui, pressentant la ruine, se jette tête baissée dans le gouffre.

Il ne compte pas, le buveur qui dépense en une nuit, au cabaret, le gain d’une semaine.

Mais tous ces mauvais calculateurs aboutissent à la culbute finale dans le déshonneur, la faillite ou la mort.

Le temps aussi est un capital à faire valoir, à économiser, et par conséquent à compter.

Il y a des divisions naturelles, marquées par le cours des astres : jours, mois, saisons, années.

La civilisation a subdivisé ces périodes en heures, en minutes, en secondes, et créé des instruments délicats pour les mesurer et les enregistrer.

Grâce à nos horloges et à nos montres, il est encore plus facile de compter les heures et les minutes que les francs et les centimes.

Mais, hélas ! on gaspille ce capital-là, comme l’autre ; et la chose est si commune qu’on n’a que l’embarras du choix dans les locutions qui l’expriment, telles que " perdre son temps " ou " tuer le temps. "

Et cela se fait si aisément que la plupart des hommes sont aussi surpris d’arriver au dernier de leurs jours que le joueur au dernier de ses écus.

Les uns et les autres ont négligé de compter, et, quand ils s’en aperçoivent, il est trop tard ; on ne recommence pas la partie, la séance est levée.

Tenez-vous prêts !

La population de la terre est approximativement de 1.400 millions d’habitants.

On a calculé que la mortalité est d’environ 33 millions de personnes par an, soit de 90.000 personnes par jour, 37.000 par heures, c’est-à-dire que la mort frappe un peu plus de 60 personnes par minute, une personne par seconde.

Peu lui importe où sont ses victimes, peu lui importe ce qu’elles font quand elle vient les chercher.

Bien portants ou malades, riches ou pauvres, vieux ou jeunes sont pris également, et personne ne sait le matin s’il verra la fin de la journée.

Chaque jour, les annonces des journaux nous apportent la liste de ceux qu’a enlevés la journée précédente.

Chaque jour, des convois funèbres passent sous nos yeux, des familles sont plongées dans le deuil, et pour chacun retentit cet appel (Amos, chapitre 4, verset 12) : " Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ! "

Mais l’homme est ainsi fait que ce qui se passe tous les jours ne le touche plus.

Il s’habitue aux avertissements de chaque seconde, comme le voyageur, pendant un long trajet, au sifflet de la locomotive, et, quoiqu’il puisse mourir à chaque instant, il vit en réalité comme s’il devait toujours vivre.

" Je me rappelle, disait un jour un vieillard, que, quand j’étais un jeune garçon, une voix intérieure me disait : " Mon enfant, donne-ton cœur. C’est maintenant le moment favorable. "

Mais le diable me soufflait à l’oreille ; " tu y penseras plus tard. Il faut que jeunesse se passe. Commence par t’amuser. "

Mes parents, mes camarades disaient la même chose, en sorte que j’attendis d’être devenu un homme.

" Alors la même voix intérieure me dit : " Cherchez l’Eternel pendant qu’il se trouve. C’est aujourd’hui le jour du salut. "

" Quelle bêtise ! reprit l’autre. Fais tes affaires d’abord. Plus tard, quand tu te seras fait une position, tu t’en occuperas. "

Je voyais, en effet, qu’autour de moi chacun agissait ainsi.

J’attendis donc d’avoir atteint l’âge mûr.

" J’y fus bientôt. Quelque chose murmurait encore en moi : " Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. "

" Plus tard, criait l’autre. Tu n’as plus beaucoup de temps pour travailler. Attends d’être vieux quand tu n’auras rien de mieux à faire. "

" J’ai attendu. Aujourd’hui je suis vieux. Le printemps, l’été, l’automne de la vie ont passé. L’hiver est là, et je ne suis pas sauvé. "

Et cet aveu rappelle l’histoire d’une femme qui disait toujours : " Je n’aurai besoin que de cinq minutes au dernier moment pour demander miséricorde ; et je suis sûre que le Tout-Puissant me les accordera. "

Bien qu’elle fût sûre, ces cinq minutes elle ne les eut jamais.

Un jour, son fils sort en courant de la maison et va chercher le pasteur.

" Venez vers ma mère, s’écrie-t-il, venez de suite, elle meurt.

" Le pasteur y court.

La moribonde était assise sur le lit, les yeux hagards.

Quand il entra, elle le regarda fixement, en s’écriant : "Ah ! monsieur le pasteur, je suis damnée ! je suis damnée ! " puis elle retomba sur son oreiller.

C’était fini.

C’est pourquoi tenez-vous prêts, car vous ne savez ni le jour ni l’heure…

L’arbre sans racines

Aux pères et aux mères.

Dans le silence de la nuit, un bruit étrange, indistinct, réveilla en sursaut la mère et l’enfant.

- Maman, appela la petite, maman !

- Oui, ma chérie, c’est André qui rentre, dors, je vais voir…

- Maman, j’ai peur…

La mère tourna le bouton électrique, passa à la hâte un vêtement et se dirigea vers la chambre de son fils.

Doucement, elle ouvrit la porte.

Au milieu de la chambre très éclairée, André, son fils bien-aimé, assis tout habillé dans un fauteuil, tenait encore le révolver dans sa main crispée ; la tête pendait inerte sur la poitrine.

La mort avait été instantanée.

Il avait à peine 18 ans.

La vie lui souriait.

Sur la route large et facile, une mère aimante, oh ! si aimante, prévoyait les moindres obstacles et soigneusement les écartait.

Elle pensait à tout, cette mère idolâtre de son enfant.

Rien n’échappait à ses yeux clairvoyants, passionnés, admiratifs.

Qui donc pouvait rivaliser avec son André si beau, si élégant, si intelligent, si instruit !

L’avenir, devant lui, ne pouvait se dérouler qu’un un triomphe incessant.

La mère moderne, enthousiaste des Strauss, des Nietzche, qui croyait avoir tout sondé, tout approfondi et creusé un large sillon de bien-être pour elle-même et les siens, n’avait oublié qu’une seule chose, négligeable, du reste, son âme à elle et l’âme de ses enfants...

Dans cette belle maison si confortable, si luxueuse, la seule chose nécessaire faisait défaut.

Mme Sanarsky disait en riant :

- L’âme ! une chose invisible, impalpable, éternelle, quel enfantillage ! quelle dérision de la saine raison ! A d’autres, s’il vous plait !

- Voyez-vous, affirmait-elle de son ton autoritaire, décisif, je ne suis pas de celles qui se laissent mener par la peur d’un jugement à venir… Si Dieu est, il doit être bon et faire la vie bonne à vivre. Les maladies, les misères, les catastrophes, quelles preuves meilleures voulez-vous pour bien prouver qu’il n’existe pas, le bon Dieu… !

Elle riait, insouciante, heureuse.

Puis, d’un air convaincu, elle ajoutait :

- Mais la vie active, intelligente, pratique, avec un but à atteindre, un nom à conquérir, un résultat à obtenir, la vraie vie en un mot, celle qui se voit, se sent, se palpe, la seule digne de ce nom, à la bonne heure !

Voilà la bonne, saine raison et toute l’explication… de tous les mystères de l’invisible.

Ainsi, la famille d’André, toute de nerfs vibrants, d’intellectualité raffinée, se prosternait-elle servilement devant la merveilleuse machine humaine qui disait " papa, maman," ouvrait et fermait les yeux se mouvait en tout sens, perçait des tunnels sous la terre et sous les mers, naviguait dans les airs, mais l’âme ? !

" Pourquoi faire ? …. Disaient-ils.

" N’avons-nous pas tout un monde à explorer ? Les aspirations esthétiques, une faim et une soif d’ordre supérieur et qui jamais ne parviendront à être satisfaites… et c’est bien ici le charme de la vie.

Dans les arts, les sciences, toujours aspirer à plus et à mieux, c’est-à-dire à l’action, la joie sans trêve ni repos, toujours tendre vers la jouissance, réaliser le rêve, l’extase et toucher la récompense dues aux énergies inlassables.

Mais l’âme ? !

Balast inutile que la science jette par-dessus bord, encombrant de sentimentalités inexplicables, entortillé dans le mystère et qui laisse la porte grande ouverte à toute les superstitions…

Telles les pages de la Bible, recueil fameux de légendes hébraïques et dont la poésie mystérieuse confine souvent à l’incohérence…

Enfin, le Christ, un visionnaire, ne peut plus guère lutter avec les maîtres de la pensée moderne et la logique… irréfutable d’un Jarastousta !

Le Christ, en notre temps, ne pourrait encore à la rigueur, en imposer qu’aux esprits aisément satisfaits, aux exaltés dominés par un sentiment religieux maladif. "

Tel fut l’éducation archi-élégante d’André.

Avide de savoir, il se plongeait dans les gros bouquins, interrogeait, fouillait, piochait, critiquait, dénigrait, mal content des affirmations, en colère devant les négations, aspirant à quelque découverte inattendue, surprenante, qui expliquerait tout l’inexplicable et comblerait toutes les lacunes.

Grisé d’aspirations non équilibrées, fatalement prisonnier dans un monde qu’il trouvait trop étroit, victime de l’humaine impuissance, assoiffé d’une liberté sans freins ni limites, André Sanarsky sentait au cœur un froid intense que ne parvenaient à satisfaire ni les affections familiales, ni les amitiés des camarades dont il était l’idole.

Rien ne le satisfaisait ; rien ne parvenait à combler le vide immense qui l’attirait comme une griffe de fer, le courbait vers la terre, l’entrainait vers un abîme…

Les jeunes camarades de sa classe dont il était le premier, disaient de lui avec certitude :

" André Sanarsky ira bien et ira loin. "

Hélas ! André s’arrêta dès l’entrée de la route, broyé par la mystérieuse influence qui du fond des ténèbres inconnues à la science humaine, guette les isolés, les solitaires de la conscience, du sentiment, et dont le " moi " est le centre suprême.

Par une triste et désespérante journée, André découvrit que la vie, bornée, limitée, l’ennuyait profondément… la monotonie des gestes, des impressions journalières lui donnait la nostalgie de quelque émotion inattendue…

Il rêva de quelque harmonie exquise, surhumaine, par-delà le possible, là où s’ouvre une vie plus vaste dans le grand mystère…

Glacé par la réalité banale dont il n’a pu saisir le " pourquoi " profond et aussi grandiose que le " parce que " détenu dans une Main toute puissante, jetant le défi à la raison, au cœur humain, il s’en est allé en plein désarroi, au loin, tout au fond, pour ne plus jamais revenir essuyer les larmes d’une mère désespérée.

Autour du cercueil, les cierges funèbres jettent leur pâle lueur.

Une religieuse murmure au-dessus d’un livre à reliure ancienne, une lecture inintelligible.

Des amis entrent attristés, s’inclinent profondément, quelques-uns s’agenouillent, puis déposent le baiser d’adieu sur le front glacé cependant que les yeux s’attardent à contempler la beauté muette, immobile pour toujours, grave, beauté vraiment surhumaine qui semble être le pâle reflet de la beauté de l’Inconnu…

La mère, agenouillé, sanglote, tend ses mains jointes vers le corps inanimé et murmure, affolée, éperdue, inconsciente : Mon Dieu, mon Dieu ! …

Dmitry MAKEDONSKY

P. S. : Le récit est authentique et le drame tout récent (23 mars 1909)

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