Georges MULLER

Par une chaude journée d'été, je gravissais lentement le chemin ombragé de Ashley Hill, Bristol, qui conduit aux célèbres orphelinats fondés par M. Georges Muller. Arrivé au sommet de la colline, je me trouvai en face des immenses bâtiments qui abritent plus de deux mille êtres humains, la plupart des orphelins. L'auteur de ces constructions a donné au monde la plus grande leçon de foi qu'on ait jamais vue.

Dans la première maison, à droite, demeure, au milieu de son peuple, et dans un appartement simple et sans prétentions, le pieux patriarche dont le nom est devenu familier à toute la chrétienté.

Franchissant le portail de la loge, je m’arrêtai un moment pour regarder la grande maison (n°3) qui est devant moi ; mais elle n'est qu'une partie des cinq bâtiments, dont le coût total s'est élevé à trois millions de francs.

Un des orphelins répondit à mon coup de cloche et me conduisit par un large escalier de pierre à l'appartement particulier du vénéré fondateur de l'établissement.

Mr Muller a atteint l’âge remarquable de quatre-vingt-onze ans, et lorsque j'arrivai en sa présence, je me sentis pénétré d'un saint respect.

" Lève-toi devant les cheveux blancs, et honore la personne du vieillard " (Lévitique 19 : 32). Il me reçut avec une cordiale poignée de mains en me souhaitant la bienvenue.

C'est quelque chose de voir un homme par le moyen duquel Dieu a accompli une grande
œuvre ; c'est plus encore d'entendre le son de sa voix, mais ce qui vaut mieux que tout le reste, c'est d'être placé en contact direct avec son esprit, c'est de recevoir une communication du souffle ardent de son âme.

L'intime communion fraternelle éprouvée pendant une heure bénie restera à toujours gravée dans ma mémoire. Ce serviteur du Très-Haut m'ouvrit son cœur, me donna des conseils, pria avec moi, et me donna sa bénédiction.

Je reproduis ici une partie de mon entretien avec Mr Muller, demandant à Dieu qu'Il bénisse ces paroles pour un grand nombre de mes compagnons de route. Il me semblait entendre un messager d’En-Haut, me conduisant vers les portes du ciel, où je respirais les doux parfums de la patrie céleste. Pendant cette heure, j’appris à connaître la source de la grande force spirituelle de Mr Muller. Le pieux vieillard, en possession de toutes ses facultés, fut éloquent d'un bout à l'autre, éloquent sur un seul sujet, les louanges de Jéhovah, de Celui qui entend les prières de son peuple et y répond.

Mes propres paroles ne furent pas nombreuses.

"Vous avez toujours trouvé le Seigneur fidèle à Sa promesse ? "-" Toujours ”, répondit-il promptement, et avec ardeur :

"IL NE M'A JAMAIS FAIT DEFAUT !"

" Depuis près de soixante-dix ans, il a suppléé à tous les besoins de cette œuvre. Il y a eu jusqu'ici, sous ce toit, 9.500 orphelins, et jamais ils n'ont manqué d'un repas.

Jamais ! Nous avons des centaines de fois, commencé la journée sans un sou, mais notre Père céleste a envoyé le secours au moment où il le fallait. Nous n'avons jamais manqué d'une bonne nourriture saine.

Pendant toutes ces années j'ai pu me confier au Dieu vivant, et en Lui seul.

Un million quatre cent mille livres (35 millions de francs) m'ont été envoyés en réponse à la prière. Il y a eu des années où nous avons eu besoin de 1.250.000 francs, et nous les avons reçus au moment où il les fallait absolument. Pas un homme ne pourra dire que je lui aie jamais demandé quoi que ce soit. Nous n’avons pas de comités, ni de collecteurs, ni de dotations ; tout nous a été donné en réponse à la prière de la foi. Ma confiance a été en Dieu seul. Il a de nombreux moyens pour émouvoir le cœur des hommes en faveur de notre œuvre. Tandis que je prie, Il dit à celui-ci ou à celui-là, dans un continent ou dans un autre, de nous envoyer du secours. L'autre soir encore, pendant que je prêchais, un monsieur m'écrivait un chèque pour une somme importante destinée aux orphelins, et me le remettait à la sortie du service".

" J'ai lu votre vie, Mr Muller, lui dis - je, et j'ai remarqué combien souvent votre foi a été mise à l'épreuve. En est-il encore ainsi maintenant ? "

" Oui, me répondit-il, et mes difficultés sont plus nombreuses que jamais. A côté de nos responsabilités financières, il faut toujours trouver des aides capables et des places convenables pour les centaines d'orphelins qui sortent sans cesse de nos asiles.

Souvent aussi nos fonds s'épuisent ; ainsi la semaine dernière, nous étions arrivés au bout de nos ressources.

Je réunis mes fidèles aides et leur dis :

" Prions, frères, prions ! " Immédiatement nous reçûmes 2500 francs, puis 5000 francs, et en quelques jours nous avions reçu 37.000 francs. Mais il nous faut toujours prier et croire toujours. Oh ! il fait bon se confier au Dieu vivant qui a dit :" Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ".

Attendez de grandes choses de l'Eternel, et vous recevrez de grandes choses.

Il n'y a pas de limites à sa puissance. Loué soit à jamais son nom glorieux ! Bénissez-le pour tout ! Que de fois je l'ai loué quand il m'envoyait 60 centimes - comme je l'ai loué quand Il m'envoyait 300.000 francs".

" Je suppose ", dis-je, "que vous n'avez jamais eu l'idée de former un fonds de réserve ?"

" Ce serait la plus grande folie, s'écria Mr Muller. Comment pourrais-je prier, si j'avais un fonds de réserve ? Dieu me dirait :"Emploie ta réserve, Georges Muller, emploie ta réserve". Oh ! non je n'ai jamais songé à pareille chose. Notre fonds de réserve est au ciel. Dieu, le Dieu vivant est notre pourvoyeur. Je me suis confié en Lui pour une pièce d'or ; je me suis confié en Lui pour des milliers de francs, et jamais en vain.- Heureux l'homme qui se confie en Lui ".

Cela m'amena à dire :" Alors naturellement, vous n'avez jamais pensé à mettre quelque chose de côté pour vous-même ? "

Je n'oublierai jamais la manière digne avec laquelle cet homme puissant en foi me répondit.

Jusque-là il avait été assis en face de moi, penché en avant, les mains jointes, le regard calme et tranquille, le plus souvent fixé sur le sol ; il se redressa et me regarda longtemps fixement comme s'il avait voulu lire jusqu'au fond de mon âme. Il y avait une grandeur et une majesté extraordinaires dans ces yeux limpides, habitués aux visions spirituelles. Ma question avait évidemment remué tout son être. Après une pause pendant laquelle sa figure était toute une prédication et ses yeux lançaient des éclairs, il tira de sa poche une vieille bourse, la plaça dans ma main et me dit :" Tout ce que je possède est dans cette bourse. Epargner pour moi-même ! Jamais ! "

" Quand on m'envoie de l'argent pour mes dépenses personnelles, je le remets à mon Dieu. J'ai reçu en une fois 25.000 francs dans ce but, mais je ne considère jamais cet argent comme m'appartenant ; il appartient à Celui auquel je suis, et que je sers. Epargner pour moi-même ! Je n'oserais le faire ; ce serait déshonorer mon bon Père céleste ! "

Je rendis la bourse à Mr Muller, et il me donna encore quelques détails financiers que je n'ai pas la liberté de reproduire.

Je dois expliquer ici que, outre son orphelinat, Mr Muller a fondé une société pour la propagation des connaissances chrétiennes scripturaires qui embrasse différents objets, et par laquelle 150 missionnaires sont soutenus, 117 écoles ont été fondées, deux millions de Bibles et de Nouveaux Testaments et plusieurs millions de traités ont été distribués. Pour cette œuvre, Mr Muller a reçu, en réponse à la prière, plus de 6.250.000 francs.

Il y avait un rayonnement de saint enthousiasme sur la figure de ce noble vieillard pendant qu'il me racontait quelques-uns de ses voyages de prédications dans 42 pays différents.

Des centaines de milliers, hommes et femmes, de presque toutes les nations du monde sont venues pour l'écouter, et son sujet principal était d'annoncer le simple message du salut et d'encourager les croyants à se confier en un Dieu vivant.

Il me dit qu'il priait pour ses sermons plus que pour tout le reste, et que souvent le texte ne lui était donné qu'au moment où il montait en chaire, quoiqu'il eut prié pour cela pendant toute la semaine.

Je lui demandai s'il passait beaucoup de temps à genoux.

" Plus ou moins chaque jour. Mais je vis dans un esprit de prière. Je prie quand je vais et viens, quand je me couche, quand je me lève. Et les réponses viennent toujours. Quand je suis persuadé qu'une chose est bonne et à la gloire de Dieu je prie jusqu'à ce que j'aie la réponse ".

" Georges Muller ne se décourage jamais ".

Ces mots furent dits d'une voix vibrante et avec un accent de triomphe. Il s'était levé de son siège en les prononçant, il fit quelques pas, puis continua :

" Des milliers d'âmes ont été sauvées en réponse aux prières de Georges Muller ; il en rencontrera au ciel des milliers, oui, des dizaines de milliers ".

Il y eut une pause, mais je ne fis point de remarque, et il continua :

" La grande chose est de ne jamais cesser de prier jusqu'à ce que la réponse vienne. J'ai prié chaque jour pendant cinquante-deux ans pour deux hommes, les fils d'un ami de ma jeunesse. Ils ne sont pas encore convertis, mais ils le seront ! Comment pourrait-il en être autrement ?

La promesse de Jéhovah est certaine et je me repose là-dessus. La grande faute que commettent les enfants de Dieu, c'est qu'ils ne prient pas avec suite, ils ne persévèrent pas. Lorsqu’ils désirent quelque chose à la gloire de Dieu, ils devraient continuer jusqu'à ce qu'ils soient exaucés.

Oh ! Qu'elle est grande, la bonté de Celui avec qui nous avons à faire ! Il m'a donné, indigne que je suis, incommensurablement au-delà de tout ce que j'ai demandé ou pensé ! Je ne suis qu'un pauvre misérable pécheur, mais Il a entendu mes prières des milliers de fois et Il a bien voulu se servir de moi pour conduire un grand nombre d'âmes dans le chemin du salut. Ces lèvres indignes ont proclamé la bonne nouvelle à de grandes multitudes, et beaucoup, beaucoup d'âmes ont été sauvées ".

Je demandai à Mr Muller si, au moment où il avait entrepris son œuvre, il avait eu l'idée qu'elle prendrait autant d'extension.

- " Je savais seulement," répondit-il, "que Dieu était dans cette œuvre et qu'Il conduisait son enfant dans des sentiers nouveaux. L'assurance de Sa présence me tenait en repos ".

- " Je ne puis m’empêcher de remarquer la manière dont vous parlez de vous-même ", lui dis-je, sentant bien que je touchais à un sujet sacré, celui des relations personnelles de cet homme avec son Dieu.

- " Il n’y a qu'une chose que je mérite, " s’écria-t-il, “ c’est l'enfer ! Par nature, je suis un homme perdu, mais je suis un pécheur sauvé par la grâce de Dieu. Quoique je sois par nature un pécheur, je ne vis pas dans le péché, je le hais. J'aime la sainteté, oui, je l'aime de plus en plus ".

- " Je suppose que pendant les longues années de votre ministère, vous avez rencontré bien des choses décourageantes ? "

-" Oui ”, répondit-il, " mais mon espoir et ma confiance n'ont pas varié. Mon âme se reposait sur la promesse de Jéhovah. Sa Parole ne retourne jamais à Lui sans effet. Il donne de la force à celui qui est lassé et Il multiplie la vigueur de celui qui est affaibli ”.

Ceci s'applique aussi à l'œuvre de mon ministère.

Il y a soixante-deux ans, je prêchai un pauvre sermon, sec et froid, qui ne me fit aucun bien à moi-même et que je supposai ne pouvoir en avoir fait à personne. Mais longtemps après, j’appris qu'il avait été en bénédiction à au moins dix-neuf personnes".

Je lui racontai brièvement quelques-unes des choses qui me décourageaient toujours à nouveau et lui exprimai le désir d'être employé de plus en plus au service de Dieu, en lui demandant de me donner quelques conseils sur mon travail.

Il répondit : " Cherchez à dépendre uniquement du Seigneur pour toute chose. Mettez-vous, avec votre travail, entre Ses mains. Avant d'entreprendre quelque chose de nouveau, demandez-vous toujours si c'est agréable à Dieu et si c'est pour Sa gloire, puis commencez avec foi et prière, et ne revenez jamais en arrière. Priez, priez ! Ne gardez pas d'iniquité dans votre cœur (Ps. 66 :18) ; si vous le faites, le Seigneur ne vous répondra pas. Souvenez-vous toujours de cela et confiez-vous en Dieu, attendant de Lui de grandes choses. Ne faiblissez pas si la bénédiction ne vient pas tout de suite. Priez, priez, et par-dessus tout ne comptez que sur les mérites de notre adorable Sauveur et jamais sur les vôtres, afin que vos prières et votre œuvre puissent être acceptées ".

Je ne répondis rien, mes yeux étaient pleins de larmes, je me sentais en la présence solennelle de Dieu.

Pendant que Mr Muller cherchait dans une autre pièce un exemplaire de sa biographie pour me l'offrir, j’examinais sa chambre. Elle était très simplement meublée, tout paraissait en harmonie avec l'homme de Dieu qui l'habitait. Sur le bureau se trouvait une Bible ouverte, sans notes, ni références.

La simplicité dans le logement, le vêtement et la nourriture, est un des grands principes de M. Muller, qui trouve qu'il ne convient pas aux disciples de Celui qui était doux et humble de cœur de vivre dans le luxe.

Voici donc, pensai-je, la demeure de l'homme le plus puissant en vie spirituelle de nos temps modernes, de celui qui a été appelé à montrer à un monde froid, égoïste et intéressé, les réalités des choses de Dieu, et à enseigner à l’Eglise combien elle gagnerait si elle avait assez de sagesse pour s'emparer de la force du Tout-Puissant.

J'avais passé une heure entière avec ce prince de la prière. Une fois seulement on vint frapper à la porte. Mr Muller ouvrit à l'une de ses orphelines, jeune fille aux cheveux blonds : " Ma chère ", lui -dit - il", je ne puis vous recevoir maintenant ; revenez un peu plus tard ".

J'eus ainsi le privilège de continuer sans interruption mon entretien avec ce père en Israël, ce vainqueur de Dieu, ce héros de la foi, ce voyageur à travers un long et rude pèlerinage terrestre, cet homme enfin, qui, semblable à Moïse, parle à Dieu comme à son ami. Pour moi, ce fut en vérité une heure de " ciel sur la terre ".

Avant de nous séparer, nous nous agenouillâmes pour prier, et sa requête fut courte et simple :" O Seigneur, bénis ton cher serviteur qui est maintenant devant toi, bénis-le de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus. Et veuille conduire sa plume dans tout ce qu'il écrira sur ton œuvre ici et sur notre conversation d'aujourd'hui. Je te le demande par les mérites de ton cher Fils, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Amen ".

Mr Muller est né à Kroppenstedt en Prusse, en 1805. En 1810, son père fut nommé receveur d’impôts, et sa famille alla habiter à Heinerslebel. Dans sa jeunesse, ses parents qui le destinaient au saint ministère dans l'Eglise luthérienne, l'envoyèrent au collège de Halberstadt. Là, il passa la plus grande partie de son temps à lire des romans, et pendant longtemps il mena une vie extrêmement dissipée. Il dépensait l'argent sans compter, et en 1821, il fut mis en prison pour avoir essayé de quitter un hôtel sans payer sa note. Après cela, il se rangea, il devint un étudiant zélé, travaillant jusqu'à dix-sept heures par jour. Il posséda bientôt une grande bibliothèque, mais parmi tous ces livres, il n'y avait pas une Bible. En 1825, il entra à l'Université de Halle ; pendant qu'il y était, il fut un jour invité à une simple réunion d'évangélisation, dans laquelle son cœur fut profondément touché par le Saint Esprit et, depuis cette heure, sa vie prit une direction toute différente. L'année suivante il prêcha son premier sermon. En 1828, il quitta l'Université et en 1829 il alla à Londres pour travailler parmi les Juifs. En 1832, après un court séjour dans le Devonshire, il alla se fixer à Bristol où il a vécu et travaillé jusqu'à sa mort.

Ferenc et Julia VISKY

Deux heures dans le ciel

En 1966, nous avons été touchés par quelques articles lus çà et là, sur les difficultés que l'église de Jésus-Christ, rencontrait dans les pays communistes. Puis en 1967, si mes souvenirs sont bons, nous sommes allés à Lille, dans le Nord de la France, écouter un homme qui avait passé 15 ans de sa vie en prison ; c'était Richard Wurmbrand. Après la causerie, ou plutôt son interpellation à l'église d'Occident, j'ai tout de suite compris que cet homme avait un message différent de nos prédicateurs, à cause de ses années de prison et de souffrances, qui avaient transformé cet homme fidèle à Jésus-Christ en un héros de la foi.

Nous avons continué de prier, d'écouter les prédicateurs de l'Est, et de lire les livres sur l'église persécutée, malgré leur rareté. Nous n'avons jamais bien compris pourquoi ces héros de la foi, n'enthousiasmaient guère l'église de France ? Pourquoi ?

Pourquoi ? Peut-être parce qu'ils interpellaient assez vivement l'église à se réveiller et à prendre conscience que des frères et sœurs souffrent ! Par la peur aussi. Je me rappelle du témoignage de Wurmbrand près de Dunkerque lors d’une réunion où j'étais sur l'estrade avec ma fille Elisabeth qui était toute jeune et qui jouait de l'orgue.

Une troisième raison, je crois la principale, est que l'église aime le sensationnel. Souvent, à cause de cela elle passe à côté des bénédictions, que Dieu veut donner à son peuple, par le moyen d’hommes et de femmes simples, qui sont des héros de la foi, des âmes qui vivent pour le Seigneur et Lui seul, des âmes qui ont fait des expériences profondes et souvent longues de la miséricorde de Dieu, et qui sont soumises à Sa volonté.

Beaucoup cherchent des hommes, des méthodes, des moyens, des compromis pour marcher avec Dieu, alors qu'Il place sur notre chemin des personnes ayant une bonne communion avec Jésus, que l'on peut rencontrer, entendre, et qui nous laissent un souvenir impérissable jusque dans l'Eternité, où, je le crois, nous pourrons converser avec les autres élus. Je pense que certains regretteront d'être passés sur la terre, à côté de rencontres qui auraient pu les aider dans leur foi et les fortifier dans leur marche avec Dieu.

J'ai lu récemment une petite brochure ancienne :" Une heure avec Georges Muller ", l'apôtre des orphelinats de Bristol en Angleterre. Le jeune auteur à ce moment-là, avait décrit cette heure comme merveilleuse et inoubliable pour sa vie avec Dieu. Alors nous avons voulu rencontrer, ma mère, ma femme, et moi-même, un couple âgé de Roumanie.

En lisant le catalogue de la Maison de la Bible, j'avais remarqué un nouveau livre : " Défi à la violence", traduit par Andrée Dufour et qui relatait la vie de Julia Visky qui a été la première femme internée avec ses enfants. Je l'ai acheté, et nous l'avons lu ainsi que d'autres personnes. Nous avons été impressionnés par la foi et la consécration de Julia.

Quelques semaines plus tard, nous étions en Roumanie, dans le cadre de l'association "Porte de l'Espérance", dont je suis un des responsables depuis 20 ans. Nous avons posé à beaucoup de chrétiens roumains la question "Connaissez-vous Julia Visky ?" Personne ne la connaissait. Il faut dire que le communisme a plongé tout ce pays et ses habitants dans l’obscurantisme. Maintenant, nos frères depuis 5 ou 6 ans, apprennent de nouveau à se connaître les uns les autres. Une amie, Jeny Bosneac, nous a simplement dit : " Je viens de lire son livre en roumain, mais je ne sais où elle habite".

Après 20 jours passés en Roumanie, nous avons fait une halte à Oradea, chez nos amis Farcas, avant de repartir pour la France, et bien sûr nous avons parlé de Julia Visky. Notre ami Aurel nous a dit : " J'ai travaillé avec un fils Visky qui était ingénieur". Dans l'annuaire téléphonique, le premier nom était Visky Férenc ; 5 minutes après, Florica, la femme d'Aurel, prenait rendez-vous pour aller les voir, vers 18 heures le lendemain soir.

Nous étions heureux et émerveillés de voir que Dieu nous préparait une dernière visite, dirigée par son Esprit, pour réjouir nos âmes, de la foi qui est commune aux uns et aux autres. Au cours de ces trois semaines nous avions visité en dehors des prédicateurs et autres personnes, plus de cinquante familles, certaines avec des problèmes insolubles, et nous avions un cœur lourd devant certaines misères. Mais la dernière visite nous a réjouis, encouragés, fortifiés dans notre foi.

Vers 18 heures, nous sommes donc partis, avec Florica qui est d'ailleurs traductrice et son fils Christian.

Florica a acheté des fleurs pour nos amis. Après 10 minutes sur un chemin rempli d'ornières, comme cela est courant en Roumanie, nous nous sommes arrêtés devant la maison 53, rue Molidului à Oradea.

Un vieux monsieur souriant et affable nous a ouvert, et nous sommes entrés dans son bureau. Il y avait peu de place pour s’asseoir, mais beaucoup de livres sur les étagères.

Peu après, sa femme Julia est venue, nous l'avons tout de suite reconnue, à cause de sa photo sur le livre, petite femme effacée mais gardant toujours un bon et beau sourire sur le visage. Quelle joie pour nous d'être au milieu d'eux.

Et nous avons commencé à converser. Nous avions l'impression, et peut-être est-ce la réalité, que nous étions les premiers Français à entrer dans leur maison. Nous avons parlé du livre en français : ils savaient qu'il serait traduit et imprimé, mais n'en ont jamais eu un exemplaire. Ils ne connaissaient pas personnellement Madame Dufour, la traductrice.

Après tous ces préliminaires, Mr Visky m'a demandé si j'avais un verset pour lui. Il est difficile de dire quelque chose, devant ce couple si rayonnant, si consacré. Il ne faut pas glorifier la chair, ce n'est bon pour personne. Alors après quelques secondes de prière, je me suis rappelé du premier film d'Haralan Popov, le fondateur de Porte de l'Espérance, qui parlant de son expérience en prison a cité 1 Pierre 1:7et 8 " Afin que l'épreuve de votre foi, plus précieuse que l'or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), ait pour résultat la louange, la gloire et l’honneur lorsque Jésus-Christ apparaîtra, lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, vous réjouissant d'une joie ineffable et glorieuse, parce ce que vous obtiendrez le salut de vos âmes pour le prix de votre foi ".

J'ai eu l'impression qu'ils avaient apprécié, et que cela était aussi leur expérience. Le frère nous a dit :" Nous sommes heureux d'être passés par ces souffrances". Quelle leçon, dans nos pays occidentaux, où nous faisons tout pour ne pas souffrir pour Jésus-Christ. Puis notre frère nous a donné à son tour une parole dans Exode 14 :19. Dieu par son ange et la colonne de nuée, gardait son peuple par devant et par derrière. Une belle leçon en période d’épreuve, mais si Dieu l’a fait pour la sortie d’Egypte, il peut le faire pour nous, et Férenc Visky nous a affirmé que cette promesse ou cette manifestation, Dieu l'avait accomplie pour eux.

Il est ensuite parti chercher une statuette en bois ; c'était la représentation d’un enfant protégé par une main beaucoup plus grande que lui, et comme à l'école du dimanche, il nous a expliqué que protégé par la main toute puissante de Dieu, nous ne craignions rien.

Quelle leçon de la part de ce couple : lui qui a passé dix ans de sa vie en prison et elle qui a été internée avec ses enfants pendant quelques années ! A un moment, ma femme s'est tournée vers moi et m'a dit :" On se croirait dans le ciel " ; c'était aussi mon impression.

Ensuite nous avons prié ensemble chacun dans sa langue, les Visky en hongrois, Florica et Christian en roumain et nous trois en français. Dans le ciel, il n'y aura qu'une langue et nous nous comprendrons ; sur la terre c’est bien compliqué. Nous avons ensuite pris quelques photos et nous avons échangé nos adresses.

Et nous sommes repartis le cœur heureux de savoir que Dieu est le même pour tous. Il veut nous faire partager son amour ; ses promesses sont réelles et véritables.

Merci Seigneur de ce que sur cette terre de péchés, de guerres, de haine, nous pouvons dans la communion fraternelle vivre quelques instants, qui nous transportent comme au ciel, dans l’Eternité.

René LAHAYE

 

Vous pouvez lire la vie des VISKY dans le livre Défi à la Violence” à la Maison de la Bible.

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